La Nef des fous de Sebastian Brant porte la marque d’une opposition systematique entre le monde actuel et un monde passe, generalement idealise. Brant evoque une decadence universelle, qu’il voit a l’œuvre dans le domaine moral, politique, religieux et social. Il considere comme une forme de folie le gout de la nouveaute qui s’est empare de ses contemporains et les pousse a rompre avec la tradition. Les nouvelles modes vestimentaires font l’objet d’une critique severe, ainsi que les nouvelles pratiques economiques qui permettent le rapide enrichissement de certains au prix de l’appauvrissement de nombreux individus. Ces innovations mettent en cause l’ordre du monde et sont de nature a hâter la fin de celui-ci. De meme, les innovations techniques et scientifiques suscitent la mefiance de Brant. Il est neanmoins difficile de determiner l’attitude exacte de Brant, car de nombreux passages contredisent ses declarations. D’autre part, la volonte didactique et l’engagement politique en faveur de Maximilien Ier s’accordent mal avec l’affirmation fataliste d’un declin irreversible.