Historians of Quebec have long been familiar with the central importance of the patriarchal family and women's role as mother within the home. What has received little attention has been the fate of those who defied the cultural norm and conceived out-qf- wedlock. According to contemporary Catholic mores, such individuals undermined the social order and, through their transgression, brought shame on themselves and their kin. Several solutions evolved to deal with this problem: privately managed maternity hospitals, exile to the geographically distant homes of friends or relatives, or submission to the care and control of religious orders. Roughly 20 percent of the illegitimate births in the province during the 1930s took place at the Hôpital de la Miséricorde in Montreal, whose extensive patient records provided the main source for this paper.Contemporaries understood the vocation of adult women in one of two ways, either as mothers-within-wedlock (real or potential), or as prostitutes. Single mothers had no place in this polarized view of women's role, and in consequence, they could rejoin "normal" society only by hiding their condition and its results. Within this perspective, the Hôpital provided a service both to the society, which sought to hide deviate behaviour, and the individual.Applicants for admission, the records show, were almost entirely French-Canadian Roman Catholics. Often orphans themselves, they tended to be young (60 percent were between the ages of ¡8 and 22), were either domestics (47percent) or lived at home (31 percent), and often suffered from health problems. Upon admission they took on new identities; the pseudonyms sometimes reflected the sense of shame the nuns sought to impose. Hospital policies reinforced this sense of isolation: visitors were discouraged, questions from outsiders were rebuffed, and, to a large extent, the patient was cut off from contact with the outside world. Most tellingly, the mother was not able to name her child after birth. Though social agencies encouraged mothers to keep their offspring, most of the illegitimate children were put up for adoption: only 14.6 percent left the Hôpital with their mothers. Once the baby was born, the mother was allowed two weeks to recover before commencing six months of service. During her entire time in residence, she was treated sometimes as a child, often as a criminal, and always as a sinner. In some cases the mother stayed with the nuns well beyond the normal term; in other cases, the records show, mothers endured their service against their will. A few atoned for their behaviour by joining religious groups.After birth, most of the children remained within institutional care; 37.7 percent of these children died before their first birthdays, mainly of preventable diseases. Their passing, which was reported to the mothers, was regarded by the nuns as fortuitous. For many of the patients, however, the Hôpital did little to relieve the trauma of their plight. For some, passive resistance or outright rebellion constituted their response; for others, self- induced abortion, marriage to the father, or simple endurance af the consequences of their actions were the chosen alternatives., Les historiens-nes du Québec ont dupuis longtemps reconnu l'importance de la famille patriarchate et du rôle de la femme comme mère au foyer. On a cependant accordé peu d'attention au sort de celles qui défiaient les normes culturelles et convoient en dehors les liens de mariage. Selon l'idéologie religieuse de l'époque, ces personnes minaient l'ordre social et, par leur transgression, jetaient la honte sur elle-même et sur leur famille. Certaines solutions furent adoptées pour faire face au problème des mères célibataires: le recours aux maternités privées, l'exil chez parents ou amis-es éloignés, parfois l'avorlement, ou les oeuvres de charité ou la soumission à leurs soins et à leur contrôle. Au Québec, pendant les années 1930, quelque 20 pour cent des naissances qu'on appelait illégitimes eurent lieu à l'Hôpital de la Miséricorde dont les dossiers détaillés sur les patientes constituent les sources privilégiées du présent article.Les contemporains percevaient la vocation de la femme laique soit comme mère à l'intérieur du mariage, soit comme prostituée. Les mères célibataires n'avaient pas de place dans cette vision polarisée du rôle des femmes. Elles ne pouvaient, par con- séquent, se réintégrer à la société qu'en cachant leur condition. Dans cette perspective, l'Hôpital offrait un service tant à la société, qui cherchait à dissimuler les écarts de comportement, qu aux femmes concernées.Les dossiers révèlent que les candidates à Vadmission étaient presqu'uniquement des Canadiennes-française catholiques. Souvent orphelines, elles étaient généralement jeunes (60 pour cent avaient entre 18 et 20 ans), étaient domestiques (47 pour cent) ou vivaient à la maison (31 pour cent) et souffraient souvent de problèmes de santé. A leur entrée, elles adoptaient une nouvelle identité, leurs pseudonymes reflétant parfois la honte qu'elles devaient subir. Les règlements de l'Hôpital accentuaient leur isolement: on ri encourageait pas les visites, le courrier était censuré, et les patientes étaient largement privées de contact avec le monde extérieur.Si les agences sociales encourageaient les mères célibataires à garder leur enfant, elles ne pouvaient choisir son nom et seulement 14.6 pour cent quittaient l'Hôpital avec leur enfant. Après l'accouchement, les paturiennes jouissaient de deux semaines de con- valescence après quoi, si elles ne pouvaient s'acquitter de leur compte envers l'institution - ce qui était le cas de la majorité de celles qui accouchaient à la Miséricorde - elles entreprenaient six mois de service à l'Hôpital. Pendant cette période de résidence, elles étaient traitées comme des mineures, parfois comme des criminelles, toujours comme des pécheresses repentantes. Certaines poursuivaient l'expiation de leur faute en devenant membre de la communauté religieuse, d'autres demeuraient dans l'institution au- delà de la période prévue.La majorité des enfants demeuraient à la charge des institutions et 37.7 pour cent mourraient avant leur premier anniversaire, le plus souvent de maladies contagieuses. Les religieuses et les mères accueillaient habituellement ces décès comme une bénédiction.Malgré V importance essentielle de trouver un assile pendant leur progresse, certaines patientes se soumettaient difficilement aux conditions qui leur étaient faites. Plusiers réaggissaient soit par une résistance passive soit par des actes de rébellion. Quelques unes épousaient le père de l'enfant mais la plupart devaient subir les conséquences de leur grossesse.