Provoost, J., Sénéchal, A., Dumitrescu, O., Roux, S., Nesmes, P., Grard, S., Souquet, P.J., Valour, F., and Ader, F.
Introduction Les critères d’initiation de traitement d’une infection pulmonaire chronique (IPC) à mycobactéries non tuberculeuses (MNT) chez des individus exempts d’antécédent pulmonaire ou dysimmunitaire sont peu connus. Le but de l’étude était d’évaluer les critères ayant conduit à amorcer un traitement anti-MNT et son impact sur le pronostic. Matériels et méthodes Étude rétrospective monocentrique observationnelle (2013–2016) incluant des patients adultes immunocompétents sans pathologie pulmonaire chronique connue, présentant une IPC à MNT selon les critères internationaux et ayant reçu un traitement anti-MNT (≥ 3 mois) ou pas. Ont été recueillis 110 données : – d’antécédents ; – cliniques ; – respiratoires fonctionnelles ; – immunologiques ; – microbiologiques (MNT et co-infection[s]) ; – radiologiques ; – thérapeutiques ; – pronostiques. L’analyse descriptive a évalué la fréquence des variables ( % ou médiane) et les patients traités/non traités ont été comparés par test de Fisher ou de Mann–Whitney. Les critères associés à l’initiation d’un traitement anti-MNT ont été recherchés par une régression logistique bivariée. Résultats Cinquante et une IPC à MNT ont été incluses dont Mycobacterium avium ( n = 10, 39 %), M. chimarea ( n = 10, 39 %), M. xenopi ( n = 4, 16 %), M. intracellulare ( n = 2, 8 %), M. gordonae ( n = 1, 4 %) et M. simiae ( n = 1, 4 %) avec 25 (49 %) patients traités et 26 (51 %) non traités. Les critères cliniques significativement associés à l’initiation d’un traitement anti-MNT étaient l’index de masse corporel (OR = 0,83 [0,70–0,98], p = 0,032), la perte pondérale depuis le début des symptômes (OR = 3,40 [1,07–10,77], p = 0,038), l’hémoptysie (OR = 11,77 [1,35–102,86], p = 0,026). Les critères radiologiques étaient des micronodules multiples (OR = 4,66 [1,34–16,24], p = 0,015), une ou des lésion(s) excavée(s) (OR = 4,24 [1,27–14,18], p = 0,019). Les critères microbiologiques étaient la récolte répétée (≥ 2) de cultures positives à MNT sur des prélèvements respiratoires inférieurs (OR = 1,79 [1,01–3,18], p = 0,045), la co-infection avec Aspergillus spp. (OR = 6,30 [1,78–22,24], p = 0,004). Treize (52 %) patients traités ont présenté des effets secondaires significatifs ou graves. La durée médiane de traitement était de 36,3 (intervalle interquartile [IIQ] 13,1–64,4) semaines. La durée médiane de suivi était de 17,1 (IIQ 8,7–27,1) mois. La mortalité globale ou attribuable n’était pas différente entre les deux groupes. Conclusion La décision de démarrer un traitement d’IPC à MNT chez un patient immunocompétent est multifactorielle. L’algorithme décisionnel optimal incluant des paramètres cliniques, microbiologiques, fonctionnels respiratoires, radiologiques et d’efficacité du traitement reste à définir. [ABSTRACT FROM AUTHOR]