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International audience; Trois conditions ont présidé à l’introduction du savoir de la psychanalyse dans le réel : l’avènement de la science moderne, la Révolution française, le virage calviniste. Jusque-là les ontologies « collectivisaient » les individus en interprétant leur souffrance comme un mal nécessaire. En contrepoint des discours religieux et des solutions ontologiques caduques, la psychanalyse s’attache à la subjectivité d’une époque marquée par les Lumières, la promotion du désir et sa réduction libérale. Il lui revient d’avoir très tôt enregistré la solution du névrosé pour se loger dans le « vivre ensemble », solidarisé le sujet de sa dimension sociale, proposé une théorie du « lien social ». En ce sens la psychanalyse participe des inventions dont l’humanité s’est dotée pour rendre le monde habitable. Dans ces conditions l’évolution libérale du monde de la globalisation met la psychanalyse en position d’index et d’analyseur de la santé du « vivre ensemble ».

La prise en compte du reel de la jouissance du corps et de la dimension scopique de ce meme corps est posee comme essentielle dans la sexuation. La focalisation de la jouissance sur l’organe externe, qui donne son elan a la jouissance phallique, peut etre le choix des sujets des deux sexes, bien que cette focalisation semble plus frequente chez les hommes, plus prompts a s’arreter a la nomination jouissive de leur organe. Ce choix contrevient a l’accueil de la jouissance Autre, qui est rendue accessible par une assomption de la perte au detriment de la strategie du manque, cette derniere visant a masquer le trou de l’objet a.

La mise en scene d’un sujet acceptant les offres faites par la technoscience pour jouir en depassant les limites du fantasme est le motif recurrent des films de Cronenberg. Ils mettent en scene des sujets transgressant les limites du principe de plaisir par des exces amenant a la fracture de la realite. Le monde devient alors hallucine, das Ding venant y jouer une partition mortelle.

Suivant les trouvailles de Daniel Arasse et en s’appuyant sur deux peintures de la Renaissance italienne, les auteurs font des paradoxes perspectifs, apparaissant dans ces tableaux d’Annonciaton les mises en scene du reel du mythe de l’Incarnation ecrite par le seul saint Luc. Ces perspectives viennent figurer le reel de l’Incarnation, fait proprement impossible, illustrant au plus pres le « reel » tel que l’a formule Lacan. Instance autre que la « realite » et plus fort que la verite en tant que cette derniere s’articule du langage, le reel est ce qui y resiste et qui a certains effets dans l’experience humaine.

L’enseignement de Lacan reposait au depart sur un axiome – « l’inconscient est structure comme un langage » – et un programme : la formalisation de la psychanalyse. Cette entreprise le conduit dans un premier temps a une formalisation des lois du langage. En un second temps, Lacan definira la psychanalyse comme une praxis, un lien social fonde sur le langage, un discours. Meme envisagee sous cet angle, sa formalisation reste necessaire parce que solidaire de la « doctrine du matheme », dans une visee de transmission integrale.

Maitre Eckhart (1260-1328), chef de file de la mystique rhenane posa un principe relevant d’une pure essence, la « Deite ». Cette Deite se situe au-dela de tout le cree, y compris de Dieu et partant de la Trinite qui ne sont qu’intermediaires - de l’ordre du cree - entre l’homme et le principe incree. Cette place de la Deite, qui ne se situe pas dans notre monde, mais y ex-siste, est en place de la Chose freudienne. Eckhart pose que celle-ci peut s’atteindre par la voie d’un travail ascetique et par un certain defilage d’un langage trompeur : le « fond » de l’âme, relevant de cette Deite de Dieu, non touchee par le mouvant de l’existence, serait a meme de s’unir - dans le sens d’un retour au neant- a l’incree deitaire.

Prenant a la fois appui sur le fait clinique de l’angoisse surgissant a l’arret de la prise du produit, et sur la fonction logique du symptome dans la structure, l’auteur soutient que la « toxicomanie » n’est pas une solution symptomatique. L’apparition de l’intoxication, frequente au temps dit de « l’adolescence », pose la question d’un second temps du symptome, temps qui serait evite par le sujet qui choisirait de fuir dans une jouissance non phallique, evitant d’assumer la rencontre avec l’Autre sexe et le non-rapport sexuel, soit reculerait devant la castration.