1. Un diagnostic à ne pas rater devant des paresthésies et une gammapathie monoclonale IgM.
- Author
-
Poisson, C., Razanamahery, J., Larsen, K., Comby, P., Daubail, B., Mercier, A., Fillebeen, Y., Samson, M., Ouandji, S., Audia, S., and Bonnotte, B.
- Abstract
Les étiologies des atteintes neurologiques périphériques sensitives associées aux gammapathies IgM sont principalement représentées par la cryoglobulinémie et l'amylose. Il faut parfois savoir évoquer un autre diagnostic. Nous rapportons ici le cas d'un patient âgé de 58 ans, alcoolo-tabagique qui présente une neuropathie axonale sensitivomotrice des membres inférieurs depuis l'âge de ses 30 ans relativement stable, attribuée à une intoxication alcoolique. Le bilan étiologique n'avait pas retrouvé de cause particulière et avait juste mis en évidence une gammapathie IgM monoclonale à un taux inférieur à 5 g/L sans signe en faveur d'une maladie de Waldenstrom, sans Ac anti-MAG ni autre auto-Ac. Le diagnostic de lymphome lympho-plasmocytaire de Waldenström avec positivité de la mutation MYD 88 avait été posé vers l'âge de 44 ans en 2017 devant une franche augmentation du taux d'IgM > 50 g/L associée à une altération de l'état général. Une première chimiothérapie de type RFC (Rituximab-Fludarabine-Cyclophosphamide) permettait une réponse complète mais le patient a ensuite présenté une rechute à l'âge de 46 ans en 2019 traitée par RCD (Rituximab-Cyclophosphamide-Dexamethasone) avec de nouveau une rémission de son hémopathie avec un taux d'IgM qui restera élevé à 7 g/L. L'atteinte neurologique des membres inférieurs est restée relativement stable depuis 2017 sans lien ni corrélation avec l'évolution clinicobiologique. Fin 2021, alors qu'il est toujours considéré comme en rémission de son hémopathie, il consulte devant l'apparition de paresthésies touchant cette fois-ci les membres supérieurs qui avaient été épargnés jusqu'à présent, associées à des tremblements, des crampes musculaires, une hypoesthésie des 4 membres. Il n'existe pas de syndrome tumoral, pas de fièvre. Le bilan biologique et immunologique y compris la recherche d'anti-MAG et anti-gangliosides et sulfatides revient normal hormis une réascension modérée et progressive du taux d'IgM depuis 2019, à 20 g/L. L'EMG montre des séquelles de neuropathie axonale des membres inférieurs, sans démyélinisation et des signes en faveur d'une possible polyradiculonévrite. Une suspicion de localisation neuroméningée de son hémopathie fait réaliser une IRM cérébrale et médullaire qui effectivement met en évidence des localisations mixtes méningées et médullaires avec un aspect de leptoméningite et une lésion intramédullaire en hyper-signal T2 de T5 à T7 avec rehaussement après injection de produit de contraste. La ponction lombaire montrera une méningite avec 32 leucocytes/mm3 avec 94 % de lymphocytes B monotypique Kappa exprimant la mutation de MYD88 L265P. Le diagnostic d'atteinte neurologique centrale due au lymphome de waldenstrom, appelée syndrome de Bing-Neel est retenu. Un traitement identique à celui de la maladie de Waldenstrom par Ibrutinib associé à du rituximab et des injections intrathécales de méthotrexate et cytarabine va entrainer une amélioration rapide de la symptomatologie des membres supérieurs et une normalisation des anomalies du LCR. Le syndrome de Bing-Neel est un syndrome neurologique rare satellite de la maladie de Waldenström qui doit être connu par les internistes car il survient souvent chez des malades considérés en rémission de leur hémopathie, à distance de leur dernière chimiothérapie, 30 mois dans le cas de notre patient. La difficulté diagnostique devant ce tableau neurologique associé à une gammapathie IgM est d'éliminer une amylose, une cryoglobulinémie, un CANOMAD syndrome et surtout d'évoquer un syndrome de Bing-Neel. L'imagerie et la ponction lombaire avec demande d'immunophénotypage lymphocytaire et d'analyses de biologie moléculaire permettent alors de confirmer le diagnostic. Chez notre patient, la difficulté diagnostique a été augmentée par la présence de cette atteinte neurologique préexistante probablement d'origine alcoolique. Chez les patients aux antécédents de maladie de Waldenstrom présentant une symptomatologie neurologique inexpliquée, il faut savoir évoquer le syndrome de Bing-Neel même plusieurs années après la rémission. Inversement lors d'une symptomatologie neurologique atypique, il faut toujours rechercher la présence d'une gammapathie monoclonale. [ABSTRACT FROM AUTHOR]
- Published
- 2022
- Full Text
- View/download PDF