Is Hayek really a destructive of social rights? Is individualism the absolute rule in the economic thought of the Austrian author? Much is said against Hayek by both his defenders and his detractors. So certainly, Hayek is a fierce defender of individual freedom, and this is partly explained by his criticism of planning, but also by his family history (he is the cousin of Wittgenstein, and a very good friend of Popper, all both Jews and therefore threatened by Nazism). Contrary to what we can sometimes read, Hayek is not anti-rationalist, he is part of the current (even if it is anachronistic to note it as such) of limited rationality.Our work initially consisted of recontextualizing Hayekian thought and defining its conception of freedom. It emerges that in Hayek, the economy, far from being the place of constraint and necessity, happens to be the place of emancipation and freedom. In other words, freedom is experienced first in the economic field and then in other spheres of life.But freedom cannot be freedom without a framework and without some form of justice. Hayek is aware of this, and far from the ultra-individualistic image that sticks to his skin because of his opposition to social justice, he deploys a conception of justice that tries to find a balance between minimal justice (Nozick or even Rothbart type), and an invasive and potentially draconian justice (social justice). The Hayekian critique of social justice is legitimate, the excessive redistribution, the desire for absolute egalitarianism underlying this approach to justice raises serious questions of individual but also collective freedom. At the same time, what Hayek proposes, in terms of justice, does not allow to debate with the theories of justice that Rawls, Sen, Sandel or Walzer because he does not develop a theory of justice like the authors that we come from to quote. In addition, there are sometimes gaps in his conception of justice, not that they are a problem, but rather an open door necessary to allow adaptation to the evolution of societies. We "fill" these blanks with the concept of a decent society developed by the philosopher Avishaï Margalit in the 1990s. This concept does not confine Hayek's thought, nor does it constrain it, it gives it new meaning and relevance for the evaluation of public policies. In addition, this Margalian complement highlights the theoretical and practical relevance of Hayek's approach.By confronting Hayek's and Margalit's views on society, we highlight that it is possible to have a decent liberal society. Inequalities, strictum sensum, are not directly the problem, but it is the questions of honour and humiliation that are the heart of the problem of our liberal democracies. In this context, the complementarity between the thought of the economist and the philosopher happens to be prolific.; Hayek est-il réellement un pourfendeur des droits sociaux ? L'individualisme est-il la règle absolue dans la pensée économique de l'auteur autrichien ? Beaucoup de choses sont dites à l'encontre de Hayek à la fois par ses défenseurs et ses détracteurs. Alors certes, Hayek est un farouche défenseur de la liberté individuelle, et cela s'explique en partie par sa critique de la planification, mais aussi par son histoire familiale (il est le cousin de Wittgenstein, et un très bon ami de Popper, tous les deux juifs et donc menacés par le nazisme). Contrairement à ce que nous pouvons parfois lire, Hayek n'est pas antirationaliste, il s'inscrit dans le courant (même si cela est anachronique de le noter ainsi) de la rationalité limitée.Notre travail consista dans un premier temps à recontextualiser la pensée hayékienne et à définir sa conception de la liberté. Il en ressort que chez Hayek, l'économie, loin d'être le lieu de la contrainte et de la nécessité, se trouve être le lieu de l'émancipation et de la liberté. En d'autres termes, la liberté s'expérimente en premier dans le domaine économique et s'étend ensuite aux autres sphères de la vie.Mais la liberté ne peut être la liberté sans un cadre et sans une certaine forme de justice. Hayek est conscient de cela, et loin de l'image d'ultra individualiste qui lui colle à la peau à cause de son opposition à la justice sociale, il déploie une conception de la justice qui tente de trouver un équilibre entre une justice a minima (type Nozick, voire Rothbart), et une justice invasive et potentiellement liberticide (la justice sociale). La critique hayékienne de la justice sociale est légitime, la redistribution excessive, la volonté d'égalitarisme absolu sous-jacent à cette approche de la justice pose de sérieuses questions de liberté individuelle, mais aussi collective. Dans le même temps, ce que propose Hayek, en termes de justice, ne permet pas de débattre avec les théories de la justice que Rawls, Sen, Sandel ou Walzer, car il ne développe pas une théorie de la justice comme les auteurs que nous venons de citer. En outre, il y a parfois des blancs dans sa conception de la justice, non qu'ils soient un problème, mais plutôt une porte ouverte nécessaire pour permettre une adaptation à l'évolution des sociétés. Ces blancs, nous les « remplissons » par le concept de société décente que développa le philosophe Avishaï Margalit dans les années 90. Ce concept n'enferme pas la pensée de Hayek, ni ne la contraint, il lui donne un sens et une pertinence pour l'évaluation des politiques publiques. En outre, ce complément margalien met en évidence la pertinence théorique et pratique de l'approche de Hayek.En croisant les regards de Hayek et de Margalit sur la société, nous mettons en avant qu'il est possible d'avoir une société libérale décente. Les inégalités, stricto sensu, ne sont pas directement le problème, mais ce sont les questions d'honneur et d'humiliation qui sont le cœur du problème de nos démocraties libérales. Dans ce contexte, la complémentarité entre la pensée de l'économiste et du philosophe se trouve être prolifique.