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De la taxinomie à l’ordre de production L’approche de l’histoire naturelle privilégiée par Delamétherie, Bertrand et Patrin, ou même par des auteurs comme Sue, Virey et Sonnini de Manoncourt, n’était pas seulement celle de naturalistes qui travaillaient en dehors ou en marge des institutions scientifiques officielles et qui s’adressaient donc à un grand public de médecins, pharmaciens, ingénieurs et amateurs, tous consommateurs infatigables de traités cosmologiques et de philosophie de la nat...

Ce livre présente le résultat des recherches que j’ai entreprises ces quinze dernières années afin de reconstituer le débat qui a eu lieu sur les espèces vivantes et l’évolution de la vie entre la fin du xviiie siècle et le début de l’ère darwinienne. J’avais l’intention depuis longtemps de publier mes recherches sur l’œuvre de Lamarck et le problème complexe de la diffusion de ses idées en France à l’époque. Après la lecture des travaux importants de Richard Burkhardt (1977) et de Giulio Bar...

La fin de l’ère Buffon Le 16 avril 1788 mourait à Paris Georges Louis Leclerc, comte de Buffon. Membre de l’Académie des sciences depuis 1733, Intendant du Jardin du roi depuis 1739, Buffon avait exercé pendant un demi-siècle une influence considérable sur d’importants secteurs de la recherche naturaliste européenne, de la zoologie à la minéralogie, de la botanique à la géologie. Il avait publié en 1749 les trois premiers volumes de l’Histoire naturelle, générale et particulière, œuvre qui co...

Physique et chimie : les lois de la nature Il est difficile de savoir comment Lamarck réagit aux critiques directes et indirectes qui lui furent adressées entre 1802 et 1809, année où parut son œuvre aujourd’hui la plus célèbre, La Philosophie zoologique. Le texte des cours qu’il donnait au Muséum présentait des variations constantes, bien que superficielles, sur les thèmes traités dans les Recherches. Ce qui apparaît comme nouveau, c’est d’une part le développement de ses réflexions sur la f...

Thèmes de la botanique lamarckienne Dans l’histoire de la pensée scientifique moderne, peu de personnages ont été, autant que Lamarck, l’objet d’interpétations si différentes et si opposées. Certains historiens ont vu en Lamarck le dernier représentant de la tradition scientifique du xviiie siècle, un homme dont la pensée ne réussit évidemment pas à intéresser la plupart de ses contemporains, désormais convaincus de la nécessité de restructurer radicalement les différentes disciplines de l’hi...

Dans la vie de Lamarck, les années 1798-1802 ont marqué une grande ferveur éditoriale. Dans un grand enthousiasme théorique, il produisit toute une série de mémoires, ouvrages, projets. Dans le manuscrit « Biologie », rédigé probablement entre 1800 et 1801, et certainement avant la parution de la première synthèse transformiste de juillet 1802, Lamarck esquissa pour la première fois le plan de son ouvrage systématique sur les êtres vivants, proposant une audacieuse comparaison entre son proje...

Contrairement à une idée largement répandue, Lamarck ne fut ni un prophète isolé, ni un précurseur de Darwin auquel on aurait omis de rendre justice. Pas davantage un homme dépassé par son époque que les travaux novateurs des Lavoisier, Cuvier, Haüy puis Darwin auraient relégué au second plan. Telle est la thèse soutenue par Pietro Corsi qui montre que le célèbre naturaliste participa pleinement aux grands débats de son temps sur l’extinction des espèces, sur la réforme de l’histoire naturelle, les limites épistémologiques des théories de la Terre ou la méthode naturelle en taxinomie... Un point de vue qui révèle par ailleurs la place des travaux de Lamarck en physique, en chimie, en météorologie et même en «hydrogéologie» dans la construction de l’ambitieux édifice théorique du transformisme. C’est en effet une tout autre personnalité que nous fait découvrir Pietro Corsi : un Lamarck en butte aux attaques de ses illustres adversaires tels Laplace et Cuvier, mais sachant aussi se montrer un protagoniste original, entouré de fervents alliés, d’admirateurs et de disciples... Nombreux sont en effet les auditeurs ayant suivi fidèlement ses cours au Muséum, qu’ils soient étudiants en médecine, visiteurs étrangers, militaires, hommes politiques, littérateurs... dont la liste est reproduite et exploitée pour la première fois dans ce volume. Au-delà de la passionnante restitution des grands débats de l’époque, l’ouvrage permet de suivre le rayonnement de la pensée transformiste dans l’Europe du XIXe siècle et de comprendre la permanence des thèmes lamarckiens dans la culture scientifique européenne.

Le déclin de la carrière de Geoffroy Saint-Hilaire ne doit pas faire oublier un fait fondamental pour comprendre l’issue du débat sur la succession des formes de vie en France et en Europe. Entre 1825 et 1831, il y eut une multiplication d’adhésions, partielles mais décisives, à l’hypothèse d’une explication transformiste de l’histoire de la vie, de ses mutations graduelles au cours des ères géologiques, et des changements entre une région et l’autre dans la distribution géographique des anim...

Le silence des géologues Entre 1800 et 1802, Lamarck connut certainement les années les plus productives de sa carrière. Non seulement il publiait ses mémoires de physique, de chimie, de météorologie dans le Journal de physique, et donnait ses cours au Muséum, mais il finit la rédaction du Système des animaux sans vertèbres, publia l’Hydrogéologie, les Annuaires météorologiques, les Recherches, et ses premiers mémoires sur les fossiles du Bassin parisien, publiés dans les Annales du Muséum d’...

Les succès de la taxinomie zoologique de Lamarck Les réactions à la publication des Recherches sur l’organisation des corps vivans furent rares, mais significatives. La Philosophie zoologique connut un sort encore plus décevant pour son auteur qui vit son livre passer pratiquement inaperçu du grand public et de la communauté scientifique de l’époque. Ceux qui, comme Cuvier, Sonnini de Manoncourt, Virey ou Denys de Montfort, avaient jugé opportun de critiquer ou d’approuver une partie des doct...