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Durant la locomotion, la diaphyse fémorale subit des charges mécaniques impactant son organisation structurelle. L’étude de la structure corticale des vestiges fossiles représente donc un potentiel accès à la reconstruction de l’environnement mécanique des hominines fossiles, et donc à leur locomotion. Cependant, peu d’études ont abordé expérimentalement cette question et d’autres facteurs tels que l’âge, la masse et le niveau d’activité viennent complexifier cette relation entre structure fémoro-diaphysaire et locomotion. Une première étude menée sur un échantillon ontogénétique de babouins olive vivant à la Station de Primatologie du CNRS (UAR 846), a démontré une faible correspondance entre les variations de l’organisation du tissu cortical de la diaphyse fémorale et celles du répertoire posturo-locomoteur au cours de l’âge. Pour poursuivre l’étude de cette relation entre les propriétés biomécaniques de la diaphyse fémorale et la locomotion, nous avons analysé et comparé les cartographies d’épaisseur corticale et des paramètres de géométrie de section sur plus de 50 fémurs de primates catarhiniens adultes (genres Homo, Gorilla, Pan, Hylobates, Papio, Macaca), de morphologies et de répertoires posturo-locomoteurs différents.Nos résultats montrent l’existence de schémas biomécaniques variés, montrant une certaine proximité entre grands singes africains et hylobatidés, dont les babouins et surtout les humains se distinguent. Les propriétés biomécaniques de la diaphyse fémorale permettent de distinguer des grands groupes, mais pas de caractériser précisément les répertoires posturo-locomoteurs les plus diversifiés.Pour permettre une différenciation plus fine des répertoires posturo-locomoteurs complexes, exploitable dans une perspective paléoanthropologique, nous proposons l’intégration de l’approche biomécanique à de la morphométrie géométrique.

International audience; La locomotion est l’un des facteurs principaux dans la transmission de contraintes mécaniques au squelette. L’objectif de cette étude est de clarifier la relation entre la fonction de locomotion et les propriétés biomécaniques des membres, qui présente un intérêt tout particulier lorsqu’il s’agit de comprendre les comportements fossiles. Pour cela, nous avons comparé durant l’ontogénèse les changements de comportements locomoteurs aux évolutions des propriétés biomécaniques de la diaphyse fémorale en utilisant un modèle actuel connu : le babouin olive. Contrairement à l’homme, dès l’initiation de son autonomie locomotrice, le babouin olive se distingue par une grande diversité de modes locomoteurs (quadrupédie, grimper, saut, bipédie). Comme chez l’homme, le répertoire locomoteur des adultes est stéréotypé avec une omniprésence d’un mode : la quadrupédie terrestre. Nous avons étudié des paramètres de géométrie de section, ainsi que des cartographies d’épaisseur corticale sur les diaphyses fémorales d’un échantillon ontogénétique de 65 spécimens appartenant à un même groupe social, hébergé à la Station de Primatologie du CNRS de Rousset-sur-Arc pour lesquels des données comportementales sont disponibles. Les individus ont été répartis dans 5 classes d’âges, du nouveau-né à l’adulte.En l’absence de contraintes locomotrices, la diaphyse des nouveau-nés présente une répartition corticale symétrique dans l’axe longitudinal, à partir du centre d’ossification primaire à mi-diaphyse. Dans les stades ultérieurs, l’épaisseur corticale diminue et des piliers longitudinaux et postérieurs de forte épaisseur se mettent en place. En revanche, la résistance aux contraintes montre au contraire dès l’enfance une orientation médio-latérale.L’absence de pattern biomécanique de transition entre enfants et adultes nous amène à penser que, dès l’émergence de l’autonomie locomotrice, l’orientation médio-latérale de la résistance aux contraintes se distingue comme la signature biomécanique de la quadrupédie terrestre chez le babouin, alors déjà prépondérante dans la transmission de contraintes biomécaniques par rapport aux autres modes locomoteurs.