1. Anomalies de la matière grise en lien avec la dépression, l'anxiété et la somnolence dans le trouble comportemental en sommeil paradoxal
- Author
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Bourgouin, Pierre-Alexandre
- Subjects
- Trouble du comportement en sommeil paradoxal, Dépression, Anxiété, Somnolence, Pathophysiologie, Neuro-imagerie, Atrophie cérébrale, Maladie de Parkinson, Maladie des corps de Lewy
- Abstract
Le trouble comportemental en sommeil paradoxal idiopathique (TCSPi) est un trouble du sommeil caractérisé par la perte de l’atonie musculaire lors du sommeil paradoxal. Le TCSPi est également considéré comme un prodrome des synucléinopathies, dont la maladie de Parkinson (MP) et la démence à Corps de Lewy (DCL). Les patients ayant un TCSPi présentent des anomalies de la matière grise à l’imagerie par résonance magnétique qui corrèlent avec les déficits moteurs et cognitifs. Bien que les déficits moteurs et cognitifs aient reçu davantage d’intérêt dans les dernières décennies, plusieurs auteurs reconnaissent l’importance d’une grande variété d’autres symptômes prodromaux dans la MP et la DCL, dont la dépression, l’anxiété et la somnolence diurne excessive. Bien que ces symptômes soient fréquents chez les patients ayant un TCSPi, aucune étude ne s’est intéressée aux anomalies morphologiques de ces symptômess dans le TCSPi. L’objectif général de cette thèse est de mieux comprendre les anomalies morphologiques cérébrales chez les patients ayant un TCSPi et présentant de la dépression, de l’anxiété, et de la somnolence diurne excessive (SDE). Nous avons recruté 59 patients ayant un TCSP confirmé par polysomnographie et 41 sujets sains. Tous les participants ont complété un examen d’imagerie par résonance magnétique et les questionnaires auto-rapportés suivants : l’inventaire d’anxiété de Beck (BAI), l’inventaire de dépression de Beck (BDI-II), et l’échelle de somnolence d’Epworth (ESS). Plusieurs techniques d’analyse morphologique ont été employées, incluant la morphométrie basée sur les voxels (VBM), basée sur la déformation (DBM) et basée sur la surface (SBM). Des modèles linéaires généralisés incluant le score total aux questionnaires comme variable indépendante ont été effectués. L’âge, le sexe, l’éducation, le volume intracranial total, la présence d’un trouble cognitif léger et la durée du TCSPi étaient ajoutés comme covariables lorsque pertinents. Les patients ayant un TCSPi étaient également subdivisés en sous-groupe selon l’atteinte d’un seuil cliniquement significatif aux questionnaires, et ces groupes étaient utilisés dans des analyses complémentaires. L’étude 1 avait pour objectif de recenser la littérature concernant la neuroimagerie chez les patients ayant un TCSPi. Les résultats mettaient en lumière que les patients ayant un TCSPi présentent sur divers techniques en neuroimagerie des anomalies cérébrales autant structurelles que fonctionnelles, et qui s’apparentent à celles retrouvées dans les synucléinopathies. Ces résultats confirment ainsi la pertinence de nos deux études empiriques. L’étude 2 visait à étudier les anomalies morphologiques chez les patients ayant un TCSPi associées à 1) les symptômes dépressifs au BDI-II, et 2) les symptômes anxieux au BAI. Des analyses VBM ont été employées sur 46 patients ayant un TCSPi et 31 sujets sains. Les résultats montrent que 1) la sévérité des symptômes dépressifs était associée à une diminution des volumes de matière grise au niveau du noyau caudé droit et des régions corticales postérieures et 2) la sévérité des symptômes anxieux était associée une diminution des volumes de matière grise au niveau de l’amygdale gauche. Les comparaisons de groupe viennent appuyer les atteintes morphologiques identifiées pour la dépression et l’anxiété. L’étude 3 visait à étudier les anomalies morphologiques chez les patients ayant un TCSPi associées à la somnolence diurne excessive. Des analyses SBM et DBM ont été employées auprès de 49 patients ayant un TCSPi et 19 sujets sains. Les résultats montrent que la sévérité de la somnolence à l'ESS corrèle avec la contraction de la surface des thalamus et du putamen gauche chez les patients ayant un TCSPi. De façon similaire, les patients ayant un TCSPi avec SDE différaient au niveau de la forme des thalamus et du putamen gauche en comparaison avec les sujets sains, ce qui n’était pas le cas des patients ayant un TCSPi ne rapportant pas de SDE. En résumé, nous montrons que les symptômes psychiatriques et la somnolence sont rattachés à des atrophies des régions corticales et sous-corticales spécifiques aux symptômes présentés dans le TCSPi. Ces travaux permettent de mieux comprendre les bases neuroanatomiques des symptômes variés dans la phase prodromale des synucléinopathies. Ils ouvrent la voie au développement de nouveaux marqueurs afin de suivre l’évolution des symptômes et leurs réponses face aux futurs traitements de neuroprotection lorsqu’ils seront prêts pour les essais cliniques. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Trouble comportemental en sommeil paradoxal, maladie de Parkinson, démence à corps de Lewy, anxiété, dépression, somnolence diurne excessive, neuroimagerie
- Published
- 2024