1. Analyses génétiques dans les prolactinomes : revue de la littérature et analyse rétrospective d'une cohorte de 507 patients
- Author
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Boukerrouni, Amina, Aix-Marseille Université - Faculté de pharmacie (AMU PHARM), Aix Marseille Université (AMU), and Pauline Romanet
- Subjects
MEN1 ,Prédisposition héréditaire ,CDKN1B ,Prolactinome ,[SDV]Life Sciences [q-bio] ,Adenome hypophysaire lactotrope ,AIP ,[SDV.SP]Life Sciences [q-bio]/Pharmaceutical sciences - Abstract
Contexte : Les adénomes hypophysaires (AH) sont des tumeurs bénignes, dont environ 5% sont d’origine héréditaire. Il s’agit le plus souvent d’adénomes somatotropes avec des tailles supérieures (macroadénomes) à celles des autres AH, justifiant la recherche d’une mutation dans les gènes de prédisposition AIP et MEN1, chez tous les patients porteurs d’un macroAH isolé sporadique avant l’âge de 30 ans ou d’un AH avec des antécédents familiaux. Les AH lactotropes ou prolactinomes (PRL) représentent 46% à 66% des AH, avec une prévalence estimée entre 1 cas pour 1064 et 1 cas pour 1479 habitants, une forte prédominance féminine (sexe-ratio 20/80), et un pic d’incidence chez la jeune femme entre 20 et 40 ans. L’objectif de ce travail est d’estimer la prévalence des formes d’origine génétique dans une cohorte de patients présentant un PRL isolé ayant bénéficié d’un dépistage génétique et d’analyser les performances du test génétique dans cette population.Matériel et méthodes : Nous avons réalisé une étude rétrospective sur les données de patients adressés pour un examen génétique dans un contexte de prolactinome isolé. Nous avons inclus tous les cas index adressés entre 2003 et 2020 au laboratoire de biologie moléculaire de la Conception, APHM. Tous les patients ont donné leur consentement éclairé pour l’analyse génétique. Cette étude a été approuvée par le comité d’éthique d’Aix-Marseille Université.Résultats : Nous avons inclus 507 patients, dont 257 femmes (51%) et 250 hommes (49%), 379 avec un macroPRL, 81 avec un microPRL. Un total de 14 patients présentait un variant (probablement) pathogène dans les gènes MEN1 et AIP, aucun dans CDKN1B. Une mutation a été mise en évidence chez un jeune homme porteur d’un microPRL originaire d’une population dans laquelle il existe un effet fondateur pour une mutation du gène AIP. Parmi les 278 patients présentant un macroPRL isolé avant l’âge de 30 ans ou quel que soit l’âge dans un contexte familial, 13 variants (probablement) pathogènes (4,7%) ont été détectés, chez 3 cas familiaux (3/20, 15%) et 10 cas sporadiques (10/258, 3,9%). Il existe un risque significativement augmenté d’avoir une mutation dans un contexte familial (OR : 4,3 ; p-value : 0.06), ou lorsque le macroPRL survient avant l’âge de 18 ans (OR 4,5, p-value : 0,014). Le sexe n’était pas un facteur de prédictif du risque d’avoir une anomalie génétique mais les hommes de moins de 18 ans avaient un risque augmenté d’avoir une mutation par rapport au reste de la cohorte (5/35 individus mutés, versus 8/243, OR 4,9, p-value : 0,015). Nous n’avons recensé aucune mutation chez la femme de 18-30 ans.Conclusion : Notre cohorte de 507 cas index constitue la plus grosse cohorte jamais publiée. Nous n’avons mis en évidence aucune mutation chez les cas index présentant un microPRL, sauf dans un contexte particulier (population avec effet fondateur). Chez les patients porteurs d’un macroPRL, la prévalence des mutations étaient de 4,7%. Nous avons montré que les individus porteurs d’un macroPRL de moins de 18 ans, en particulier les hommes, ou dans un contexte familial sont plus à risque d’avoir une forme d’origine génétique. Nous n’avons pas mis en évidence de mutation chez les femmes entre 18 et 30 ans posant la question de l’indication d’un test génétique dans cette population.
- Published
- 2021