La thérapie familiale psychanalytique et l'observation du nourrisson selon la méthode Esther Bick se distinguent a priori dans leurs visées. L'une est un dispositif psychothérapeutique tandis que l'autre se présente comme une formation destinée aux psychothérapeutes. Ces deux démarches ont pour socle commun la théorie psychanalytique, son épistémologie et son éthique. Les cliniciens se laissent guider par les familles qu'ils rencontrent, qu'elles souffrent ou qu'elles aillent « normalement bien ». Penser conjointement ces deux dispositifs permet de dépasser le débat qui oppose le « bébé réel », celui de l'observation directe et développementale, et le « bébé vrai », reconstruit sur le divan. En effet, l'observateur en formation assiste à des mises en récit où ne manquent pas de surgir des éléments fantasmatiques et transgénérationnels, tissant un berceau psychique qui accueille le « bébé réel » et où s'amorce un travail de construction du « bébé vrai ». Les thérapeutes familiaux sont naturellement attentifs à ces constructions et à ces imaginaires pluriels, et aux revendications de ces éternels bébés que les familles portent encore en eux. Ces deux démarches impliquent une attention portée à l'archaïque, aux vécus affectifs et sensoriels et s'appuient l'une et l'autre sur le groupe : l'observateur assiste à la naissance ou au remodelage du groupe familial tandis que le groupe d'appui participe à la transformation du matériel observé en quête d'élaboration. De la même façon, le néo-groupe, composé des thérapeutes familiaux et des familles, soutient un espace de rêverie contenant, propre à faciliter le rétablissement d'une nouvelle forme de circulation fantasmatique. L'observateur, par sa présence, modifie le système familial dans lequel il se trouve de fait inclus, des familles témoignent du profit qu'elles tirent de ces rencontres, et des applications thérapeutiques à domicile ont ainsi été mises en place pour soutenir des familles en difficulté, alors que parallèlement, des praticiens défendent l'intérêt d'un travail familial psychanalytique en périnatalité. L'articulation de ces deux dispositifs nous laisse entrevoir de fécondes perspectives de formation, de prévention et d'accompagnement psychothérapique. Psychoanalytic family therapy and infant observation according to the Esther Bick method differ a priori in their aims. One is a psychotherapeutic device while the other is a training course for psychotherapists. Both approaches have psychoanalytic theory, its epistemology and ethics, as their common basis. The clinicians are guided by the families they meet, whether they are suffering or "normally well". Thinking jointly about these two systems makes it possible to overcome the debate that opposes the "real baby", of direct and developmental observation, and the "true baby", reconstructed on the couch. In fact, the observer in training is witness to the narration of fantasmatic and transgenerational elements, weaving a psychic cradle that welcomes the "real baby" and where the construction of the "true baby" begins. Family therapists are naturally attentive to these plural constructions and imaginaries, and to the claims of these eternal babies that families still carry within them. Both approaches involve attention to the archaic, to affective and sensory experiences, and both rely on the group: the observer witnesses the birth or remodeling of the family group, while the support group participates in the transformation of the observed material in search of elaboration. In the same way, the neo-group, composed of the family therapists and the families, supports a space of containing reverie, which facilitates the re-establishment of a new form of fantasmatic circulation. The observer, by his presence, modifies the family system in which he is in fact included, families testify to the benefit they derive from these meetings, and therapeutic applications at home have thus been set up to support families in difficulty, while at the same time, practitioners defend the interest of psychoanalytical family work in perinatal care. The articulation of these two systems gives us a glimpse of fruitful perspectives for training, prevention and psychotherapeutic support. [ABSTRACT FROM AUTHOR]