TABLE DES MATIÈRES La réforme des dispositions sur le harcèlement psychologique dans la Loi sur les normes du travail: l'appel à une plus grande sensibilité au genre sera-t-il entendu? Par [...], en 2018, des amendements apportés à la Loi sur les normes du travail [ci-après <>] du Québec modifient la définition du harcèlement psychologique pour y inclure explicitement le harcèlement à caractère sexuel. Ils importent certains aspects d'un paradigme juridique basé sur le droit à l'égalité au régime de la LNT qui, jusqu'alors, n'était basé que sur le paradigme du droit à la dignité. En quoi ces amendements sont-ils susceptibles de bonifier le recours à l'encontre du harcèlement psychologique pour les victimes de harcèlement sexuel? Cet article rapporte les résultats d'une étude empirique des décisions (2004-2018) portant sur les plaintes pour harcèlement psychologique alors que les faits traduisent une situation de harcèlement sexuel. Il révèle que les amendements pallient certains obstacles rencontrés par les personnes qui portent plainte pour harcèlement psychologique mais que d'autres risquent de persister, entraînant le rejet de plaintes même lorsque le harcèlement sexuel a été prouvé. Par ailleurs, l'étude souligne quelques avantages de ce recours en comparaison avec celui de la Charte des droits et libertés de la personne: des délais plus courts pour le traitement des plaintes, ainsi que la possibilité de déposer en même temps une plainte à l'encontre d'un congédiement injuste ou d'une pratique interdite en vertu de la LNT. Les amendements confirment la mission de la Commission des normes, de l'équité salariale et de la santé et de la sécurité du travail et du Tribunal administratif du travail dans la mise en oeuvre des droits des personnes salariées à un milieu de travail exempt de harcèlement psychologique, y compris celui à caractère sexuel. Ils représentent également un appel du législateur à une plus grande sensibilité au genre dans la mise en oeuvre de la LNT par ces institutions. in 2018, amendments to Québec's Act Respecting Labour Standards modified the definition of psychological harassment to explicitly include sexual harassment. The amendments imported certain aspects of the right to equality under the Charter of Human Rights and Freedoms into a labour standards regime that previously had been solely based on the right to dignity at work. To what extent might these amendments improve recourse for victims of sexual harassment at work when they file a complaint for psychological harassment? This article reports on an empirical study of decisions (2004-2018) on psychological harassment where the facts amount to sexual harassment. It finds that certain obstacles encountered by psychological harassment claimants may be mitigated by the amendments. However, others are unaffected, and may continue to lead to rejection of complaints even when sexual harassment has been proven. The study nonetheless illustrates some advantages of a claim for psychological harassment: quicker complaint processing as well as the possibility of filing a complaint for unfair dismissal or prohibited practices under the Act Respecting Labour Standards. The amendments confirm the Commission des normes, de l'équité salariale et de la santé et de la sécurité du travail and the Administrative Labour Tribunal's mandate to enforce employees' rights to a work environment free from psychological harassment including harassment of a sexual nature. They also represent a signal from the legislator that these institutions could show more sensitivity to gender issues in implementing the Act Respecting Labour Standards' provisions on psychological harassment.