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L'unité régionale de soins aux auteurs de violences sexuelles a vu le jour à Lille, en 2009, sous l'impulsion du Docteur Tiphaine Séguret, et sous l'égide de l'Agence Régionale de Santé des Hauts-de-France. Elle est hébergée par le Centre Hospitalier Universitaire de Lille. Cette unité est née de l'impérieuse nécessité de créer et coordonner des soins spécifiques incluant les dimensions psychocriminologiques et sexocriminologiques, dans une articulation au carrefour de la Santé et de la Justice. À l'origine dédiée aux sortants de prison condamnés pour des infractions à caractère sexuel, cette unité a connu une diversification protéiforme, à mesure de la découverte des nombreux cas de figure et problématiques qui lui étaient confiés. Exerçant aujourd'hui de la pédiatrie jusqu'aux institutions pour personnes âgées dépendantes, l'URSAVS a ouvert la voie à une réflexion de fond sur les méthodes et pratiques de soins spécifiques aux auteurs de violences sexuelles. Ses résultats en matière de prévention de la récidive à cinq ans (1 %) montrent une efficacité durable de son paradigme de soin, rapportée aux statistiques nationales de récidives sur la même durée (15 % pour les viols, 11 % pour les agressions sexuelles, 12 % pour les harcèlements sexuels, selon le ministère français de la Justice). The regional unit for the care of perpetrators of sexual violence (URSAVS) was established in Lille in 2009, under to the impetus of Doctor Tiphaine Séguret, and under the aegis of the Regional Health Agency of the department of Hauts-de-France. It is hosted by the University Hospital of Lille. This unit was born out of the urgent need to establish and coordinate specific care services including psycho- and sex-criminological dimensions, at the crossroads of mental health service and judicial entities. Originally destined for those who had been convicted of sexual offences and who were being released from prison, this unit has diversified in many ways, as the many cases and problems entrusted to it were discovered. Operating today in the realms of pediatrics, care of the elderly, and including the National Education system, URSAVS has paved the way for a fundamental reflection on the methods and practices of care specific to perpetrators of sexual violences. Its results in the prevention of recidivism after 5 years (1%), demonstrate the lasting effectiveness of its paradigm of care, especially when compared to national statistics on recidivism over the same period (15% for rape, 11% for sexual assault, 12% for sexual harassment, according to the French Ministry of Justice). [ABSTRACT FROM AUTHOR]

Quel est le sujet de la psychiatrie ? Professionnelles du service de psychiatrie de l'hôpital d'instruction des armées Sainte-Anne à Toulon, nous avons eu l'idée de formuler une première réflexion à trois, entre psychomotricienne, psychologue et psychiatre, autour du soin en psychiatrie, en supportant les nuances voire les divergences de nos pratiques. Notre présent travail ne prétend pas mener à une pensée univoque ; il s'impose d'une volonté de soutenir la nécessité d'une continuité des soins, du travail en commun, du décloisonnement des différents espaces où est entendu le sujet, devant la discontinuité qui touche aujourd'hui la psychiatrie en France. Notre fil rouge sera le transfert comme instrument nécessaire pour que puisse se produire dans la rencontre une parole inédite. What is psychiatry about? As professionals in the Department of Psychiatry of the Sainte-Anne Army Hospital in Toulon, we decided to formulate an initial three-way discussion between psycho-motor specialists, psychologists and psychiatrists on the subject of psychiatric care, bearing in mind the nuances and even the divergences in our practices. Our current work does not claim to lead to unequivocal thinking; it is based on a desire to support the need for continuity of care, for working together, and for decompartmentalizing the different areas where the subject of psychiatry is relevant, especially in light of the discontinuity that is present in the practice of psychiatry in France today. Our common thread will be transference as a necessary element so that this encounter can develop an unprecedented form of expression. [ABSTRACT FROM AUTHOR]

La recherche est-elle nécessaire au soin en psychiatrie ? Pourrait-elle au contraire s'avérer contre-productive, et réduire son champ par le réductionnisme inhérent à sa méthodologie ? Sont dépliés dans cet article les spécificités du soin en psychiatrie, à travers l'histoire de notre discipline et son lien étroit avec la recherche clinique comme fondamentale. Ses principaux axes de développement sont ensuite détaillés au regard de leur impact sur le soin, puis est discutée, à la lumière des enjeux éthiques et épistémologiques de la discipline, la compatibilité entre la question du soin, dont l'essence même est de veiller au bien-être du sujet, et celle de la quête d'un savoir, qui vise souvent d'abord l'intérêt collectif et indirectement le soin individuel, sans pour autant en constituer le garant. Is research necessary for psychiatric care? On the contrary, could it prove to be counter-productive, reducing the scope of the field by the reductionism inherent in its methodology? This article examines the specific features of care in psychiatry, from the point of view of the history of our discipline and its close links with both clinical and fundamental research. Its main lines of development are then detailed, viewed through the lens of the ethical and epistemological challenges facing the discipline, in terms of their impact on care, and the compatibility between the question of care, and that of the quest for knowledge. The very essence of the former being to look after the subject's well-being, whereas that of the latter is often aimed primarily at the collective interest and indirectly at individual care, without necessarily guaranteeing it. [ABSTRACT FROM AUTHOR]

Les enjeux éthiques de la prise en charge des personnes transgenres, et par extension, l'évaluation de la transidentité parmi les internes de psychiatrie français ont été analysés. Une revue de la littérature, afin d'aborder l'historicité du sexe, à travers sa définition et ses variations, ainsi que la naissance de la conception du genre a été réalisée. Une réflexion est également menée autour des enjeux éthiques de la prise en charge des personnes trans', à travers l'autonomie du choix, la bienfaisance et la non-malfaisance de l'accès à la transition hormonochirurgicale (THC), et les enjeux sociétaux entraînés par l'évolution de la considération du genre. Les internes de psychiatrie français ont été interrogés sur leur opinion concernant le respect de l'autonomie des personnes transgenres lors de l'évaluation et l'accompagnement psychiatrique. Cette réflexion s'est élargie à travers l'enquête à la non-malfaisance du diagnostic de dysphorie de genre et au principe de justice dans la prise en charge des personnes transgenres en France. Les réponses recueillies sont majoritairement en faveur d'une autonomie de la personne trans', avec une mise en avant de sa capacité et sa liberté d'autodétermination. L'examen psychiatrique préalable à une THC reste perçu comme nécessaire afin d'éliminer les diagnostics différentiels et d'évaluer le consentement éclairé de la personne, bien qu'il renvoie un sentiment de pathologisation aux personnes concernées. Ce sentiment de pathologisation est en revanche perçu comme moindre si cette consultation est faite par un psychologue. This article focuses on the ethical issues surrounding gender-affirming care for transgender people (i.e. A person whose gender does not correspond to their sex assigned at birth), particularly the respect of the rights of transgender patients to autonomy during psychiatric evaluations. This topic gives leave to a deeper investigation into the principles of non-maleficence when diagnosing gender dysphoria and into the principles of justice when providing essential medical care for transgender people in France. Firstly, a review of the literature was carried out in order to explore the historicity of sex, its definition and variations, and the concept of gender identity. To establish the latter's relationship to psychiatry, the evolution of gender dysphoria through psychiatric classifications and guidelines was reviewed, as well as the role of the psychiatrist in the process of gender-affirming treatment. A reflection was also carried out concerning the ethical issues of the medical care of trans people, through the autonomy of choice, beneficence and non-maleficence of access to the hormonal-surgical transition, and the societal issues involved in the evolution of the consideration of gender. A study was conducted via a websurvey and a questionnaire was sent to psychiatric residents completing their studies in France. A total of 70 respondents were included. The questionnaire asked residents to give their opinion on transgender people's right to autonomy (and how to respect them) during psychiatric assessments and psychological inputs. The answers from the residents indicate that they are mainly in favor of upholding transgender people's right to autonomy, with an emphasis on their capacity and their right to self-determination. Conversely, 15% of the respondents viewed transgender identities as a mental disorder and were more in favor of a medicalized model of treating gender dysphoria. A psychiatric assessment prior to receiving gender-affirming care was still perceived as necessary in order to eliminate differential diagnoses and to evaluate the capacity for informed consent, however, this may be perceived as excessive pathologization for transgender people. On the other hand, this feeling of pathologization is perceived as diminished if this consultation is performed by a psychologist. These answers suggest the necessity of carrying out a comparison with the feelings of the concerned individuals, for a more ethical management of transidentity. The issue of meeting the demands of the transgender population is still being debated. It is legitimate to ask whether we can, under cover of their freedom of choice, let the persons concerned make the decision without having first undergone a medical evaluation, and whether the individual's autonomy must take precedence over potential irreversible negative outcomes. Through this study, it appears that the sampled psychiatry residents sense that those individuals seeking transgender care have the feeling of pathologization that is induced by a consultation with a psychiatrist before starting gender-affirming care. On the other hand, if the consultation is conducted by a psychologist this feeling of pathologization is less a factor. This assumption should obviously be affirmed with the concerned persons. [ABSTRACT FROM AUTHOR]

Dans cette communication, nous montrons que la littérature sur la prévalence des troubles psychiatriques et liés à l'usage de substances en milieu pénitentiaire est riche. Son interprétation se heurte toutefois à plusieurs difficultés : (i) une grande hétérogénéité des systèmes judiciaire et de soins de santé mentale entre les pays et (ii) des spécificités de l'environnement carcéral parfois négligées dans la méthodologie des études. Forts de ce constat, nous développons les résultats d'un certain nombre de travaux de référence sur la prévalence des troubles psychiatriques et liés à l'usage de substances dans les prisons françaises. Nous discutons enfin les perspectives en termes d'épidémiologie psychiatrique en milieu pénitentiaire. In this paper, we show that the literature on the prevalence of psychiatric and susbtance use disorders in prisons is substantial. However, there are a number of difficulties one encounters in interpreting this literature: (i) there is considerable heterogeneity between countries' judicial and mental health care systems, and (ii) the specific features of the prison environment are sometimes overlooked in the methodology used to conduct such studies. With this in mind, we discuss a number of benchmark studies on the prevalence of psychiatric and substance use disorders in French prisons. Finally, we discuss the perspectives for psychiatric epidemiology in prisons. [ABSTRACT FROM AUTHOR]

Les unités hospitalières spécialement aménagées (UHSA) sont des dispositifs récents en France pour le soin en psychiatrie à des personnes détenues. Celles-ci s'inscrivent dans une histoire et un contexte plus large d'imbrication santé–justice. Cet article propose une lecture contextuelle du soin au sein de l'UHSA où nous exerçons. Autour de l'axe espace–temps nous avons décodé des manières de lire le vécu et l'expression psychopathologie des troubles de personnes incarcérées. L'écrasement de l'espace et du temps nous paraît particulièrement prégnant dans le milieu carcéral et demande parfois des solutions autres. L'hospitalisation dans nos murs en est une et certains patients reviennent régulièrement. L'UHSA au niveau de l'espace, du temps et de la relation, prend en charge et accompagne les patients dans un décalage du monde carcéral. À partir des modes d'entrée dans le soin, avec ou sans consentement, se lisent des manières d'être hospitalisé et de s'approprier les soins. Notre hypothèse est que ce lieu permet une sortie ou un enfermement supplémentaire en milieu hospitalier. Unités hospitalières spécialement aménagées (UHSA) are recent French structures offering psychiatric care to incarcerated persons. UHSA are part of a broader history and context of the interweaving of care and justice. This article proposes a contextual reading of the care processes within the UHSA in which we work. By following a spatio-temporal axis, we have avenues for reading the experience and psychopathological expression of the disorders of incarcerated people. The crushing of space and time seems to us particularly prevalent in the prison environment and sometimes requires other solutions. Hospitalization in a UHSA is now one of them, and some patients return here regularly. UHSA, in terms of space, time and relationships, takes charge of patients and accompanies them in a different way from the prison world. By starting from the ways of entry into care, with or without consent, we can read the ways of being hospitalized and of appropriating care. Our hypothesis is that this place allows an exit or an additional confinement in the hospital environment. [ABSTRACT FROM AUTHOR]

Plusieurs études épidémiologiques témoignent des problématiques de santé mentale chez les personnes incarcérées. En France, le Plan Psychiatrie et Santé Mentale de 2011 à 2015 considère l'entourage du malade comme ressource essentielle à la fois pour l'évaluation, l'accompagnement et le rétablissement du patient. Cette étude a pour objectif principal d'analyser la place actuelle de l'entourage des patients dans les prises en charge psychiatriques en prison et plus particulièrement au sein des Structures d'Accompagnement vers la Sortie de prison. Il s'agit d'une étude qualitative multicentrique menée auprès de 16 professionnels de santé travaillant dans les quatre Structures d'Accompagnement vers la Sortie de effectives au moment de la réalisation de l'enquête. Actuellement, l'entourage reste peu associé au parcours de soins psychiatrique ambulatoire du patient en milieu pénitentiaire. On observe une absence de tout contact avec les proches dans la majorité des cas. Ce résultat contraste avec la volonté des professionnels de santé d'intégrer les proches dans leurs pratiques car les soignants considèrent l'entourage comme un pilier essentiel pour le rétablissement du patient. Il existe de nombreux bénéfices à intégrer l'entourage au parcours de soins du patient incarcéré mais aussi des limites à cette intégration. Les Structures d'Accompagnement vers la Sortie apparaissent comme des structures propices à l'inclusion des proches dans les pratiques des professionnels. L'intégration de l'entourage dans les prises en charge peut être mise en place par la réalisation d'actions concrètes, établies dans cette étude, afin de proposer une offre de soins optimale et une prise en charge globale du patient. A specific population category, that of prisoners, is particularly affected by mental health problems, as demonstrated by the main epidemiological studies on the subject. This finding has prompted the French prison administration to consider factors likely to improve the mental state of prisoners and reduce the chances of recidivism in the future. Among these factors, maintaining ties with family and friends is at the top of the list and is currently a priority for the prison administration. We wanted to understand how well professionals working in outpatient psychiatry in prisons were aware of this issue, particularly those who prepare patients for their release from prison. The principle aim of this study is to examine the current role of family and friends in the patient's care and within the systems that support patients on their release from prison. This study is a prospective, multi-center qualitative study of medical staff working in discharge support structures, known as "SAS" in France, using semi-structured interviews. The SAS facilities included were those that existed and had been operating for at least one year at the time of the interviews. The interviews were conducted until all the data were compiled. Sixteen interviews were carried out. The results show that in the majority of cases there was no contact with the patient's family and friends during the outpatient psychiatric care in prisons. This contrasts with the repeated reference to family and friends in the comments made by caregivers during the interviews. For the vast majority, the people close to the patient are considered to be the pillars of the patient's reintegration into society, and caregivers would like to integrate the patients' entourages more significantly into their practices. According to several of the people interviewed, those close to the patient have an influence on the development and recurrence of mental disorders, on the experience of imprisonment and on acting out. Caregivers perceive many benefits from the inclusion of family and friends, both for the patient and his or her loved ones. On the other hand, the study showed that there are limits to this integration in treatment, specifically those concerning the prison institution, the caregivers and the patients themselves. This study provides several elements confirming the idea that the SAS is a structure conducive to the inclusion of family and friends in psychiatric practices. Finally, the results highlight some innovative ideas for integrating family and friends into this pre-release care. Currently, there is little integration of family and friends in the outpatient psychiatric care of patients in French prisons, particularly within the SAS. This study proposes future developments in these practices and suggests some very interesting perspectives on the subject. Integrating family and friends into care can be achieved by taking the concrete steps set out in this study, in order to provide optimum care and overall patient management. [ABSTRACT FROM AUTHOR]

Les Unités pour Malades Difficiles (UMD) sont des institutions psychiatriques françaises prenant en charge des patients présentant pour autrui un danger tel qu'ils nécessitent des protocoles thérapeutiques intensifs adaptés. Les études les plus récentes décrivant ce type de patient sont toutes unicentriques. C'est au travers de la première étude épidémiologique descriptive multicentrique, incluant les patients des dix UMD de France, que nous dressons le portrait du patient type d'UMD hospitalisé entre le 15 et 28 avril 2019 grâce à un questionnaire envoyé à toutes les UMD. De plus, nous nous intéressons à la dangerosité psychiatrique en étudiant et revisitant les facteurs de dangerosité psychiatrique établis par la HAS en 2011. Ainsi nous retrouvons un homme, jeune, célibataire, à l'insertion socioprofessionnelle précaire, ayant des antécédents judiciaires, présentant une schizophrénie chimiorésistante à symptomatologie positive, une faible conscience des troubles et adressé principalement en UMD pour des violences à l'encontre des soignants. La majorité des facteurs de dangerosité de la HAS sont ainsi retrouvés et, de plus, notre étude nous a permis d'identifier de possibles nouveaux facteurs de dangerosité que sont le déracinement culturel, la présence d'une conjugopathie parentale, le fait d'être sans domicile fixe, l'existence de conduites perverses sadiques, la chimiorésistance et la présence de manifestations agressives dans le mois précédant le passage à l'acte. C'est ainsi qu'en prenant en compte l'ensemble des facteurs sociomédicojudiciaires des patients, nous pouvons tenter d'évaluer au mieux la dangerosité globale et le prendre en charge de façon cohérente en l'adressant dans un établissement adapté. The ten French psychiatry high security care units (Unité pour Malades Difficiles : UMD) are the only forensic institutions in the country to provide care for dangerous and/or difficult patients (homicide, acts of barbarity, sexual assault, cannibalism, pyromania...). They benefit from intensive care protocols and high security measures. In this first epidemiological multicentric descriptive study in French history including 418 violent and homicidal patients, medico-judiciary and social characteristics of the standard UMD patient are described. This standard patient is a young single man, with a criminal record and from an underprivileged background, suffering from treatment-resistant schizophrenia with strong delusional symptoms. He has a weak compliance to treatment, low insight, a history of drug abuse and is admitted for severe violence against others and in particular against caretakers or for homicidal act. The study's secondary goal is to revisit the risk factors of high violence described in medical literature and to reveal new ones (cultural uprooting, parental psychopathology, homelessness, perverse sadistic behavior, aggressive behavior a month prior the violent acting out, resistance to antipsychotic drugs, treatment discontinuation), particularly in the homicidal patient cohort. This study should enable clinicians to evaluate dangerousness and to offer better medical care and preventive measures against violence. [ABSTRACT FROM AUTHOR]

Devant l'augmentation du nombre de cas de COVID-19, l'Établissement Public de Santé (EPS) de Ville-Évrard a mis en place des mesures strictes pour minimiser les risques d'infection et pour assurer la continuité des soins. Dans ce contexte, il nous a paru pertinent de s'intéresser au vécu de la crise sanitaire par nos patients hospitalisés lors de la première vague. Notre équipe a élaboré un questionnaire semi-structuré, composé de 8 items, permettant au patient de s'exprimer librement sur leur vécu de la crise sanitaire, de la prise en charge durant cette crise et du confinement. Nous avons recueilli les témoignages de 12 patients en réponse aux différents items du questionnaire concernant leur vécu en abordant les différents aspects de la crise sanitaire, parmi ceux qui ont été touchés par la COVID-19 et ceux qui ne l'ont pas contractée. Les réponses apportées par les patients aux différents items du questionnaire ont permis d'évoquer leur vécu de la crise sanitaire et du confinement. Nos patients ont fait preuve d'une bonne conscience de la complexité de la situation tout en se montrant coopérant à leur prise en charge et en respectant les nouvelles mesures mises en place. Ce travail nous a permis de constater que le retentissement de la crise lors de la première vague a été globalement bien vécu par nos patients avec une prise de conscience satisfaisante des risques encourus. Since the beginning of the health crisis, health care personnel have been confronted with an influx of patients with COVID-19. Given the complexity of the situation, the reorganization of care was done on an emergency basis to ensure careful management to limit the spread of the disease among health care personnel and patients. As patients suffering from psychiatric disorders were not spared, the Ville-Évrard Public Health Establishment set up a strategy to deal with this crisis by setting up a COVID+ unit specialized in the care of patients suffering from mental disorders and infected by the Coronavirus. Patients diagnosed as positive by PCR test were transferred to this unit so that they could benefit from a global management. The aim of our work was to focus on psychiatric patients (whether they were carriers of the COVID-19 virus or not) on their experiences during the health crisis in the first wave from March to June 2020, during the first containment. We have developed a semi-structured questionnaire composed of 8 questions, allowing to explore different aspects of the experience of the health crisis. We interviewed 12 patients (six patients affected by COVID-19 and six unaffected patients) with different mental disorders. The patients expressed themselves freely and their answers to the questions were presented question by question and separated according to the two groups. The first question was intended only for patients in the first cluster infected with the Coronavirus and the second question for patients with a family member infected with the virus. For the first question, two patients among the six infected with the Coronavirus, expressed anxiety. For the second question, two patients in the Covid+ group had a family member who had contracted the virus. One patient felt guilty, and one patient was anxious. In the Covid− group, one patient whose spouse had contracted the virus was very worried. For the third question, in the Covid+ group, four of the six patients were compliant with containment, two patients were not. In the Covid− group, four patients experienced containment between home and the hospital, and two patients experienced the entire containment at home. Regarding the fourth question, all patients (in both groups) acknowledged that the health crisis had a significant impact on their lifestyle. In response to the fifth question, all patients in the Covid+ group talked about their stay in the COVID+ unit and its setting. For patients in the Covid− group, the answers were varied mentioning simple means of distraction. For the sixth question, all patients (in both groups) were globally satisfied with their care. Concerning the seventh question, all patients in the Covid+ group thought they had been sufficiently careful without expressing any fear about the risk of contamination. In the Covid− group, the answers were centered on the fear of contracting the virus in the hospital. The responses to the eighth and final question were marked by a glimmer of hope. In the light of this work, the repercussions of this crisis, during the first wave, were generally well experienced by our patients, in the psychiatric environment, with a good awareness of the stakes and the risks incurred but also with a glimmer of hope for a resolution of the situation soon. Finally, most of the psychiatric patients in this sample behaved as respectful citizens during this first wave of confinement. [ABSTRACT FROM AUTHOR]

L'accès aux études médicales odontologiques, pharmaceutiques ou de sage-femmes a été ouvert à des candidats n'ayant pas effectué de première année en sciences médicales depuis l'arrêté du 26 mars 1993 abrogé et remplacé par l'arrêté du 26 juillet 2010. Cette procédure « passerelles » relative aux modalités d'admission directe en deuxième ou troisième année d'études a connu différentes modifications jusqu'à aujourd'hui. Le cadre réglementaire prévoit l'accès à ce dispositif, entre autres, aux titulaires du diplôme de Master. Les psychologues (nécessairement détenteurs d'un diplôme de Master) sont éligibles à ces dispositifs permettant l'intégration aux études médicales. Les psychologues intéressés peuvent ainsi envisager la perspective d'une carrière médicale en reprenant leurs études en milieu ou fin de premier cycle universitaire. Dans cet entretien avec Jean-Pierre Bouchard, les psychologues Sarah Thierrée, Josué Masson et Théo Lemonnier échangent autour de leurs expériences. Ils présentent le dispositif, ses apports, ses limites, ainsi que les difficultés et satisfactions qu'ils ont rencontrées en empruntant cette nouvelle voie. Access to medical, pharmaceutical dentistry or midwifery studies has been opened to candidates who have not completed a first year in medical sciences since the decree of March 26, 1993 repealed and replaced by the decree of September 2, 2010. This "gateway" device relating to the procedures for direct admission to the second or third year of studies has been subject to various modifications until the decree of July 29, 2022. The regulatory framework provides for access to this device by holders according to their initial training. Among them is the Master's degree. Thus, psychologists (necessarily holders of a Master's degree) are eligible for these systems allowing integration into medical studies. Psychologists can thus consider the prospect of a medical career by resuming their studies in the middle or at the end of their first university cycle. In this interview with Jean-Pierre Bouchard, psychologists Sarah Thierrée, Josué Masson and Théo Lemonnier discuss their experiences. They present the device, the contributions, the limits, as well as the difficulties and satisfactions they may have encountered during their experience. [ABSTRACT FROM AUTHOR]

La prévalence des troubles psychiatriques et des addictions est particulièrement élevée en population carcérale. Souvent perçue comme une problématique spécifique et « à part », la question du soin en détention a, en fait, une dimension évidente de santé publique puisque la quasi-totalité des personnes incarcérées seront in fine libérées. La période entourant la sortie de prison est une période de vulnérabilité marquée, tout particulièrement pour les personnes souffrant de troubles psychiatriques. Dans ce contexte, des équipes mobiles transitionnelles (EMOT) ont été récemment créées afin de limiter le risque de rechute et de décès au cours de cette période sensible mais aussi d'assurer un relais des soins psychiatriques vers les dispositifs de droit commun pour cette population. Dans cet entretien avec Jean-Pierre Bouchard, Thomas Fovet, Tatiana Scouflaire, Bettina Belet, Estelle Demeulemeester, Matthieu Paindavoine, Claire Gibour, Vincent Claeyman, Laureen Ghislain, Clara Narguet, Oumaima El Qaoubii, Niels Martignène, Marielle Wathelet, Maxime Védère, Anne-Hélène Moncany proposent un premier retour d'expérience de la création de ces équipes mobiles. Psychiatric disorders and addictions are highly prevalent in the prison population. Often perceived as a specific and "separate" problem, the issue of care during detention has, in fact, an obvious public health dimension since almost all people in prison will eventually be released and return to their communities. This is particularly important because the health of people released from incarceration is characterized by a range of negative outcomes, particularly in people suffering from psychiatric disorders. In this context, the Equipes Mobiles Transitionnelles (EMOT) have recently been created in France to limit the risk of relapse and death during this high-risk period but also to ensure the links between psychiatry in prison and community psychiatry. In this interview with Jean-Pierre Bouchard, Thomas Fovet, Tatiana Scouflaire, Bettina Belet, Estelle Demeulemeester, Matthieu Paindavoine, Claire Gibour, Vincent Claeyman, Laureen Ghislain, Clara Narguet, Oumaima El Qaoubii, Niels Martignène, Marielle Wathelet, Maxime Védère, Anne-Hélène Moncany provide some initial feedback on the creation of these mobile teams. [ABSTRACT FROM AUTHOR]

La question du psychotraumatisme constitue une dimension centrale de la pratique psychiatrique en milieu pénitentiaire. Le trouble de stress post-traumatique (TSPT), en particulier dans sa forme dite « complexe », est en effet largement surreprésenté en prison. Dans cet entretien avec Jean-Pierre Bouchard, Thomas Fovet, Clément Villa, Bettina Belet, Fanny Carton, Timothée Bauer, Suzanne Buyle-Bodin et Fabien D'Hondt s'appuient sur leur expérience clinique et sur de récents travaux de recherche épidémiologique pour proposer une synthèse de la question. Les aspects cliniques spécifiquement retrouvés en milieu carcéral, notamment la question des comorbidités psychiatriques/addictologiques ou du TSPT des auteurs de crime violent, sont développés. L'état actuel des connaissances en ce qui concerne la prise en charge des symptômes post-traumatiques en prison est également discuté et mis en perspective avec la réalité du terrain. Post-traumatic stress disorder (PTSD), and particularly complex PTSD, is over-represented in prisons and corrections. In this interview with Jean-Pierre Bouchard, Thomas Fovet, Clément Villa, Bettina Belet, Fanny Carton, Timothée Bauer, Suzanne Buyle-Bodin and Fabien D'Hondt draw on their clinical experience and recent epidemiological research to provide an overview of the issue. The clinical aspects specifically found in the prison environment, especially the questions of comorbid psychiatric and substance use disorders or PTSD in perpetrators of violent crime, are developed. The current state of knowledge regarding the management of post-traumatic symptoms in prison is also discussed and put into perspective with daily practice. [ABSTRACT FROM AUTHOR]

La psychiatrie a occupé de tout temps une position située à un carrefour, à un croisement, en étant riche de la diversité des courants épistémologiques qui la traversent, mais coïncidemment fragile de ce qui met en tension sa cohérence d'ensemble. Notre titre, par la coordination qu'il institue, est déjà une méprise, du moins un parti pris, au sens où il distingue, il différencie en même temps qu'il associe deux entités que seraient la psychiatrie d'un côté et la psychanalyse de l'autre. Là où, au contraire, l'enjeu se précise moins dans l'association, la combinaison des deux que dans ce que l'une subvertit l'autre, l'infuse en l'imprégnant non de la certitude mais plutôt de ce qui se pose comme hypothèse, celle d'un work in progress. Psychiatry has always occupied a position situated at a crossroads, at an intersection, being rich in the diversity of the epistemological currents which cross it, but coincidentally rendered fragile by that which places a strain on its overall coherence. Our title, by the coordination it suggests, is already a misnomer, at least a bias, in the sense that it distinguishes, it differentiates at the same time as it associates the two entities of psychiatry on the one hand and psychoanalysis on the other. Where, on the contrary, the stakes are defined less by the association, the combination of the two than by how the one undermines the other and infuse it by impregnating it not with certainty but rather with what is posed as a hypothesis, that of a work in progress. [ABSTRACT FROM AUTHOR]

Le terme « épistémologie » est apparu chez le métaphysicien écossais James Frederick Ferrier (1808–1864), dans son ouvrage Epistemology or Theory of Knowing (1854). La généralisation de son usage n'interviendra qu'à partir de la fin du XIXe siècle dans les textes de philosophes et scientifiques anglais et continentaux, puis nord-américains. Les discussions des membres de la Société Médico-Psychologique, créée en 1852, n'ont été répercutées par les Annales Médico-Psychologiques qu'à partir de 1853. Les questions en lien avec l'Épistémologie étaient alors référées à la Philosophie de la connaissance ou à la Philosophie des sciences. Elle repose sur l'approche de l'Épistémologie comparative (G.G. Granger), historique et clinique, sur l'analyse critique du langage et leurs propres recherches. Les auteurs reprennent la partition chronologique proposée par G. Lantéri-Laura en montrant en parallèle l'évolution des questions traitées par la philosophie des sciences, puis par l'Épistémologie. Ils analysent successivement l'impact de la Philosophie des Sciences à la Société Médico-Psychologique au cours du XIXe siècle dans la période 1852–1902, puis l'ancrage de la tradition épistémologique à la Société Médico-Psychologique avec l'apport de Pierre Marchais, et l'intrusion de l'approche nord-américaine au début du XXIe siècle. Il est illusoire de rechercher une méthode scientifique unique, définitive, applicable dans toutes les situations, car l'objectif scientifique ne dispense pas du rapport au concret. Pour la psychiatrie, quelles que soient les connaissances présentées comme nouvelles, les problèmes resurgissent à partir de perspectives diverses, dans des contextes différents, car la dynamique propre au développement de chaque discipline ou sous-spécialité les réactualise périodiquement. The term epistemology was first used by the Scottish metaphysician James Frederick Ferrier (1808–1864), in his book Epistemology or Theory of Knowing (1854). The generalization of its use will not occur until the end of the 19th century in the texts of English and continental philosophers and scientists, and thereafter in North America. The discussions of the members of the Société Médico-Psychologique , created in 1852, were not reflected in the Annales Médico-Psychologiques until 1853, and questions related to epistemology were then assigned to the fields of the philosophy of knowledge or the philosophy of science. This article is based on the approach of comparative epistemology (G.G. Granger), on an historical and clinical approach, on the critical analysis of language, and on the authors' own research. Epistemology is "a critical study of the principles, hypotheses and results of the various sciences, intended to determine their logical (non-psychological) origin, their value, and their objective significance." The authors employ the chronological score proposed by G. Lantéri-Laura by showing in parallel the evolution of the questions treated by the philosophy of science, then by epistemology. They analyze successively the impact of the philosophy of science on the Société Médico-Psychologique during the 19th century during the period of 1852–1902, then the anchoring of the epistemological tradition at the Société Médico-Psychologique due to the contribution of Pierre Marchais, and finally, the incursion of the North American approach at the beginning of the 21st century. It is illusory to seek a single, definitive scientific method, which is applicable in all situations, because the scientific objective does not dispense with the relationship to the concrete. For psychiatry, whatever knowledge is presented as new, problems arise from different perspectives, in different contexts, because the dynamics of the development of each discipline or sub-specialty are updated periodically. [ABSTRACT FROM AUTHOR]

Les auteurs retracent les différentes étapes de la naissance de la Société Médico-Psychologique (SMP), qui a célébré en 2022 ses 170 ans. Ils en rappellent le contexte et notamment la promulgation, en 1838, d'un texte de loi considéré comme un texte fondateur de ce qui s'appelait alors aliénisme et deviendra la psychiatrie. Les travaux de Philippe Pinel et Jean-Étienne Esquirol ont également tenu une place essentielle dans la naissance de la Société et plus largement dans les débuts de la discipline. Trois phases sont distinguées dans la fondation de la SMP : 1843, création des Annales M dico P sychologiques (AMP) qui deviendront le bulletin de la SMP, constitution de la Société le 18 décembre 1847 annoncée par Jules Baillarger dans le numéro 1 des AMP de 1848, avec un début de règlement et une première liste de membres. Pour des raisons politiques (révolution de février 1848, coup d'État du 2 décembre 1851), la fondation officielle n'aura lieu qu'en 1852. Une commission modifie le règlement primitif. Le principe est posé d'une Société se composant de médecins, de philosophes, de magistrats, de ministres de la religion, de moralistes, d'instituteurs, de poètes, etc. Les revues professionnelles annoncent alors la formation d'une Société où « auront été rassemblés et appliqués à la fois tous les instruments de l'analyse psychologique ». La première séance se tient le 26 avril 1852. Les auteurs donnent la liste de membres fondateurs, où l'on note néanmoins quelques absents de marque. Sont abordées ensuite les relations entre la SMP et l'Académie de médecine, fondée en 1820. Sont également évoqués les premiers membres étrangers, hollandais, espagnols, italiens, russes, autrichiens, allemands et, à la fin du XIXe siècle, américains. Les pays européens verront, à la même période, la constitution de sociétés savantes similaires, notamment en Grande-Bretagne, en Allemagne mais aussi en Russie. Les auteurs détaillent la création de la Société des médecins des asiles d'aliénés américains, future American Psychiatric Association (APA), et de sa revue qui deviendra l' American Journal of Psychiatry. Sont rapportés quelques éléments de réunions communes entre la SMP et l'APA en 1978. La naissance de la SMP et celle d'autres Sociétés savantes en Allemagne, en France, au Royaume Uni marquent le début d'une discipline qui s'appelle alors aliénisme et qui deviendra la psychiatrie. The authors retrace the various stages of the birth of the Société Médico-Psychologique (SMP), which celebrated its 170th anniversary in 2022. They recall the context, notably a law enacted in 1838 that was considered as a foundation text for what was then called alienism and which would eventually become psychiatry. The work of Philippe Pinel and Jean Étienne Esquirol played an essential role in the founding of the SMP, and more broadly in the genesis of the discipline. Three phases can be distinguished in the foundation of the SMP: (1) the creation of the Annales Médico-Psychologiques (AMP), in 1843, a journal that would become the SMP bulletin; (2) the first constitution of the SMP which was announced by Jules Baillarger in the first issue of the AMP in 1848 and which included the first organizational rules and a first list of members; (3) For political reasons (The revolution of February 1848, a political coup d'état on December 2, 1851), the foundation of the SMP would officially first take place in 1852. A commission of members modified the first internal rules. A principle was established whereby the Society would be composed of physicians, philosophers, magistrates, clergymen, moralists, teachers, poets, etc. The professional journals announced at the time the establishment of a Society where "all the instruments of psychological analysis will be gathered and applied simultaneously". The first meeting of the Society was held on the 26th of April 1852. The authors provide a list of the founding members, although there were some notable absences. The relations between the SMP and the Academy of Medicine, founded in 1820, are detailed. The first international members are mentioned. They came from The Netherlands, Spain, Italy, Russia, Austria and Germany, and at the end of the 19th century, from America as well During the same time period, similar learned societies were established, notably in the United Kingdom, Germany and Russia. The authors describe in detail the creation of the Association of Medical Superintendents of American Institutions for the Insane (ASAMSAII), the future American Psychiatric Association (APA), and of its Journal which would become the American Journal of Psychiatry. The details of joint meetings between the APA and the SMP in 1978 are reported. The birth of the SMP and of other learned societies in Germany, France and the United Kingdom marked the beginning of a discipline which was then called alienism and which would become Psychiatry. [ABSTRACT FROM AUTHOR]

La présence de personnes détenues souffrant de troubles psychiatriques est observée depuis la naissance de la prison moderne, et a fluctué depuis, au gré des évolutions institutionnelles psychiatriques et du cadre législatif français. Au 1er janvier 2022, près de 70 000 personnes sont incarcérées dans les 187 établissements français de métropole et d'outre-mer. Dans cette population, une surreprésentation par rapport à la population générale est établie pour de nombreux troubles psychiatriques : le trouble dépressif caractérisé, les troubles psychotiques, le trouble bipolaire, le trouble de stress post-traumatique, les troubles de l'usage de substances et les troubles neuro-développementaux comme le trouble du déficit de l'attention avec/sans hyperactivité. Dans cet entretien avec Jean-Pierre Bouchard, Thomas Fovet et Marion Eck discutent de ce phénomène à partir de données épidémiologiques récentes et de leur expérience personnelle. Certains aspects cliniques spécifiques de la psychiatrie en milieu pénitentiaire sont également abordés. The presence of detainees suffering from psychiatric disorders has been observed since the birth of the modern prison system, and the numbers have fluctuated since then, depending on the evolution of psychiatric facilities and the French legislative framework. As of January 1, 2022, almost 70,000 people were incarcerated in the 187 French correctional institutions in metropolitan and overseas France. Many psychiatric disorders are over-represented in the correctional population compared to the general population, and they include disorders such as depressive, psychotic, bipolar, post-traumatic stress, and substance abuse disorders together with neurodevelopmental disorders such as attention deficit disorder with/without hyperactivity. In this interview with Jean-Pierre Bouchard, Thomas Fovet and Marion Eck discuss this phenomenon based on recent epidemiological data and their personal experience. Some specific clinical aspects of psychiatry in the correctional environment are also discussed. [ABSTRACT FROM AUTHOR]

L'objectif de cette étude est d'évaluer les styles d'attachement dans une population de patients rencontrés en Équipe Mobile Psychiatrie Précarité à Paris, hormis les migrants, afin d'aider à l'établissement d'une alliance de travail et d'améliorer le suivi de ces patients. Dix-huit patients en situation d'exclusion sociale rencontrés en Équipe Mobile Psychiatrie Précarité, hormis les migrants, âgés de 28 à 65 ans, ont été recrutés entre décembre 2018 et juillet 2019. Les styles d'attachement des sujets ont été évalués à l'aide du questionnaire Relationship Style Questionnaire–Codage Révisé, afin d'obtenir la prévalence de chaque style d'attachement dans cet échantillon. Les analyses montrent un taux d'attachement insécure de 83 % dans cette population, avec une prédominance du style détaché retrouvé chez 39 % des sujets. Le taux d'insécurité de l'attachement très élevé dans cette population pointe l'importance du rôle de Base de sécurité que devraient représenter les Équipes Mobiles Psychiatrie Précarité pour les patients rencontrés, première étape indispensable pour pouvoir les amener à des soins psychiques prolongés. La pertinence de thérapies basées sur l'attachement dans cette population est discutée. Ces équipes pourraient avoir un rôle de soin à part entière, au-delà de leur fonction d'interface et d'orientation. The mission in Mobile Psychiatry Precariousness Team is to access and maintain psychiatric care for patients experiencing social exclusion. Professionals are faced with some difficulties to carry out their work. Homeless people have four times more psychiatric disorders than observed in the general population; they have difficulty accessing care, and most of them have experience serious childhood trauma. For these reasons, integrating attachment theory seems to help improving the care of these patients. The objective of this study is therefore to evaluate the attachment styles of a population of patients met in Mobile Psychiatry Precariousness Team in Paris. Non migrants adults were recruited in patients met in Mobile Psychiatry Precariousness Team, in a situation of precariousness and social exclusion, between December 2018 and July 2019. A questionnaire was completed with socio-demographic data; psychiatric diagnosis were noted; and attachment style was evaluated with the self-administered questionnaire Relationship Style Questionnaire - Revised Codage. Descriptive analyzes were carried out for socio-demographic data, psychiatric disorder, and attachment styles. Means and standard deviations for the four categories of attachment (secure, preoccupied, avoidant, disorganized) were calculated, as well as the prevalence of each attachment style. Each patient could be classified in secure or insecure. Only patients with a higher score at one of the four categories can be classified in one of them. Eighteen patients (8 women, 10 men), aged 28 to 65, were included. Eleven patients had several psychiatric diseases. Three patients were classified as secure, and 15 as insecure. Eleven patients could be classified in 4 categories: 7 were avoidant and 4 were preoccupied. Therefore, the rate of insecure attachment reached 83% in this sample, with a predominance of the avoidant style for 39% of the subjects. The high rate of insecure attachment in this population may lead caregivers in Mobile Psychiatry Precariousness Teams to build a working alliance with these patients, in order to stand as a Secure base for them, as a first step to a durable entry into psychic care. The authors underline the relevance of attachment-informed therapy in this population. Finally, the Mobile Psychiatry Precariousness Team, as an outreach structure of care could or should take the lead for this population. Further studies are needed to test these hypotheses. [ABSTRACT FROM AUTHOR]

La psychiatrie est confrontée au défi d'une pluralité d'approches complémentaires issue des multiples niveaux de compréhension du vivant, que ce soit en termes de systèmes de représentations, d'outils, de méthodologies et d'objectifs. Dans le paysage clinique et scientifique actuel, les approches computationnelles et la multiplicité des nosographies émergentes telles que l'approches des Research Domain Criteria du NIMH ou les modèles de staging participent à cette pluralité théorique. En nous appuyant sur les limites du pluralisme scientifique, nous proposons une approche unifiant ces cadres théoriques fondée sur les principes de l'énactivisme, une théorie des sciences du vivant innovante en cela qu'elle s'applique à la psychiatrie. Nous détaillons dans un premier temps le pluralisme théorique en psychiatrie, et ses liens avec la pratique clinique. Nous montrons quelles sont ses limites, et les raisons de la nécessité de théorie unificatrice pour la psychiatrie. À partir de ces limites, nous analysons les apports de l'approche énactiviste pour la pratique clinique et la génération de théories en psychiatrie. Nous montrons comment ce cadre pourrait améliorer la compréhension des symptômes en psychiatrie clinique, et unifier la diversité des approches complémentaires issues de la psychologie et des neurosciences. Le pluralisme comporte de nombreuses limites, inhérentes à la diversité des approches théoriques qu'il implique et la difficulté de modélisation computationnelle de ces différentes variables. Le cadre de travail énactiviste s'inscrit dans les avancées récentes en psychologie et en neurosciences, notamment en permettant la modélisation computationnelle. Il est ancré à la fois dans les sciences cognitives, la théorie des systèmes dynamiques, la biologie des systèmes et la phénoménologie, et peut ainsi être proposé comme réponse à cette question du défi intégratif en psychiatrie. Un nombre conséquent de professionnels de la santé mentale travaillent déjà en acceptant une telle pluralité d'approches cliniques et scientifiques, mais cette diversité participe également au manque de structure théorique commune partagée par ces professionnels. Nous montrons que les formulations issues de l'approche énactiviste permettent à la psychiatrie : (1) de prendre en compte la subjectivité et l'expérience du patient ; (2) d'articuler différents niveaux de complexité au sein de la consultation clinique ; (3) d'expliquer les bénéfices de la création de sens pour le patient ; (4) de fournir des modélisations computationnelles concrètes ; (5) de soutenir la pédagogie en psychiatrie. Psychiatry is challenged by a plurality of complementary approaches. These challenges stem from the existence of multiple levels of understanding, i.e. systems of representations, tools, methodologies and objectives in psychiatry–ranging from computational approaches and systems dynamics to the multiplicity of emerging nosographies, such as the NIMH Research Domain Criteria project or staging models. In this plurality, a significant number of clinicians have adopted the biopsychosocial model. However, such a model has been widely criticized for more than twenty years. In parallel, science has declined a set of different pluralistic frameworks. Thus, through the challenges of computational modeling in psychiatry, we will see how the enactive approach of psychiatry could respond to this multiplicity. Indeed, such an enactive approach considers that perception is a (predictive) activity, which gives sense to the environment (i.e., sense making). Perception and, by extension, cognitive processes are not internal representations of the outside world, but they are deployed according to the 5E approach, i.e., an embodied, embedded, enacted, emotive and extended approach. In this article, we first study the pluralist framework in psychiatry, in order to show its contributions in the clinical practice. Secondly, we analyze the contributions of the enactive approach for clinical practice in psychiatry. Two forms of pluralisms can be described: a non-integrative pluralism and an integrative pluralism. The first examines the coexistence of different potentially incompatible or untranslatable systems in the scientific or clinical landscape. The second proposes the development of a general framework, bringing together the different levels of understanding and systems of representations. However, pluralism has many pitfalls and limitations. Especially by allowing computational modeling, the enactive framework, anchored both in cognitive sciences, theory of dynamic systems, systems biology and phenomenology, has recently been proposed as an answer to the challenge of integrative psychiatry. A significant number of mental health professionals are already working accepting such a variety of clinical and scientific approaches. We show that the enactive approach allows psychiatry: (1) to consider the subjectivity and the patient's experience, (2) to articulate different "granularities" within the clinical consultation, (3) to explain the benefits the creation of meaning for the patient, (4) to provide concrete models, (5) to support pedagogy in psychiatry. The enactive approach provides a conception for understanding psychiatric disorders as embodied, embedded, enacted, emotional and extended. In that way, the manifestations experienced by the patients are sense making experiences and can be conceived according to various levels of granularity. [ABSTRACT FROM AUTHOR]

Observant les débats autour du sexe et du genre qui ont lieu depuis le début de ce siècle en France, l'article s'interroge sur la place du psychiatre et psychanalyste Robert Stoller qui a travaillé sur la construction du sexe et sur celle du genre il y a plus de cinquante ans. En rappelant certains faits qui ont marqué sa réception en France, à la fin des années 1970, on s'interroge sur sa présence au sein de sa profession et sur l'opportunité pour des psychiatres français contemporains d'incorporer ses propos et ses approches. L'expression d'identité de « genre » est désormais connue et diffusée et Stoller fut un des premiers à l'utiliser. Réceptionner Stoller, ce n'est pas accueillir la philosophe Judith Butler, alors même que ces deux figures sont parfois (étrangement) associées. Au-delà des débats que la notion de genre continue de provoquer et des troubles qu'elle suscite au sein des professions liées au cerveau, c'est l'occasion pour ses représentants de s'interroger sur le rôle social de la psychiatrie et sa capacité à formuler un nouveau pacte entre la société et elle-même. Incorporer la question du genre peut aussi être l'occasion de tester la pertinence d'un outil conceptuel voire de contribuer à reformuler l'accueil et la prise en compte par les services de santé mentale de personnes travaillées par l'expression de leur identité sexuée. From the observation of the debates around sex and gender that have taken place in France since the beginning of this century, the article questions the place of the American psychiatrist and psychoanalyst Robert Stoller. By recalling some facts that marked his reception in France at the end of the 1970s, we question his presence within his profession and the opportunity for contemporary French psychiatrists to incorporate his intellectual orientations and conceptions. The expression «gender identity» is now well known and widely used, and Stoller was one of the first to use it. To welcome Stoller is not to welcome the philosopher Judith Butler, even though these two figures are sometimes (strangely) associated. Beyond the debates that the concept of gender continues to provoke and the troubles that it arouses within the professions related to the brain, it is an opportunity for its representatives to question the social role of psychiatry and its capacity to formulate a new pact between society and itself. Incorporating the gender issues can also be an opportunity to test the relevance of a conceptual tool or even to contribute to reformulating the reception and consideration by mental health services of people affected by the expression of their sexual identity. [ABSTRACT FROM AUTHOR]

L'OMS a créé le questionnaire Alcohol, Smoking and Substance Involvement Screening Test (ASSIST), validé en français pour faciliter le dépistage et l'orientation des patients souffrant de conduites addictives. Son usage en psychiatrie est validé, mais il reste peu connu en France. Pourtant, les troubles liés à l'usage de substance sont souvent associés aux troubles psychiatriques. Cette étude évalue son acceptabilité en soins courants psychiatriques. Des professionnels de santé volontaires du groupement hospitalier de territoire (GHT) Psy Sud Paris ont fait passer les questionnaires à des patients suivis en psychiatrie. Ils ont aussi complété un autoquestionnaire à propos de l'usage de cet outil. Dix-sept professionnels ont été recrutés et ont proposé à 134 patients de passer le questionnaire. Parmi les patients, 104 ont répondu à toutes les questions (taux de participation de 78 %). Les retours des professionnels montrent que l'outil a été bien accepté par les soignants et par les patients. Sa passation est simple. Quarante-sept pour cent des patients nécessitaient une intervention brève concernant leurs consommations, réalisable par un professionnel de santé non addictologue et 19 % nécessitaient une prise en charge spécialisée en addictologie. Il n'y avait pas de différence selon le sexe, le fait d'être mineur ou majeur, d'être en ambulatoire ou en hospitalisation. L'outil ASSIST est bien accepté en psychiatrie par les professionnels et les patients, ce qui est en faveur d'une utilisation à grande échelle. Cette étude a débouché sur une formation des professionnels du GHT à l'évaluation des conduites addictives s'appuyant sur cet outil. According to the literature, between 36 and 56% of people, followed for psychiatric disorder, have had history with substance related disorders. Likewise, approximately 50% of the patients followed for addiction suffer from some psychiatric pathology, with over-representation of schizophrenic disorders, bipolar disorders, severe anxiety or depression. Identifying addictive behaviours is an essential part of the clinical assessment in psychiatry. However, in most cases, the evaluation consists of simply asking patients if they have taken drugs involving under-reporting of their psychoactive substance consumption. World Health Organisation has created the Alcohol, Smoking and Substance Involvement Screening Test (ASSIST) questionnaire, validated in French, to facilitate the screening and referral of patients suffering from addictive behaviours. Its use in psychiatry is validated but little known in France. This study assesses its acceptability in common psychiatric care. The secondary purpose is to evaluate the prevalence of certain substances consumption over others amongst patients of the psychiatric department. Between January and June 2018, voluntary healthcare professionals from the Psy Sud Paris hospital group passed these questionnaires out to psychiatric patients (adults and teenagers, including hospitalisation and medical consultations). Another questionnaire, that is self-administered, was given to the professionnals to collect data on their evaluation of the tool with a Likert scale and free comments. Professionnals who participated in the study have been previously trained on how to pass the ASSIST questionnaire and how to behave depending on the answers given in the questionnaire. These professionals used to work in hospitalisation and ambulatory care units, in psychiatric departments for adults and children. Seventeen professionals had been recruited and they suggested to 134 patients to fill in the ASSIST questionnaire. Among the patients, 104 answered all the questions (participation rate reached 78 %). The self-administered questionnaires show that the tool was considered by professionals as being very useful (according to 88 % of them), well received by the patients (according to 100 % of professionals), and that its use is simple (according to 88 % of professionals). Different elements were observed by professionnals, notably how quick it is to pass the questionnaire, the discovery of new consumptions amongst patients that are yet known within the service, the importance to keep a systematic and subtle approach to the consumption of substances amongst teenagers. A difficulty in comprehension of some questions was also noticed and the risk to under-evaluate certain consumptions among patients that were hospitalised for a long time. Forty-seven per cent of patients needed a brief intervention regarding their consumption from a healthcare professional other than an addiction doctor and 19 % needed a specialised addictology care. There were no differences according to gender, age or treatment method (ambulatory or hospitalisation). The ASSIST tool is not only validated by psychiatric services in French but is also well received by the healthcare team and the patients, which is in favour of a larger and more common use, provided that these professionals are trained to use it. This study led to a project of formation of healthcare professionals from the Psy Sud Paris hospital about evaluation of substance-related disorders using the ASSIST tool. [ABSTRACT FROM AUTHOR]

En psychiatrie, de nombreuses tentatives se sont réclamées pluralistes, depuis les approches kraepelinienne et meyérienne jusqu'au modèle biopsychosocial, en passant par l'approche jasperienne ou le modèle psychanalytique freudien. Jean Garrabé lui-même a cherché à s'inscrire dans cette dynamique, en considérant l'existence de différentes perspectives dans le paysage psychiatrique. L'objectif de cet article est de retracer d'éventuelles continuités entre la pensée de Jean Garrabé et les enjeux nosologiques contemporains axés autour du pluralisme. Nous partirons pour cela d'un des leitmotivs de l'auteur, selon lequel l'histoire peut renseigner la construction des classifications psychiatriques. Dans la première partie, nous rappellerons la diversité des perspectives en philosophie de la psychiatrie et en philosophie des sciences. Dans la seconde partie, nous verrons comment Jean Garrabé a su discuter, plus ou moins explicitement, trois axes actuellement développés dans les propositions de modélisations contemporaines de la psychiatrie. La première partie détaille les relations que Jean Garrabé a entretenues avec la philosophie des sciences. Nous analysons trois exemples nosographiques témoignant de la diversité de ces échanges. La seconde partie étudie trois axes conceptuels développés au sein des modélisations et des classifications contemporaines – à savoir la dynamique, la hiérarchie et la dimensionnalité des troubles psychiatriques. La pensée de Jean Garrabé est marquée par l'empreinte du pluralisme et des trois axes que nous avons identifiés. Le premier axe concerne son intérêt pour la dynamique temporelle des phénomènes psychopathologiques, évoluant dans le temps de manière synchronique et diachronique. Le deuxième concerne son intérêt pour la hiérarchisation des troubles et des éléments sémiologiques, que ce soit via une intuition de validité comme chez Kraepelin, ou via des études statistiques comme dans les taxonomies contemporaines. Le troisième axe correspond à l'intérêt de Jean Garrabé pour la dimensionnalité, qui prend en compte l'étude des fonctionnements sous-jacents aux troubles psychiatriques, qu'ils soient phénoménologiques ou physiopathologiques. The consideration of a plurality of perspectives is highlighted in a various number of medical and scientific disciplines. For example, in psychiatry, many attempts claiming to be pluralism have been carried out over the course of the discipline, e.g. Kraepelinian and Meyerian approaches, biopsychosocial model, Jasperian approach or Freudian psychoanalytic model. At the same time, the starting point for Jean Garrabé's views on psychiatric nosology refers to his consideration for the existence of different perspectives in the psychiatric landscape. The objective of this article is to highlight possible continuities between the Jean Garrabé's developments and contemporary nosological issues. We will start from one of his leitmotifs, i.e. "History can inform the construction of psychiatric classifications". In the first part, we present the diversity of perspectives in Philosophy of Psychiatry and in Philosophy of Science. In the second part, we will see how Jean Garrabé was able to discuss, in a more or less structured and explicit manner, three axes currently and widely studied in the proposals for contemporary models of psychiatry. In a first part, we analyze the integration of Jean Garrabé into the general debates of the philosophy of science and modelisation. We will thus develop three examples of modelisation, based on contemporary psychiatric classifications, to testify this integration. The first example corresponds to staging models, which consider that psychiatric disorders could be better understood as subgroups of evolving elements – rather than as fixed categories in time. Indeed, staging models allow a sub-classification of psychiatric disorders according to their dynamical progression. The second example concerns the Hierarchical Taxonomy of Psychopathology project, which describes psychiatric disorders according to a continuum of quantitative variations, hierarchized in several dimensions. The third example concerns the Research Domain Criteria initiative, which targets some dimensions of mental functioning, i.e. areas of research from contemporary cognitive neurosciences allowing to organize psychiatric research on specific neuroscientific constructs. In a second part of this article, we analyze three axes developed both within the proposals of contemporary models and classifications and the Jean Garrabé's views, namely dynamics, hierarchy and dimensionality of psychiatric disorders. Jean Garrabé's conceptions seem marked by the footprint of pluralism and the three identified axes. The first axe concerns his interest for the temporal dynamics of psychopathological phenomena, evolving in time in a synchronic and diachronic manner. The second concerns his interest in the hierarchy of disorders and semiological elements, e.g. through validity or statistical analyzes. The third axe corresponds to the Jean Garrabé's interest for the dimensionality, which considers elements underlying psychiatric disorders, whether they are phenomenological or physiopathological. [ABSTRACT FROM AUTHOR]

La psychiatrie, comme tous les domaines de l'existence, est constituée des différentes dimensions temporelles, le présent, le passé et le futur. Nous aborderons la réflexion sur les trajectoires futures dans deux domaines correspondant à notre expérience : d'une part, la psychiatrie dans les dynamiques des établissements médico-éducatifs et thérapeutiques divers (rééducation, réadaptation, socio-psychothérapie, etc.) pour l'enfant, l'adolescent, l'adulte (protection sociale diversifiée). Et d'autre part, les problématiques concernant la prise en charge des familles dans l'éclairage de nos études et de notre pratique de la formation universitaire des professionnels. Bien entendu, le futur de notre profession est dominé, nous le savons bien, par deux grands domaines généraux : la régulation des problèmes et des conceptions de l'éthique du début à la fin de la vie, d'une part, et d'autre part, la consolidation de l'humanisme structurant au milieu des courants voulant déployer le transhumanisme. Nous partirons dans cette étude des réalités actuelles concrètes et conceptuelles. Du point de vue de l'institutionnel, nous insisterons sur deux domaines importants pour l'avenir. La nécessité de la continuité dans la fonction de la psychiatrie et de ses pratiques au sein même des diversités des situations personnelles, à l'intérieur même des institutions et en rapport avec les différentes approches cliniques réalisées (des plus jeunes enfants aux adultes). Et d'autre part, l'importance de la coordination des pratiques et des conceptions psychiatriques face au morcellement actuel et au compartimentage des pratiques. Les psychothérapies ont à répondre bien entendu aux indications bien spécifiques et bien adaptées et cette nécessité de coordination est déjà bien rappelée. Mais elle devrait certainement correspondre aussi à des modifications des programmes de la formation de la psychiatrie, développant la polyvalence chez les futurs psychiatres et prenant davantage en compte la plurivalence des personnes ainsi que la réflexion philosophique et anthropologique capable de favoriser les coordinations les plus complexes. Du point de vue des problématiques familiales, devant l'aggravation constante des perturbations, il s'agira pour les professionnels de considérer les situations familiales de façon différente, en prenant davantage en compte les modalités d'expressions familiales diversifiées pathologiques qu'il ne s'agira plus de considérer systématiquement sous les formes de modèles ordinaires, mais comme les manifestations de dysfonctionnement et de souffrance pour les enfants et pour les adultes, appelant des aides diversifiées et spécialisées. Ces considérations nous font rejoindre l'urgence des dispositions de prévention des troubles familiaux dans le développement des modalités d'une éducation structurante des jeunes. Tous ces domaines auront besoin d'être encore davantage soutenus par des conceptions générales d'ordre épistémologique et anthropologique. Il s'agira de développer davantage l'épistémologie intégratrice capable de prendre en compte les différentes conceptions psychologiques et psychopathologiques (développement de l'enfant, psychologies de la conscience et de l'inconscient, cognitivisme, compréhension systémique, etc.). Il s'agira de davantage prendre en compte l'anthropologie structurante permettant de considérer l'enfant, l'adolescent et l'adulte dans une dynamique constructive de toutes les composantes physiques, psychiques, noétiques et spirituelles des personnalités capables de les aider à retrouver le contrôle et la signification de leur existence. Psychiatry, like all areas of existence, is made up of the different dimensions of time, the present, the past and the future. We will discuss the reflection on future trajectories in two areas corresponding to our experience : on the one hand, Psychiatry in the dynamics of various medical-educational and therapeutic establishments (rehabilitation, rehabilitation, socio-psychotherapy etc.) for the child, the adolescent the adult (diversified social protection). And on the other hand, the issues concerning the support of families in the light of our studies and our practice of university training of professionals. Of course, the future of our profession is dominated, as we know, by two main general areas : The regulation of problems and conceptions of ethics from the beginning to the end of life on the one hand, and on the other hand the consolidation of structuring Humanism in the midst of currents wanting to deploy transhumanism. In this study, we will start from concrete and conceptual current realities. From an Institutional point of view, we will focus on two important areas for the future. The need for continuity in the function of psychiatry and its practices even within the diversity of personal situations, even within the Institutions and in relation to the different clinical approaches carried out (from the youngest children to adults). And on the other hand, the importance of the coordination of psychiatric practices and conceptions in the face of the current fragmentation and compartmentalisation of practices. Psychotherapies have of course to respond to very specific and well adapted indications and this need for coordination is already well recalled. But it should certainly also correspond to modifications of the training programs of psychiatry developing versatility in future psychiatrists and taking more into account the plurivalence of people as well as the philosophical and anthropological reflection capable of promoting the most complex coordinations. From the point of view of family issues, faced with the constant worsening of disruptions, professionals will have to consider family situations in a different way, taking more into account the modalities of diverse pathological family expressions than is necessary. It will act more to consider systematically in the forms of ordinary models, but as manifestations of dysfunction and suffering for children and for adults, calling for diverse and specialized help. These considerations bring us to the urgent need for measures to prevent family disturbances in the development of modalities for structuring education for young people. All these areas will need to be further supported by general epistemological and anthropological conceptions. It will be a matter of further developing integrative epistemology capable of taking account the different psychological and psychopathological conceptions (development of the child psychologies of consciousness and the unconscious, cognitivism, systemic understanding, etc.) to take more into account the structuring anthropology allowing to consider the child, the teen ager and the adult in a constructive dynamic of all the physical, psychic, noetic and spiritual components of the personalities capable of helping them to regain control and meaning of their existence. [ABSTRACT FROM AUTHOR]

Il est de tradition à la Société Médico-Psychologique que le président de l'année en cours organise la Journée du président. Explorer ce qui pourrait améliorer nos approches et conceptions de l'évolution du diagnostic, du soin et notre action en soutien de l'autre, m'a paru être une ouverture pour engager un dialogue avec d'autres secteurs de la pratique et du savoir. Aussi, l'agir étant par essence dirigé vers le devenir et le futur, j'ai retenu comme thème de cette journée « Le Futur : Promesses et Incertitudes du Devenir ». Des publications récentes mêlent des projections « à court terme », et des mouvements de pensée consacrés « au très long terme ». Cette projection anticipatrice se matérialise dans des projets précis : l'exécution d'une œuvre musicale pour orgue de John Cage (jusqu'en 2640), ou la « Bibliothèque du futur » recueillant 110 manuscrits inédits, placés dans cette bibliothèque à un rythme annuel, jusqu'à leur édition en 2114. Anticiper, imaginer le futur nécessite de se consacrer à un axe précis qui, pour nous, sera la psychiatrie et son champ, dont on ne sait plus s'il se rétrécit ou s'il s'étend. Pour animer cette journée, chaque intervenant a choisi une thématique et un domaine particuliers. L'anticipation, le regard prospectif a – au cours de chaque époque – contribué à imaginer des techniques, des constructions idéologiques ou théoriques qui renvoient à l'image de l'homme et aux options théoriques ou idéologiques qui la sous-tendent. Les technologies du futur , comme les applications de l'Intelligence artificielle et de la robotique, auront-elles un impact sur la psychopathologie du quotidien ? « L'homme des temps à venir » saura-t-il intégrer ces modifications profondes ? Que seront les expressions et les signes de ses difficultés, connaîtra-t-il encore délire, dépression et addiction ? L'anticipation du futur de notre spécialité nous conduit à nous interroger sur la faible attractivité qu'elle suscite à notre époque auprès des plus jeunes qui hésitent à s'engager dans notre discipline. It is the tradition of the Medico-Psychological Society that the President of the current year organizes the Day of the President. Exploring what could improve our approaches and conceptions of the evolution of diagnosis, care and our action in support of each other, seemed to me to be an opening to engage in dialogue with other areas of practice and knowledge. Since acting is essentially directed towards becoming and the future, I have chosen as the theme of this day The Future: Promises and Uncertainties of Becoming. Recent publications combine " short-term" projections with " very long-term" thinking movements. This anticipatory projection materialized in specific projects: the performance of a musical work for the organ of John Cage (until 2640), or the « Library of the Future » collecting 110 unpublished manuscripts, placed in this library at an annual rate, until their edition in 2114. Anticipating and imagining the future requires devoting oneself to a specific axis which, for us, will be psychiatry and its field, which we no longer know whether it shrinks or extends. To animate this day, each speaker has chosen a particular theme and area. Anticipation, the prospective gaze, has – in each epoch – contributed to imagining techniques, ideological or theoretical constructions that refer to the image of man and the theoretical or ideological options that underlie it. Will the technologies of the future, such as the applications of artificial intelligence and robotics, have an impact on the psychopathology of everyday life? Will the man of the times to come be able to integrate these profound changes? What will be the expressions and signs of his difficulties, will he still experience delirium, depression and addiction? The anticipation of the future of our specialty leads us to wonder about the low attractiveness it generates in our time among younger people who hesitate to engage in our discipline. [ABSTRACT FROM AUTHOR]

Cette étude associe la méthode d'analyse conceptuelle et la méthode clinique psychopathologique et psychiatrique pour élucider les fonctions de l'anticipation. La signification du terme anticipation a évolué au cours du temps en fonction des courants philosophiques. C'est à la charnière des XIXe et XXe siècles que l'accent sera mis sur l'anticipation comme processus de pensée, opération de l'esprit générant une action de représentation de concepts, de théories ou de conduites, d'actes futurs dirigés vers un objet à construire. L'anticipation est à la fois un acte de pensée et une conduite ; il ne s'agit pas d'un processus statique et les fonctions de l'anticipation ne s'analysent pas à partir des mêmes critères selon que l'on évoque l'individuel ou que l'on se réfère au collectif, que l'on s'attache au réel ou au virtuel, que l'on explore le monde du vivant ou le monde physique. L'auteur analyse ici les particularités de la pensée anticipatrice dans la clinique psychopathologique et psychiatrique ainsi que l'impact de l'intrication entre image manifeste et image scientifique décrites par Wilfrid Sellars. L'auteur rappelle l'apport du Pr Sutter sur l'incapacité d'anticipation chez les patients dépressifs, ses propres analyses de l'anticipation parentale, des capacités d'anticipation de l'enfant et des défaillances dans les troubles psychiques. Il apparaît dans ces cadres une primauté de l'image manifeste de l'homme dans les relations à autrui et une primauté de l'image scientifique de l'homme dans les constructions théoriques que nous opérons dans l'objectif d'une anticipation créative. L'image manifeste de l'homme apparaît alors comme l'un des référents de la pensée qui freine ou au contraire dynamise tout processus d'anticipation dans la mesure où s'y infiltrent aussi des éléments de l'image scientifique. Dans tous les domaines, l'anticipation recoupe divers aspects, analysés en référence au langage utilisé, commun ou spécialisé. Il en résulte la création de systèmes anticipatifs représentant tous les secteurs de la connaissance et la nécessité d'avoir recours à la méthode analytique. Anticiper dans le cadre de la santé mentale c'est, à la fois, s'appuyer sur l'image manifeste de l'homme de notre temps et projeter l'image scientifique de l'homme dans un temps à venir, dont nous ne concevons pas encore les limites techniques, idéologiques et sociétales. C'est aussi se demander quels seront les nouveaux objets de pensée dans un horizon lointain. This study combines the conceptual analysis method and the psychopathological and psychiatric clinical method to elucidate the functions of anticipation. The meaning of the term anticipation has evolved over time according to philosophical currents. It is at the turning point of the 19th and 20th centuries that the emphasis will be placed on anticipation as a process of thought, an operation of the mind, generating an action of representation of concepts, theories or conduct, of future acts directed towards an object to be built. Anticipation is both an act of thought and a conduct; it is not a static process and the functions of anticipation are not analyzed on the basis of the same criteria according to whether the individual is evoked or referred to as the collective, whether we focus on the real or the virtual, whether we explore the world of life or the physical world. The author analyses here the peculiarities of anticipatory thinking in the psychopathological and psychiatric clinic as well as the impact of the entanglement between manifest and scientific images described by Wilfrid Sellars. The author recalls the contribution of Professor Sutter on the inability to anticipate in depressed patients, his own analyses of parental anticipation, the child's ability to anticipate and failures in mental disorders. It appears in these settings a primacy of the manifest image of man in relations to others and a primacy of the scientific image of man in the theoretical constructions that we operate with the objective of a creative anticipation. The manifest image of man then appears as one of the referents of thought that restrains or, on the contrary, energizes any anticipatory process insofar as elements of the scientific image also infiltrate it. In all fields, anticipation intersects various aspects, analysed with reference to the language used, common or specialized. The result is the creation of anticipatory systems representing all sectors of knowledge and the need to use the analytical method. To anticipate in the context of mental health is, at the same time, to rely on the manifest image of the man of our time and to project the scientific image of the man in a future time, of which we do not yet conceive the technical, ideological and societal limits. It is also to wonder what new objects of thought will be on a distant horizon. [ABSTRACT FROM AUTHOR]

Rendre compte, à travers la figure de Prospero (le « magicien » de La Tempête de Shakespeare) de la spécificité clinique de la paraphrénie fantastique : imaginaire débordant, luxuriance du délire aux thématiques fantastiques et cosmiques, « diplopie » entre le monde imaginaire et le monde réel (H. Ey), dimension mégalomaniaque, etc. Une revue de la littérature nous donnera les éléments essentiels pour appréhender la singularité et la personnalité de Prospero. Ces éléments nous amèneront logiquement à dire quelques mots sur la paraphrénie – et, plus spécialement, dans sa forme dite « fantastique » – en prenant nos références à la fois dans le champ de la psychiatrie (H. Ey) et celui de la psychanalyse (J. Lacan). Nous terminerons enfin en mettant l'accent sur deux aspects fondamentaux de la paraphrénie qui apparaissent assez clairement chez Prospero : l'identité d'exception, et le foisonnement imaginaire. Si le personnage de Prospero, bien entendu, ne peut être considéré comme un « cas » clinique, la complexité du personnage, l'intelligence de Shakespeare, son sens de l'observation « clinique », nous invitent à lire La Tempête comme le délire paraphrénique d'un duc détrôné, animé par la vengeance, persuadé de commander aux Esprits et à la Nature. En outre, on saisira également le « pouvoir » du délire paraphrénique, en ce qu'il permet de mettre à distance et de contrôler un Autre persécuteur. La discussion porte sur ce qui viendrait signer la structure de la paraphrénie fantastique d'un point de vue psychiatrique et psychanalytique, entre autres, la formation d'une identité d'exception aux couleurs mégalomaniaques, la toute-puissance et l'omnipotence, la « diplopie » du monde réel et du monde imaginaire, le foisonnement imaginaire, la luxuriance du délire, le « consentement à la jouissance de l'Autre » (Maleval). Shakespeare nous a donné, dans son œuvre immense, une palette importante de « personnages psychopathiques à la scène » – pour reprendre un titre de Freud – avec une finesse « clinique » quasi inégalée. C'est le cas pour Le roi Lear , pour Othello , Macbeth , Hamlet , Richard III , Timon d'Athènes , Titus Andronicus , et bien d'autres encore. Prospero, à notre sens, peut s'inscrire dans cette lignée. L'« hypertrophie du Moi », le foisonnement imaginaire, les thématiques grandioses déployées, le démiurge et le théurge incarnés donnent le sentiment – avec nos repères actuels – d'assister en un certain sens au développement d'une paraphrénie fantastique. To show, through the figure of Prospero (the "magician" of the Shakespeare's Tempest) the clinical specificity of fantastic paraphrenia: overflowing imaginary, luxuriance of delusion with fantastic and cosmic themes, "diplopia" between the imaginary world and the real world (H. Ey), megalomaniac dimension, etc. A review of the literature will give us the essential elements to understand the singularity and personality of Prospero. These elements will logically lead us to say a few words about paraphrenia–and especially in its fantastic form–by taking our references both in the field of psychiatry (H. Ey) at the same time in the field of psychoanalysis (J. Lacan). Finally, we will conclude by emphasizing two fundamental aspects of paraphrenia that appear quite clearly in Prospero: the "exceptional" identity, and the imaginary proliferation. If the character of Prospero, of course, cannot be considered a "clinical" case, the complexity of the character, the intelligence of Shakespeare, his sense of "clinical" observation, invite us to read The Tempest as the paraphrenic delusion of a dethroned Duke, driven by vengeance, persuaded to command Spirits and Nature. In addition, the "power" of paraphrenic delusion will also be grasped, in that it allows do distance, and to control an Other persecutor. The discussion concerns what is signing the stucture of "fantastic paraphrenia" from the psychiatric's and psychoanalytic's point of view, among other things the formation of an "exceptional" identity with megalomaniac colors, omnipotence, "diplopia" between the real world and the imaginary world, the imaginary proliferation, the luxuriance of the delusion, the "consent to the enjoyment of the Other" (Maleval). Shakespeare has given us, in his immense work, an important view of "psychopatic characters on stage" – to use a Freud's title – with an almost unmatched "clinical" fineness. This is the case for King Lear , for Othello , Macbeth , Hamlet , Richard III , Timon of Athens , Titus Andronicus , and many others. Prospero, in our opinion, can be part of this lineage. The "hypertrophy of the Self", the imaginary proliferation, the grandiose themes unfolded, the demiurge and theurge incarnated give the feeling – with our current landmarks – to assist in a certain sense to the development of a fantastic paraphrenia. [ABSTRACT FROM AUTHOR]

Le 19 juin 2023, une séance de la Société Médico-Psychologique (SMP) a été consacrée au thème « criminologie et victimologie ». Des sujets habituellement peu abordés mais néanmoins très importants y étaient utilement programmés : les femmes présentant des troubles mentaux auteures d'homicides ou de tentatives d'homicides, les homicides transphobes, le filicide, les distorsions cognitives des victimes, la nécessité de réformer les expertises psychiatriques et psychologiques présentencielles en France. Des exposés, des échanges et une séance riche qui auront une suite dans la programmation des séances de la SMP. On June 19, 2023, a session of the Société Médico-Psychologique (SMP) was devoted to the theme "Criminology and Victimology". Subjects usually little discussed but nevertheless very important were usefully programmed there: women with mental disorders perpetrators of homicides or attempted homicides, transphobic homicides, filicide, cognitive distortions of victims, the need to reform pre-sentence psychiatric and psychological expertise in France. Presentations, discussions and a rich session which will continue in the programming of the SMP sessions. [ABSTRACT FROM AUTHOR]

Le DSM-5 définit la dysphorie de genre comme une souffrance marquée générée par un sentiment d'inadéquation par rapport au sexe biologique. Puisque la dysphorie de genre n'est pas déterminée par des éléments biologiques, psychologiques et culturels, le diagnostic repose principalement sur l'anamnèse et le récit des personnes transgenres. Cette étude qualitative explore l'expérience du développement de l'identité transgenre chez des patients engagés dans des traitements de réassignation sexuelle. Des entretiens individuels ont été menés avec neuf patients adultes suivis à une Consultation de dysphorie de genre. L' Interpretative Phenomenological Analysis a été utilisée comme méthode d'analyse des données. Les participants décrivent le développement de leur identité transgenre comme un désir, celui de pouvoir vivre et être reconnus par la société dans un corps culturellement associé au genre opposé. Ce désir, qui relève de l'affectif et non du cognitif, naît souvent suite à des déclencheurs et s'exprime de manière variée selon leur biographie et leur rapport au monde. Des éléments contextuels influencent l'évolution de ce désir en favorisant ou en freinant le cheminement de la construction identitaire de genre. L'analyse des entretiens met en évidence l'importance du désir dans le développement de l'identité transgenre. Ce résultat permet de penser autrement la condition des personne transgenres en la situant au-delà d'une perspective médicale classique qui distingue le normal du pathologique. L'enjeu pour l'expert-psychiatre est de saisir les différentes manières d'expression du désir et de lui permettre d'émerger librement, d'évoluer, de s'exprimer et de se réaliser. Son rôle ne saurait donc se limiter au « gatekeeping » des traitements de réassignation sexuelle. Il accompagne les personnes transgenres dans leurs trajectoires. The DSM-5 defines gender dysphoria as a significant distress caused by the experience of an incongruence with regard to the person's biological sex. The diagnosis of gender dysphoria, not determined by biological, psychological and cultural elements, relies primarily on the anamnesis and the narrative of the transgender persons. Individual interviews were conducted with a sample of nine patients consulting a gender dysphoria consultation, who benefited from sexual reassignment treatments. The interviews were analyzed with the Interpretative Phenomenological Analysis (IPA). Participants describe the development of their transgender identity as a desire to live in a body, which is culturally assigned to the opposite gender, and to be recognized by society as such. This desire – related to affects and not cognitions – is triggered by events, such as the experience of being attracted to persons with the same sex, but without feeling homosexual, or by differences experienced with same-sex peers during socialization. The desire is experienced at various stages of the development and expressed in various ways, depending on the person's biography and his way of being in and relating to the world. When the desire emerges, it is more or less easily welcomed, and at times also repressed; a consequence of this repression may be, that the body as place of this desire may be attacked. In this last situation, the dysphoric state may be caused by the impossibility to accept and to realize the emerging desire. Contextual elements, such as being forced for professional reasons to clarify the transgender issue or the encounter with a key person, move the evolution of this desire. On the contrary, negative attitudes of family members or significant others may impede gender identity formation. The analysis of these narratives allowed to consider the condition of transgender persons not only as dysphoria, and thus situate it in a traditional medical perspective which distinguishes between normal and pathological, but also to conceive it as a "career" towards the possible and desirable. While, the term dysphoria relates to a problematic side of the transgender condition, we consider that the perspective of a desire provide a more constructive way to conceive transgender identity. The challenge for the expert-psychiatrist is to grasp the different expression of this desire and to allow it to freely emerge and evolve, and to express and realize itself. The role of the psychiatrist is thus not limited to be a "gatekeeper" in the treatments of sexual reassignment, but to accompany transgender persons in their career of gender transition. As such, the psychiatrist adopts a therapeutic stance, which aims–as in other conditions–to help that desires can circulate more freely. [ABSTRACT FROM AUTHOR]

Les patients atteints de schizophrénie représentent une population vulnérable qui a été sous-étudiée dans le cadre de la recherche COVID-19. Nous avons cherché à établir si les résultats et les soins de santé différaient entre les patients atteints de schizophrénie et les patients sans diagnostic de maladie mentale. Nous avons mené une étude basée sur la population de tous les patients présentant des symptômes respiratoires et une infection à COVID-19 identifiés qui ont été hospitalisés en France entre février et juin 2020. Au total, 50 750 patients ont été inclus, dont 823 étaient des patients avec schizophrénie (1,6 %). Ces derniers ont connu une augmentation de la mortalité hospitalière (25,6 % contre 21,7 % pour les autres patients) et une diminution du taux d'admission en unité de soins intensifs-réanimation (23,7 % contre 28,4 %) par rapport aux témoins. Les patients schizophrènes âgés de 65 à 80 ans présentaient un risque de mortalité significativement plus élevé que les témoins du même âge (+7,89 %) alors qu'ils ont été moins admis en USI que les témoins du même âge (−15,44 %). Cette étude montre l'existence de disparités en matière de santé et d'accès aux soins entre les patients schizophrènes et les patients sans diagnostic de maladie mentale. Ces disparités diffèrent en fonction de l'âge et du profil clinique des patients, ce qui suggère l'importance d'une gestion clinique personnalisée du COVID-19 et de stratégies de soins de santé avant, pendant et après l'hospitalisation pour réduire les disparités de santé dans cette population vulnérable. Les patients schizophrènes âgés de 65 à 80 ans étaient plus souvent envoyés par les hôpitaux ou les institutions que les patients sans diagnostic de maladie mentale grave, ce qui peut expliquer les mauvais résultats de santé des patients schizophrènes. Une étude française a rapporté que la plupart des patients psychiatriques hospitalisés avec un diagnostic COVID-19 étaient gardés dans des services psychiatriques spécialisés et non dans des hôpitaux généraux. La division entre médecine physique et psychiatrique entraîne une confusion quant au secteur du service de santé (c'est-à-dire les niveaux de soins primaires, de santé mentale ou de soins aigus) qui devrait assumer la responsabilité de la gestion des patients ayant des besoins de santé complexes. Nous manquons de données nationales sur le taux de patients âgés schizophrènes qui sont institutionnalisés, mais nous pouvons raisonnablement supposer que l'institutionnalisation est un facteur de risque d'infection grave par COVID-19 chez les patients âgés avec schizophrénie. Nos résultats soutiennent une stratégie de détection systématique chez les patients avec schizophrénie institutionnalisés et d'intervention précoce dans cette population. Cela a déjà été fait dans un refuge pour sans-abri à Boston où 36 % des résidents ont été testés positifs. Le taux d'admission en réanimation était plus faible chez les patients schizophrènes que chez les patients sans diagnostic de maladie mentale grave, ce qui illustre parfaitement le débat entre les arguments fondés sur l'utilité et ceux fondés sur l'équité. Les patients schizophrènes présentaient l'un des plus mauvais indicateurs de pronostic justifiant le triage en réanimation. Cependant, ce triage basé uniquement sur le pronostic exacerbe les inégalités existantes en matière de santé, laissant les patients défavorisés dans une situation plus difficile. Patients with schizophrenia represent a vulnerable population who have been understudied in COVID-19 research. We aimed to establish whether health outcomes and care differed between patients with schizophrenia and patients without a diagnosis of severe mental illness. We conducted a population-based cohort study of all patients with identified COVID-19 and respiratory symptoms who were hospitalized in France between February and June 2020. Cases were patients who had a diagnosis of schizophrenia. Controls were patients who did not have a diagnosis of severe mental illness. The outcomes were in-hospital mortality and intensive care unit (ICU) admission. A total of 50,750 patients were included, of whom 823 were schizophrenia patients (1.6%). The schizophrenia patients had an increased in-hospital mortality (25.6% vs. 21.7%; adjusted odds ratio (aOR) 1.30 [95% CI 1.08–1.56], p = 0.0093) and a decreased ICU admission rate (23.7% vs. 28.4%; aOR 0.75 [95% CI 0.62–0.91], p = 0.0062) compared to controls. Significant interactions between schizophrenia and age for mortality and ICU admission were observed (p = 0.0006 and p < 0.0001). Schizophrenia patients between 65 and 80 years had a significantly higher risk of death than controls of the same age (+7.89%). schizophrenia patients younger than 55 years had more ICU admissions (+13.93%) and schizophrenia patients between 65 and 80 years and older than 80 years had less ICU admissions than controls of the same age (−15.44% and −5.93%, respectively). Our findings report the existence of disparities in health and health care between schizophrenia patients and patients without a diagnosis of severe mental illness. These disparities differed according to the age and clinical profile of schizophrenia patients, suggesting the importance of personalized COVID-19 clinical management and health care strategies before, during and after hospitalization for reducing health disparities in this vulnerable population. [ABSTRACT FROM AUTHOR]

Bartleby, de Melville, un personnage de roman falot qui, par sa formule étrange déchaîne les passions dans le roman et hors du roman. De la littérature à la psychanalyse en passant par la philosophie et la psychiatrie, l'auteur parcourra les différentes tentatives d'éclairage face à cette passion énigmatique. Bartleby, by Melville, a pale character who by his strange formula, unleashes passions within and outside the novel. From literature to psychoanalysis via philosophy and psychiatry, the author will go through the various attempts to shed light on this enigmatic passion. [ABSTRACT FROM AUTHOR]

L'accès à la connaissance – les moyens d'y parvenir et les débats qui l'entourent – reste l'une des interrogations qui persiste à travers les temps. Le propos central de cet article est l'analyse des éléments qui interviennent dans la passion de la connaissance. L'auteur propose une conception de ce qui peut devenir « passion de la connaissance » à partir de stimulations et d'états mentaux précoces et de la dynamique des interactions. Cette passion s'organise autour de trois actions : découvrir, connaître, transmettre, avec, comme supports, la curiosité et l'apprentissage. Ceci est illustré par des exemples reconnus historiquement, la poétesse et théologienne Juana Inès de la Cruz (XVIIe s.), le pianiste et essayiste Glen Gould, le designer et théoricien de la couleur J. Itten. Deux cas cliniques suivis par l'auteur témoignent des dérives de cette passion. La connaissance recouvre plusieurs secteurs disciplinaires et se dirige vers diverses orientations en mobilisant différentes dimensions de la cognition mais se heurte toujours à la question de la certitude et à l'acceptation de l'incertitude. Access to knowledge, the means to achieve it and the debates that surround it remain one of the questions that persist throughout time. The central theme of this article is the analysis of the elements involved in the passion for knowledge. The author proposes a conception of what can become a "passion for knowledge" from early mental states and stimulations and the dynamics of interactions. This passion is organized around three actions: to discover, to know, to transmit with as supports curiosity and learning. Access to knowledge, the means to achieve it and the debates that surround it remain one of the questions that persist throughout time. This is illustrated by historically recognized examples, the poetess and theologian Juana Inès de la Cruz (17th century), the pianist and essayist Glen Gould, the designer and theorist of color J. Itten. Two clinical cases followed by the author testify to the drifts of this passion. Knowledge covers several disciplinary areas and is directed at various directions by mobilizing different dimensions of cognition but always runs up against the question of certainty and acceptance of uncertainty. [ABSTRACT FROM AUTHOR]

L'épidémie du COVID-19 est survenue au Gabon à une période où l'hôpital psychiatrique vit une crise sans précédent du fait d'une baisse des moyens matériels et humains. À partir de l'expérience clinique des soignants, nous présentons les difficultés que rencontrent ces acteurs du soin pour maintenir l'alliance thérapeutique. L'article expose une synthèse de travaux sur le confinement, le COVID-19 et les troubles psychiques. Globalement, on observe une baisse des consultations en ambulatoire. En zone rurale, la crise sanitaire a occasionné une suppression des suivis au domicile des patients ainsi qu'une difficulté d'accès aux médicaments psychotropes onéreux, favorisant l'inobservance du traitement avec comme conséquence des décompensations psychiatriques. Gabonese psychiatry is facing a crisis, which results in a decrease in material and human resources. Hospital beds are closed and consultations are mainly on an out-patient basis. This article shows how health care workers are coping with this pandemic, and the challenges of maintaining the therapeutic alliance. It presents a synthesis of works on confinement, COVID-19 and mental disorders. Clinical observations reveal that the COVID-19 epidemic has strengthened the dysfunctions observed in care. In rural areas, there is a suppression of follow-up at home. In general, this health crisis had an impact on the purchasing power of patients. What caused a difficulty of payment of the psychiatric consultations in liberal, a difficulty of access to the expensive psychotropic drugs, thus favouring a non-observance of the care, and a decompensation of the psychiatric picture. In urban areas, there is a considerable decrease in out-patient consultations. There is still concern about the inter- and post COVID-19 psychiatric care. This pandemic calls on leaders leading to a reorganisation of the psychiatric care system (decentralisation of establishments throughout the country, training of qualified nursing staff, fall in the prices of expensive psychotropic drugs). The establishment of helplines in psychiatric facilities, the opening of hospital beds, COVID-19 devices in public and private facilities for patients with mental disorders are essential. [ABSTRACT FROM AUTHOR]

La pandémie due à la COVID-19 a impacté l'accessibilité à la psychothérapie pour des patients particulièrement vulnérables pendant la période de confinement. Nous présentons les adaptations d'un programme de thérapie comportementale dialectique et les conséquences du confinement sur le vécu de patients souffrant d'un trouble de personnalité borderline. Nous avons, pour sept patients, comparé deux périodes de huit semaines, avant et pendant le confinement. Nous avons analysé leurs cartes journalières (n = 426) et le recensement hebdomadaire de la fréquence de leurs comportements problèmes (n = 69). L'analyse des cartes journalières indique que la période de confinement prédit une diminution significative des sentiments de peur, de honte ou culpabilité et de tension mais une augmentation de la détresse. Le suivi hebdomadaire montre une diminution significative des comportements hyperphagiques. Malgré le petit nombre de patients inclus, cette étude se base sur des échantillonnages d'expérience au quotidien et des mesures hebdomadaires. Ces deux types de mesures répétées indiquent certaines améliorations pendant le confinement, attestant des capacités d'adaptation de ces patients, soutenus par un cadre thérapeutique intensif qui a été maintenu. The COVID-19 pandemic impacted the accessibility of psychotherapy for particularly vulnerable patients during the period of confinement in the French-speaking part of Switzerland. We had to adapt our usual therapeutic programs. We illustrate this approach in an outpatient program of dialectical behavioral therapy for patients with borderline personality disorder. Each week the individual therapies took place by videoconference or phone. The skills training group was held individually by videoconference or phone and was supported by an online skills training program. Patients filled out their diary cards online. Intersession contact with the therapist remained available as usual and we could organize team consultation. The aim of this study is to describe how a sample of our patients experienced the period of confinement. We compared the experiences of seven patients suffering from borderline personality disorder during two periods: eight weeks prior to confinement, and during the eight weeks of confinement. We analyzed their daily diary cards (n = 426) and their weekly frequency of problem behaviors (n = 69). We performed multilevel analyses to take into account the hierarchical structure of the data and the autocorrelation of observations. The seven patients were predominantly female (85.7 %) and had an average age of 35.1 (11.5) years. Measurements prior to the start of the pandemic indicated on average severe depression (Beck Depression Inventory, m = 30.9 [10.0]) and marked hopelessness (Beck Hopelessness Scale, m = 15.0 [5.0]). Analysis of the daily diary cards indicated that the confinement period significantly predicted a decrease in feelings of shame or guilt, fear and tension. At the same time, however, there was an increase in distress. Weekly monitoring of problem behaviors showed a decrease in binge-eating behaviors and a trend towards a decrease in alcohol consumption during confinement. Despite the small number of patients included, two types of repeated measurements indicated convergent results, with some improvements during confinement: a decrease of the feelings of fear, shame or guilt, and tension, and a decrease of the frequency of binge-eating behaviors. The decreased pace of daily social and professional life may explain these improvements. The diminution of the above-mentioned feelings as triggers for addictive and compulsive behaviors may also account for the improvements regarding binge-eating. However, they also experienced an increased distress that may reflect the loneliness experienced during this period. The pre-pandemic development of computerized tools that were already familiar to patients greatly facilitated the necessary adaptations to maintain an intensive therapeutic setting during the confinement. This may partly explain why these patients were able to adjust the challenges of this period. [ABSTRACT FROM AUTHOR]

À partir de l'avarice pathologique d'Harpagon dans la pièce L'Avare de Molière, il s'agira de montrer que ce symptôme a permis à Harpagon de ne pas sombrer dans la folie, de ne pas « dérailler » ou « sortir du sillon » (selon l'étymologie du mot « délire »). L'objectif est donc de rendre compte de la valeur des « suppléances préventives », ou de certains symptômes dits de « compensation ». L'article débute par une courte revue de la littérature consacrée à la question de l'avarice dans ses rapports à la psychopathologie. Nous verrons ensuite tous les éléments qui nous permettent d'envisager le personnage d'Harpagon non seulement comme un tyran domestique mais bien comme un véritable « persécuté-persécuteur ». Le vol de la fameuse « cassette » viendra faire vaciller, ébranler profondément le monde d'Harpagon. On voit en cet instant pointer l'émergence du délire. Ce sera ainsi l'occasion de nous demander : à quoi l'avarice pouvait-elle servir à Harpagon jusqu'alors ? De toujours, Harpagon est connu comme un personnage désagréable, non seulement avare maladif, mais aussi sec, dur, tyrannique, méfiant, orgueilleux, suspicieux, etc. Notre étude amène à considérer l'avarice d'Harpagon – l'accumulation de son argent, de son or, sa cassette – comme un moyen (forme de « suppléance préventive ») pour combler un puits sans fond, un « gouffre » qu'il s'agit sans cesse de remplir, et un cumul qu'il s'agit surtout d'éviter de rogner. Cela peut se déduire en partie par ses réactions à la perte de son « objet-cassette » qui véritablement le fait décompenser : paranoïa, éléments mélancoliques et de revendication, etc. La discussion porte essentiellement sur deux points, liés entre eux : les éléments de persécution présents chez Harpagon, et la fonction de son avarice pathologique pour le maintien d'un état de stabilité relative. L'on discutera notamment de l'importance de l'objet « cassette » pour Harpagon dans la mesure où sa folie se déclenche suite au vol de celle-ci. L'Avare de Molière est une comédie que certains qualifient de « sombre ». Le personnage d'Harpagon peut être lu et interprété très différemment : comique et/ou ridicule, ou bien tragique, emporté qu'il est par son avarice pathologique. À prendre celle-ci au sérieux, à la lettre, la pièce révèle toute l'importance qu'a cette avarice pour l'équilibre précaire du personnage, autrement dit elle a pour Harpagon une fonction bien particulière, celle de « support » pour son existence. On s'aperçoit qu'un événement en lien avec le fait d'être volé, dépossédé, va venir faire vaciller son rapport à la réalité et à la vie même, puisque - Harpagon dans sa folie va jusqu'à penser au suicide. From the pathological avarice of Harpagon in the play L'Avare (by Molière), we'll show that this symptom has allowed Harpagon not to sink into madness, not to "derail" or "get out of the groove" (according to the etymology of the word "delusion"). The objective is therefore to report on the value of "preventive locums" ("suppleances", according J. Lacan), or some of the so-called "compensation" symptoms. The article begins with a short review of the literature on the question of avarice in its relations to psychopathology. Then we will see all the elements that allow us to see the character of Harpagon not only as a domestic tyrant but as a true "persecuted-persecutor". The theft of the famous "cassette" will shake deeply the psychic world of Harpagon. At this moment we see the emergence of delusion. This will be an opportunity to ask ourselves: what could avarice have been for Harpagon until then? Always Harpagon is known as an unpleasant character, not only greedy, but also dry, hard, tyrannical, wary, proud, suspicious... Our study lead us to consider Harpagon's greed - the accumulation of his money, its gold, its "cassette" – as a means to fill a bottomless pit, a "chasm" that it is constantly about filling, and a cumulation that it is mainly about avoiding cutting. This can be deduced in part by his reactions to the loss of his "cassette-object" which really causes him to decompensate: paranoia, melancholic and claim, retribution elements... The discussion focuses on two interrelated points: the elements of persecution present in Harpagon, and the function of its pathological avarice in maintaining a state of relative stability. In particular, the importance of the "cassette-object" to Harpagon will be discussed; as its madness is triggered by its theft. L'Avare is a comedy that somebody call "dark". The character of Harpagon can be read and interpreted very differently: comical and/or ridiculous, or tragic, carried away by its pathological avarice. To take it seriously, to the letter, the play reveals all the importance that this avarice has for the precarious balance of the character, in other words it has for Harpagon a very special function, that of "support" for its existence. We see that an event related to being robbed, dispossessed, will come to falter his relationship to reality and to life itself, since Harpagon in his madness goes so far as to think of suicide. [ABSTRACT FROM AUTHOR]

L'éthique du soin permet un questionnement sur les valeurs dans la pratique clinique et sur le sens de la démarche de soin face au sujet malade. La psychiatrie est une discipline médicale dans laquelle la complexité des décisions est fréquemment liée à des enjeux éthiques. L'objectif principal de notre étude est d'évaluer l'efficacité de l'organisation de séances d'éthique appliquée, sur le modèle des « Moral Case Deliberation », dans un service de psychiatrie générale en France. Des séances mensuelles ont été organisées durant six mois au sein d'une équipe de soins constituée. Nous avons élaboré un questionnaire à partir des données de la littérature internationale afin d'évaluer, a posteriori , les effets de ces séances sur la pratique des participants. L'analyse de notre questionnaire a permis de confirmer les effets bénéfiques attendus par la réalisation de séances d'éthique appliquée. Elle a particulièrement mis en lumière l'intérêt de disposer d'outils différents de la pratique courante dans le but d'augmenter la qualité des soins. Les séances d'éthique appliquée sont les témoins d'une évolution dans la conception de l'éthique avec le passage d'une éthique théorique à une éthique pratique, traitant des situations sensibles du quotidien. Elles pourraient, comme dans d'autres pays, trouver leur place dans l'évaluation et l'amélioration des pratiques professionnelles. Ethics of care allows questioning of the values and the meaning of clinical practice for the patient. Psychiatry is a medical discipline in which the complexity of decisions is frequently linked to ethical issues. Moral Case Deliberations (MCD) are clinical ethic supports to explore these issues and to analyze value conflicts. However, there is no study yet in France on the implementation of Moral Case Deliberations. Our main objective is to evaluate the efficiency of MCD in a general psychiatry unit. The secondary objective is to point out the topics discussed by participants at each MCD session. Six MCD were organized in a psychiatric care unit. All caregivers were invited to participate without exclusion criteria. A questionnaire was developed for this study using data from international literature. The questionnaire was elaborated to collect information on the main effects expected of MCD and their general organization. Reports have been established for each session, summarizing the exchanges between participants. A total of 23 participants answered the questionnaire one month after the end of MCD sessions. Quantitative analysis of the questionnaire revealed positive effects of MCD in a psychiatric care unit (response considered as positive when higher than 70%). The most positive effects were that MCD are a different tool from common practice and that it allows questioning of quality of care. The general organization of MCD was also considered positive especially because of the possibility of expressing oneself freely. Qualitative analysis identified the main themes as ethically sensitive in the daily psychiatric practice: endangerment and protection, social consequences of psychiatric disorder, diagnosis and therapeutic alliance. Our study confirms the utility of practicing MCD in a psychiatric unit. Their implementation reflects a change in the conception of ethics, from theoretical to practical. MCD refer to practical ethics dealing with ethically sensitive everyday situations, particularly frequent in psychiatry. MCD are an original and innovative method to meet French requirements on hospital ethics. They can be considered as a method of improving professional practices. [ABSTRACT FROM AUTHOR]

Parmi les unités de la clinique des maladies mentales et de l'encéphale de l'hôpital Sainte-Anne se trouvait, dès la fin des années soixante, un centre d'expression psychopathologique, que je devais découvrir avec Claude Wiart, pour lequel je devais organiser une décennie après un congrès sur le thème à Nantes : « L'Œil Signe ». C'est en m'inspirant de cet atelier à la riche production picturale, puis de celui du service duPr Pierre Sizaret, que je devais être amené à créer un atelier dans un service psychiatrique où j'étais interne et à concevoir une thèse soutenue en mai 1968 sous la présidence du jury du Pr Pierre Deniker, représentant le Pr Jean Delay. Par la suite, j'ai été amené à créer d'autres ateliers et à publier un ouvrage Arts et Folie (Cesura) réédité avec l'adjonction d'une analyse de la production de l'atelier d'écriture. Cette modalité thérapeutique devait diffuser et prendre place dans de nombreux centres (Lavergne à Avignon, à Libourne...) et donner lieu à des enseignements et des échanges auxquels nous avons participé. Le centre et la collection de Sainte-Anne, comme d'Heidelberg et de Lausanne, restent des références. Le terme Art-Thérapie a pris une large extension. Among the units in the department of psychiatry of the Sainte-Anne hospital in Paris was created since the beginning of the1960 years one, assigned to the development of psychopathology of expression by drawing and pictural means. The duties fall on Dr. Claude Wiart. Many years later, he will have helped me to organise a convention in Nantes devoluted to this theme and entitled "L'Oeil Signe." Before, depending of this sample of the therapeutical strength of the creativity, as soon as I saw also such a place in the department of psychiatry of Pr Pierre Sizaret, I had got the possibility to create such a unit in this therapeutic field. Like that, I could write my thesis, which was validated in may 1968 by Prs. Jean Delay and Pierre Deniker and later a book entitled Arts et Folie (Arts and madness) (Cesura edition). And extension of this kind of therapeutic means became certain and successful in a lot of psychiatric hospitals, as the one of Avignon: Drs. Lavergne; Libourne: Guy Lafargue and other practitioners. Also, teachings was organised in many cities. The gatherings of Sainte-Anne, Heidelberg and also Lausanne remain famous. [ABSTRACT FROM AUTHOR]

Ce médecin, reçu en 1910 au concours d'interne des asiles de la Seine, est chef de clinique chez Gilbert Ballet quand éclate la Grande Guerre ; il est mobilisé et la termine au Centre psychiatrique de l'armée d'Orient à Salonique ; démobilisé, il reprend son activité et, dans l'entre-deux-guerres, fréquente des surréalistes comme Guillaume Apollinaire qu'il connaissait bien ; beaucoup de médecins français vont à l'époque s'intéresser au surréalisme et à la science des rêves introduite par Freud au début du XXe siècle. Jean Vinchon va publier seul plusieurs ouvrages, L'Art et la folie en 1924, Mesmer et son secret avec une préface de Joseph Lévy-Valensi en 1926, qui auront des rééditions corrigées et augmentées en 1950, année où est organisé à Paris le premier Congrès international de Psychiatrie à l'issue duquel est née l'Association Mondiale de Psychiatrie ; pendant ce congrès, une exposition d'art psychopathologique se tient à Sainte-Anne où figurent plusieurs œuvres de la collection réunie par Jean Vinchon ; celui-ci a très tôt intégré la peinture et le dessin dans la psychothérapie des malades qu'il suivait, considérant qu'il s'agissait là d'un nouveau moyen d'accès à l'inconscient. Jean Vinchon avait publié en 1930, en collaboration avec M. Laignel-Lavastine, un important ouvrage sur Les malades de l'esprit et leurs médecins du XVI e au XIX e siècle où ils abordent déjà les autres voies d'accès à l'inconscient que la science des rêves. Jean Vinchon, admitted in 1910 in the competition of interns of the asylums of the Seine, is head of clinic at Gilbert Ballet when the Great War broke out; he is mobilized and finishes it at the psychiatric center of the army of Orient in Salonica; demobilized, he resumed his activity and in the inter-war period frequented surrealists like Guillaume Apollinaire whom he knew well; many French doctors at the time were interested in surrealism and the science of dreams introduced by Freud in the early twentieth century. Jean Vinchon will publish alone several books L'Art et la folie in 1924, Mesmer et son secret with a preface by Joseph Lévy-Valensi in 1926, which will have reissues corrected and increased in 1950, when is organized in Paris the first International Congress of Psychiatry at the end of which was born the World Association of Psychiatry; during this congress, an exhibition of psychopathological art is held in Sainte-Anne where several works from the collection brought together by Jean Vinchon; during this congress, an exhibition of psychopathological art is held in Sainte-Anne where several works from the collection brought together by Jean Vinchon; he very soon integrated painting and drawing into the psychotherapy of the patients he followed, considering that this was a new means of access to the unconscious. Jean Vinchon had published in 1930, in collaboration with M. Laignel-Lavastine, an important work on Les malades de l'esprit et leurs médecins du XVI e au XIX e siècle , where they already discuss the other paths to the unconscious that The Science of Sleep. [ABSTRACT FROM AUTHOR]

Le problème de la « passion » ou des « passions », qui a beaucoup intéressé la philosophie, dépasse largement les définitions et catégories cliniques des études psychiatriques classiques. Parmi les innombrables passions humaines (amoureuses, artistiques, politiques, scientifiques, criminelles, etc.), la passion extrême pour Dieu dans le christianisme, celle de la sainteté, a toujours intrigué les psychiatres par le caractère extraordinaire de ses manifestations psychologiques et physiques. Catherine de Sienne (1347–1380) est l'une des plus grandes mystiques catholiques et sa vie hors du commun a donné lieu à diverses recherches hagiographiques ou critiques. L'auteur propose une simple réflexion personnelle sur cette sainte selon les axes suivants : la grande précocité de sa vocation religieuse ; sa sainteté reconnue par les autres ; son refus de la nourriture (anorexie mentale grave) ; son goût passionnel pour le sang des hommes et du Christ ; son érotisme mystique ; son angoisse et ses extases, sa personnalité privée et sociale complexe ; les expressions de sa sainteté et de son amour sans limite pour Dieu dans leurs relations avec les troubles mentaux. L'auteur conclut qu'il est incapable de se forger une opinion définitive sur la nature et la cause des phénomènes extraordinaires du mysticisme chez Catherine de Sienne. The issue of "passion" or "passions", which has been of great interest to philosophers, goes far beyond the definitions and clinical categories of classical psychiatric studies. Among the countless human passions (love, art, politics, science, crime, etc.), the extreme passion for God in Christianity, i.e. that of holiness, has always intrigued psychiatrists owing to the extraordinary nature of its psychological and physical manifestations. Catherine of Siena (1347–1380) was one of the greatest Catholic mystics and her extraordinary life has given rise to various hagiographical and critical accounts. The author proposes his personal thoughts on this saint with regard to the following themes: her religious vocation so early in life; her holiness recognized by others; her refusal of food (severe anorexia nervosa); her passion for the blood of men and Christ; her mystical eroticism; her states of anguish and ecstasy; her complex private and social personality; the expressions of her holiness and her boundless love for God, and how they are related to mental disorders. The author concludes that he is unable to form a definitive opinion about the nature and cause of the extraordinary mystic phenomena that inhabited Catherine of Siena. [ABSTRACT FROM AUTHOR]

La psychiatrie a insisté sur la version déficitaire des phénomènes automatiques, tandis que la psychanalyse – de Freud à Lacan – a mis l'accent sur la version créatrice de l'automatisme, qui permet de concevoir un inconscient dynamique : un inconscient qui, tout en prenant en compte la nécessité de la répétition des éléments inscrits par l'histoire de tout un sujet, reste ouvert aux effets de la contingence de rencontres. La logique de cet inconscient est celle d'une rétroaction récurrente, qui diffère beaucoup de la logique linéaire que propose le comportementalisme – par exemple, en ce qui concerne les réflexes conditionnés. Nous concevons, par là même, la difficulté que représente l'application d'une théorie basée sur l'apprentissage des animaux, à l'animal humain, dans la mesure où, son fonctionnement psychique est subverti par la logique signifiante, laquelle est différente de la logique des signaux qui régit le fonctionnement animal. The automatism concept has been used in a quite different way by both psychiatry and psychoanalysis. We are willing to show how these two disciples lead also, by their divergent approach of the automatism's concept, to different ways of conceiving the psychic apparatus but, furthermore, mental disorders and, more general speaking, the determinism of psychic phenomena. The automatism concept has been widely explored by many different disciplines such as philosophy, psychology, medicine, sociology and cybernetic theories. Within medicine, neurology and psychiatry have mostly insisted on the deficiency version of automatic clinical phenomena, based mainly on evolutional theories and behavioral sciences. The logic of this kind of automatism is "linear" and resembles to a "reflex" i.e. a nature signal or a conditioned signal leads always (or predominantly) to the same response. Whereas, psychoanalysis, from Freud to Lacan, influenced by philosophy, linguistic studies, as well as cybernetic theories, has accented the creative version of automatism, making it possible to conceive a dynamic unconscious. This kind of unconscious, which keeps in consideration the necessary repetition of the elements inscribed by the history of every subject, stays also open at the effect of contingence which has a retroaction effect on the previous inscriptions, giving them a completely new meaning and leading to a completely different result. Recent scientific studies on memory, regarding the remembering process as well as the reconsolidation of souvenirs, and other studies on neuroplasticity, converge towards this view. The logic of this dynamic unconscious is that of "recurrent retroaction" which is very different from the "linear logic" which is proposed by behaviorism – regarding conditional reflexes or operant conditioning. In this way we can conceive the difficulty of applications based on the signal's logic that governs animal's learning, like this of conditional reflexes or of operant conditioning, on human animals in whom the psychical function is completely subverted by the logic of signifiers. The logic of signifiers is completely different from signal's logic that governs animal function. The question that could rise from this distinction is what could happen if signal's logic, momentarily or, even durably, take the upper hand even in humans. [ABSTRACT FROM AUTHOR]

L'avenir de la psychiatrie préoccupe périodiquement la profession autour d'une quête identitaire, teintée de valeurs humaines comme l'éthique, qui seraient plus ou moins bien défendues par telle approche ou tel référentiel. En toile de fond, surgit alors le sentiment de menace face à son évolution à la faveur des neurosciences et de sa (re)dissolution au sein d'une neuropsychiatrie (trop) médicale. Cette discipline vertement abolie dans les suites des événements de Mai 68, à l'occasion du remaniement des études médicales, semble en effet plus vivace que jamais. Nous verrons que la conception de la même nature des troubles, entre neurogenèse et psychogenèse, est au cœur de cette problématique qui fait rage, et depuis longtemps. Mais si craintes et débats s'exposent volontiers dans la presse, sans doute trop peu de messages d'espoir et de réconciliation entre neurologie et psychiatrie trouvent leur place. À la lumière de cette histoire, l'objet de ce propos sera ainsi de défendre l'intérêt d'une approche intégrative en (neuro ?)psychiatrie qui ne sacrifierait ni les savoirs scientifiques ni la dynamique de la vérité subjective à l'accomplissement de notre art. The future of psychiatry is a regular concern for the profession. This quest for identity, often tinged with references to human values, such as ethics, aims to defend such an approach against such a reference system. In the background, the scientific evolution of psychiatry in favor of neuroscience emerges as a sense of threat. The fear would then be a dissolution of psychiatry within (too) medicalized neuropsychiatry. Indeed, this discipline, though abolished during the reworking of medical studies, following the events of May 68 in France, seems more alive than ever. We will see that the conception of the nature of disorders, between neurogenesis and psychogenesis, is at the heart of this problem, and has been raging for a long time. But if fears and debates are willingly exposed in the press, few messages of hope and reconciliation between neurology and psychiatry find their place. This will be the object of our reflection, which aims to defend the interest of an integrative approach in (neuro?) psychiatry without sacrificing scientific knowledge or the dynamics of subjective truth to the achievement of our art. [ABSTRACT FROM AUTHOR]

De la décennie 1960, l'une des plus riches en événements de portée internationale, l'année 1968 a indubitablement été celle la plus médiatisée, parce que des situations, qui couvaient bien avant, y avaient atteint des points de rupture, entraînant des éclats s'étendant à presque tous les aspects de la vie. Des changements se sont produits en mai-juin 1968 en termes de consolidations d'actions précédemment entamées, mais aussi comme catalyseurs de réactions en chaîne qui s'étendent au-delà de 1968. Ce moment clé ne cessera d'être depuis rappelé, notamment à chaque décennie, et particulièrement à l'occasion du cinquantième anniversaire. Bien que répondant à ce cadre général de commémoration, ce travail se propose, à partir du support que représentent les slogans, de revisiter cette période et ce phénomène, avec un effort de non-embellissement ou de reconstruction des faits, tout en gardant du recul, répondant à l'amusement souvent rencontré, sans oublier les aspects moins hilarants et les atrocités souvent occultées. D'importants progrès ont été accomplis, mais il faudrait prendre garde à ne pas tomber dans l'utopie, le mythe, et adopter des voies contreproductives. Nineteen-sixty-eight is for sure the year that held the most, people's attention during the sixties, the decade that witnessed many events of international scope, than never before. Those changes that occurred in May-June 1968 strengthened and achieved procedures on the way long ago, or acted as starters for news schemes witch sparkle many other happenings in many spans of life, yet lasting beyond 1968. This milestone is recalled each decade and furthermore on the fiftieth anniversary. While complying with this context, the work presented tends to revisit that time and the phenomenon of May 1968, through the slogans used, maintaining the cheer experienced during that time range, without cancelling, none ignoring those moments less glad, worst the horrors that did happened and so often covered. Many major shifts occurred, however one has to be aware not to yield hand to utopia or myth or even worst make counterproductive choices. [ABSTRACT FROM AUTHOR]

L'auteur raconte son arrivée et son travail comme interne des hôpitaux psychiatriques à l'hôpital de Cadillac (France) à partir de la fin de l'année 1969. L'internat, c'est-à-dire le lieu où vivaient certains internes de l'établissement, était alors fortement favorable aux théories antipsychiatriques, surtout depuis la « Révolution de Mai 1968 » en France qui contestait les valeurs politiques et sociales traditionnelles du pays. Désigné pour travailler au Service Spécial pour Malades difficiles (SSMD), structure « carcérale » de prise en charge des malades mentaux dangereux de sexe masculin, l'auteur est critiqué par les autres internes en psychiatrie pour sa bonne adaptation à ce service étroitement « fermé » et ses travaux scientifiques de recherche sur le dépistage et l'exploration organique des patients présentant un caryotype 47, XYY. L'auteur dresse anonymement une esquisse du portrait physique et psychologique de ses collègues d'internat dont certains souffrent de pathologies anxieuses et addictives sévères. Il relate rapidement l'ambiance institutionnelle à l'internat de l'hôpital de Cadillac vers le début des années 1970. Son travail pendant dix ans au SSMD le passionnera et sera à l'origine de sa vocation pour la psychiatrie médicolégale et les sciences criminelles. The author relates his arrival and work as an intern at the psychiatric hospital in Cadillac (France) from the end of 1969. The 'internat', i.e. the place where some doctors lived in the institution, was strongly in favor of antipsychiatric theories, especially since the May 1968 Revolution in France, which challenged the traditional political and social values of the country. Appointed to work in the Special Service for Difficult Individuals (SSMD), a 'prison' structure for the care of mentally dangerous male patients, the author found himself being criticized by other interns in psychiatry for fitting in well in this closely guarded department and for his research work on the screening and organic exploration of patients with karyotype 47, XYY. The author paints an anonymous portrait of the physical and psychological characteristics of his internat colleagues, some of whom suffered from severe problems of anxiety and addiction. He gives an overview of the institutional atmosphere that reigned at the internat in the early 1970s. The 10 years he spent at the SSMD were a constant source of fascination for him and led to his vocation for forensic psychiatry and the criminal sciences. [ABSTRACT FROM AUTHOR]

Au cours de la seconde moitié du xx e siècle se sont manifestés à travers le monde plusieurs mouvements contestataires dans le domaine économique et social mais aussi psychiatrique à des dates variables selon les pays. En France on a parlé de « Mai 1968 » pour désigner des manifestations spectaculaires d'étudiants contestataires qui ont aussi touché l'enseignement universitaire de la psychiatrie, notamment à Paris à la Clinique des Maladies Mentales et de l'Encéphale à l'hôpital Sainte-Anne. Des mouvements plus ou moins analogues ont eu lieu à travers le monde à la même époque dans d'autres pays. Au cours de cette décennie des années soixante, les sixties, est née aussi d'abord en Grande-Bretagne l'Antipsychiatrie, autre mouvement contestataire de la psychiatrie telle qu'elle continuait à être pratiquée dans de nombreux pays et qui s'est étendu ensuite dans d'autres contrées. Nous allons tenter de démêler les liens qui se sont noués en France entre ces divers courants idéologiques pendant les années 1958–1968 et voir quelles ont été les analyses qui en ont été faites après coup. During the second half of the twentieth century there appeared throughout the world several protest movements in the economic and social but also psychiatric at different dates depending on the country. In France, there was talk of "May 68" to designate spectacular demonstrations of student protesters who also touched the university education of psychiatry, especially in Paris at the Clinique des Maladies Mentales et de l'Encéphale in the hospital Sainte-Anne. More or less similar movements took place around the world at the same time in other countries. During this decade of the sixties, the sixties, Antipsychiatry was born also first in Britain, another protest movement of psychiatry as it continued to be practiced in many countries and which has spread then in other countries. We will attempt to unravel the links that have been established in France between these various ideological currents during the years 1958–1968 and see what were the analyzes that were made afterwards. [ABSTRACT FROM AUTHOR]

L'année 68 a connu dans le monde entier des révoltes étudiantes : refus de la guerre du Vietnam, dépassement des vieux auteurs marxistes léninistes, des structures universitaires traditionnelles, libéralisation des mœurs, émergence du situationnisme, etc. The year 68 saw worldwide student revolts: refusal of the Vietnam War, overtaking the old Marxist Leninist authors, traditional university structures, liberalization of morals, emergence of situationism, etc. [ABSTRACT FROM AUTHOR]

Nous nous attacherons à considérer les dimensions antérieures et postérieures à l'événement de Mai 1968, et non à son histoire. Et nous aborderons quatre thèmes principaux : 1. Le contexte historique et sociétal : d'une part, les années difficiles de la France, de 1960 à 1964, très liées aux événements d'Algérie et, d'autre part, le projet de la Réforme universitaire dominé par la sélection à l'entrée de l'Université. Les trois phases évolutives des événements sont bien connues : crise étudiante, crise syndicale, crise politique. Au milieu des très nombreuses interprétations, nous retiendrons surtout les positions de L. Ferry et A. Renaut. Le mouvement serait comme « un berceau de la nouvelle société bourgeoise. Les divers mouvements culturels s'inscrivent dans une dynamique qui est celle de l'individualisme » (Tocqueville). 2. Les sources philosophiques générales sont ainsi très précises : le thème de la fin plus ou moins de la philosophie qui se revendique comme une science. La dissolution de l'idée de vérité. La fin de toute référence à l'Universel. 3. Les problématiques de l'Humanisme : c'est l'apparition de l'anti-humanisme et le développement de la défaite de la pensée. L'œuvre de A. Finkielraut développe très bien les conséquences de ces courants dans la culture, l'histoire, la sociologie, la littérature et même la clinique avec le structuralisme. C'est le temps de la déconstruction et des grands leaders — M. Foucauld, P. Bourdieu, J. Derrida. C'est le temps de la mort de l'homme et de l'agonie du sujet. 4. Les fonctions de la Psychiatrie et de la psychopathologie. C'est dans cette même période — et surtout après 1968 — que nous allons voir le développement de l'action et de la pensée des grands psychiatres qui vont s'efforcer de construire la psychiatrie et les sciences connexes sur des bases anthropologiques structurantes. La Psychiatrie est individualisée. La réaction à l'anti-psychiatrie est organisée. Et les références très fortes aux grands philosophes phénoménologues de France, d'Allemagne et d'Autriche contribuent au développement d'une anthropologie ouverte et constructive. La prise en compte des trois grandes dimensions est à souligner : l'existence corporelle, la conscience intégratrice, la liberté créatrice. Et l'on sait que les domaines cliniques, thérapeutiques et institutionnels pourront bénéficier du développement de ces grands courants. We will focus to consider the dimensions before and after the May 1968 event, and not its history; And we will tackle four main themes: 1. The historical and societal context: on the one hand, the difficult years of France from 1960 to 1964 closely related to the events in Algeria and, on the other hand, the project of the University Reform dominated by the selection at the entrance of the University. The three evolutionary phases of events are well known: student crisis, union crisis, political crisis. In the midst of the many interpretations, we will retain especially the positions of L. Ferry and A. Renaut. The movement would be like "a cradle of the new bourgeois society. The various cultural movements are part of a dynamic that is that of individualism" (Tocqueville). 2. The general philosophical sources are thus very precise: the theme of the end more or less of philosophy which claims to be a science. The dissolution of the idea of truth. The end of any reference to the Universal. 3. The problems of Humanism: it is the appearance of anti-humanism and the development of the defeat of thought. The work of A. Finkielkraut develops very well the consequences of these currents in culture, history, sociology, literature and even the clinic with structuralism. It's time for deconstruction and great leaders M. Foucauld, P. Bourdieu, J. Derrida. This is the time of the death of the man and the agony of the subject. 4. The functions of psychiatry and psychopathology. It is in this same period, and especially after 1968, that we will see the development of the action and thought of the great psychiatrists who will focus to construct psychiatry and related sciences on the basis of anthropological structuring. Psychiatry is individualized. The reaction to anti-psychiatry is organized. And the very strong references to the great phenomenological philosophers of France, Germany and Austria contribute to the development of an open and constructive anthropology. The three major dimensions must be taken into account: bodily existence, integrative consciousness, creative freedom. And we know that clinical, therapeutic and institutional areas can benefit from the development of these major currents. [ABSTRACT FROM AUTHOR]

Résumé Le lien entre neurophysiologie et psychiatrie est complexe, d'une part en raison des variétés des approches neurophysiologiques, qu'elles procèdent de la neurophysiologie « sèche » ou « humide » et, d'autre part, en raison du difficile positionnement de la psychiatrie en médecine. L'argument que nous développons dans ce texte est celui de la mise en regard problématique d'une psychiatrie dont la stabilité nosologique est loin d'être assurée et d'une neurophysiologie dont les avancées font surgir des mythologies sans cesse renouvelées. Ainsi il apparaît que la neurophysiologie n'apporte que peu à la psychiatrie. En effet, la neurophysiologie est incapable actuellement d'expliquer la survenue de l'expérience consciente et toutes les recherches en neurosciences n'ont fait progresser la psychiatrie que de manière marginale. C'est dire l'ampleur des difficultés auxquelles psychiatres et neurophysiologistes sont confrontés dans leur désir de collaboration. Abstract The link between neurophysiology and psychiatry is complex because of the variety of neurophysiological approaches, whether they come from "dry" or "wet" neurophysiology, and because of the difficult positioning of psychiatry in medicine. The argument that we develop in this text is that of the problematic confrontation of a psychiatry whose nosological stability is far from being assured and a neurophysiology whose advances bring forth mythologies constantly renewed. Thus it appears that neurophysiology contributes little to psychiatry. Indeed, neurophysiology is currently unable to explain the occurrence of conscious experience and all research in neuroscience has advanced psychiatry only marginally. This is to say the extent of the difficulties that psychiatrists and neurophysiologists face in their desires for collaboration. [ABSTRACT FROM AUTHOR]

L'Europe et la France sont traversées par des formes de mobilisation nouvelles, d'initiatives individuelles ou collectives qui trouvent leur expression dans une radicalité exacerbée, qui se forgent et se nourrissent dans le rejet du pacte républicain. Bien souvent, face à la crise économique, les jeunes sont en quête d'idéal. Ce phénomène de radicalisation se nourrit notamment des évolutions sociétales et sociales de ces dernières décennies, telles que l'éclatement de la structure familiale avec la dévalorisation de l'autorité parentale. Aussi, l'islamisme radical leur offre un « kit prêt à penser ». Nous rapportons le rôle de « l'image de soi » en tant que produit de sensations corporelles et d'émotions dans la genèse de ce phénomène. L'Islam radical peut fournir une sorte de « prothèse identitaire » qui va venir supporter l'écart entre la représentation de soi et l'idéal de soi. Europe and France are traversed by new forms of mobilization, individual or collective initiatives that find their expression in an exacerbated radicalism, forged and fed by the rejection of the republican pact. With economic crisis, young people are looking for an ideal. This phenomenon of radicalization feeds in particular societal and social changes of recent decades, such as the break-up of the family structure with the devaluation of parental authority. Also, radical Islamism offers them a "kit ready to think". We report the role of "self-image" as a product of bodily sensations and emotions in the genesis of this phenomenon. Radical Islam can provide them a kind of "identity prosthesis" that will support the gap between self-representation and self-idealism. [ABSTRACT FROM AUTHOR]