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L’autopsie est un acte médical complexe, historiquement à la source de la police technique et scientifique, basé pour l’essentiel sur l’observation et les constatations de deux praticiens de l’art. À l’instar d’autres disciplines de la criminalistique, il n’échappe pas au besoin de démonstration, d’illustration, de traçabilité, de transparence et de contradiction, et ce, alors même que l’environnement dans lequel il se déroule est par nature peu propice à l’échange. Dans l’esprit des recommandations européennes mais également des critères d’accréditation des services de médecine légale en Europe, nous avons imaginé un concept audiovisuel basé sur un système de caméras, microphones et enceintes placés en salle d’autopsie et dans une salle déportée propre. Cet équipement que nous avons nommé système de suivi et d’assistance à l’autopsie (SSAA) autorise des échanges entre l’ensemble des acteurs de l’acte autopsique (médecin légiste, enquêteur, magistrat, secrétaire médical…) tout en respectant les contraintes d’exercice et les exigences de chacun. Pour le médecin légiste, il s’agit de lui permettre l’exploitation en salle des données du scanner postmortem et le contrôle en temps réel des clichés photographiques, ainsi que de lui garantir la qualité et la fiabilité des notes prises sur une trame normalisée. Pour les autres acteurs, le système leur offre la possibilité de suivre l’ensemble des opérations techniques de manière plus précise, et ce, en s’affranchissant des contraintes d’hygiène, voire d’insalubrité. Enfin, pour l’enquête et la Justice, l’enregistrement audio et vidéo de l’acte autorise une exploitation à distance dans le cadre d’expertises complémentaires, voire de contre-expertises.

La Guyane française est une plateforme tournante du trafic aérien de cocaïne à destination de la Métropole. Les passeurs appelés « mules » transportent la cocaïne par voie extra ou intra-corporelle, l’ingestion de cocaïne sous forme de boulettes ou d’ovules étant appelée « body-packing ». Le body-packing est un phénomène très fréquent et sa détection fait partie intégrante de l’activité médico-légale guyanaise. Les trois principales complications du transport in corporesont l’intoxication aiguë par rupture d’une boulette, l’occlusion intestinale aiguë et la perforation intestinale. En Guyane, la majorité des boulettes de cocaïne étant de fabrication micro-industrielle, la morbi-mortalité rapportée dans la littérature est extrêmement faible. Nous présentons cependant un cas rare d’intoxication aiguë mortelle à la cocaïne, survenue chez un jeune homme ayant ingéré des boulettes de type micro-industrialisées. Ce trafic de cocaïne représente un enjeu important en termes de santé publique, socio-économique, et d’ordre public. Ainsi, une sensibilisation des professionnels et des actions de prévention semblent fondamentales auprès de nos populations les plus précaires pour faire face à ce phénomène en constante augmentation.