1. Vieillissement, durée de la maladie et réserve cognitive dans la sclérose en plaques : impacts sur le fonctionnement cognitif
- Author
-
Tremblay, Alexandra
- Subjects
- Sclérose en plaques, Cognition, Vieillissement, Durée de la maladie, Réserve cognitive
- Abstract
La présente thèse a pour objectif d’approfondir les connaissances sur les effets de l’âge, de la durée de la maladie et de la réserve cognitive (RC) dans la sclérose en plaques (SEP). Jusqu’à présent, aucune thèse ne s’est intéressée à tous ces facteurs à la fois. L’espérance de vie est de plus en plus favorable dans la SEP, ce qui augmente par le fait même les questionnements concernant spécifiquement l’évolution cognitive des patients avec l’âge. En fait, comme l’âge moyen des patients augmente, il est pertinent pour les cliniciens, entre autres, de mieux comprendre le profil cognitif des patients âgés, surtout considérant la plus forte prévalence de comorbidités pouvant aussi affecter le fonctionnement cognitif en vieillissant (ex. trouble cognitif léger de type amnésique, maladie d’Alzheimer). Une meilleure compréhension des effets spécifiques de l’âge et de la durée de la maladie chez les patients SEP permettra d’avoir une idée du profil cognitif attendu et facilitera, par le fait même, l’identification de certains cas dont l’évolution est plus atypique, signant potentiellement la présence de comorbidités. Parallèlement à ces questionnements, plusieurs études s’intéressant au vieillissement cognitif normal et/ou pathologique ont montré une corrélation partielle entre l’atteinte cérébrale (atrophie, lésions) et le fonctionnement cognitif des personnes âgées. Ainsi, à des niveaux d’atteinte cérébrale équivalents, les profils cognitifs des individus sont assez hétérogènes. Plusieurs auteurs attribuent ce phénomène à la RC. La littérature actuelle portant sur la RC dans la SEP est encore embryonnaire, hétérogène, et n’inclut que très rarement des sujets âgés. Pour ces raisons, il semble nécessaire, tant pour les implications cliniques que théoriques, d’étudier le fonctionnement cognitif d’une population SEP vieillissante ainsi que les effets protecteurs de la RC sur la cognition. Ainsi, il s’agit ici d’approfondir notre compréhension du fonctionnement cognitif et de la RC dans la SEP en relation avec l’âge et la durée de la maladie. Dans un premier temps, l’impact de la SEP, de l’âge et de la durée de la maladie sur la cognition sera documenté chez des patients jeunes et âgés touchés par la SEP, y compris un groupe de patients ayant développé la maladie tardivement, à 50 ans et plus (groupe late-onset : LO). L’inclusion d’un groupe de participants témoins permettra aussi de différencier l’ampleur du déclin cognitif avec l’âge entre ces participants et les patients touchés par la SEP (article 1). Dans un deuxième temps, le rôle protecteur de la RC sur la cognition sera examiné auprès d’un groupe de patients SEP âgé entre 27 et 78 ans. Pour ce faire, il sera question d’évaluer le potentiel effet modérateur de la RC sur la relation négative entre une mesure liée à la sévérité de la maladie couramment utilisée en clinique (l’échelle EDSS) et les performances cognitives (article 2). Les résultats de la première étude confirment d’une part la présence d’atteintes cognitives dans la SEP comparativement à un groupe témoins et les effets délétères de l’âge sur le fonctionnement cognitif. Les résultats montrent que l’effet de l’avancement en âge sur l’attention, la vitesse de traitement de l’information et les fonctions exécutives est plus important chez les patients touchés par la SEP, comparativement aux témoins. Ceci suggère donc que l’écart entre les patients SEP et les témoins à ces domaines cognitifs s’agrandit avec le vieillissement, alors que pour la mémoire, l’écart entre les patients SEP et les témoins reste le même, peu importe l’âge. En ce qui concerne la durée de la maladie, on observe qu’à un âge équivalent, les patients qui ont la maladie depuis plus longtemps présentent plus de difficultés dans les tâches de vitesse de traitement de l’information, mais pas de façon marquée dans les autres sphères cognitives. Dans la seconde étude, les résultats supportent d’abord le rôle protecteur de la RC sur la cognition dans une population SEP plus âgée que celle qui avait été étudiée jusqu’à maintenant. Les analyses de modération montrent également un effet modérateur de la RC (estimée par le score total au CRIq, un outil standardisé) sur la relation entre l’invalidité liée à la maladie (estimée par l’échelle EDSS) et les performances dans les tâches de vitesse de traitement de l’information et en mémoire visuospatiale. Une tendance pour cet effet modérateur est aussi observée en mémoire verbale. Ainsi, pour les patients SEP ayant un haut niveau de RC, on ne retrouve plus de relation négative entre l’EDSS et ces domaines cognitifs. En somme, cette thèse confirme que la SEP affecte l’intégrité du fonctionnement cognitif, et de façon encore plus prononcée avec le vieillissement pour les fonctions attentionnelles, exécutives et la vitesse de traitement de l’information. La durée de la maladie a aussi un effet sur le déclin cognitif dans la SEP, mais à un niveau moindre que ce qui était attendu, soit essentiellement sur la vitesse du traitement de l’information. Enfin, malgré l’effet délétère du vieillissement sur le fonctionnement cognitif des patients avec SEP, il est encourageant de constater que les effets protecteurs de la RC semblent s’appliquer chez ces patients, malgré la maladie et l’avancement en âge. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : sclérose en plaques, cognition, vieillissement, durée de la maladie, réserve cognitive
- Published
- 2023