Depuis 2014 et la découverte inattendue de pépites dans la partie saharienne du Niger, une course enfiévrée vers la recherche de l’or mobilise des dizaines de milliers de nomades, de ruraux et d’urbains, devenus orpailleurs et venant aussi bien du Niger que des pays voisins ou plus lointains. Brusque, massive et cosmopolite, mais aussi mouvante, parfois violente et située dans les confins peu ou pas habités, l’exploitation de l’or est largement informelle, c’est-à-dire souvent considérée comme illégale mais tolérée. Artisanale au départ, elle devient de plus en plus mécanisée, voire industrielle. Cet article a pour objectif d’analyser le développement spectaculaire de l’orpaillage au nord du Niger pour en dresser un premier bilan provisoire six ans après son déclenchement et surtout de faire ressortir les principaux enjeux à venir. Notre analyse est issue de plusieurs missions d’enquêtes sur le terrain en 2018 et 2019, à la rencontre des différents acteurs de cette ruée extractive. Contrairement à l’exploitation d’autres ressources minières comme l’uranium, celle de l’or a la particularité d’être très peu accaparée à la fois par les firmes minières multinationales, mais aussi encadrée par l’État, en grande partie dépassé et prudent. Notre approche envisagera la ruée comme un cas exemplaire de mise en place d’un système de prédation de la ressource complexe, mobile et évolutif, exercée par des acteurs multiples. Nous aborderons les transformations des mécanismes de régulation informelle et concertée entre les acteurs qui ont eu lieu au cours de différentes phases de la ruée que nous qualifierons. Si cette ruée produit des changements sociaux, économiques et politiques majeurs dans un espace saharien particulièrement instable, nous évoquerons aussi les effets environnementaux et sanitaires. Car cette ruée est symptomatique de ce qui se passe à une échelle plus vaste et selon des logiques similaires au Sahara et au nord du Sahel, où s’est diffusée depuis une dizaine d’années une vaste nébuleuse pionnière d’exploitation de la ressource aurifère depuis les rives de la mer Rouge jusqu’à l’Atlantique. De façon plus générale, les différents traits caractéristiques du développement spectaculaire de l’orpaillage au nord du Niger que nous mettrons en exergue, en font une ruée vers l’or comparable à certains points de vue et à un certain degré au modèle du genre californien du milieu du XIXe siècle. Sans avoir l’ambition trop générale de caractériser les traits communs à toute ruée vers l’or, nous proposerons néanmoins quelques pistes de réflexion en ce sens, en distinguant notamment trois phases des ruées vers l’or à partir du cas du Sahara nigérien contemporain., Since 2014 and the unexpected discovery of nuggets in the Saharan part of Niger, a feverish race towards the search for gold mobilizes tens of thousands of nomads, rural and urban, who have become gold diggers and come from Niger as well as from neighbouring or more distant countries. Sudden, massive and cosmopolitan, but also moving, sometimes violent and located in sparsely or uninhabited areas, gold mining is largely informal, i.e. often considered illegal but tolerated. Initially artisanal, it is becoming more and more mechanized, even industrial. The aim of this article is to analyse the spectacular development of gold mining in the north of Niger in order to draw up an initial provisional assessment six years after it began and, above all, to highlight the main challenges ahead. Our analysis is the result of several fact-finding missions in the field in 2018 and 2019, to meet the various players in this extractive rush. Contrary to the exploitation of other mining resources such as uranium, gold mining has the particularity of being very little monopolized by both multinational mining companies and the state, which is largely outmoded and cautious. Our approach will consider the rush as an exemplary case of setting up a complex, mobile and evolving system of resource predation exercised by multiple actors. We will address the transformations of informal and concerted regulation mechanisms between actors that took place during the different phases of the rush that we will qualify. If this rush produces major social, economic and political changes in a particularly unstable Saharan space, we will also discuss the disastrous and largely underestimated environmental and health effects. For this rush is symptomatic of what is happening on a wider scale and according to similar logics in the Sahara and the northern Sahel, where a vast pioneering nebula of gold exploitation has been spreading for the past ten years or so from the shores of the Red Sea to the Atlantic. More generally, the various features of the spectacular development of gold mining north of Niger that we will highlight make it a gold rush comparable in some respects and to some extent to the Californian model of the mid-nineteenth century. Without having too general an ambition to characterize the features common to any gold rush, we will nevertheless propose some avenues for reflection in this direction, distinguishing in particular three phases of gold rushes based on the case of the contemporary Nigerian Sahara.