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Travail personnel d’étude et de recherche en paysage. Les jardins partagés, l'une des déclinaisons de la notion de jardin collectif, connaissent un réel développement dans les métropoles contemporaines. Issus, à l'origine, d'initiatives citoyennes marginales, ils sont l'objet actuellement d'une certaine forme d'institutionnalisation. Cette reconnaissance officielle de leurs bienfaits sociaux et environnementaux dans la perspective d'une transition écologique à laquelle les municipalités sont de plus en plus sensibles, n'est pas sans incidence sur la genèse, la gestion et le devenir des jardins partagés. L'auteur s'attache à montrer dans ce mémoire, à la fois la complexité des enjeux, relevant la fabrique de la ville aujourd'hui, et la variétés des réalisations relevant d'initiatives et de motivations diverses. À travers la pluralité des expériences révélées par l'étude de cas concrets pris dans la métropole bordelaise, l'auteur entend proposer une synthèse de la problématique des jardins partagés à destination des différents acteurs concernés, au premier rang desquels le paysagiste apparaît comme un accompagnateur de projet incontournable.

En 2019, pour la première fois depuis 2013, le nombre de mineurs isolés étrangers demandant protection en France se stabilise et une légère baisse des personnes déclarées MNA est enregistrée : 16 760, soit un retrait de 1,5% par rapport à l’année précédente. Toutefois, leur prise en charge demeure une préoccupation majeure des acteurs politiques et associatifs, au niveau national comme dans les territoires. (…) Les jeunes issus de l’Afrique sub-saharienne présentent des caractéristiques communes à tous les autres mineurs isolés, telles que des causes et des projets migratoires multifactoriels, des expériences de la migration diversifiées, ou encore des niveaux d’éducation très hétérogènes. Mais ils présentent aussi des particularités propres à leur situation et à leur condition, en particulier la difficulté d’apporter la preuve de leur état civil dans une région du monde où quatre enfants de moins de 5 ans sur dix n’ont jamais été enregistrés à la naissance, ainsi que l’illusion de la maîtrise linguistique dans la mesure où beaucoup d’entre eux proviennent de pays francophones. Ces situations singulières en font des populations particulièrement vulnérables, tant en matière de reconnaissance institutionnelle de leur minorité que d’accès à l’éducation et à la scolarisation. Les problématiques auxquelles font face ces jeunes à leur arrivée en France sont de plusieurs ordres. En premier lieu, leur situation légale avec la reconnaissance institutionnelle en tant que MNA qui leur confère la protection de l’aide sociale à l’enfance (ASE). La demande puis l’obtention éventuelle du statut de MNA permettent l’accession à des droits sociaux, en particulier en matière de protection sociale et sanitaire. Ce sont ces conditions sociales qui ont retenu toute notre attention dans cette étude : c’est-à-dire la façon dont les droits sociaux s’appliquent ou non aux mineurs isolés étrangers, leurs expériences en la matière, ainsi que leur accompagnement par une multiplicité d’acteurs institutionnels, associatifs, professionnels ou bénévoles. Ainsi, il nous a semblé particulièrement pertinent de coupler éducation et alimentation afin de mieux saisir les pratiques et les représentations des acteurs qui ont en charge le suivi de ces jeunes. En effet, si depuis longtemps des réseaux associatifs se sont inquiétés de la scolarisation des mineurs isolés, celle de leur accès à l’alimentation est restée un point aveugle tant dans le milieu associatif bordelais qu’au sein même du travail social. Dans les deux cas, l’étude proposée ici permet d’interroger la place accordée, sur le territoire girondin, à l’étranger quand il est mineur et à quelle citoyenneté il peut prétendre ou pas. Par ailleurs, du point de vue des bénévoles et des professionnels, ces deux éléments permettent aussi de mettre en évidence les paradoxes dans lesquels ils sont pris lorsque les collectivités locales se défaussent de leurs prérogatives, notamment relatives à la mise à l’abri et au droit à l’éducation.

Finance solidaire, habitat partagé, régies de quartier, Scop, coopératives d’entreprises, commerce équitable, entreprises d’insertion, entreprises adaptées, associations culturelles, etc. Les organisations d’économie sociale et solidaire ont en commun : de compter sur l’organisation collective plutôt que sur des solutions individuelles/libérales (1.1) - d’où l’intérêt pour les animatrices qui interagissent avec des groupes ; et de résister au fatalisme en revendiquant le respect de valeurs,...

Cet ouvrage a été écrit à l'intention des futures animatrices professionnelles par un enseignant chercheur et deux enseignantes-chercheuses en sciences économiques qui se sont retrouvées autour d'une même conviction : l’éducation à l’économie sociale et solidaire (ou ESS) des futures professionnelles du secteur renforce la visée émancipatrice de la fonction d’animation. La mission professionnelle des animatrices consiste principalement à mettre en place des activités d'intérêt social dans les...

Nous avons souhaité montrer dans ce livre que l’animation socioculturelle pouvait s’inscrire dans une éducation à l’ESS politique visant un développement de l’esprit critique des citoyens sur l’économie. Qu’elle passe par de la sensibilisation à des modes alternatifs de consommation, d’épargne, d’échanges et de production, par de l’accompagnement des jeunes à la création de structures d’ESS, par l’animation de systèmes d’échanges locaux, de cafés associatifs et coopératifs, de jardins partagé...

Admettons que je sois animatrice socioculturelle, que ce soit l’univers « chaud » de l’animation qui m’attire et que je défende un modèle de société basé sur une économie plus humaine, plus responsable, plus collective, plus solidaire, bref, une économie sociale et solidaire… Je fais quoi ? Ce troisième chapitre, construit à partir d’entretiens d’animatrices et d’expériences pédagogiques concrètes menées en DUT Carrières Sociales, donne quelques clés sur la place de l’animation dans ce champ ...

En théorie, l’ESS consiste à agir collectivement pour transformer la société, à « entreprendre » conformément à des valeurs pour trouver des réponses à des problématiques socioéconomiques comme la protection sociale, le commerce équitable local et international ou encore l’accueil des réfugiés. Pour nous, la convergence de l’animation avec l’ESS est évidente et il nous paraît primordial de former les animateurs à l’ESS afin de favoriser la multiplication de ces initiatives citoyennes dans un ...

Au cours des six mois du stage, j'ai intégré le service vie associative et action socioculturelle de la ville de Saint-Herblain. La mission du stage concernait l'élaboration d'outils de suivi et d'évaluation de l'action socioculturelle. Mais la problématique du mémoire concerne elle la réorganisation du domaine socioculturel à Saint-Herblain. Cette étude qualitative s'intéresse aux effets de la réorganisation sur les professionnels de l'animation socioculturelle. À travers ce stage, j'ai découvert le domaine socioculturel dans une ville française de taille moyenne. J'ai également pu échanger avec les agents du service public sur leur activité professionnelle. Le domaine socioculturel est principalement associatif en France. À Saint-Herblain la situation est différente car le secteur socioculturel obéit à une convention tripartite entre la Caf (organisme d'allocations familiales), la ville de Saint-Herblain et une association socio-éducative et culturelle. Les acteurs de l'action socioculturelle travaillent donc pour la ville et non pour l'association depuis la réorganisation. La ville a municipalisé les professionnels des quatre centres socioculturels. Les relations entre la ville et les associations doivent être repensées pour un bon environnement pour les travailleurs et les usagers des centres. À l'aide des quatorze entretiens réalisés pendant le stage, je dois comprendre comment améliorer la situation du secteur socioculturel à Saint-Herblain pour les professionnels et le public.

5.1 Les paysages de l’animation socioculturelle Le premier chapitre a tracé pour ainsi dire la carte topographique de l’animation socioculturelle. Or, une carte n’est autre qu’une représentation abstraite, à des fins d’orientation, d’un paysage réel. Elle renseigne sur la nature du terrain, en décrit la déclivité, localise les forêts, les fleuves, les routes et les sentiers. L’abstraction rejoint la réalité dès que nous avançons sur le terrain, dès qu’il nous faut agir. La carte permet de nou...

L’animation socioculturelle s’est fait une place en tant que troisième pilier du travail social, à côté de l’éduction spécialisée et du service social. Le présent ouvrage témoigne de l’extension récente de cette profession dans une société en mutation rapide ainsi que de sa capacité à se donner des fondements théoriques propres. Il permet de dégager les lignes de force d’une compréhension sociologique du changement social. Placés à un carrefour culturel privilégié, les auteurs mettent en évidence cette évolution en se référant aussi bien à la situation française – dans laquelle l’animation, issue de l’éducation populaire, a de profondes racines – qu’aux situation allemande et hollandaise, dans lesquelles des formes inédites de travail socioculturel sont apparues. In fine les auteurs portent le débat dans le contexte suisse, qui a sa propre tradition. L’apport majeur de cet ouvrage collectif est la présentation complète d’un modèle d’intervention spécifique à l’animation, notamment à travers un examen approfondi des méthodes de participation et de médiation. Un large éventail d’expériences menées sur le terrain et dans les formations (principalement en Suisse) est présenté dans l’ouvrage dont le champ de la pratique saura s’inspirer.

L’objet d’analyse et son contexte Le contenu de cet ouvrage s’appuie sur une recherche appliquée (DORE/FNS) aspirant à l’analyse et à la visibilité des pratiques professionnelles des travailleurs sociaux hors murs (TSHM). Le projet a été élaboré à partir de concepts classiques de l’analyse du travail, soit la différenciation entre travail prescrit et travail réel. L’Homme au travail est en prise avec des juxtapositions, voire des contradictions, posées par les différents concepteurs d...

L’évolution des constructions théoriques a en quelque sorte suivi le cours des transformations sociales. Dans le formidable élan de reconstruction qui a suivi la Seconde Guerre mondiale, chacun ou presque envisageait l’avenir avec optimisme et personne ne se risquait à remettre en question le progrès technique et ses promesses de lendemains meilleurs. A la faveur de cette vision positive et réaliste du monde est née, dans les sciences sociales et les sciences de l’éducation, une approche scie...

A ce stade de la recherche, nous pouvons relever la complexité de l’agir repérée qui ouvre de nombreuses pistes de réflexions. Nous nous arrêterons sur quelque-unes qui nous sont apparues révélatrices et significatives de l’activité des travailleurs sociaux hors murs de la Délégation à la jeunesse. A partir de l’étude des textes prescriptifs et de l’observation des pratiques, nous avons relevé la difficulté, pour les professionnels, de faire face et de prendre en compte des prescriptions cont...

En 1998, on s’en souvient, la presse annonçait que le Club Méditerranée, vaisseau amiral de l’animation à vocation commerciale, allait faire l’objet d’une restructuration. C’est que son offre, caractérisée jusque-là par un mode d’hébergement sommaire et des activités peu différenciées selon les catégories de clients, n’était plus dans l’air du temps ; elle ne cadrait tout simplement plus avec notre société plus individualiste et plus individualisée. Voici ce qu’écrivait le quotidien zurichois...

Cette contribution se propose en premier lieu d’éclairer sous l’angle historique le contexte culturel propre à la France dans lequel s’est forgé et a évolué le terme d’animation socioculturelle, puis d’en présenter les institutions, les personnes et les actions qui s’en réclament. Elle s’arrêtera aussi des courants similaires qui ont traversé d’autres pays, plus particulièrement ceux de langue allemande. L’analyse se centre principalement sur les trente dernières années. 2.1 Origines ...

1.1 Introduction En 1975, Henry Ingeberg intitulait un chapitre d’une brochure de l’Unesco « L’animation socioculturelle omniprésente et introuvable ». Le titre en dit long puisqu’il annonce d’entrée de jeu que l’animation est un phénomène qui n’entre dans aucun champ traditionnel clairement circonscrit (la science, les institutions, la politique) et qui se manifeste sous les formes les plus diverses. L’absence de contours précis tient à de multiples facteurs et nous en examin...

Trois projets pour appréhender le travail réel Pour éclairer ce passage entre les différentes injonctions et prescriptions liées à la mission de TSHM et leur travail réel sur leurs terrains, nous nous sommes centrés sur trois actions et projets de la Délégation à la jeunesse (DEJ). Ces notions d’action et de projet apparaissent d’emblée comme centrales dans l’activité des travailleurs sociaux de la DEJ. Les collaborateurs de la Délégation ne nous ont pas proposé de travailler sur un quartier,...

6.1 L’importance de la méthodologie de projet « Les pieds dans la boue, la tête dans les étoiles » : pour Gillet, cette image forte que l’on doit à un étudiant en animation pointe parfaitement la notion de projet. Les métaphores simplifient les choses, elles les schématisent tout en ouvrant un espace à l’interprétation. L’image proposée offre indéniablement plusieurs lectures : elle peut signaler que la notion de projet est propice aux visions et aux rêves et que la réalité se charge de ramen...

L’identification des différents genres de textes Une première démarche exploratoire nous a permis d’identifier un corpus de textes significatifs pour le champ du travail social hors murs genevois. Contre toute attente, et bien que le travail social hors murs soit une forme de travail social récente à Genève, nous avons rapidement été en mesure d’identifier un nombre important d’écrits. Une partie de ces textes nous a été proposée par les travailleurs sociaux eux-mêmes, il s’agissait essentiel...

Analyse du travail Pourquoi s’intéresser au travail, alors que de très nombreux discours et ouvrages scientifiques se sont penchés sur cette thématique depuis des décennies ? En quoi serait-il toujours énigmatique, digne de captiver des chercheurs et des enseignants ? Aujourd’hui il est reconnu que les savoirs académiques ne peuvent à eux seuls signifier les réalités complexes. Il est donc admis que les connaissances sur les savoirs pratiques sont indispensables à une compréhension fine des a...

Au terme de cette analyse, nous pouvons émettre une nouvelle hypothèse inscrivant des forces traversant l’action parfois paradoxales exogènes et endogènes agissant de manière explicite et implicite. Une des forces principales étant les modes de vie et codes des jeunes (verbaux et posturo-gestuels). Le travail social hors murs se construit également à partir de l’activité, dans le cours de l’action, se devant de réguler dans l’imprévu des interactions agissantes. L’irrégularité devenant peut-ê...

Quiconque conduit des projets est amené à s’interroger sur la qualité de son travail. Les objectifs assignés au projet ont-ils été atteints ? Qu’en est-il de la satisfaction des participants ? A-t-on fait un usage bien réfléchi et optimal des moyens disponibles ? Des questions, évoquées déjà au chapitre 6, que l’on serait tenté d’écarter sous prétexte que l’animation est faite d’action pratique, qu’il ne s’agit pas d’élaborer des théories alambiquées. Ne prête-t-on pas aux bons animateurs un ...

Cet ouvrage propose d’explorer les liens qui existent entre l’économie sociale et solidaire (ESS) et l’animation professionnelle, avec la conviction qu’elles partagent des objectifs communs d’émancipation des personnes et de transformation sociale. Pour le lecteur et la lectrice néophytes, il permet une familiarisation avec le champ de l’ESS, comme organisation économique collective démocratique et a-capitaliste. Sa proximité avec l’éducation populaire est observée à travers une approche historique et une analyse de dynamiques actuelles de l’animation. Au fil des pages, on y découvre que l’animation socioculturelle peut s’inscrire dans une éducation à l’ESS politique visant un développement de l’esprit critique des citoyens et un renouveau des pratiques économiques. En soulignant l’enjeu de former les animateurs et les animatrices à l’ESS, cet ouvrage est destiné aux étudiants, enseignants, formateurs et professionnels du champ en espérant nourrir leurs convictions, leurs pratiques... et leurs utopies !

À travers des données empiriques collectées durant une enquête ethnographique dans un séjour de vacances, cet article propose une analyse située des relations entre les jeunes accueillis en suivant les travaux de la sociologie de l’enfance anglosaxonne. Alors qu’ils cohabitent pendant quelques jours dans un contexte séparé de leurs quotidiens, l’encadrement peut être mis à l’épreuve alors qu’il partage une même culture juvénile avec les encadré·es. Cet article explore ainsi les arrangements en situation autour d’une frontière d’âge floue et labile, qui peut être traversée et transgressée mais aussi réaménagée et réaffirmée.

« Jeune, qui que tu sois, cette Maison est ta maison. » Cette devise de l’Office municipal de la jeunesse de Caen, la FFMJC et les Maisons affiliées, l’avaient faite leur. Elle figurait au dessus de la porte de certaines MJC de la fin des années cinquante : preuve que des trois termes, Maisons, Jeunes et Culture, le premier n’était certainement pas le moins important. Maison, la MJC était avant tout un lieu spécifique. Si, sur le plan juridique, l’appellation MJC renvoyait à une personne mora...

L’année 1965 fut sans doute la plus belle pour les MJC et leur fédération. L’État leur marquait sa confiance et beaucoup se plaisaient à souligner l’excellence des rapports qui unissaient la fédération à Maurice Herzog. La FFMJC avait pu réaliser certaines ambitions trop longtemps différées, comme la mise en place de stages pour ses directeurs. Plus que toute autre fédération, elle incarnait lacogestion avec l’État qui avait prévalu depuis 1959. La création du FONJEP l’avait certes divisée, m...

« Une salle aménagée par les usagers eux-mêmes, gérée par eux, […] tout cela constituant l’embryon d’une propriété collective destinée à la joie commune. Au club, on viendra d’abord pour lire, pour se distraire, pour jouer, pour réunir la chorale, pour préparer une fête, pour organiser la sortie du dimanche ou les vacances heureuses. On y viendra, ensuite, pour échanger, sans contraintes, les fruits des expériences différentes. Le mineur et l’artisan, le maçon et l’employé, l’instituteur et l...

« Au revoir M. Herzog, bienvenue M. Missoffe. […] Après sept années d’exercice, Monsieur Herzog nous quitte […] : une période de collaboration souvent amicale entre le ministère et les associations. Nous ne doutons pas que la même collaboration, que la même confiance s’établiront avec M. Missoffe et nous lui présentons en tout cas, tous nos vœux de réussite. » L’éditorial du magazine fédéral de janvier 1966 saluait ainsi le départ de Maurice Herzog et l’arrivée de François Missoffe à la tête ...

Les directeurs professionnels des MJC ne se sont jamais reconnus dans le terme « animateur ». Ils lui préférèrent celui d’« éducateur populaire » ou, alors que la non-directivité triomphait, celui de « directeur ». À travers ces questions de vocabulaire, l’identité de leur corps professionnel était en cause. Celui-ci formait, de loin, le premier ensemble d’éducateurs populaires ou d’animateurs des années soixante, en raison de la précocité de la professionnalisation des MJC par rapport aux fo...

La victoire de nombreuses listes de gauche aux élections de mars 1977 s’est accompagnée d’une plus grande attention portée aux questions culturelles, qui avaient parfois même été au centre des campagnes électorales. Loin cependant de régler la question des rapports entre MJC et municipalités – comme cela avait été rêvé – le basculement de nombreuses villes à gauche s’accompagna d’ajustements difficiles. Dans les villes moyennes surtout, les MJC perdaient de leur légitimité, tandis qu’elles de...

Aucun autre lieu aujourd’hui n’évoque, sans doute, autant les années post-68 que les MJC, à tel point qu’il est difficile de faire admettre que leur histoire ne se limite pas à cette période, ni à quelques interminables débats, inévitablement enfumés et fumeux… « Pétards », fromage de chèvre, tissage et pulls tricotés main… parachèvent habituellement la caricature. Celle-ci reflète une part de vérité, mais la réalité valait mieux que la caricature. Suivre, pendant une décennie, ce qu’une Mais...

1966-1969 : quatre années seulement, mais quatre années d’une histoire riche pour les MJC et leur fédération. Les conflits qui les secouèrent, de l’après-mai 1968 à 1969, et qui localement pouvaient d’ailleurs ne pas être totalement achevés, révélaient bien des aspects de leur évolution depuis le milieu des années soixante. Le conflit avec le secrétariat d’État sous Joseph Comiti n’avait fait qu’aggraver une dégradation des relations commencée dès le début de l’année 1966. En cela il devait a...

Les Français se sont brusquement aperçus dans le courant 1959 qu’il existait une jeunesse en France et qu’il serait temps de s’en occuper […] Grâce soit rendue aux « blousons noirs » pour ce service rendu à l’ensemble de la jeunesse. Cette affirmation est partiellement inexacte. Si les blousons noirs firent bien l’actualité médiatique de l’été 1959, l’attention du public avait déjà été attirée vers la jeunesse depuis quelque temps déjà : la presse y avait contribué avec la célèbre enquête de ...

Hors les murs, les MJC des années soixante-dix l’étaient doublement car elles ambitionnaient de rayonner sur l’ensemble de la cité. Leurs animations de rue symbolisaient cette volonté d’ouverture. Plus largement, les MJC concevaient leur rôle comme une forme de contre-pouvoir face aux municipalités : force de proposition dans le domaine culturel, force de revendication de moyens pour elles-mêmes, mais aussi pour les quartiers… Le congrès de la FFMJC de Metz en 1975 le recommandait expliciteme...

Les Maisons des jeunes et de la culture (MJC) font partie de ces institutions méconnues bien que souvent évoquées. Parfois confondues avec les Maisons de la culture d’André Malraux, parfois assimilées à de simples maisons de jeunes, elles sont victimes de l’ampleur de leur objectif : lier jeunesse et culture dans une perspective d’éducation populaire. Ce livre retrace leur histoire à leur apogée, entre 1959, lorsque la médiatisation du phénomène blousons noirs favorise une mobilisation en leur faveur, et 1981, quand l’apparition du « mal des banlieues » signalait un changement d’époque : l’insertion sociale des jeunes devenait une priorité tandis que le lien entre jeunesse, loisirs et action culturelle achevait de se dissoudre dans la crise du socio-culturel. Entre ces deux dates, le millier de MJC que comptait alors le territoire a connu une histoire aussi riche que mouvementée. La diversité des activités abritées dans leurs murs n’a d’ailleurs pu que contribuer à rendre les MJC difficilement saisissables : tour à tour foyers de jeunes et maisons pour tous, proposant expérimentations théâtrales et ateliers de bricolage, espaces de débats et sociabilité, elles furent aussi des pépinières pour la formation de militants culturels et politiques locaux. Lieux singuliers qui ont pu être présentés, parfois simultanément, comme des repaires de gauchistes, des centres de propagande communiste et des terreaux de la deuxième gauche, les MJC permettent de saisir la complexité de la vie associative, dans sa richesse mais aussi sa difficulté. Pour Isabelle, Marc et Simon Ce livre est tiré d’une thèse d’histoire contemporaine soutenue à l’université de Paris I en novembre 2004. Je me suis efforcé d’en réduire les aspects les plus rébarbatifs ou jugés tels (statistiques, précisions techniques) mais sans sacrifier totalement les aspects institutionnels, car ils étaient susceptibles d’intéresser des lecteurs engagés dans l’éducation populaire ou le travail social. Aussi ce livre cherche t-il à concilier les attentes de ces lecteurs et ceux d’un public plus large, curieux de ce qui fut un chapitre certes bien modeste mais pas entièrement négligeable de l’histoire sociale et culturelle contemporaine.

Les événements de mai 68 ont fait irruption dans les MJC, comme dans le reste de la société française, sans que rien ne laisse prévoir leur surgissement. A posteriori seulement, les transformations des activités dans les Maisons qui viennent d’être évoquées peuvent apparaître comme autant de signes avant-coureurs. Le contraste est grand entre une mémoire collective qui associe, parfois grossièrement, MJC, gauchisme et mai 68 et le silence des ouvrages consacrés aux événements de mai-juin sur ...

« Option » : c’est ainsi qu’en 1963, le haut-commissariat à la Jeunesse et aux Sports définissait son attitude à l’égard des MJC et de leur fédération depuis cinq ans. Le terme décrivait bien ce que fut la politique de l’État à leur endroit. Soucieux de lancer une politique plus ambitieuse en faveur de la jeunesse inorganisée, mais ne pouvant, ni ne souhaitant contourner les organisations de jeunesse, le haut-commissaire à la Jeunesse et aux Sports Maurice Herzog accorda des moyens importants...

Les MJC connurent, dans les années soixante-dix, un réel succès de fréquentation : en 1977, un recensement dénombrait 430 000 adhérents dans les Maisons affiliées à l’un ou à l’autre des réseaux. Ces effectifs avaient augmenté de 64,4 % en cinq ans. Il convient de leur ajouter la masse des « personnes touchées par les activités », c’est-à-dire celles qui fréquentaient occasionnellement les Maisons, sans être membres. Les MJC devaient ce succès à la large gamme d’activités qu’elles proposaient...

L’État menait en cogestion avec la FFMJC une politique en faveur des MJC. L’impulsion fut donc donnée « d’en haut », ce qui n’empêchait nullement le projet d’être relayé par « en bas », ni de rencontrer des attentes locales fortes, comme le montre l’histoire des créations des associations locales MJC. Comme toutes les naissances d’associations, celles des Maisons des jeunes et de la culture sont difficiles à appréhender par leurs seules archives. Qu’elles proviennent, en effet, des municipali...

La victoire de la gauche en mai-juin 1981 fut accueillie avec joie dans les MJC, où « comme dans tout organisme sain, on avait le cœur à gauche ». Le contact fut rapidement renoué avec les administrations. Nouveauté, les fédérations de MJC furent accueillies au ministère de la Culture. Si des projets de financement étaient esquissés, des critiques sévères furent aussi adressées aux MJC, par les responsables qui soulignaient que celles-ci ne pouvaient se contenter de leur public de femmes inac...