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Un peu moins de dix ans après sa création et au lendemain de l’arrivée des trithérapies, Act Up-Paris, association de lutte contre le sida issue de la communauté homosexuelle, se dote en 1997 d’un groupe interne dédié à la gestion de ses archives et autres ressources documentaires. Enquêter sur le dispositif mis en place par ce groupe amène à réfléchir aux différentes fonctions que peuvent revêtir l’archivage et la mémoire en contexte militant. L’Archive est une mémoire des morts, le lieu centralisant les traces d’actions passées qui témoignent des rapports de force face aux pouvoirs publics, espace d’apprentissage pratique et politique, facteur de continuité et de transmission entre générations. Jusqu’à ce que ce processus d’accumulation ne devienne un véritable « problème »… matériel. En 2013, Act Up-Paris est placée en redressement judiciaire. Face à la menace de sa disparition, le choix est fait de confier ses archives aux institutions étatiques. Or, ce sauvetage patrimonial n’est pas dépourvu d’ambivalence quant à son sens et à ses effets. Revenir aux manières de concevoir l’archive et la mémoire des militants et militantes d’Act Up-Paris permet justement de percevoir, au fil du temps, les transformations et les tensions dans lesquelles elles sont prises. In 1997, a little less than a decade after its founding, and just after the arrival of triple combination therapies, Act Up-Paris, an association created within the homosexual community to fight against AIDS, created an internal group for the management of its archives and other documentary resources. Investigating the set-up developed by the group raises questions about the different functions archiving and memory can serve in an activist context. The Archive became the memory of the dead, a place centralizing the traces of past actions that expressed the power relations with public authorities, a space for practical and political education, and a factor of continuity and inter-generational transmission. At least until this process of accumulation became a real material ‘problem’. In 2013, Act-Up Paris was near bankruptcy. Faced with the threat of its disappearance, the association chose to transfer its archives to public institutions, but the meaning and impact of this rescue of a cultural heritage remain ambivalent. Reviewing the ways the archive and the memory of the activists of Act-Up Paris were conceived allows us to perceive the transformations and tensions accompanying them over time.

Dans quelle mesure la mobilisation de la notion de générations futures, dans les domaines de la science, du politique ou encore des médias, contribue-t-elle paradoxalement à occulter les enfants et les jeunes d’aujourd’hui, en tant qu’acteurs de chair et d’os et dotés d’agentivité ? En quoi interroge-t-elle le rapport au patrimoine, et plus particulièrement la patrimonialisation comme processus d’appropriation et de transmission ? Après avoir situé les notions d’enfance et de génération, l’analyse de deux études de cas ethnographiques, fondées sur des travaux de terrain menés au Mexique et en France avec des enfants et des jeunes, permettra de confirmer notre hypothèse selon laquelle la notion de générations futures relève d’un discours a-historique à visée performative et sous-tendu par plusieurs présupposés conduisant à minorer la place et le rôle des enfants et des jeunes dans la patrimonialisation. To what extent does the use of the notion of ‘future generations’, in the areas of science, politics or the media, paradoxically help to eclipse today’s children and youth as flesh-and-blood actors endowed with agency? How does it question the relationship to cultural heritage, and more specifically, to the designation of that heritage as a process of appropriation and transmission? After preliminary remarks situating the notions of childhood and generation, we analyse two ethnographic case studies based on fieldwork with infants and young people in Mexico and France. These studies confirm our hypothesis that the notion of future generations stems from an ahistorical discourse with a performative aim and presuppositions that lead to reducing the place and role of children and young people in the process of heritage creation.

Ce texte issu de deux entretiens avec Michel Manson retrace son parcours d’historien de l’enfance. Il explique que, malgré les travaux de Philippe Ariès, les enfants restaient encore, au commencement de sa carrière dans les années 1970, singulièrement absents des préoccupations historiques. De l’Antiquité à nos jours, sont considérées les trois grandes thématiques auxquelles il s’est plus particulièrement intéressé, à savoir le jeu et le jouet, la littérature pour la jeunesse et les sucreries (les bonbons). Lors de ces entretiens, des photographies sur des trouvailles archéologiques, sur des objets, sur des peintures (Pierre Bruegel, Lucas Cranach…) ont été soumises à sa sagacité pour recueillir ses réflexions sur les osselets, les poupées, le cheval-bâton, la représentation de l’enfance et de ses jouets dans l’histoire de l’art, le passage du jouet écologique au jouet industriel, les scénographies des musées du jouet. This text, based on two interviews with Michel Manson, retraces his experience as a historian of childhood. He explains that at the beginning of his career in the 1970s, in spite of the pioneering studies of Philippe Ariès (1914-1984), children were still strangely absent from historical preoccupations. The three major themes which have particularly interested him are games and toys, literature for children and sweets, from Antiquity to the present day. During these interviews, he was shown photographs of archaeological finds, objects and paintings (by Bruegel the Elder, Lucas Cranach and others) in order to elicit his thoughts on knucklebones, dolls, the hobby horse, the representation of childhood and toys in the history of art, the passage from the ecological toy to the industrial toy and scenography in toy museums.

Qu’il s’agisse de sections mises en place au sein d’institutions muséales existantes (Muséum national d’histoire naturelle, Cité des sciences et de l’industrie, Historial de la Vendée) ou d’établissements entièrement conçus pour le jeune public (le Musée en Herbe, le Préau des Accoules, etc.), les musées pour enfants fleurissent aussi timidement que tardivement dans l’Hexagone, à considérer leur multiplication outre-Atlantique, et ce, dès la toute fin du xixe siècle. À l’heure où se forge le concept s’en distinguent en France les musées d’éducation ou musées pédagogiques, plus anciens, qui s’adressent quant à eux prioritairement aux enseignants, tandis que s’en rapprochent les musées scolaires. Ce faisant, l’étanchéité des modèles ne recouvrant pas celle des réalisations, les frontières se brouillent permettant l’émergence à Paris, au sein du Musée pédagogique, d’un musée des Poupées que fréquentent les enfants et où s’exposent, en miniatures, l’histoire et la géographie de la diversité costumière. Confrontant cette expérience singulière, dont le dénouement s’avère loin d’être prémédité, à celles menées concomitamment au Brooklyn Children’s Museum, premier du genre, l’analyse met en exergue l’enfance d’un certain sens du patrimoine, faisant la part belle à la participation et à l’expérience. Compared with the spread of children’s museums in North America – a phenomenon dating back to the very end of the 19th century – France’s initiatives, whether the special sections set up within existing museum structures (the Museum national d’Histoire naturelle and the Cité des sciences et de l’industrie in Paris, the Historial de la Vendée in the Loire region) or new institutions entirely conceived for young visitors (the Musée en Herbe in Paris, le Préau des Accoules in Marseilles, etc.) have been slow in coming. When the concenpt first emerged, educational museums, which were older and mainly addressed at teachers, were distinguished from the slightly later school museums created by pupils in class. These hermetically separate models did not necessarily correspond to the end results, however, and the blurring of the borders permitted, for example, the creation of a doll museum within the Musée Pédagogique in Paris, where children could discover in miniature form the history and geography of clothing styles. By comparing this singular experiment and its unanticipated outcome with those carried out at the pioneering Brooklyn Children’s Museum in New York, this analysis highlights the ‘childhood’ of a certain approach to cultural heritage that favours participation and direct experience.

Le 15 avril 2019, l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris provoque une émotion internationale. En France, cet événement surgit à l’intérieur d’un autre, tout aussi brûlant : le mouvement social inédit des Gilets jaunes qui bat son plein depuis cinq mois déjà. Le soir de l’incendie, une allocution présidentielle devait clore le « grand débat national » censé répondre à la contestation. L’incendie reporte l’allocution et importe l’émotion patrimoniale au cœur de la mobilisation sociale. L’émotion est d’emblée polémique et politique. Sur les réseaux sociaux puis dans la rue ou sur les ronds-points, les Gilets jaunes doivent réagir à l’événement et le prendre en charge dans leur agenda depuis leur position spécifique. Ces diverses réactions et actions illustrent l’inventivité propre au mouvement tout en offrant un observatoire sur les enjeux politiques contemporains du patrimoine. On 15 April 2019, the fire that ravaged the Notre Dame Cathedral in Paris provoked great emotion worldwide. In France, however, this event emerged within another one: the unprecedented gilets jaunes (‘yellow vests’) social movement that had been in full swing for five months. The evening of the fire, a speech by French President Emmanuel Macron was scheduled to close the ‘great national debate’ organised in response to the protests. The fire put the speech on standby and put heritage emotion at the centre of the social mobilisation. This emotion was immediately polemical and political: on the social networks, and then in the streets or at the roundabouts, the gilets jaunes had to react to the event and integrate it into their own specific agenda. These different reactions and actions illustrate the movement’s particular inventiveness but also offer an observation post for analysing the contemporary political stakes of the cultural heritage.

« Il est difficile de travailler dans une école qui n’a pas de mémoire. » Ces propos de Philippe Durey, qui dirigea l’École du Louvre avant de consacrer plusieurs années de recherches et d’écriture à ce livre éclairent le projet qui a été le sien et permettent de penser que la tâche de ses successeurs sera plus aisée, tant son ouvrage vient, de manière fort heureuse, combler un manque et donner une histoire à l’École du Louvre tout en lui rendant la mémoire. Certes, tout n’était pas inconnu ...

L’article considère le « frémissement patrimonial » que peut causer l’évocation des « parties de sonnette » (le jeu qui consiste à sonner à une porte, puis à déguerpir). De nombreux matériaux (petits films contemporains réalisés par les enfants eux-mêmes, évocations littéraires anciennes, dessins humoristiques d’albums pour la jeunesse, témoignages…) sont mobilisés pour considérer comment les enfants se jouent des adultes. Attesté depuis le xixe siècle, ce jeu a suivi les transformations des dispositifs sonores associés au seuil (heurtoir, cordon, sonnette électrique). Il n’est pas exempt de dangerosité (réelle ou symbolique), car c’est le piment de ce jeu d’enfants que de savoir que les « victimes » adultes peuvent s’exaspérer d’être dérangées. Par son ancienneté, par l’émotion qu’il suscite, ce jeu pourrait presque relever du « patrimoine » de l’enfance ; des romans régionalistes, des fêtes locales et des sites Internet de villages du Sud-Ouest, mettent d’ailleurs en avant la « tradition » équivalente du « tustet » ou du « martelet ». Plusieurs éléments concourent néanmoins pour que ce tout petit jeu n’accède jamais à une « inscription » patrimoniale. This article considers the ‘heritage quiver’ that can be caused by the mention of « ding, dong, ditch » (a game that consists of ringing at someone’s door and running off). Various materials – little films from the present day made by the children themselves, literary citations from the past, children’s cartoons, testimonies – are used to explore how children tease adults. Attested since the 19th century, this prank has followed the transformation of sound devices associated with the doorstep (knocker, string, electric doorbell). It contains its share of danger, whether real or symbolic, because children thrive on the knowledge that the adult ‘victims’ they disturb can loose their tempers. In its long history and the emotion it arouses, this game is almost part of the ‘cultural heritage’ of childhood. Indeed, regionalist novels, local celebrations and websites of villages in southwestern France highlight the equivalent ‘tradition’ of the « tustet » (with a door knocker). That said, several elements contribute to keeping this tiny little game from obtaining a place in the cultural heritage.

À partir des données d’une enquête menée sur les visites muséales enfantines, cet article avance l’hypothèse que le regard porté sur l’enfance constitue l’un des rouages non seulement de la mise en patrimoine mais aussi, et plus largement, d’une définition même de la patrimonialité comme outil politique d’une cosmologie occidentale. La mise en perspective de la visite de La Fabuloserie, musée d’art brut, et de celle du château de Versailles par des enfants de moins de 7 ans permet, à travers deux cas contrastés, d’envisager les conditions d’accès à la culture savante et la façon dont les adultes en intériorisent la valeur. Grâce aux tout-petits, destinataires de l’intention patrimoniale de parents, enseignants ou professionnels de la culture, apparaissent des formes de médiations spécifiques qui révèlent plus largement la place de l’enfance dans la mécanique de production de la valeur culturelle. Drawing on data from an enquiry on children visiting museums, this article suggests that childhood representations contribute to the identification of cultural heritage. More broadly, it considers heritage as a political tool of western cosmology. Comparing children under 7 years of age visiting museums – La Fabuloserie, a private museum in the French countryside devoted to Art Brut, and the royal Versailles palace – this paper observes conditions of children’s access to high culture and the way it is internalised by adults. Parents who expect their children to gain cultural knowledge, teachers who organize school visits, and culture professionals guiding them through a museum, thus allow us to discern specific forms of public outreach that reveal how childhood deals with mechanisms of producing cultural value.

Dans cet entretien mené par Sarah Gensburger, Monica Eileen Patterson met en avant un courant émergeant parmi les pratiques curatoriales que de plus en plus de musées, partout dans le monde, sont en train d’encourager : la curation par les enfants. Donner l’occasion aux enfants d’organiser des expositions profite de multiples façons aux musées qui cherchent à rendre leur offre plus vivante et stimulante, car le jeune public est expert en matière d’innovation, de créativité et d’interactivité. En prenant part de manière critique aux expositions organisées par les enfants, les universitaires, et de façon plus large les membres de la société, peuvent trouver un précieux aperçu de comment les enfants voient et vivent les choses. En tant qu’importants acteurs sociaux et détenteurs de savoir, les enfants ont beaucoup à apprendre au monde qu’ils habitent, pour peu que les adultes autour d’eux les écoutent. Dans cet entretien, Monica Eileen Patterson présente sa vision d’une nouvelle muséologie critique par les enfants, et le rôle essentiel que joue le curatoriat mené par les enfants dans ce domaine. Elle explique comment s’est développé son intérêt pour le sujet, les contributions que les enfants curateurs peuvent apporter à la pratique muséologique, et les défis rencontrés par les enfants et les musées lorsqu’ils s’engagent dans cette démarche. In this interview by Dr. Sarah Gensburger, Dr. Monica Eileen Patterson discusses an emerging subfield of curatorial practice being facilitated by more and more museums around the world: child curating. Creating opportunities for children to curate exhibitions offers many benefits to museums seeking to animate and enliven their offerings, for children are experts of innovation, creativity, and interactivity. By critically engaging with exhibitions curated by children, scholars and members of society more broadly can gain valuable insights into young people’s perspectives and experiences. As important social actors and knowledge-bearers, children have much to teach the world they inhabit, if only the adults around them will listen. In this interview, Patterson lays out her vision for a new, critical children’s museology and the crucial role of children’s curating within it. She shares how her interest in this field developed, the contributions child curators can make to museological practice, and the challenges children and museums face in taking this work forward.

Depuis un quart de siècle, l’École nationale des chartes a fait l’objet d’un grand nombre de publications, toutes collectives, issues pour certaines de colloques et journées d’études. Il est à noter que toutes sont, sans exception, liées à l’École de manière plus ou moins formelle, soit qu’elles aient été éditées directement par elle, soit que les directeurs d’ouvrage y soient en poste, ou, à tout le moins, en soient issus. En outre, leur rythme s’est accéléré ces derniers temps, à mesure qu’...

Bénéficiaires de la médiation, mis en situation de jouer les médiateurs, éventuellement producteurs de patrimoine, et eux-mêmes (ou du moins leur culture) susceptibles d’être patrimonialisés, les enfants participent d’une manière ou d’une autre des principales étapes du processus d’institution patrimoniale. L’intérêt porté à ces différentes postures suppose des angles d’approche, des problématisations, des objets, sensiblement différents, mais dans tous les cas une attention dédoublée, dirigée tout à la fois vers les rôles assignés par les adultes et vers l’initiative enfantine. Décentrer ainsi le regard pour le tourner vers cet acteur plus ou moins autonome qu’est l’enfant, c’est se donner l’opportunité, du moins en fait-on le pari, d’appréhender autrement notre présent du patrimoine. In one way or another, children participate in the main steps of the heritage creation process, whether they benefit from mediation, are placed in the mediator’s role, possibly become heritage producers or are themselves (or at least their cultures) likely to become part of the cultural heritage. The investigation of these varied roles presumes considerably different approaches, subjects and formulations of the issues, but in every case, it calls for a twofold vision that is directed at once towards the roles assigned by adults and the children’s own initiatives. Decentring the gaze in this way in order to focus on the child as a more or less autonomous player constitutes – in our view at least – an opportunity to understand the present of our cultural heritage in other ways.

In this interview by Dr. Sarah Gensburger, Dr. Monica Eileen Patterson discusses an emerging subfield of curatorial practice being facilitated by more and more museums around the world: child curating. Creating opportunities for children to curate exhibitions offers many benefits to museums seeking to animate and enliven their offerings, for children are experts of innovation, creativity, and interactivity. By critically engaging with exhibitions curated by children, scholars and members of society more broadly can gain valuable insights into young people’s perspectives and experiences. As important social actors and knowledge-bearers, children have much to teach the world they inhabit, if only the adults around them will listen. In this interview, Patterson lays out her vision for a new, critical children’s museology and the crucial role of children’s curating within it. She shares how her interest in this field developed, the contributions child curators can make to museological practice, and the challenges children and museums face in taking this work forward.

Depuis 2010, Arles est début décembre le théâtre d’une manifestation singulière célébrant une cinquantaine de fillettes arborant pour la première fois la vêture traditionnelle des jeunes filles de la Belle Époque. Ces enfants deviennent, à l’issue d’une présentation solennelle assortie d’un défilé et d’un spectacle, des Mireillettes, des petites « Mireilles ». Une référence à l’héroïne du poème en langue provençale de Frédéric Mistral (1830-1914). Désignée d’emblée par son initiatrice comme une invention de la tradition, cette fête est surinvestie de références et s’inspire des nombreuses cérémonies régionalistes initiées dès la deuxième moitié du xixe siècle. Cependant, en s’adressant à un jeune public, elle se veut le premier rite de passage d’un itinéraire costumier de la tradition scandant, selon les groupes folkloriques et les érudits locaux d’aujourd’hui, les âges de la vie. Organisée par l’association Festiv’Arles, cette cérémonie théâtralisée dépasse, cependant, la simple transmission de codes vestimentaires d’autrefois ; elle renvoie aux enjeux qui traversent la communauté des « gens du costume traditionnel ». Elle éclaire la démarche identitaire telle que la formulent ces adultes et offre potentiellement un renouvellement générationnel de cet entre-soi fondé sur une interprétation du passé dont le costume traditionnel est le témoin. Elle se présente également comme un lieu de transmission où les acteurs de la tradition partagent un corpus inédit de savoirs relatifs à la Provence et à son histoire. Enfin, cette fête des Mireillettes offre une tribune privilégiée pour affirmer le présent des valeurs mémorielles du territoire arlésien. Une manière de revendiquer une juste place dans la cité pour ce patrimoine de la tradition, un patrimoine immatériel qui conjugue savoir-faire et représentations mentales, et reconstruit un passé toujours en devenir. Every December since 2010, the city of Arles has been the setting of a singular event celebrating some fifty little girls dressed for the first time in the traditional costume of young women of France’s Belle Epoque. At the end of a formal ceremony accompanied by a parade and a performance, these children become ‘Mireillettes’, or ‘little Mireilles’, a reference to the heroine of a poem written in the Provençal language by Frédéric Mistral (1830-1914). As its founder recognises, this festival is an invention of tradition; abounding in local references, it draws on many regionalist ceremonies introduced in the second half of the 19th century. By addressing itself to a young audience, however, it aspires to be the first rite of passage along the itinerary of clothing traditions that, for today’s folklore groups and local experts, mark the steps of life. But this carefully orchestrated ceremony, organised by the association Festiv’Arles, goes beyond the simple transmission of the dress codes of another era. It touches on questions that are shared by those who consider themselves the ‘People of the Traditional Costume’ and thus sheds light on the adults’ own approach to identity. It potentially opens the way for a generational renewal of their self-segregation that is based on an interpretation of the past through the traditional costume. It is also a locus of transmission, where the protagonists of the tradition share the unfamiliar corpus of knowledge about Provence and its history. And ultimately, the festival provides a singular tribune for affirming the memorial values of the territory known as the Pays d’Arles. It is a way of claiming a just place in the society for this traditional heritage, an intangible culture that combines know-how and mental representations to reconstruct an ever-evolving past.

Dans le Haut Vallespir, les adultes organisent depuis plusieurs décennies des versions enfantines des fêtes de l’Ours qu’ils considèrent comme un trésor culturel dont ils veulent assurer la pérennité. Si les fêtes des adultes reposent sur une vision très genrée des relations sociales, cette dimension est en revanche totalement absente des fêtes destinées aux enfants auxquels les connotations sexuelles des pratiques ne sont pas transmises. L’article explore la façon dont cette désexualisation transforme en profondeur non seulement la fête des enfants et la répartition des rôles entre hommes et femmes, mais également celle des adultes, la fête des petits fonctionnant comme une sorte de laboratoire des évolutions possibles. In the Haut Vallespir (Pyrénées Occidentales department), adults have been organising children’s versions of the Festes de l’Os, the ‘Bear Festivals’ which they hold to be a cultural treasure that they seek to preserve. While the adults’ festivals are rooted in a highly gendered vision of social relations, this dimension is totally absent from the festivals for children, where the sexual connotations of the practices are not transmitted. This article explores the way such a desexualisation profoundly transforms not only the children’s festival and the division of roles between men and women, but the adults’ festival as well, insofar as the youngsters’ event functions as a kind of laboratory for possible changes.

National audience

Les recherches urbanistiques s'accordent à évoluer autour de la thématique du cadre de vie. C’est sur ces nombreuses lectures qu’est venue la volonté d’entreprendre ce travail de recherche autour de l’appropriation de l’espace public entre habitants et institutions. La notion d’espace public s’ancre désormais dans les territoires et les projets d’aménagements. Mais la manière de les traiter est encore très large selon les territoires, la population et les volontés institutionnelles. De nombreux travaux tendent à mettre en avant le travail essentiel au contact de la population, mais il paraît essentiel de mettre en contexte cette idéalisation. Ce travail prend donc en compte l’amélioration de la qualité de vie par un modèle ancré dans le territoire montréalais. Permettant de s'appuyer sur des expériences innovantes dont les pratiques sont devenues des mœurs. Tout en questionnant à quel niveau ces connaissances peuvent venir éclairer le projet d’un quartier en renouvellement urbain à Marseille. Le rôle de l’espace public est fondamental dans les processus d’aménagement et notamment de renouvellement urbain mais doit-il être mené conjointement avec les institutions et les usagers ? La production d’espace public doit être pensée selon sa mixité d’usages, sa temporalité mais surtout son adaptabilité aux contextes. Est-il possible de sortir du cadre de la végétalisation à tout prix pour questionner les besoins sociaux permettant d’enrichir le travail partenarial.

Cet article détaille un processus participatif mis en place sur le bassin versant de la Drôme pour préparer, avec les citoyens, la révision du Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux. Spécifiquement, des citoyens ont été associés précocement pour choisir et organiser leur propre processus participatif. Cette co-ingénierie les a sensibilisés à l’importance de ces décisions, a initié des apprentissages sociaux et posé les conditions d’une régulation efficiente. Elle a clarifié les liens entre la participation et la gouvernance institutionnelle. Mais l’exercice apparaît abstrait aux participants. Il requiert des règles de participation claires et une initiation aux enjeux et au vocabulaire de la participation. En conclusion, nous suggérons des adaptations de la co-ingénierie de la participation en fonction des attentes et moyens disponibles.

The Roman imperial Stoics were familiar with exile. I argue that the Stoics’ view of being a refugee differed sharply from their view of what is owed to refugees. A Stoic adopts the perspective of a cosmopolitēs, a ‘citizen of the world’, a rational being everywhere at home in the universe. Virtue can be cultivated and practiced in any locale, so being a refugee is an ‘indifferent’ that poses no obstacle to happiness. But other people are our fellow cosmic citizens regardless of their language, race, ethnicity, customs, or country of origin. Our natural affinity and shared sociability with all people require us to help refugees and embrace them as welcome neighbors. Failure to do so violates our common reason, justice, and the gods’ cosmic law. Les stoïciens impériaux romains connaissaient l’exil. Je soutiens que la vision des Stoïciens d’être un réfugié diffère radicalement de leur vision de ce qui est dû aux réfugiés. Un stoïcien adopte la perspective d’un cosmopolite, d’un «citoyen du monde», d’un être rationnel, partout chez lui dans l’univers. La vertu pouvant être cultivée et pratiquée dans n’importe quel lieu, être réfugié est donc un «indifférent» qui ne pose aucun obstacle au bonheur. D’autres personnes sont cependant nos concitoyens cosmiques, quels que soient leur langue, leur race, leur ethnie, leurs coutumes ou leur pays d’origine. Notre affinité naturelle et notre sociabilité partagée avec toutes les personnes nous obligent à aider les réfugiés et à les accueillir comme des voisins bienvenus. Ne pas le faire viole notre raison commune, la justice et la loi cosmique des dieux.

Au moment d’appréhender l’influence du numérique sur les partis politiques, la tentation a été grande d’établir une classification basée sur l’impact réel du numérique dans le fonctionnement ou la constitution de mouvements politiques. Cela revenait à débuter par les partis dit « traditionnels », c’est-à-dire ancrés depuis longtemps dans la vie et la culture politique d’un État et à clore par ceux, souvent très récents, qui ont su profiter de l’internet et des technologies actuelles pour se f...

Cette journée d’étude sur la démocratie connectée a été particulièrement riche. De nombreuses questions ont été abordées et ont conduit à réfléchir sur le fonctionnement des démocraties aujourd’hui au regard des évolutions et des potentialités offertes par les nouvelles technologies et les nouveaux vecteurs de communication. Le thème étudié est, en effet, au cœur des préoccupations de notre soc...

Président (Pascal Jan) : Peut-être une ou deux observations. La première, et je rebondis sur le titre « la démocratie connectée », à vous entendre tous les trois, même depuis ce matin, c’est plutôt une démocratie instantanée, voire simplifiée. Ce qui n’est pas tout à fait la même chose que connectée. C’est la différence entre les blogs et les réseaux sociaux du type de Facebook et Twitter. C’est intéressant car dans les débats d’aujourd’hui, on se focalise beaucoup sur Twitter, c’est-à-dire u...

La « révolution numérique » est en marche. C’est ce que l’on nous raconte tous les jours et, il faut dire, c’est ce que l’on constate au quotidien : l’outil numérique a modifié et va sans doute encore bouleverser nos modes de vie. Mais, quel impact cette révolution technologique peut-elle avoir sur la vie démocratique et même sur le fonctionnement de nos institutions ? Certains assurent déjà qu’internet garantit un meilleur pluralisme de l’information. Certains nous expliquent que les blogs, ...

Présentant une version enrichie de la Journée décentralisée de l’AFDC organisée à Toulon par le CDPC Jean-Claude Escarras et l’ILF-GERJC, en novembre 2016, cet ouvrage explore l’impact réel de la « révolution numérique » qui modifie, chaque jour un peu plus, nos modes de vie. Cette révolution technologique a une incidence sur la vie démocratique et sur le fonctionnement de nos institutions. Certains assurent déjà qu’internet garantit un meilleur pluralisme de l’information ou expliquent que les blogs, forums et autres réseaux sociaux sont les nouveaux lieux des débats de société. D’autres mettent en avant que ces mêmes réseaux sociaux offrent les moyens aux citoyens d’exercer une sorte de contre-pouvoir. L’Estonie, ou plus récemment la France, ont donné la possibilité aux citoyens de participer à l’écriture de leur Constitution nationale ou au processus législatif via internet. Internet semble ainsi offrir de nouveaux outils à la démocratie. Cependant, cette démocratie connectée n’est-elle pas qu’une illusion ? Les représentants sont-ils vraiment plus accessibles ? Les citoyens se sentent-ils réellement plus impliqués ? Peut-on réellement espérer un renouvellement de la vie démocratique grâce au numérique ? Des risques de dérives semblent poindre. Dès lors, peut-on les éviter ou du moins les anticiper pour mieux les contenir ? L’ensemble de ces questions est abordé tout au long de la journée d’étude dont cet ouvrage est issu.

De la démocratie connectée ou le passage de la démocratie à la datacratie, tel est l’objet ambitieux de notre colloque. Il faut, à cet égard, saluer l’heureuse initiative des universités d’Aix-Marseille et de Toulon (Instituts Louis Favoreu et Jean-Claude Escarras) et de nos jeunes et talentueux collègues. Au-delà de la dématérialisation symbolique du « Journal officiel », en application de la loi organique du 22 décembre 2015, le thème de notre colloque bénéficie, sans contredit, de l’actual...

« Sans Twitter, je ne serais probablement pas là. J’ai près de cent millions d’abonnés sur Facebook, Twitter et Instagram. J’ai mon propre média.Je n’ai pas besoin de m’en remettre aux faux médias ». Donald Trump L’usage des moyens de communication revêt une dimension stratégique fondamentale dans toute tentative de conquête du pouvoir. L’élection présidentielle américaine e...

Sans fin, sans limites, sans frontières. Telles seraient les caractéristiques du numérique comme outil de contrôle des gouvernants. Elles s’appliquent au numérique, d’abord : il permet de voir et d’être présent partout, d’accéder à toutes les informations qui y sont disponibles, sans fin, sans autres limites que les capacités de connexion et de compréhension, au-delà des frontières étatiques traditionnelles. Elles s’attachent au contrôle, ensuite : afin d’éviter abus et tyrannie, il doit être...

Pour les gouvernants, la question numérique est telle une pièce de monnaie. Le côté face leur offre l’opportunité de rendre compte de leur action, de relayer leurs propositions, de diffuser de l’information institutionnelle… Sous cet angle, la distance entre gouvernants et gouvernés se réduit considérablement. Une sorte de lien de proximité s’installe, mais un lien purement virtuel et fragile. Le côté pile est la face cachée : par le biais des réseaux sociaux et des blogs personnels comme ins...

Dans les années 1990, les premières anticipations sur le devenir d’internet se construisent autour de trois mythes fondateurs : celui du contrôle absolu à la Big Brother : les techniques instruments de surveillance du citoyen tracé, observé, espionné, prévisible et conforme ; celui du chaos : le grand accident informatique ou le grand sabotage plongeant dans l’anarchie nos systèmes économiques et politiques dépendants de l’informatique ; celui de la prise de pouvoir démocratique : ne pouvant ...

L’idée que l’évolution des technologies de communication puisse être un instrument de progrès pour la démocratie n’est pas nouvelle. Ainsi, chaque avancée fait naître l’espoir d’une rénovation de nos systèmes politiques et c’est aujourd’hui internet qui porte les plus belles promesses. Aucun phénomène d’exercice ou de conquête du pouvoir ne semble désormais pouvoir lui échapper. De la web campagne de Barack Obama en 2008 aux tweets retentissants de Donald Trump, en passant par la remise en ca...

Quitter la ville, le geste est fondateur, non seulement pour la littérature urbaine inscrite dans un chronotope contemporain (Bakhtine), mais plus encore pour la nouvelle qui se revendique « genre de l’actualité urbaine ». De Boccace aux Cent Nouvelles Nouvelles de Philippe de Vigneulles, en passant par les Cent Nouvelles Nouvelles anonymes, la nouvelle questionne les espaces sociaux et symboliques par la fabrique de son propre récit et invite à penser la ville comme un espace citoyen.

International audience; Ce chapitre montre que le dialogue critique de Rousseau avec Locke éclaire le statut très controversé de la citoyenneté d’Émile. Pour Rousseau, contre Locke, la formation morale de l’homme destiné à vivre dans les sociétés modernes suppose une reconnaissance de sa dette à la fois sociale et civile. Emile est un citoyen lockien au sens où il est un individu indépendant qui ne consent à l’obéissance que dans la mesure où l’autorité politique est protectrice de sa vie et de ses biens. Mais le sens de cette citoyenneté est modifié par le devoir primordial d’œuvrer en faveur des « droits de l’humanité ».

International audience; The Smart City concept aims to respond to the profound changes that society is undergoing, in particular the acceleration of global urbanisation. While this was 54% in 2014, it should reach 66% by 2050. This new approach to the city is based on the interconnection of networks by crossing the data emitted by each of them. The aim is to make these networks "intelligent" in order to predict everyday situations. It is the advent of "smart" and of data that makes it possible to envisage this new urban ecosystem. At this level, data is collected through various media (sensors, meters, NFC chips, GPS, video surveillance, etc.). It is then processed, cross-referenced and analysed (datamining). Finally, they are rendered in a way that is visible and comprehensible to all citizens, at least on a theoretical level. We can also add the fact that, although the smart city currently exploits mainly the data collected by physical sensors (in order to know and monitor the state of the networks), information from social networks - often geolocated - could constitute another promising source for understanding the city. Already, local authorities almost systematically use their Facebook, Twitter, Instagram, Snapchat and even Tik Tok accounts to quickly relay any useful information to connected residents (traffic, works, events, exceptional situations). As for citizens, they have also appropriated social networks in particular to create communities in their cities, for example in sports (Strava, Runtastic) or in the associative sector (organisation of events).Moreover, it is also necessary to integrate the fact that the organisational, technological and societal evolutions of today's cities are induced by their desire to be dynamic players in terms of responses to the problems of sustainable development and in particular climate change. The smart city thus seeks to reconcile the pillars of sustainable development through a global approach combining participatory governance and enlightened management of natural resources in a logic of satisfying the needs and expectations of institutions, companies and citizens.In this context, many companies have taken part in this evolution of the city, either through their natural positioning (Orange, Lafarge, JC Decaux, start-ups, etc.) or through their technical capacity to bring about this change (IBM, Cisco, Thales, etc.). However, not all companies have necessarily taken the full measure of this phenomenon. Yet it seems obvious that local authorities, especially cities, and companies are indeed linked, in order to improve daily life and meet the requirements of the citizen/user/consumer, who represents one and the same person whose uses, expectations, requirements, and even contradictions have evolved considerably since the development of the Internet and smartphones. However, whether in the numerous conferences on the subject or in the articles describing in detail how to make a Smart City a success, there is little mention of the pivotal role that companies must play. The purpose of this paper is to identify the main common challenges and expectations of companies with regard to smart cities, regardless of their sector of activity or size. At the same time, we will look at the evolution of the same companies when they are part of the ecosystem of a smart city.To do this, our approach will consist mainly of- A dozen semi-directive interviews with company managers from all sectors. These interviews will take place during the Smart Cities and Territories exhibition which took place on 20 and 21 October 2021 in Paris (Paris Expo, Portes de Versailles).- There will also be ten semi-directive interviews with representatives of local authorities involved in a "smart" approach.Independently of this, a documentary research on the presented problem will be carried out in addition to these interviews.It will not be a question of having an overly "naive" vision of smart cities and the role of companies in their development. It will therefore also be necessary to take into account the risks of drifting away from these smart cities and the "smart" companies that are part of them, so that they do not become "jail cities or companies". We must not lose sight of the fact that the human dimension must be at the heart of the design of a smart city and that the digitalisation of the city begins at the level of the citizen, his home, his neighbourhood: this is where the link, the interaction, the knowledge of the uses of each actor and each component of the daily life of the 'citizen' employee begins. The area in which they live with their families, express themselves, consume, exchange, contribute and vote. Thus, the transformation of the company will also begin at the level of the employee, his office, his department and his management. We are obviously aware of the fully exploratory nature of our approach and we nevertheless hope to be able to show, through their interrelations and respective expectations, the importance of the role of companies for the proper development of a smart city, while respecting the freedom of the citizens/consumers who make up the city.

Primaries elections are consisting for one or more political parties attributing to defined electorate the power of designation of one or more candidates for a further election. These secular practices in the United States of America have spread across the different continents, notably in South America. The phenomenon is gaining from now on European States. It turns out that this practice has different legal natures depending of the States where it is organized. Although, their function is similar. Therefore, comparing the legal frameworks of the primaries elections turns it possible to affirm primaries elections systematically constitute a step of the election, whether it is legally or in fact. The question of their legal framework and the control of their regularity may engage the consideration of the further election’s regularity and legitimacy. Observing the primaries elections held in France, it comes out these procedures distinguish themselves form others by the weak of the legal control of the political parties’ activities due to a weak legal adaptation of the jurisdictional competences who would have involved a democratic control of the primaries elections. Although the individual experiences of citizens are changing, the French electoral law remains ill-suited, leading to the relativization of the judge’s control of the primaries elections while these procedures are grafted to the principal election and while its regularity has consequences on the consideration of the entire electoral process as democratic and legitimate. Comparing the legal frameworks of the primaries elections across the world leads to observe a structural weakness in the French law regarding the legal control of the political parties’ activities, risking of a weakening of the democratic guarantee of the principle election by the law and the judge, a guarantee at the source of the legitimation of law by the democratic election.; Les élections primaires consistent pour un ou plusieurs partis politiques à attribuer à un corps électoral défini un pouvoir de désignation de son ou de ses candidats à une élection. Séculières aux Etats-Unis d’Amérique, ces pratiques se sont diffusées à travers les différents continents et particulièrement en Amérique du Sud. Le phénomène de diffusion gagne désormais notamment les Etats européens. Or il s’avère que cette pratique présente des natures juridiques diverses selon les Etats bien que leur fonction soir toujours similaire. Dès lors une comparaison des cadres juridiques relatifs aux élections primaires permet d’affirmer que celles-ci constituent systématiquement une étape de l’élection, juridiquement ou de fait. La question de leur encadrement et de leur régularité peuvent engager par conséquent la considération de la régularité et de la nature légitime de l’élection. Le cas de la mise en place des élections primaires en France se distingue des autres cas en ce qu’il met en exergue un faible contrôle juridique des activités des partis politiques et une faible adéquation des compétences juridictionnelles avec l’idée de contrôle démocratique d’une élection primaire. Face à une évolution du vécu des citoyens, le droit électoral français demeure mal adapté, ce qui conduit à une relativisation de la juridicité de l’élection primaire alors que cette procédure se greffe à l’élection principale et que sa régularité présente des conséquences sur la considération de la nature démocratique et de la légitimité de l’ensemble de la procédure électorale. La comparaison des modes d’encadrement des élections primaires permet dès lors de remarquer une faiblesse structurelle en droit français relative au contrôle juridique des activités des partis politiques au risque d’un affaissement de la garantie démocratique de l’élection principale par le droit et l’intervention du juge, une garantie à la source de la légitimation du droit par l’élection démocratique.

Démocratie délibérative, démocratie directe, démocratie représentative : quelles articulations ?

La présente recherche ambitionne à valider le lien entre la performance de l’administration publique et la satisfaction du citoyen dans le cadre d’une idéologie de la pensée complexe. Le cadre théorique présente la performance de l’administration publique comme étant complexe et propose de la simplifier à travers la satisfaction du citoyen, en mettant en avant l’approche par la qualité dans notre schéma théorique. L’approche empirique présente une étude de cas de l’administration fiscale marocaine comme unité d’observation en prenant comme ancrage « le citoyen » à travers un échantillon de convenance de 372 citoyens. Nous présentons ainsi les effets directs résultants des tests d’hypothèses entre les variabes « Performance », « satisfaction », « qualité de service » et « qualité de gestion ». La validation de nos hypothèses de recherche pousse la réflexion sur l’appréhension de la peformance de l’administration publique par les décideurs et sur la nécessité d’intégrer la satsifaction du citoyen comme mesure inhérente de la performance de l’administration tout en admettant que la performance de l’administration publique est complexe, imprévisible et ainsi ajuster la prise de décision aux aléas du système.

La question prioritaire de constitutionnalité (QPC) est souvent présentée, tant dans les discours institutionnels que doctrinaux, comme une « question-citoyenne » ou à tout le moins comme une procédure liée à la citoyenneté. L’analyse du corpus de décisions QPC rendues entre 2010 et 2020 fait apparaitre que l’assimilation que ces discours réalisent entre les figures du « justiciable » et du « citoyen » doit être relativisée. La QPC est rarement mobilisée par le citoyen, que ce soit comme un instrument de participation à l’exercice du pouvoir politique ou comme un instrument de garantie des droits qui permettent cet exercice. La « question prioritaire de constitutionnalité »(QPC) is a preliminary ruling on constitutionality often presented, both in institutional and doctrinal discourses, as a "citizen-question" or at least as a procedure related to citizenship. The analysis of the 2010-2020 corpus of QPC decisions shows that the ties these discourses enforce between the figures of the "applicant" and the "citizen" is not often justified. Indeed, the QPC is rarely mobilized by the citizen, either as an instrument of participation in the exercise of political power or as an instrument of guarantee of the rights which support this exercise.

Dans la longue histoire du cadastre, deux grandes périodes émergent, fertiles en recherches, actes et publications. La première se déroule entre 1780 et 1811, durant la période révolutionnaire ; la seconde s’échelonne entre 1880 et 1905, autour de la Commission extra-parlementaire du cadastre. Il ne sera question ici que de la première qui s’articule autour de deux questions : pourquoi faire un cadastre et comment faire un cadastre ? Ce n’est pas en quelques mots que l’on peut relater la nais...

L’œuvre monumentale de Philibert Vasserot, conservée depuis 1900-1901 à Paris au Centre historique des Archives nationales, constitue, pour ceux qui étudient l’histoire et les aspects du sol et du bâti parisiens au début du XIXe siècle, une sorte d’« usuel » sur le Paris d’avant Haussmann, si familier qu’il ne vient pas d’emblée à l’idée de l’étudier pour elle-même, d’autant que son « fabuleux destin » en a fait une inépuisable source d’histoire et d’archéologie urbaine, et non le document fi...

I. Un regard rapide sur les rapports entre le cadastre et l’information géographique Il est toujours utile de le rappeler : en France, comme dans tous les pays bien administrés, la « paix foncière » est la principale base de la paix civile, et lorsque l’activité cadastrale fonctionne bien, peu de citoyens sont conscients de son importance dans les fondements de nos sociétés. Mais qu’on jette un œil sur des pays sortant de longues guerres civiles, à présent ou dans le passé, on trouve pr...

« La propriété n’est autre chose que la liberté appliquée à ce qui nous appartient son principe constitutif est de se régir elle-même. Soumis à des devoirs et à des charges envers l’état, le propriétaire, lorsqu’il les a acquittés, ne doit compte à personne du reste de ses revenus ; nulle administration générale ou particulière, nulle autorité, n’a le droit de le partager avec lui. » Pierre-Emmanuel Pierrugues, De l’administration financière des communes de France, avec quelques applications...

Troisième et dernière étape de la vaste enquête sur les cadastres du Moyen Âge à l’époque contemporaine, ce volume est consacré au développement des systèmes cadastraux en Europe aux XIXe et XXe siècles. Consacrant le droit de propriété et l’égalité des citoyens devant l’impôt, les Constituants ont décidé la réalisation d’un cadastre fiscal en mettant à profit les expériences des précédentes décennies. La loi du 15 septembre 1807 donne au cadastre parcellaire une efficacité supplémentaire en lui permettant de certifier la propriété et d’être un outil d’intérêt général. Les États européens l’ont inégalement adopté. Les Pays-Bas et les États allemands en font un Grand Livre foncier ; l’Italie et la France pendant longtemps un simple instrument fiscal. D’autres pays s’opposent à sa création, soit parce que les élites veulent rester maîtresses de la répartition de l’impôt comme en Espagne, soit parce que l’ingérence du pouvoir central dans la propriété privée est vécue comme une atteinte à une liberté fondamentale comme en Angleterre. Aujourd’hui, la récente arrivée du cadastre numérisé fait l’unanimité. Elle permet la représentation de la propriété, et plus largement, la gestion des responsabilités qu’elle induit. De plus, les collections anciennes lui confèrent une valeur patrimoniale inestimable.

À la traditionnelle rupture introduite par la séquence révolutionnaire, sans doute pourrait-on ici substituer la puissante continuité du mouvement de réforme et d’affirmation de l’État sur un espace qui tend progressivement à devenir un territoire national. Dans cet « inventaire du territoire » initié depuis le début du XVIIIe siècle et après les dénombrements de population, le début du XIXe siècle inaugure simplement une nouvelle étape en portant son attention sur une cartographie raisonnée ...

La seconde moitié du XIXe siècle est marquée par des événements importants et concomitants concernant les systèmes fonciers. En 1861 est mis en œuvre en Australie le système de l’Act Torrens ; puis en 1872, dans les états prussiens, le livre foncier ou Grundburch. De son côté, la France s’inspire largement de l’Act Torrens dans ses colonies ou protectorats tels qu’en Tunisie et en Algérie, et observe l’expérience allemande d’instauration d’un livre foncier en Alsace-Moselle. De plus, dotée d’...

Dans l’Italie du XVIIIe siècle, c’est à la ville de Milan que revient la primauté de la réalisation systématique de plans annexés aux registres du cadastre. Les relevés, réalisés en 1718 par Charles VI selon une technique empruntée aux Autrichiens, furent coordonnés par le Napolitain Vincenzo De Miro qui lança l’opération de mesurage cadastral de tout le territoire. Le projet, interrompu en 1733, fut repris en 1749 par la fille de Charles VI, Marie-Thérèse d’Autriche (d’où son nom de « cadast...

Introduction Le caractère relativement avancé du système fiscal espagnol de l’Ancien Régime (Relations topographiques de Philippe II, 1575-1578 ; cadastre dit d’Ensenada, 1749 et années suivantes) contraste avec son archaïsme technique à l’époque contemporaine. En effet, le cadastre en tant qu’évaluation du patrimoine immobilier, urbain et rural, assortie d’une représentation graphique du parcellaire n’apparaît dans la péninsule que durant les premières décennies du XXe siècle, à la suite de ...

Introduction Même si la plupart des manuels d’histoire n’en font pas mention, le 1er octobre 1832 est une date importante pour une grande partie du Royaume des Pays-Bas. C’est ce jour-là, en effet, que fut introduit le cadastre dans la quasi-totalité du territoire des Pays-Bas. Seule la province de Limbourg, qui connaissait des désordres politiques, dut attendre encore quelques années : 1837 pour la ville de Maastricht, et 1841 à 1844 pour le reste de la province. Mais il avait fallu plus de ...

Au XIXe et XXe siècles, l’Europe va devenir un véritable laboratoire de systèmes fonciers et cadastraux tant sur les plans technique que juridique. Cette diversité, source d’une grande richesse culturelle, est liée à de nombreux facteurs dont le « poids » a pu être différent d’un pays à l’autre. Si presque partout la possession du sol s’est prêtée à un système de prélèvement de l’impôt, les nécessités économiques, sociales, politiques d’aménagement et d’urbanisme ont conduit à la réalisation ...

Troisième volet d’une vaste fresque sur l’histoire des cadastres, cet ouvrage est issu du colloque organisé sous l’égide du Comité pour l’histoire économique et financière de la France en janvier 2004. Il s’inscrit dans la lignée des deux autres publications, De l’estime au cadastre à l’époque médiévale, sous la direction d’Albert Rigaudière, et De l’estime au cadastre à l’époque moderne, sous celle de Mireille Touzery. Ce cycle particulièrement fécond s’appuie sur un renouvellement de l’atte...

L’histoire du cadastre en Espagne a emprunté un cours plus complexe et sinueux que dans d’autres pays d’Europe. De ces pays, où le cadastre fut mis en place durant les premières décennies du XIXe siècle (voire au XVIIIe siècle), puis ne fit l’objet que d’améliorations et de réformes progressives, l’Espagne se distingue par deux aspects essentiels. Tout d’abord, la mise en œuvre du cadastre espagnol tel qu’on le connaît aujourd’hui prit un siècle de retard et ne fut entreprise qu’au début du X...

L’Allemagne, telle qu’elle resurgit du congrès de Vienne en 1815, était composée de 35 États-membres, et en 1871 encore, elle comptait 25 États-membres, c’est-à-dire plus que l’Europe entière n’avait d’États. Malgré l’appartenance d’abord à la Confédération allemande (1815-1866), puis à l’Empire allemand (1867/1871-1918), ces États-membres gardaient une souveraineté intérieure avec une législation propre à chacun d’eux. Cela concernait aussi la fiscalité, et ainsi le cadastre allemand est for...