Fabienne DUGAST, ORIENT ET MÉDITERRANÉE : Textes, Archéologie, Histoire (OM), Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (UP1)-École pratique des hautes études (EPHE), Université Paris sciences et lettres (PSL)-Université Paris sciences et lettres (PSL)-Collège de France (CdF (institution))-Sorbonne Université (SU)-Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), Fr. Hamon, D. Poulot, and Dugast, Fabienne
conférence organisée par Fr. Hamon (Univ. Paris IV-Sorbonne)et D. Poulot (Paris I-Panthéon-Sorbonne); National audience; La restauration et l'aménagement des monuments historiques, de quelque époque qu'ils soient, posent de véritables questions. Si les réactions parfois virulentes d'un J. Ruskin en Angleterre (1849), d'un A. Riegl en Allemagne (1903), ou encore en France, du véhément A. Carlier ne relèvent sans doute pas du domaine du réalisable — rien n'est éternel et à moins d'un minimum d'entretien, tout se dégrade —, elles n'en montrent pas moins les limites de toute intervention. Si virulents soient-ils, ces hommes ont eu raison sur un point : toute opération de restauration modifie l'objet qui la subit, toute intervention est facteur de transformation de l'« original », à quelque degré que ce soit. Il s'est agi alors de poser les termes d'une réflexion, non pas sur la manière d'empêcher ou de minimiser même ces transformations, mais sur les conséquences de tout acte de restauration entrepris sur un monument historique et, plus particulièrement, sur la manière de l'intégrer dans une problématique archéologique. Les difficultés en matière d'archéologie s'aggravent en effet avec le « monumental », que l'on veut forcément restaurer, mettre en valeur, voire le plus souvent « réinvestir » dans la vie sociale et urbaine moderne autrement qu'en tant que simple site-musée, site-historique. Or, toute intervention moderne, qui n'appartient pas au temps de l'édification du monument, de sa création, correspond pour l'archéologue à une destruction de son objet de travail — et sinon à une destruction, du moins à une « diversion » qu'il se doit de repérer pour ne pas faire l'erreur de l'intégrer au fonctionnement originel du monument sur lequel il travaille. Deux monuments illustrent parfaitement ce propos : les amphithéâtres antiques d'Arles et de Nîmes, non seulement réinvestis dès la fin de l'Antiquité par les habitants, mais successivement dégagés, restaurés et réaménagés depuis le XIXe siècle à des fins de mise en valeur et d'exploitation, au point que l'on est en droit de se demander aujourd'hui à quoi on a finalement affaire : à des monuments réellement antiques ou à une interprétation — et une interprétation de quoi... Car tout au long des interventions se sont mêlées les notions d'entretien, de restauration et de reconstruction, fondées le plus souvent sur des hypothèses difficilement vérifiables ; puis se sont succédé celles d'aménagement provisoire, de « réactualisation » et d'« écriture architecturale moderne », entraînant pour le moins une situation ambigüe, où l'hypothèse se mêle à l'authentique et est posée comme véritable et où le dispositif moderne envisagé répond à une fausse similitude, jusqu'à mettre le monument en danger.