1. Le changement alimentaire en Inde pèsera-t'il sur le marché mondial ? : étude économique pour Pluriagri. Rapport final
- Author
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Taravella, Romain, Barbier, Bruno, and Dorin, Bruno
- Subjects
Enquête auprès des consommateurs ,Sociologie économique ,Malnutrition ,Consommation alimentaire ,Documentation ,E73 - Economie de la consommation ,Demande ,E10 - Economie et politique agricoles ,sécurité alimentaire ,Diversification ,E14 - Economie et politique du développement ,Bibliographie ,Aide alimentaire - Abstract
La demande alimentaire de l'Inde, deuxième marché alimentaire mondial, va vraisemblablement décupler dans les prochaines décennies. La population indienne croît encore de 1,8% par an ce qui la fera dépasser les 1,3 milliards d'habitants vers 2020 et 1,6 milliards en 2050 ce qui ferait alors de l'Inde le pays le plus peuplé de la planète. Si la croissance économique, qui a avoisiné 6% durant la décennie quatre-vingt-dix, se poursuit, elle contribuera encore davantage que la démographie à l'accroissement de la demande alimentaire de la population indienne, surtout de la classe moyenne. De plus le niveau alimentaire actuel est actuellement faible, bien inférieur à celui des pays de l'Asie de l'Est et du Sud-Est, ce qui implique qu'une fraction importante des revenus supplémentaires sera dépensée en aliments. En plus de sa croissance en volume, la consommation alimentaire indienne commence à se diversifier vers des produits autres que les céréales. Surtout en zones urbaines et dans les classes plus aisées, la consommation se porte vers les produits de l'élevage, les oléagineux et les fruits et les légumes. La consommation de céréales par habitant commence même à baisser sauf dans les quartiles les plus pauvres des états les plus pauvres. La demande en viande devrait augmenter rapidement car le végétarisme strict ne concerne qu'une fraction des Hindous et paraît ne pas être une contrainte très rigide au moins en ce qui concerne la viande blanche, le poisson et les oeufs. Malgré les progrès réalisés, la malnutrition est en encore très préoccupante en Inde. Elle se traduit par des carences alimentaires au niveau protéique, lipidique, vitaminique et minéral. Elle s'explique par la faiblesse du pouvoir d'achat des consommateurs. Avec un PIB par habitant de $460, le pays se classe au 161ème rang mondial loin derrière les pays de l'Asie du Sud-Est et de la Chine. La malnutrition est plus forte en zone rurale où la croissance démographique provoque une diminution de la taille des exploitations agricoles familiales et augmente la population des salariés agricoles, la plus vulnérable, qui atteint aujourd'hui 46% de la population active agricole. Beaucoup critiquent aussi le système publique de distribution d'aliments subventionnés aux plus pauvres, le PDS, qui serait à la fois inefficace et inéquitable laissant des millions de nécessiteux de côté. Une autre cause de la persistance de la malnutrition en Inde est que la modernisation agricole a peu touché certains états de l'Est du pays et le plateau du Deccan. Le gouvernement central et encore moins les gouvernements des états ont aujourd'hui les moyens pour investir dans ces zones, le déficit budgétaire dépassant déjà 5% du PIB. Concernant la capacité de l'agriculture indienne à répondre à la future demande et à la diversification de cette demande, les avis sont partagés. Il est fort probable que l'Inde va chercher vigoureusement à produire elle-même ce que sa population va consommer, en s'appuyant sur ses vastes zones irrigables, sur sa paysannerie nombreuse, exigeante et compétente et sur une certaine capacité à organiser des "révolutions agricoles". Sur le plan de la stratégie, l'Inde va chercher à diversifier sa production tout en consolidant la production céréalière. Une des premières entraves de la croissance de la production agricole est l'eau même si globalement le pays reçoit des pluies abondantes et possède le plus grand périmètre irrigué au monde. En fait dans les zones les plus productives, les nappes phréatiques baissent, les structures d'irrigations vieillissent et d'une manière générale l'eau est mal gérée provoquant une importante salinisation de l'eau et des sols. Les possibilités d'extension des surfaces agricoles sont aujourd'hui très limitées et certains estiment que les marges de progression des rendements sont surestimées. La productivité totale des facteurs agricoles tend à baisser depuis une dizaine d'années. Par ailleurs les villes et les industries en croissance on
- Published
- 2003