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Comme on le constate à travers plusieurs témoignages écrits, l’accession au trône de León et Castille d’Urraque (1109-1126), succédantà Alphonse VI (1072-1109), fut perçue par ses contemporains comme un fait de nature problématique. Selon la position qu’ils adoptent, les textes historiographiques hispaniques fournissent autant d’arguments et de justifications favorables ou hostiles au rôle politique de la fille d’Alphonse VI. À partir de l'analyse de la liste des femmes d’Alphonse VI dans le Chronicon regum Legionensium de Pélage d’Oviedo et du Liber regum Villarensis, cet article s’intéresse non seulement à la place d’Urraque dans la généalogie des femmes et de la descendance d’Alphonse VI mais tente aussi de montrer comment ces relations généalogiques sont présentées dans chacun de ces textes afin de légitimer ou discréditer la reine de Léon et Castille et, à travers elle, sa propre dynastie.

À travers l’étude de la structure de la chronique, qui révèle la valorisation dans le texte de la succession patrilinéaire, et de l’analyse du récit de la mort des rois, qui permet d’identifier les moyens mis en œuvre par le chroniqueur pour inscrire la mémoire du règne des ancêtres d’Alphonse VI en trois lieux – Oviedo, Saint-Jacques de Compostelle et León –, cet article montre que l’Histoire dite « silensis » fut sans doute composée à Saint-Isidore de León pour légitimer et affirmer le pouvoir de la reine Urraque Ière.