1. Une île impossible : l’utopie néo-humaine comme diagnostic du lien social contemporain chez Michel Houellebecq
- Author
-
Alice Bottarelli and Colin Pahlisch
- Subjects
stratégie romanesque ,lcsh:Language and Literature ,novel ,Philosophy ,diagnostic du lien social ,General Engineering ,politique du récit ,politique ,utopie ,Michel Houellebecq ,utopia ,dispositif science-fictionnel ,Houellebecq (Michel) ,lcsh:P ,politics ,roman ,Humanities ,social link ,lien social - Abstract
Dans La Possibilité d’une île, Houellebecq travaille des codes d’écriture propres à la science-fiction, non pas afin de projeter le lecteur dans un imaginaire purement fictionnel et désancré, mais afin de réfléchir en retour et prolonger plus avant certaines questions que pose la réalité sociale de ses contemporains. L’intertextualité science-fictionnelle qu’il mobilise lui permet dès lors de faire écho aux réflexions de nombreux auteurs qui l’ont précédé dans cette veine, et ont avant lui utilisé les possibilités de l’utopie, notamment, pour penser la « chose publique » et le lien social. De fait, le genre de l’utopie a très tôt servi d’outil d’interrogation de la qualité de vie communautaire des individus, et le roman utopique d’espace où diagnostiquer les « pathologies du social » (expression que nous empruntons à Axel Honneth). Cela dit, Houellebecq joue également des codes de la SF en les mettant en évidence comme des effets de genre, ce qui rend ambiguë une lecture au premier degré. Il est donc intéressant d’examiner précisément comment il investit ces modalités d’écriture, et dans quelle optique. Sans proposer de résolution ou d’issue comme pourrait le faire un romancier à thèse ou un auteur engagé, il souligne plusieurs problèmes du lien – au temps, à soi, et à l’autre. Évoluant (ou plutôt stagnant) dans un perpétuel présent, centrés sur un soi qui a perdu toute solidité possible, détachés de tout rapport non médiatisé à autrui, les clones sont les victimes en puissance d’une forme de virtualisation du lien stigmatisé par Houellebecq comme propre à notre présent. In The Possibility of an Island, Houellebecq convokes codes of writing peculiar to science fiction, in order not simply to propel the reader into a purely imaginary and uprooted world, but also to reflect upon certain questions related to present-time and social reality. The science fiction intertext which he calls upon allows him to echo numerous reflections from past and present authors, who before him used the genre of utopia to think about the “public sphere”, its codes of communication, and the notion of social links. Indeed, the genre has very soon served as a tool to question the quality of people’s social life, and the utopian novel has been a space where authors could offer a diagnosis of “social pathologies” (the term is borrowed from Axel Honneth). Yet Houellebecq also plays with science fiction codes by conspicuously showing them as literary effects, which renders a first-degree reading of the text very ambiguous. It is therefore interesting to examine precisely how he involves these methods of writing in his texts, and for which purpose. Without suggesting any final resolution or outcome, as a thesis novel or a politically committed novel might do, his work highlights various problems linked to modes of relation – relation to time, to the self and to the other. Evolving (or rather stagnating) in a perpetual present, centred on a self which has lost all its solidity, detached from the possibility of having direct relationships with other individuals, the clones are becoming the victims of a form of virtualisation of all social links, a phenomenon described and criticised by Houellebecq as already being part of our present.
- Published
- 2016