Chamberland-Tremblay, Daniel, Marchand, Carl, Caron, Claude, Chamberland-Tremblay, Daniel, Marchand, Carl, and Caron, Claude
La pratique de l’intelligence compétitive, telle qu’elle est connue en Amérique du Nord, ou de son équivalent, l’intelligence économique, comme elle est appelée en France, bien qu’en croissance dans le secteur privé, demeure une pratique difficile à comprendre. Cette pratique structurée, fortement inspirée du renseignement militaire ou gouvernemental a fait son entrée dans les entreprises au milieu des années 90. Ses origines, sa culture, et le manque de standardisation et de professionnalisation font de celle-ci un sujet de recherche à la fois riche et difficile à cerner compte-tenu de sa constante mutation. Bien que la littérature semble démontrer une approbation de la pratique dans le secteur privé (Bouthillier et Gainor, 2018a) et que le Canada ait lancé différentes initiatives (Bergeron, 2000; Calof, 2016a, 2017b; Calof et Brouard, 2004) afin d’aider les entreprises de l’ensemble des provinces à adopter celle-ci, nous remarquons qu’elle semble encore aujourd’hui peu comprise et pratiquée au Québec. Le présent document vise à faire le point sur nos observations de la pratique au sein des organisations québécoises de la perspective de premiers répondants en développement économique chez les petites et moyennes entreprises. Nous étions particulièrement intéressés à comprendre où en sont les entreprises des points de vue du besoin et de leur capacité analytique en matière d’intelligence compétitive/économique (ci-après nommé IC/IE) afin de situer celles-ci dans un cadre conceptuel inspiré des éléments clés de la littérature.Nos observations nous amènent à statuer qu’au sens strict de la définition de l’intelligence compétitive qui est définie dans le cadre de cet ouvrage, les organisations du Québec n’ont pas adopté une culture du renseignement compétitif et que, bien que ce ne soit pas le seul facteur à considérer, le manque de cadre analytique représente une explication importante à considérer. Comme nous le verrons en détail, nos observations laissent croire que