Ce texte traite des conditions d’emergence et de transfert des droits sur la terre dans un contexte de veritable micro-frontiere interstitielle, dont la colonisation s’est operee en dehors du rapport autochtones/migrants qui tend a structurer la question fonciere en Cote d’ivoire. L’analyse historique des conditions de la colonisation agricole montre que ce contexte ne renvoie cependant pas a un veritable vide institutionnel, dans la mesure ou des principes partages par les pionniers de differentes origines permirent de reguler l’acces initial a la terre. Par la suite, le caractere de frontiere a facilite les transactions foncieres, dans la mesure ou le droit du pionnier sur la terre ne venait pas d’un heritage coutumier et lui permettait donc de disposer de la terre en tant que bien propre. Contrairement a ce que l’on observe frequemment en zone forestiere de Cote d’Ivoire, ces ventes de terre peuvent etre considerees comme «completes». Les conditions initiales d’acces a la terre (pas de detenteurs coutumiers de droits fonciers, pas de tutorat, droit fonde dans le defrichement), l’absence d’enjeu foncier autochtone et le caractere de ventes completes des transactions foncieres sont autant d’elements qui contribuent a expliquer l’absence de remise en cause des droits fonciers, y compris dans le contexte socio-politique actuel.