1. Tolérance du tramadol et de la morphine chez les patients hospitalisés en 2022 dans un service de rhumatologie.
- Author
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Roullier, B., Couderc, M., Malochet-Guinamand, S., Pickering, M.E., Soubrier, M., Tournadre, A., and Mathieu, S.
- Abstract
Le motif principal d'hospitalisation en rhumatologie reste la douleur. La prescription d'antalgiques, notamment d'opioïdes selon l'intensité douloureuse est ainsi fréquente. Les patients hospitalisés sont souvent âgés avec des comorbidités rendant parfois délicate l'utilisation des opioïdes. Nous avons discuté de cas d'évènements indésirables graves (EIG) lors de réunions de morbi-mortalité en lien avec les morphiniques. L'objectif de cette étude est d'évaluer la tolérance de la morphine et du tramadol chez des patients hospitalisés et de rechercher les facteurs de risque d'évènements indésirables. Les patients hospitalisés en 2022 pendant au moins 48 heures ont été inclus. Leur âge, sexe, indice de masse corporelle (IMC), comorbidités (score de Charlson) ont été recueillis, tout comme le motif d'hospitalisation et l'intensité douloureuse à l'admission. Le traitement antalgique (paracétamol, tramadol, morphine ou autres) initié lors de l'hospitalisation et la dose maximale prescrite ont été colligés. Nous avons défini comme « bonne tolérance » la survenue d'aucun d'évènement indésirable. Un EIG était retenu en cas d'agitation ou confusion, de somnolence, de syndrome occlusif, de sondage urinaire pour rétention ou de chute. Un évènement indésirable non grave (EING) était défini par la survenue transitoire et résolutive de nausées, vomissements, constipation ou vertiges en lien avec le tramadol ou la morphine sans nécessité d'arrêter ou de diminuer les doses de traitement. Sur 761 patients hospitalisés, 225 ont été exclus (hospitalisation < 48 heures [ n = 167] ou patients déjà sous morphine à l'admission [ n = 58]) et 142 n'ont pas reçu d'antalgiques. Sur les 394 autres patients (âge moyen 72 ans et 168 femmes [42 %]), 130 ont eu de la morphine (33,0 %) et 77 du tramadol (19,5 %). L'intensité douloureuse moyenne à l'admission était plus élevée dans le groupe morphine que tramadol (Echelle numérique : 6,6 ± 2,2 versus 5,1 ± 2,4 sur 10 en cm). Sous morphine (n = 130), nous avons constaté une bonne tolérance chez 50 % des patients (n = 65), un EING chez 40 % (n = 52) et un EIG chez 18,5 % (n = 24 avec 14 cas de somnolence, 4 de confusion, 3 sondages urinaires et 3 syndromes occlusifs). Ces pourcentages sont respectivement de 74 % (n = 57), 24,7 % (n = 19) et 2,6 % (n = 2) sous tramadol. Le seul facteur de risque associé à un EIG sous morphine est la présence de comorbidités avec un score de Charlson élevé (OR = 1,27 [IC95 % : 1,04–1,55]). Il y a une augmentation du risque avec l'avancée en âge sans significativité (OR = 1,03 [IC95 % : 0,99–1,06]). En cas d'EIG sous morphine, la durée d'hospitalisation est plus élevée (21,8 ± 16,0 versus 10,1 ± 7,0 jours ; p < 0,001). Nous n'avons pas retrouvé d'autre facteur de risque significatif (sexe, IMC, nombre de traitements quotidiens, créatininémie, hémoglobine, bilan hépatique) d'EIG ou EING sous morphine, notamment pas de lien avec la dose prescrite. Cette dernière est un peu plus élevée dans le groupe EIG mais sans significativité (38,7 ± 21,9 versus 32,7 ± 19,5 mg/jour ; p = 0,19). Sous tramadol, nous n'avons retrouvé aucun facteur de risque de survenue d'un EIG ou EING. Dans notre échantillon, le recours à la morphine s'est accompagné de plus d'évènements indésirables graves par rapport au tramadol, surtout en cas de comorbidités. L'évaluation des comorbidités, avec le calcul du score de Charlson, semble essentielle pour déterminer le rapport bénéfice-risque lors de la prescription de morphines. [ABSTRACT FROM AUTHOR]
- Published
- 2024
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