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International audience; En lançant la production des avions Salmson dans son usine de Montaudran dès 1917, Latécoère donne naissance à l’aéronautique toulousaine. Par la suite, les lignes Latécoère, plus grande compagnie aérienne internationale au début des années 1920, engendrent l’Aéropostale de Mermoz et Saint-Exupéry. Aujourd’hui, ce sous-traitant de premier rang travaille aussi bien pour Airbus que pour Boeing ou Dassault, employant plus de 4000 personnes à travers le monde (République tchèque, Tunisie, Maroc, Mexique, Brésil…), dont la moitié en France. Latécoère participe donc à tous les grands défis de l’aéronautique depuis cent ans. Pionnier dans la traversée de l’Atlantique Sud et dans la construction des hydravions géants, le groupe s’implique ensuite dans l’élaboration des premiers missiles français, puis dans la maîtrise de l’électronique embarquée et des matériaux composites. L’entreprise, d’abord très familiale, expérimente aussi des formes originales de gestion, passant d’un RES (Reprise de l’Entreprise par ses Salariés), en 1989, à une nouvelle recomposition récente de son capital avec les fonds d’investissement américain et luxembourgeois Monarch et Apollo. Le goût de l’aventure et du défi technique apparaît consubstantiel de Latécoère et ce livre en décrit les étapes successives, revenant sur les « glorieux ancêtres » d’avant 1940 tout en insistant sur les multiples expériences des soixante-dix dernières années. Ultime originalité dans l’univers très masculin de l’aéronautique, le groupe est dirigé depuis novembre 2016 par une femme : Yannick Assouad, ancienne directrice générale de la branche Cabin de Zodiac Aerospace. Latécoère, entreprise aéronautique fondée en 1917, est donc l’une des rares pionnières existant un siècle plus tard sous son nom d’origine. C’est pourtant une miraculée, car elle a frôlé à plusieurs reprises une disparition que certains pensaient inéluctable. Après la période de gloire du groupe entre 1917 et 1945, la phase suivante jusqu’en 1985 est marquée par des choix techniques parfois hasardeux dans un contexte de conflits sociaux et politiques. Depuis, malgré de nombreuses difficultés, Latécoère s’affirme comme un sous-traitant majeur dans les aérostructures et arrive à conserver son indépendance grâce à son savoir-faire, à l’engagement de ses salariés et à son fort enracinement historique dans le Sud-Ouest.Ainsi, au-delà de l’ombre tutélaire de son fondateur Pierre-Georges Latécoère, l’entreprise a su se forger une image et une réputation qui constituent aujourd’hui sa force. Son fondateur appartient à la deuxième vague des pionniers de l’aviation, mais ses successeurs ont connu quelques déboires. En effet, aux temps héroïques des inventions et des expérimentations, au sein d’une entreprise familiale dirigée de manière autoritaire par un visionnaire, succèdent les difficultés d’une entreprise malmenée par la conjoncture politique et parfois malheureuse dans ses choix technologiques trop osés. Sa dissolution semble inéluctable à plusieurs reprises selon les médias ou les dirigeants politiques en charge du dossier. Mais, finalement, Latécoère subsiste toujours, et de manière indépendante, malgré plusieurs menaces de nationalisations, de faillites ou de rachats depuis 1936. Nous reviendrons sur la genèse du groupe et sur sa période de gloire entre 1917 et 1945 qui constitue un préalable essentiel à la compréhension de l’enracinement historique de sa vitalité, puis nous traiterons des deux grandes phases suivantes, riches en expériences diverses, en prises de risque et en volonté profonde d’innover. Ce livre comble donc une lacune, car s’il existe de nombreuses publications sur les années vingt ou trente, l’après Deuxième Guerre mondiale demeure mal connu.