The Late Neolithic flint industry in the Grand-Pressigny area (Indre-et-Loire, France) is mostly known for the specialised production of long blades from ‘livre-de-beurre’ cores and their spread over long-range supply networks extending beyond the regional framework of the producer culture. While works about the Grand-Pressigny phenomenon rarely focus on the production of flakes, they are frequently identified as used tools in Late Neolithic assemblages, both in the production and diffusion areas. The scale of diffusion of the flakes, their importance on some sites, the somewhat standardized production in large quantities integrated with the knapping of long blades, lead us to wonder whether we might have minimized the role of flakes in the phenomenon. This paper focuses on the management and use of flakes made with flint from the Grand-Pressigny area and shows the indicator potential of their study for a better understanding of the Grand-Pressigny phenomenon and Late Neolithic flint assemblages. The study also considers the contribution of flake analysis to a better understanding of the diffusion network and flint tool management. The diffusion of flakes from Grand-Pressigny area flint is part of a shift in lithic industries during the third millennium BC : domestic productions tend to become simpler while careful retouching becomes more important, especially on tools made from exogenous flint. This study, which only takes into account domestic contexts, covers an area between the Grand-Pressigny workshops in the middle basin of the Loire river (France) and Neuchâtel Lake in Switzerland. The work is based on the results of functional and technological analysis of several hundred flakes made with flint from the Grand-Pressigny area found in workshop area assemblages and 69 flakes from sites in the diffusion area. They are more precisely distributed between seven Late Neolithic assemblages all dated between 2900 and 2400 BC : Bergeresse (Abilly, Indre-et-Loire, France), Le Foulon (Abilly, Indre-et-Loire, France), Les Vignes de Saint-Blaise (Truyes, Indre-et-Loire, France), Les Vaux (Moulins-sur-Céphons, Indre, France), Le Bournadiau (Quinssaines, Allier, France), La Chaume Vieille (Saint-Parize-Le-Chatel, Nièvre, France), Chassey (Chassey-le-Camp, Saône-et-Loire, France), and Bain des Dames (Saint-Blaise, Neuchâtel canton, Switzerland). The analysis also takes into account two other assemblages in which we did not find any imported flakes : La Croix de Saint-Roch (Le Crest, Puy-de-Dôme, France) and Sous-Collachoz (Concise, Vaud canton, Switzerland). Two of the seven assemblages are situated in Abilly, close to Grand-Pressigny workshops, and allow us to document the flakes'' use and management within the production area ; the seven others are receiving-consuming sites, all located in the diffusion area ; they illustrate different steps in the diffusion networks. When flakes were easily available blanks to make tools in the production area, the microwear analysis results are limited to a narrow range of use-wear marks corresponding to specific activities. Thus, we believe that making tools with flakes was part of a tool-kit set-up strategy bringing to light a functional complementarity between all the knapping products ; this is a good example of what M.-L. Inizan called ‘ knapping economy’. The study also revealed three kinds of scenarios in the diffusion area. In a short-range diffusion area, that does not seem to exceed 150 km, flakes made with Grand-Pressigny flint can be the most numerous exogenous tools. The example of the flake stockpile from Bournadiau is a significant indication of the specific management of Grand-Pressigny flint ; it also indicates the particular position of the site within the diffusion networks. In a more distant diffusion area, flakes can represent up to 50% of the imported products. Microwear analysis shows they were used for several tasks on various materials, in the same way as the rest of the tools on the site. Imported flakes could then be managed over the long term, through edge sharpening, in the same way as the daggers and long blades. However, in some of the assemblages we also noted the total lack of imported flakes, while we find many imported long blades. We believe that this is evidence that the site was in a marginal position from the main flow within the diffusion network of Grand-Pressigny flint products., L’industrie lithique de la fin du Néolithique dans la région du Grand-Pressigny (Indre-et-Loire), est essentiellement connue pour la production de grandes lames à partir des nucléus «livre de beurre » , et leur diffusion sur un large territoire. Rarement mis en valeur par les recherches sur le phénomène pressignien, on signale pourtant fréquemment la présence et l’utilisation d’éclats en silex du Turonien supérieur de la région du Grand-Pressigny dans les assemblages du Néolithique final, aussi bien dans l’aire de production que dans l’aire de diffusion. L’ampleur de la diffusion des éclats, leur importance dans certains sites, leur production relativement standardisée, en grande quantité et intégrée à celle des grandes lames nous amènent à nous demander si nous n’avons pas minimisé leur rôle au sein du phénomène pressignien. Ce travail s’intéresse donc à l’utilisation et la gestion de ces éclats en silex du Grand-Pressigny et montre le potentiel heuristique de leur étude, pour la compréhension du phénomène pressignien et des assemblages lithiques de la fin du Néolithique. Il s’interroge aussi sur l’apport de la prise en compte des éclats importés pour comprendre la structuration des réseaux de diffusion et les modalités de gestion de l’outillage lithique. La circulation des éclats en silex du Grand-Pressigny s’inscrit dans un phénomène de transformation des industries lithiques au cours du troisième millénaire : les productions domestiques se simplifient au profit d’une gestion par la retouche soignée des produits importés. L’étude, qui ne prend en compte que les contextes domestiques, porte sur une zone qui s’étend de l’aire de production, dans la région de confluence entre la Claise et la Creuse, aux rives du lac de Neuchâtel en Suisse. Le travail se fonde sur les résultats de l’analyse techno-fonctionnelle de plusieurs centaines d’éclats en silex du Turonien supérieur issus d’ensembles de l’aire de production dans la région du Grand-Pressigny, et de 69 éclats en silex du Turonien supérieur de la région du Grand-Pressigny provenant d’ensembles de l’aire de diffusion. Ils sont plus précisemment répartis entre sept ensembles lithiques dans la zone considérée et datés entre 2900 et 2400 av. J.-C. Mais l’analyse prend aussi en compte l’étude de deux autres ensembles dont les assemblages sont dénués d’éclats importés. Deux des ensembles étudiés se situent dans la région du Grand-Pressigny et documentent la gestion et l’utilisation des éclats au sein de l’aire de production ; les sept autres sont tous des sites récepteurs de l’aire de diffusion qui se situent à différentes étapes de la diffusion. Les résultats de cette étude montrent que dans l’aire de production, alors que les éclats sont des supports très disponibles, l’éventail des stigmates reconnus sur les outils sur éclats est relativement limité et semble correspondre à des activités spécifiques. Les outils sur éclat intègrent donc une stratégie de constitution de l’outillage qui met en avant une certaine complémentarité fonctionnelle des différents produits et sous-produits du débitage «livre de beurre » et de débitages plus simples ; nous sommes ici en présence d’une véritable économie du débitage, tel qu’avait été proposé le concept par M.-L. Inizan. Dans l’aire de diffusion, trois cas de figure ont été mis en évidence. Dans une aire de diffusion régionale, qui ne semble pas dépasser une distance de 150 km des ateliers, les éclats en silex du Turonien supérieur de la région du Grand-Pressigny peuvent être les importations les plus nombreuses. L’exemple de la réserve d’éclats du Bournadiau est significatif de la gestion spécifique des produits pressigniens et elle signale une situation particulière du site au sein du réseau de diffusion. Dans l’aire de diffusion plus lointaine, les éclats peuvent représenter jusqu’à 50 % des importations pressigniennes. L’étude tracéologique montre alors qu’ils servent pour des activités et sur des matières d’oeuvre très variées au même titre que le reste de l’outillage. Les éclats importés peuvent alors faire l’objet d’une gestion sur le long terme par le biais de retouche des tranchants de la même façon que les poignards et les grandes lames. Dans l’aire de diffusion lointaine, on note toutefois l’absence d’éclats pressigniens au sein de certains assemblages, alors que les grandes lames importées sont nombreuses ; cette configuration marque, selon nous, une situation particulière du site en marge du flux principal d’approvisionnement régional en produits pressigniens., Linton Jimmy. Gestion et utilisation des éclats en silex du Grand-Pressigny au Néolithique final entre l’aire de production et le lac de Neuchâtel. In: Bulletin de la Société préhistorique française, tome 111, n°2, 2014. pp. 291-305.