1. Les grands récits du paysage occidental. Une traversée historique et critique (xixe-xxie siècles)
- Author
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Briffaud, Serge and Briffaud, Serge
- Abstract
L’interrogation sur les origines d’une vision et d’une représentation « paysagères » du monde environnant a tenu une place considérable, durant ces trois dernières décennies, dans le discours théorique sur le paysage. Elle a ainsi conduit à produire de véritables grands récits de fondation, explorant les commencements du paysage pour identifier sa « nature substantielle ». À y regarder de près, toutefois, le recours à ces grands récits apparaît inséparable de la théorisation du paysage dès l’aube de l’époque contemporaine. Il est alors lié à l’émergence d’une nouvelle manière d’appréhender le regard et les perceptions sensorielles dans le dévoilement d’un ordre et d’une beauté de la nature. Des grands récits de l’époque romantiques émerge une figure de l’observateur et une conception de l’observation qui fonde pendant deux siècles, en Occident, la configuration de l’objet paysage. La réémergence contemporaine de cette quête des origines du paysage peut quant à elle être regardée comme le symptôme et l’effet de la crise de cette figure et de cette pratique. Les thèses avancées depuis trois décennies sur l’avènement du paysage se donnent ainsi à lire, pour certaines, comme la réification d’une forme d’objectivation héritée et, pour d’autres, comme une tentative de reconstruction du paysage, associant à cet objet de nouvelles fonctions scientifiques et/ou politiques., The great narratives of the western landscape. A historical and critical journey (19th-21th centuries)The question about the origins of a vision and a landscape representation of the surrounding world was in the last three decades of primary interest in the theoretical discourse on landscape. Accordingly, generating truly great founding narratives, exploring the origins of the concept of landscape, identifying its “essential nature.” On closer examination, however, the use of these great narratives appears an integral part of the theorization of landscape at the dawn of the modern era. It is thus linked to the emergence of a new way of grasping the role of one’s view and sensory perceptions in the unveiling of an order and beauty of Nature. From the grand narratives of the Romantic era emerges the figure of the observer and an idea of observation that for two centuries in the West, created the landscape as object. The contemporary re-emergence of this quest for the origins of landscape can in turn be regarded as a symptom and effect of the crisis of this figure and this practice. The advanced theories, since three decades, on the advent of the concept of landscape are thus for some, the reification of an inherited form of objectification and, for others, an attempt to reconstruct the landscape, associating to this object new scientific and/or political functions.