As the financial administration grows in late medieval principalities, the princes seem to be less concerned by their money. But the lack of interest shown by some of them is a political calculation, intended to protect them from a reputation of being a miser and greedy, as the growth of fiscal policies tends to be very unpopular. An investigation on the personal relationship between the prince and his money has to be lead on both cultural and administrative sides of history: it requires an analysis of literary sources as financial, of mirrors of princes and administrative regulations. Princes continue to receive a education in monetary matters: the authors of mirrors of princes alert them to the risk of such a destructive power which could lead them on the path of avarice. The matter is more and more accurate from the 13th to the 15th century, and every author rejects both greed and « wild generosity » (folle largesse) whose effects can be disastrous, leading princes to higher taxes. The prince who despises money and accounts can be a very dangerous one, and some treatises like the « Instruction d’un jeune prince » intend to form a true financial specialist, as long as he is faithful to traditional morality. Therefore, we have to consider the loss of interest shown by some princes as an illusion. It is certain that some of the most tedious work was now escaping their attention (especially the examination of minor accounts): as the time comes for the growth of institution such as chambers of accounts (chambres des comptes), princes seem to use some distance to protect their reputation of misbehaviours in financial matters. But no prince can give up control on that fundamental part of his power. The desire of control on financial issues is persistently observed in sources related to the practical formation received by the princes, and the letters of kings Charles V and Louis XI suggest they were very informed and accurate in that matter and took great interest in the defence of their fortune. It is quite paradoxical to observe that the 15th century, a time of growing bureaucracy, is also characterized by the emergence of the figure of the prince as an expert: during the reign of Louis XII, Charles VII is depicted in the middle of his chamber of accounts, while Louis XI is less and less reluctant to show his interest in money. Such a trend is quite obvious for the dukes of Burgundy, as there seems to be a visible change from Philip the Good, shown as a prodigal man, to Charles the Bold who is described by Georges Chastellain and Olivier de la Marche as a master in financial matters who can counts himself his wealth; by doing so, he is not acting as a greedy man but in order to avoid ruin and its consequences, that is to say more taxes. Those testimonies are far from being insignificant and appear to be rather banal: the poetic work of prince Charles of Orleans is thus riddled with financial allusions, as the poet prince is proud to be able to audit himself the accounts of his officers while he is a captive in England. Even Philip the Good is described by Olivier de la Marche as the one who checks the accounts of honourable and bad deeds of his knights of the Golden Fleece during the holding of the chapter of the order in Ghent in the year 1445. In doing so, he assumes the rather classical metaphor of the « grand chamber of accounts » that awaits everyone in heaven, as everyone is accountable to God., Le développement d’une administration financière considérable à la fin du Moyen Âge semble avoir éloigné les princes de la gestion des finances. En réalité, ce désintérêt parfois affiché est un calcul politique, destiné à protéger le prince d’une réputation d’avare et de cupide, notamment du fait de l’essor d’une fiscalité très mal perçue. La question du rapport personnel du prince à l’argent est à la croisée de l’histoire culturelle et administrative et passe par l’analyse des sources littéraires comme financières, des miroirs des princes et des règlements administratifs. Les princes continuent de recevoir une éducation à l’argent : les miroirs des princes les alertent en particulier sur la mesure qu’ils doivent avoir face à une puissance destructrice capable de les mener sur les voies de l’avarice. Le sujet gagne en importance entre le xiiie et le xve siècle, dénonçant aussi bien la cupidité que la « folle largesse » dont les effets sont désastreux car ils entraînent la hausse des impôts. Le prince dédaigneux de ses comptes est donc un mauvais prince, et certains traités comme l’Instruction d’un jeune prince entendent former un véritable spécialiste des finances tout en conservant le socle moral ancien. Dès lors, la perte d’intérêt parfois affichée par les princes est un trompe-l’œil : certes, une partie du travail le plus fastidieux échappe désormais à leur attention, notamment l’examen des comptes, du moins des plus secondaires. Le temps des institutions et des chambres des comptes semble les dessaisir et les princes jouent de cette idée pour protéger leur réputation lorsqu’on leur demande des comptes. Mais le prince refuse d’abandonner le contrôle sur cet élément essentiel de son pouvoir. La maîtrise des enjeux financiers est d’ailleurs patente si l’on suit la formation empirique reçue par les princes, et les lettres de Charles V comme de Louis XI témoignent de leur connaissance, de leur intérêt, voire de leur goût pour la question. Paradoxalement, le xve siècle si marqué par l’essor bureaucratique voit surgir la figure du prince expert : Charles VII se retrouve ainsi représenté au temps de Louis XII au milieu de sa Chambre des comptes, tandis que Louis XI cache de moins en moins son intérêt pour l’argent. Une tendance similaire se rencontre chez les ducs de Bourgogne, et la rupture semble évidente entre un Philippe le Bon présenté comme dispendieux et Charles le Téméraire, que Georges Chastellain ou Olivier de la Marche nous montrent au fait de toutes les questions financières et effectuant lui-même le compte de ses richesses, non par avarice mais afin d’éviter de pressurer ses sujets. Loin d’être isolées, ces figures apparaissent en fait assez banales : l’œuvre poétique de Charles d’Orléans est ainsi truffée d’allusions financières, et le prince poète se vante d’examiner lui-même ses comptes durant sa captivité anglaise. Même Philippe le Bon est présenté par Olivier de la Marche comme celui qui fait rendre compte de l’honneur des chevaliers de la Toison d’Or lors de la tenue du chapitre de Gand en 1445. Ce faisant, il reprend la métaphore assez classique de la « grand chambre des comptes » qui attend chacun dans le ciel, lorsqu’il devra rendre compte de ses actes devant Dieu.