Le contexte, les raisons et les conséquences de la mise à l'index de quatre manuels scolaires français en 1882 nous permettent de cerner l'existence d'un affrontement idéologique entre l'Église catholique et l'État français. L'appartenance à la nation française est définie, à la fin du 19e siècle, selon des critères différents selon que l'on soit un homme ou une femme. La première appartenance, essentiellement axée sur la citoyenneté légale, est civique et masculine et la seconde est altruiste et féminine car les femmes, sans le droit de vote, sont appelées à la modernité politique par la maternité et par autrui. Il en résulte ici deux types de citoyenneté et deux types d'appartenance sociale qui, chez les femmes, sont biologique et altruiste et, chez les hommes, civique et individualiste. Pour les hommes, l'appartenance sociale permet l'exercice et la définition de la démocratie par le droit de vote et pour les femmes elle leur assigne le rôle de transmission des valeurs démocratiques et républicaines dans le foyer domestique républicain et ce, par la maternité. Hommes et femmes ne rencontrent pas la modernité de la même façon, cette rencontre se fait pour les femmes par l'intermédiaire d'autrui tandis que chez les homme elle se fait de manière individualiste. En somme, tels critères sexués d'adhésion à la nation et de rencontre avec la modernité introduisent la différence des sexes dans l?arène politique."--Résumé abrégé par UMI.