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Résumé Objectifs En venant compléter deux publications relatives à l’enquête Hepaig-quali, l’une consacrée à la sexualité et l’autre à l’usage de drogues, cet article s’intéresse à la dimension psychodynamique des récits recueillis auprès d’homosexuels masculins séropositifs pour le VIH. L’enquête Hepaig-quali constitue l’un des volets de l’étude épidémiologique Hepaig, portant sur les « hépatites aiguës C chez des homosexuels atteints par le VIH », coordonnée par l’Institut de veille sanitaire (France). En complément de résultats recueillis par questionnaire, et à partir du point focal de « l’événement hépatite C », l’objectif de ce volet qualitatif visait à recueillir des récits de pratiques relatifs à la sexualité et à l’usage de drogues, à connaître les motivations de tels choix et à les replacer dans la trame biographique des sujets, à détailler les événements survenus dans leurs parcours de soins et à explorer les représentations relatives à leur santé physique et psychique. Méthode L’enquête repose sur la réalisation de deux entretiens successifs réalisés auprès de 31 hommes, initialement inclus dans l’étude Hepaig. Ces entretiens, intégralement retranscrits, ont fait l’objet d’une double lecture, psychodynamique et sociologique, selon une posture épistémologique se référant à une approche compréhensive des comportements. Résultats Cet article s’intéresse spécifiquement à la santé psychique des enquêtés et à la dimension psychodynamique de leurs récits. Bien que les entretiens, réalisés par le sociologue, ne soient pas l’équivalent de « cas cliniques », les enjeux psychiques y sont très présents. Les répondants évoquent, avec leurs mots, leurs expériences du stress, de la « déprime » et évoquent pour certains leurs idées suicidaires. Ils abordent en majorité leurs pratiques, et les motivent selon un discours de recherche de jouissance et de maîtrise rationnelle des risques. Discussion À bien des égards, les enquêtés apparaissent comme des « hommes ordinaires », notamment du point de vue de leur socialisation sexuée et de leur représentation du risque. Leur spécificité du point de vue de la santé psychique tiendrait à leur expérience des discriminations et à leur vécu d’une maladie chronique. En exprimant une tension permanente entre pulsion et raison, entre recherche de jouissance et besoin de maîtrise de leur vie, ils présentent les caractéristiques de l’individu hypermoderne dont les contradictions se révèlent dans le rapport à l’autre. Conclusion Les enquêtés, bien informés, adhèrent au discours médical positif des soignants, qui les soutient psychiquement face au poids de morbidité des infections par le VIH et le VHC. L’évolution des cultures sexuelles se traduit, pour ces hommes, par un rejet de la norme du préservatif et par l’adoption de pratiques décrites comme plus satisfaisantes, mais pouvant comporter des risques accrus. Leurs comportements sont toutefois régis par d’autres dimensions que la connaissance et la rationalité. La recherche de jouissance ne s’embarrasse pas toujours des freins et des empêchements que la raison imposerait. Cela devrait conduire les soignants à mieux entendre et accompagner les efforts de réduction des risques de leurs patients. Objectives This paper focuses on the psychodynamic dimension of narratives collected in interviews carried out with HIV-positive gay men, and completes two previous publications concerning the Hepaig-quali study, one centred on sexuality and the other on drug use. The Hepaig-quali study was part of the Hepaig epidemiological survey on acute hepatitis C among HIV-infected gay men, coordinated by the Institut de Veille Sanitaire (InVS, France). In addition to the results gathered from questionnaires, and with a focus on the “hepatitis C event”, the present study aimed to describe sexual practices and drug use among HCV-infected gay men, to assess the motivations of these choices, to position them in relation to their life histories and healthcare experiences, and to explore how they viewed their physical and mental health. Methodology Our study was based on two successive in-depth interviews with 31 men previously included in the Hepaig survey. These interviews, conducted by a sociologist, were fully transcribed, and analysed from a dual psychodynamic and sociological viewpoint, an epistemological stance related to the comprehensive approach to behaviours. Results Thirty-one men were included in this qualitative study. We focused specifically on the mental health of the respondents and the psychodynamic dimension of their narratives. Despite the fact that these interviews were not equivalent to “clinical cases”, psychic issues were very much present. In their own words, the respondents talked of their experiences of stress and depression, and some mentioned suicidal ideations. Most talked readily about their practices and explained them via discourse on achieving pleasure, alongside the rational control of risks. Discussion In many respects, the respondents appeared as “ordinary men”, in particular with respect to their gendered socialisation and their representations of the risks. From a mental health perspective, some specificities were linked to the experiences of discrimination and chronic illness. With the permanent tension between impulse and reason, between the search for pleasure and the need to control their lives, they present the characteristics of the hypermodern individual whose contradictions are revealed in their relationship with the other. Conclusion Accurately informed, the respondents also embraced the positivist medical discourse of their caregivers, which provides them with support and helps them to face the burden of HIV and HCV infections. The evolution of gay sexual culture leads these men, via the rejection of the “condom norm”, to choose practices described as more satisfying, but entailing greater risks. Nevertheless, as with any topic, their behaviours are regulated by other dimensions than knowledge and rationality. The search for pleasure is not always restrained by the hindrance and impediments of reason. This should lead caregivers to better understand and support the efforts that their patients make to reduce risks. [ABSTRACT FROM AUTHOR]