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International audience; La théorie du changement consiste à mettre en œuvre concrètement le principe de coproduction des connaissances dans la conception de projets d’accompagnement des transitions socio-environnementales. Il s’agit de rendre explicites les différentes visions du changement et ses obstacles ou opportunités, et de co-construire une vision partagée, support d’un plan d’action commun. La théorie du changement transforme les connaissances en actions en tissant des liens entre acteurs, secteurs et échelles d’intervention. En s’affranchissant des cloisonnements, les solutions deviennent tangibles. Les changements à grande échelle peuvent alors se manifester en engageant les politiques et les décideurs à travers les réseaux locaux, nationaux et régionaux.

Créée en janvier 2021, l'UMR SENS est le fruit de la rencontre de trois collectifs du CIRAD de l'IRD et de l'UPVM autour de questions environnementales. Au sein du pôle Vie de l'unité, le groupe ClimSENS développe une réflexion collective sur l'empreinte environnementale des activités de recherche et la mobilisation des membres de l'UMR autour de bonnes pratiques. Pour ce faire, nous avons réalisé un bilan carbone pour les années 2019 et 2020 des membres des collectifs qui composent l'UMR. Le bilan carbone est considéré comme une base objective de discussion permettant d'analyser les marges de manoeuvre et de mettre en place un dispositif de suivi et d'évaluation d'initiatives concrètes qui seront mises en place. Afin d'aborder la diversité des points de vue des membres de l'UMR SENS face aux enjeux environnementaux, nous avons mené une série d'entretiens sur les pratiques de recherche, en nous intéressant aux relations entre pratiques professionnelles et privées, aux contraintes et aux opportunités pour les faire évoluer. Ensuite, trois ateliers participatifs ont été organisés pour mettre en discussion les résultats des bilans carbone et de l'analyse des entretiens et pour formuler des propositions d'engagements pour le collectif SENS.

Different intervention mechanisms are proposed to transform agricultural landscapes so that they fulfill multiple functions, compatible with sustainable development goals. In the case of climate change mitigation and adaptation, support policies and direct payments to affected populations are promoted as part of REDD+ initiatives. These interventions attempt to balance the provision of multiple ecosystem services with the maintenance or improvement of local livelihoods. In this paper, we explore the role that participatory evaluation can play in the implementation of payments for ecosystem services in rural communities in Indonesia, Laos, Vietnam and China. Engaged in a process of rapid integration into the market economy, these communities have been transforming their traditional Slash-and-burn systems in recent years and followed different paths of agricultural intensification. The positive or negative assessment of these developments is necessarily subject to value judgements in the choices made between different options. Ecosystem services allow for the comparison of landscape trajectories. Village communities explored scenarios for the evolution of their local agriculture, negotiated trade-offs between ecosystem services and identified potential "winners" and "losers". These simulations showed the importance of the timing of REDD+ programs in relation to ongoing agrarian transformations. They point to the risk of moving away from the initial ambitions related to the carbon ecosystem service to become an additional instrument for sustainable development.

Les recherches menées dans les pays du Sud font de nos jours systématiquement référence au « partenariat » entre équipes de chercheurs. Ce partenariat – considéré comme une exigence éthique et une nécessité scientifique – est l’objet d’engagements institutionnels répétés et de nombreux discours, souvent généraux et parfois convenus. Mais, de façon paradoxale, il existe très peu de témoignages et de réflexions sur ce qu’est au quotidien ce partenariat, dans ses succès comme dans ses échecs. Cet ouvrage donne la parole aux chercheurs qui construisent le partenariat et le font vivre, dans des contextes disciplinaires très différents, sur tous les continents et dans des domaines de recherche variés, tous ayant en commun d’être des spécialistes de sciences sociales. L’ouvrage révèle les pratiques du partenariat, où se mêlent histoire de la recherche scientifique dans le pays concerné, nature des relations entre individus, exigences des institutions du Nord et du Sud, cultures disciplinaires contrastées, avec des résultats et une efficacité difficiles à anticiper. Le partenariat se construit en effet largement « sur le terrain ». Présentant la réalité composite du partenariat entre chercheurs du Nord et du Sud, ce livre ouvre des pistes de réflexion pour renouveler les pratiques et adapter les contours du partenariat aux divers contextes nationaux de la science, qui sont loin de se réduire aux canons d’une « science mondialisée ».

Voyez-vous dans la vie, il n’y a pas de solutions.Il y a des forces en marche : il faut les créer, et les solutions les suivent.Antoine de Saint-Exupéry, Vol de nuit Introduction Dans un contexte de recherche-action la connaissance est élaborée chemin faisant dans la confrontation des résultats empiriques issus de la pratique de terrain avec des théories qui leur donnent du sens. Certains cadres théoriques tels que par exemple l’approche constructiviste de la complexité ont joué dès le départ...

La réforme agraire qui fait suite à l’indépendance du Viêt-Nam met fin à la propriété individuelle des terres. La terre est déclarée propriété du peuple vietnamien et un système de coopératives est mis en place. Entre la fin des années 70 et le début des années 80, ce système rentre dans une phase de crise caractérisée par une baisse de la production rizicole et une démotivation des coopérateurs (Jésus et Dao Thê Anh, 1998). Deux réformes successives en 1982 (« résolution 100 ») et 1986 (« co...

International audience

Au Viêt-nam, les réformes économiques de la fin des années 1980 ont marqué en quelques années le passage d’une agriculture collectiviste à une petite agriculture familiale. Dans les zones de montagne, la vitesse de ces changements conjuguée à la diversité des milieux naturels et humains a conduit à des dynamiques complexes d’utilisation des terres, qui remettent en cause les approches monographiques de diagnostic agraire. Depuis 1998, une équipe de recherche interdisciplinaire a développé dans la province de Bac Kan une méthode de diagnostic fondée sur l’analyse et la représentation des interactions entre les stratégies individuelles des agriculteurs, les institutions qui régulent l’accès et l’usage des ressources, et l’environnement biophysique et socio-économique. Elle combine plusieurs outils d’analyse systémique : études monographiques, modèles multi-agents, jeux de rôles et systèmes d’information géographiques.

Dans les zones de montagne situées au nord du Vietnam, l'appartenance ethnique a longtemps déterminé l'accès différencié des foyers agricoles aux ressources naturelles. Durant la période collectiviste, les Dao, qui pratiquaient traditionnellement une agriculture d'abattis-brûlis itinérante, ont contribué aux côtés des autres groupes ethniques à l'intensification des bas-fonds, limitant ainsi la pression agricole sur les terres de pente. Cependant, la production des rizières limitée par les faibles surfaces de bas-fonds disponibles dans leurs coopératives, ne suffisait pas à couvrir leurs besoins alimentaires. Le riz pluvial apportait un complément indispensable. Dans les années 1980, au sortir de la collectivisation, les cultures sur brûlis et l'exploitation du bois se sont généralisés au détriment de la forêt. Dans les années 1990, l'allocation des terres de rizières, puis des terres de pentes, aux foyers agricoles a contribué à freiner la dynamique de dégradation de l'écosystème de montagne. Cependant, les inégalités résultant du processus d'allocation placent certains groupes dans une situation de pauvreté extrême et d'insécurité alimentaire. Malgré les interdictions, ils ont encore recours à la pratique de l'abattis-brûlis pour assurer à court terme leur autosuffisance alimentaire. Mais ces pratiques, prédatrices des ressources naturelles en conditions de forte densité de population, dépassent à présent les clivages ethniques.

Dans les montagnes du nord du Vietnam, le riz pluvial conserve une place importante, mais les rendements obtenus sont extrêmement faibles et variables. L'analyse de la variabilité des rendements obtenus chez les agriculteurs a permis d'identifier les principales contraintes à la production rizicole. Elle a été menée dans un village représentatif de la diversité des conditions biophysiques de la province de BacKan. La variabilité des rendements en riz pluvial entre les parcelles est expliquée en premier lieu par le type de végétation précédant la culture de riz et le nombre de saisons culturales consécutives. Au sein de chaque parcelle, la variabilité de la culture est largement expliquée par la structure (porosité, compaction, densité) et, partiellement, par les caractéristiques chimiques et l'activité biologique des sols. Tous ces facteurs sont, à des degrés divers, des indicateurs d'état de la fertilité\\dégradation du sol. La régénération de la forêt et du sol est contrainte par l'allongement des périodes de culture lié à une forte pression démographique ainsi que par le pâturage des jachères par les buffles. La dégradation du sol est accentuée par l'érosion qui fait suite à la déforestation et au brûlis sur les terres de pentes. En conséquence, une mauvaise structure du sol, de fortes pertes par ruissellement et un enracinement superficiel du riz sont responsables d'une mauvaise utilisation de l'eau. L'infestation par les mauvaises herbes est, comme partout, une autre contrainte majeure à la riziculture pluviale. Ces deux aspects ont été placés en priorité pour la recherche, ce qui a permis de développer des alternatives à ces systèmes d'abattis-brûlis.

Dans les hautes terres au nord du Vietnam, l'accroissement de la population et les périodes successives de l'histoire agraire récente (décollectivisation, privatisation de l'économie, distribution des terres de pente) ont entraîné de profondes mutations des systèmes de production agricole. Les terres de bas-fonds sont saturées, tandis que les systèmes de culture sur abattis-brûlis se trouvent remis en cause, posant dans des termes urgents les questions de la fixation de l'agriculture, de l'adoption de nouvelles manières de produire respectueuses des ressources naturelles et susceptibles de couvrir des besoins en accroissement, ainsi que de nouveaux modes d'organisation et de gestion de l'espace agraire. Depuis 1998, le volet " systèmes de culture " du programme SAM a contribué à identifier, adapter et diffuser des systèmes de culture productifs et écologiquement viables, de l'échelle du champ jusqu'à celle du bassin versant. Le volet " régional " s'est attaché pour sa part à comprendre les dynamiques agricoles et environnementales à différentes échelles, de l'exploitation agricole jusqu'à la région. Ces deux programmes sont donc complémentaires, tant par leurs objectifs que par leurs échelles de travail. Les deux volets travaillent en commun de l'exploitation au petit bassin versant

L'élevage extensif des grands ruminants dans le district de Cho Don (province de Bac Kan), est aujourd'hui compromis du fait de l'insuffisance des ressources fourragères, particulièrement en hiver, et de ses conséquences néfastes sur les cultures sur pente. La mise au point de systèmes de cultures avec une couverture végétale dont l'exploitation fourragère est toujours possible permet une meilleure intégration entre l'agriculture et l'élevage. La démarche de recherchedéveloppement adoptée depuis 2000 a combiné le diagnostic, la création et le suivi-évaluation à la fois en milieu contrôlé et chez les paysans. Le diagnostic a permis de comprendre la situation actuelle de blocage et de révéler la diversité des foyers d'agri-éleveurs en terme de systèmes d'élevage (bubalins, bovins et mixtes). Il constitue actuellement une base de réflexion pour des adaptations personnalisées de systèmes d'alimentation auprès d'une vingtaine de familles. Afin de disposer de références locales, la production en matière sèche et les valeurs alimentaires des plantes de couverture fourragères (CF) composant ces systèmes, font l'objet de suivis mensuels depuis un an. Les résultats obtenus permettent de raisonner des systèmes d'alimentation exploitant dans le temps (hiver/saison culturale) et dans l'espace (pente/basfonds) des systèmes de culture avec couverture végétale, pérennes, pluriannuels (rotations sur 2-4 ans CF/cultures de pente) et annuels (en rotation ou en association). Un modèle graphique, représentant l'espace sous forme de compartiments, a été conçu pour simuler l'offre fourragère de systèmes d'alimentation construits par les utilisateurs. Il a été validé par une quinzaine d'agri-éleveurs et constitue aujourd'hui un support de communication pour la mise au point participative de tels systèmes. L'institutionnalisation de cette approche dans le cadre d'un programme national et d'un réseau régional permettra de diffuser à large échelle ce type d'intégration agriculture-élevage afin de répondre à une forte demande.

De par leur richesse en ressources naturelles renouvelables, les zones inondables tropicales revetent un interet social et economique majeur pour les pays en developpement. Cependant, les fleuves tropicaux sont aujourd'hui de plus en plus amenages pour satisfaire les besoins lies a de nouvelles activites. Les zones jusque-la regulierement inondees par la crue annuelle se reduisent ou alors les rythmes de leur inondation sont profondement modifies. Les impacts de tels changements sont nombreux et portent atteinte a la biodiversite et a la durabilite des systemes d'exploitation. Il s'avere alors necessaire de definir de nouvelles approches de la gestion de l'eau, des espaces et des ressources vivantes, qui tout a la fois preservent les ecosystemes et prennent en consideration les besoins des differents usagers. Tel est l'objectif de cet ouvrage qui pose, dans un premier temps, la problematique societale autour de laquelle cette gestion doit etre repensee, en faisant apparaitre la diversite d'acteurs et d'institutions concernes. Il presente ensuite les acquis les plus recents de la recherche sur le fonctionnement de ces ecosystemes ainsi que sur les pratiques et strategies deployees par les populations qui les exploitent. Enfin est abordee la question des instruments a mettre en place pour assurer l'effectivite d'une gestion durable des zones inondables tropicales : apres avoir fait le point sur les apports de la recherche concernant les outils de traitement et de partage de l'information environnementale, l'ouvrage se termine par un debat sur les conditions de creation et de fonctionnement des institutions de suivi, de concertation et de decision. (Resume d'auteur)

Afin d'aboutir à une mise en application effective parles communautés rurales de résultats issus d'approche participatives il est important de développer avec les acteurs locaux un environnement favorable au dialogue. Le modèle spatial à compartiments, fondé sur un langage symbolique commun aux chercheurs et aux acteurs locaux, place le processus de résolution collective des problèmes de gestion des ressources naturelles dans les mains des personnes directement concernées. Nous avons appliqué une telle plate-forme de communication à la diffusion d'innovations techniques fourragères.

Dans la commune de Ngoc Phai, comme dans l'ensemble de la province montagneuse de Bac Kan à laquelle elle appartient, l'agriculture a connu au cours des deux dernières décennies une période de transition qui l'a conduite d'un mode d'organisation de type collectiviste à de petites exploitations familiales. Des réformes agraires successives ont restitué aux agriculteurs la gestion des principaux moyens de production que sont la terre, la main d'oeuvre et le capital. Dans ces zones de montagne, l'appartenance ethnique a longtemps déterminé l'accès à ces trois moyens de production et par voie de conséquence les choix stratégiques qui se sont imposés aux différents groupes d'agriculteurs. Durant la période collectiviste, les Dao, qui pratiquaient traditionnellement une agriculture d'abattis-brûlis itinérante, ont contribué aux côtés des autres groupes ethniques à l'intensification des bas-fonds, limitant ainsi la pression agricole sur les terres de pente. Cependant, la production des rizières limitée par les faibles surfaces de bas-fonds disponibles sur leur coopérative, ne suffisait pas à couvrir leur besoins alimentaires. Le riz pluvial apportait un complément indispensable. Dans les années 1980, au sortir de la collectivisation, les cultures sur brûlis et l'exploitation du bois se sont généralisés au détriment de la forêt. Selon les groupes ethniques le surplus dégagé de l'exploitation extensive des pentes était accumulé sous forme de riz pluvial (système Dao) ou de porcs (système Tày fondé sur l'association maïs - porc). Dans les années 1990, l'allocation des terres de rizières, puis des terres de pentes, ont contribué à freiner la dynamique de dégradation de l'écosystème de montagne. Cependant, les inégalités résultant du processus d'allocation placent certains groupes dans une situation de pauvreté extrême et d'insécurité alimentaire. Malgré les interdictions, ils ont encore recours à la pratique de l'abattis-brûlis pour assurer à court terme leur autosuffisance alimentaire. Mais ces pratiques, prédatrices des ressources naturelles en conditions de forte densité de population, dépassent à présent les clivages ethniques. De nouveaux modes de production, d'organisation spatiale et sociale des activités agricoles, sont en train d'émerger. Ils ont un impact important sur les modes de gestion des ressources naturelles mais des questions se posent quant à leur durabilité. Avec une pression démographique quatre fois supérieure à celle de la période pré-collectiviste, une grande diversité des modes de mise en valeur du milieu issue des phases successives de redistribution des moyens de production, et dans un contexte socio-économique extrêmement dynamique les agriculteurs ont besoin de se reconstruire un nouveau référentiel technique qui leur permettra d'assurer la compatibilité de leurs stratégies individuelles avec l'intérêt collectif.

L'idée maitresse de l'approche écorégionale est d'appliquer à de larges domaines géographiques des résultats de recherche obtenus localement, dans le domaine de la gestion des ressources naturelles. Au Vietnam, de nombreux programmes de recherche - développement se proposent de comprendre les dynamiques agraires et forestières à l'échelon régional; cependant, leurs efforts de recherche ne parviennent que rarement à trouver des applications pour le développement au-delà de l'échelle locale. Cette situation est due principalement: (i) aux problèmes méthodologiques de transfert d'échelle depuis la parcelle et l'exploitation agricole jusqu'à l'échelon régional, (ii) à la complexité des processus agroécologiques en jeu, et (iii) à l'absence de cadre institutionnel approprié pour traiter et mettre en oeuvre ces activités d'intégration. Le projet Systèmes agraires de montagne (SAM) s'attache au développement de méthodes de recherche innovantes pour rendre opérationnelle l'approche écorégionale. Le défi scientifique de ce programme est de prendre en compte les trois grandes caractéristiques des dynamiques agraires des montagnes du Vietnam, qui sont: (i) l'extrême diversité de l'environnement biophysique et socio-économique, (ii) le rythme soutenu du changement que la plupart des méthodes traditionnelles ne peuvent suivre, (iii) l'importance des influences extérieures sur les transformations régionales (politiques agricoles, migrations de la main-d'oeuvre, marchés d'exportation, etc.). Le développement d'une base de connaissances sur les zones montagneuses du bassin du Fleuve Rouge a pour but de faciliter l'émergence d'une plateforme de négociation entre les acteurs du développement régional et gestionnaires des ressources naturelles, réunissant scientifiques, vulgarisateurs, paysans et décideurs. Les méthodes fondées sur l'approche système sont conçues pour permettre de suivre et de comprendre les dynamiques agroécologiques et socio-économiques à des échelles complémentaires, allant de la parcelle et de l'exploitation agricole jusqu'à l'échelon régional.

Le modèle spatial compartimenté de village montagnard Nord-Vietnamien se veut être une plate-forme de simulation participative de l'adoption des innovations fourragères et un outil de discussion entre chercheurs, cadres du développement et agri-éleveurs. Les diagnostics menés dans le district de Cho Don, province de Bac Kan, Nord Vietnam révèlent, en effet, des déséquilibres profonds des relations agriculture-élevage-forêt qui se traduisent par des tensions sociales et des dégâts visibles sur les cultures et les écosystèmes forestiers (appauvrissement des pâturages, déprédations des ruminants sur les cultures, érosion des sols cultivés, appauvrissement des forêts, conflits entre villages et villageois etc.). Cette situation de crise est le résultat des mutations du paysage engendrées par les bouleversements fonciers des dernières décennies: réformes successives, saturation de l'espace. Un certain nombre d'alternatives techniques et organisationnelles ont cependant pu être mises au point (exploitant les systèmes de semis direct sur couverts végétaux) et des référentiels techniques et théoriques constitués, sur des thématiques variées (systèmes de culture, systèmes d'élevage, écosystèmes forestiers, utilisation de l'espace, logiques d'acteurs...) et des niveaux d'échelles divers (parcelle, exploitation agricole, bassin versant, village) dans l'objectif d'accompagner les changements en cours par des pratiques plus adaptées. Cependant, l'adoption de l'innovation est un processus actif et complexe comportant une phase de décision/action en rapport avec la connaissance de l'innovation, son évaluation, une décision d'adoption/rejet. Un tel processus appelle une démarche dialoguée et donc, la mobilisation d'outils de négociation adaptés s'appuyant sur des éléments de représentation communs aux chercheurs et aux acteurs locaux. Il s'agit donc de susciter ce changement en fournissant aux éleveurs d'une part, les moyens de compréhension et de lecture de leur situation d'autre part, des éléments d'aide à la décision pour le choix des alternatives. L'outil proposé, fruit de la mobilisation de savoirs et de compétences divers, aura permis, dans cette première étape de construction et de test/validation, d'initier l'engagement des acteurs locaux dans une concertation fondée sur une vision partagée des enjeux du développement.

Le Programme Fleuve Rouge appui les initiatives de développement agricole dans le district de Cho Don depuis 1994. La diversité rencontrée dans cette région de montagne apparaît comme une contrainte à la diffusion des innovations techniques. Une intervention concertée des équipes de recherche et de développement ayant des mandats complémentaires pourrait aider à surmonter cette contrainte. La composante régionale du Programme Systèmes Agraires de Montagne (SAM) conduit un diagnostic systémique sur les sites d'étude. Elle permet d'orienter la recherche "système" en identifiant les contraintes au développement de l'économie paysanne. Parallèlement, elle met au point des outils participatifs et des méthodes adaptées au contexte des montagnes afin de faciliter la diffusion des innovations. Un observatoire des transformations rurales appuie la vulgarisation grâce à une information pertinente. Depuis 1998, La composante "Systèmes de culture" du programme SAM a conduit des activités de recherche sur les pentes afin de proposer des alternatives aux systèmes reposant sur l'abattisbrûlis. Un diagnostic réalisé à l'échelle de la parcelle a montré le rôle prépondérant de la compaction du sol sur les performances des systèmes de culture. Une recherche conduite en milieu réel a produit des résultats encourageants, notamment grâce à l'utilisation de couvertures végétales pour restaurer les sois et pour les protéger contre l'érosion, en association avec des aménagements en cordons anti-érosifs. Des systèmes agroforestiers ont de même été testés comme alternative aux systèmes de culture actuels. Les expérimentations conduites par le programme SAM ont montré que ces alternatives aux systèmes reposant sur l'abattis-brûlis pouvaient contribuer au développement d'une agriculture durable sur pentes de la Province de Bac Kan. Cependant, le contexte socio-économique est parfois une contrainte à la diffusion des ces options techniques. Un grand nombre de familles ne dispose pas des capacités d'investissement suffisantes pour s'engager dans des changements nécessaires au niveau de l'utilisation des terres. Leur éloignement des marchés soulève des questions relatives au choix des cultures de vente et donc sur les modifications du système de subsistance. Enfin, la diversité de l'environnement naturel et socio-économique ainsi que la large répartition géographique constituent un défit pour le système de vulgarisation agricole. Une approche au niveau des organisations agricoles apparaît comme une étape importante pour surmonter ces contraintes spécifiques aux zones de montagne.