Après son indépendance, la République tunisienne a essayé d’instaurer un système éducatif égalitaire. Bien que l’objectif de rendre l’école accessible pour tous les élèves sans tenir compte de leurs classes sociales et de leur genre soit réalisé, d’autres formes d’inégalités apparaissent. Les politiques publiques sont, en effet, centrées sur une seule dimension de l’égalité qui est celle d’accès. Il en résulte, en autres, des inégalités scolaires de traitement et de résultat. Les statistiques mettent en évidence un déplacement des inégalités en faveur des filles. Ces dernières affichent une meilleure performance par rapport aux garçons, tel qu’observé dans le contexte occidental. La présente étude vise ainsi à comparer les parcours scolaires des filles et des garçons et d’examiner les facteurs socio scolaires à l’origine des inégalités entre les deux groupes d’élèves en Tunisie. L’étude s’intéresse précisément au cas de la région de Sfax. À partir des données administratives collectées auprès de quatre établissements scolaires dans la commission scolaire de Sfax, nous analysons la réussite, le décrochage scolaire et la note annuelle. Les analyses montrent que le taux de réussite des filles est plus élevé que celui des garçons même en tenant compte des caractéristiques socioéconomiques et scolaires. En ce qui a trait au décrochage scolaire, des résultats similaires sont soulignés. En d’autres mots, résider en milieu rural ou avoir un père au chômage ou exerçant un métier d’ouvrier augmente le risque de décrochage chez les garçons, mais n’a pas d’effet statistiquement significatif chez les filles. Comme pour la réussite scolaire et le décrochage, la moyenne annuelle, supérieure chez les filles à celle des garçons, serait plus associée à l’origine sociale chez les garçons que chez les filles. À partir de ces constats, l’étude suggère quelques pistes d’interprétation pour mieux comprendre les facteurs sous-jacents de ces inégalités., After independence, the young Tunisian republic tried to establish an egalitarian education system. Although the goal of making school accessible to all students regardless of their social class, economic level and gender is achieved, other forms of inequality are emerging. Public policies are, in fact, centered on a single dimension of equality, which is that of access. This results, among other things, in educational inequalities in terms of treatment and results. Statistics have reveal a shift in inequalities in favor of girls. Girls display a better performance compared to boys like the situation in the Western context. The present study thus aims to compare the educational paths of girls and boys and to examine the socio-educational factors at the origin of the inequalities between the two groups of students in Tunisia. We precisely analyse the case of Sfax region. Based on administrative data collected from four schools in the school board of Sfax, we analyze students’ success, dropping out of school and the final score. The analyses show that the success rate of girls is higher than that of boys even when taking into account socioeconomic and educational characteristics. With regard to dropping out of school, similar results are highlighted. In other words, living in a rural area or having an unemployed father or working as a laborer increases the risk of dropping out for boys, but has no statistically significant effect for girls. As with school success and dropping out, the annual average, higher for girls than for boys, is more associated with social origin for boys than for girls. Based on these findings, the study suggests an interpretation to better understand their underlying factors.