Cuif, Anne-Gaelle, Centre d'études supérieures de la Renaissance UMR 7323 (CESR), Ministère de la Culture et de la Communication (MCC)-Université de Tours (UT)-Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), Università degli studi di Torino = University of Turin (UNITO), Université de Tours, Università di Torino, Erminia Ardissino, Chiara Lastraioli, Cuif, Anne-Gaelle, and Università degli studi di Torino (UNITO)
In Dante Alighieri’s work, the notion of "soavità" represents a therapeutical sweetness for the soul as for the intellect. The study of the aesthetic terms belonging to the family of suavis and dulcis in classical Latin and Christian literature allows us to demonstrate the major importance and evolution of two complex notions, which extend from rhetoric to poetry, from philosophy to theology, from medical to musical art. The Italian forms "dolce" and "soave" used in the Italian literary works of the Duecento assimilate the two Latin notions by operating a synthesis of their semantic identity: by associating the profane with the spiritual, the concept of sweetness develops new aesthetical and therapeutical functions and expands the field of physical sensations, emotions and spiritual experiences. Aware of the Latin heritage which makes suavitas one of the main principles of classical rhetoric and Christian spirituality, the author is at the origin of the semantic and conceptual development of “soavità” in the Italian language until Petrarch. The Convivio and the De Vulgari Eloquentia develop the study of a rhetorical and poetical sweetness that Dante applies in the writing of the Comedy; the Purgatory and the Paradise express a sweetness of a higher order, both aesthetical and mystical, which constitutes an antidote against the inexorable harshness and bitterness of the earthly world. The thesis is divided into five parts and includes an introductory chapter which traces the Latin origins and the semantic evolution of suavitas and dulcedo in classical Latin literature and their integration in the Italian literature of Duecento. The first part focuses on the opposition between the terms “amarezza”, “asprezza” and “dolcezza”, “soavità” and their relation to the health and illness of the soul, in particular in Vita Nova and in Hell. The second part deals with philosophical and rhetorical sweetness as remedy for the soul and intellect, but also for poetic language, thanks to the ethics of "soavitade". Following these philosophical and stylistical considerations, the use of the notions of "soavità" and "dolcezza" in the Comedy determines a theological and spiritual significance. Thus, the third part studies the psychagogic function of sweetness in the Purgatory and in particular through the expression of the pedagogical act and the exploration of the sensations and the synesthesias of Eden. This pluri-sensory dimension is the subject of the Paradise of which the anagogical function in the system of spiritual senses is analysed in a fourth part. Finally, it is by the sound and liturgical experiences of Purgatory and by the musical similarities and metaphors of Paradise that sweetness acts as the ultimate medicine for the soul and for the intellect, which develops the fifth and last part of this thesis. Thanks to a new poetic language, nourished by the flavor of images and similarities, Dante operates a healthy intellectual game that explores the field of individual and collective sensations and emotions where music, full of divine love, represents the ultimate "soave medicina"., Dans l’œuvre de Dante Alighieri, la notion de suavité représente une douceur thérapeutique pour l’âme comme pour l’intellect. L’étude préalable des termes esthétiques appartenant à la famille de suavis et dulcis dans la littérature latine classique et chrétienne permet de démontrer l’importance majeure de deux notions complexes qui s’étendent de la rhétorique à la poétique, de la philosophie à la théologie, de l'art médical à l'art musical. Les formes italiennes « soave » et « dolce » employées dans les œuvres littéraires italiennes du Duecento opèrent une synthèse des deux notions latines et de leur identité sémantique : en associant le profane au spirituel, la douceur et la suavité s’enrichissent de nouvelles fonctions esthétiques mais aussi thérapeutiques et développent le champ des sensations physiques, des émotions et des expériences spirituelles. Conscient de cet héritage, Dante est à l’origine de l’expansion sémantique et conceptuelle de la « soavità » dans la langue italienne jusqu’à Pétrarque. Le Convivio et le De Vulgari Eloquentia sont dédiés à l'étude d'une suavité éthique, rhétorique et poétique que le poète applique à l’écriture de la Comédie ; le Purgatoire et le Paradis expriment une douceur d’un ordre supérieur, à la fois esthétique et mystique, qui constitue un antidote contre l’âpreté et l’amertume inexorables du monde terrestre et qui met en jeu le caractère sublime des sensations et des émotions. La thèse s’articule en cinq parties et inclut une introduction qui retrace les origines latines et l’évolution sémantique de la suavité et de la douceur dans la littérature latine classique jusqu’aux emplois en langue italienne dans la littérature du Duecento. La première partie étudie l’opposition entre les termes « amarezza », « asprezza » et « dolcezza », « soavità » et leur relation avec la santé et la maladie de l’âme, en particulier dans la Vita Nova et dans l’Enfer. La deuxième partie traite de la suavité et de la douceur philosophiques et poétiques, considérées comme remèdes de l’âme et de l’intellect, mais aussi du langage poétique grâce à l’éthique de la « soavitade ». Suite à ces considérations philosophiques et stylistiques, l’emploi des notions de « soavità » et de « dolcezza » dans la Comédie détermine une signification spirituelle nouvelle. Ainsi, la troisième partie étudie la fonction psychagogique de la douceur dans le Purgatoire et en particulier à travers l’expression de l’acte pédagogique et l’exploration des sensations et des synesthésies de l’Eden. Cette dimension pluri-sensorielle fait l’objet du Paradis dont on analyse, dans une quatrième partie, la fonction anagogique en relation avec le système des sens spirituels. Enfin, c’est dans les expériences sonores et liturgiques du Purgatoire et dans les images et les similitudes musicales du Paradis que la douceur agit comme ultime médecine de l’âme et de l’intellect, que développe la cinquième et dernière partie de cette thèse. Grâce à une langue poétique nouvelle, nourrie par la saveur des images et des similitudes, Dante opère un jeu intellectuel bénéfique qui explore le champ des sensations et des émotions individuelles et collectives où la musique, empreinte d’amour divin, représente la « soave medicina » par excellence.
