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Cet article propose deux experiences utilisant le paradigme DRM et testant les effets de la variation de la profondeur de traitement sur l'apparition des faux souvenirs en situation de rappel. Contrairement a ce qui est generalement observe, les resultats de la premiere experience indiquent qu'un traitement profond, maximisant la possibilite d'implication de caracteristiques distinctives, conduit a un accroissement des rappels corrects sans pour autant augmenter les rappels de leurres. La seconde experience utilise une consigne d'inclusion qui demande aux participants de reporter non seulement les items presentes mais aussi l'ensemble des mots qui ont ete actives en memoire tant lors de l'encodage que lors de la restitution. Cette consigne, qui desactive la strategie de controle de la source, permet de mettre en evidence que le traitenent profond favorise l'activation de caracteristiques distinctives qui facilitent le processus de discrimination a l'oeuvre lors de l'identification de la source. Mots-cles : profondeur de traitement, rappel, faux souvenirs La vision reproductive de la memoire, habituellement envisagee comme un stock de representations correspondant fidelement aux evenements percus ou vecus, est maintenant largement supplantee par une approche reconstructive permettant de rendre compte des distorsions qu'elle subit. De ce fait, les erreurs et autres intrusions qui n'etaient considerees que comme nuisances necessitant un reajustement methodologique (Seamon, Luo, Schlegel, Greene & Goldenberg, 2000) suscitent de plus en plus l'interet des chercheurs qui questionnent les conditions d'apparition et de reduction de ce qui est appele faux souvenirs. Plusieurs techniques experimentales permettant d'etudier les faux souvenirs ont ete elaborees (Loftus & Ketcham, 1994). Se fondant sur la procedure des associes convergents (Deese, 1959; Underwood, 1965), Roediger et McDermott (1995) ont mis au point ce qu'il est maintenant convenu d'appeler le paradigme Deese-Roediger-McDermott (DRM). Ce paradigme suppose dans un premier temps que soient obtenues des listes de mots generes a la suite d'inducteurs lors d'une tâche d'association libre. Par exemple, les mots de la liste « Mouton, Pull, Tricot, Doux, Vierge, Pelote, Coton, Naturel, Douillet, Pure, ...» sont fortement associes au mot inducteur « Laine ». Les 15 mots les plus frequemment produits sont alors proposes dans un second temps, sans l'inducteur, a d'autres participants qui sont confrontes a une epreuve de rappel. La consigne habituelle demande de rappeler autant de mots que possible de la liste, sans deviner, l'ordre n'important pas. La variable dependante privilegiee, revelatrice de faux souvenirs, correspond a la proportion de rappel des inducteurs alors appeles leurres critiques. Deux conceptions theoriques principales sont generalement proposees pour rendre compte des faux souvenirs dans le cadre du DRM, l'activation-monitoring (A-M; Roediger, Watson, McDermott & Gallo, 2001) et la theorie de la trace floue (TTF; Brainerd, Reyna, & Kneer, 1995). Ces deux approches proposent que deux processus distincts sont a l'oeuvre. Le « gist » (TTF) et l'activation (A-M) contribuent a l'augmentation des faux souvenirs tandis que les traces verbatim (TTF) et le monitoring (A-M) tendent a les reduire. Ces processus concourent donc simultanement a produire les faux souvenirs et a augmenter les rappels corrects. La theorie de l'activation-monitoring rend compte des resultats observes dans le DRM en proposant que le leurre est active par les mots de la liste. Cette explication avait deja ete avancee par Underwood (1965) qui suggerait que les sujets activent, consciemment ou non, un ensemble d'associes a partir des mots qui leur sont presentes. Se trouvent ainsi activees des proprietes aussi bien lexicales, qu'associatives et semantiques, voire thematiques. Les principes memes d'elaboration d'une liste DRM font que le noeud dans le reseau correspondant au leurre recevra un taux d'activation eleve, souvent meme plus important que celui dont beneficient les mots de la liste. …

Cette recherche questionne les effets d'humeurs positive et negative sur l'amorcage automatique avec des relations amorces-cibles d'une part associatives et d'autre part semantiques, c'est-a-dire decontaminees de toute force associative. La premiere experience met en evidence l'existence d'une facilitation automatique pour les relations associatives quelle que soit l'humeur consideree. En revanche, seule l'humeur positive favorise l'emergence d'un amorcage automatique dans le cas de relations semantiques. Ce resultat deja observe (Corson, 2002b; Hanze & Hesse, 1993) est generalement interprete comme resultant d'un effet direct de l'humeur positive sur le processus de propagation de l'activation. Toutefois, les deuxieme et troisieme experiences montrent l'existence d'une facilitation pour les relations semantiques avec des humeurs negatives presentant un niveau d'arousal eleve. Il apparait ainsi que les interpretations qui ont ete de prime abord proposees sur la base d'une variation de la valence doivent etre reconsiderees.