Le niébé, #Vigna unguiculata$, principale légumineuse africaine, est une espèce bien isolée au sein du genre #Vigna$, mais très diversifiée. Au sein des formes spontanées, on distingue une dizaine de sous-espèces pérennes et souvent allogames et une sous-espèce annuelle, subsp. #unguiculata$. Cette dernière est partagée entre une variété spontanée, var. #spontanea$, et les formes cultivées, var. #unguiculata$. Les formes cultivées se distinguent des formes annuelles par un certain nombre de caractères morphologiques qui constituent le syndrome de domestication : taille plus importante des organes, réduction ou perte de la déhiscence des gousses et présence éventuelle de caractères des gousses et présence éventuelles de caractères récessifs utiles. Au sein des formes cultivées, s'opposent d'une part un groupe "primitif" morphologiquement plus proche des formes sauvages et un groupe "évolué", et d'autre part un groupe photoindépendant à nombre d'ovule élevé et un groupe photosensible à nombre d'ovules faible. La variabilité isoenzymatique des formes cultivées est remarquablement faible et s'avère plutôt indépendante des groupes morphologiques, ce qui plaide pour une domestication unique chez le niébé. L'étude isoenzymatique met toutefois en relief les cultivars éthiopiens et cv. gr. Textilis. L'étude du polymorphisme enzymatique et de l'ADN chloroplastique montre aussi les formes cultivées légèrement distinctes de var. #spontanea$, qui reste le progéniteur le plus probable, et le décalage est surtout notable en Afrique de l'Ouest et en Afrique australe. Le nord-est de l'Afrique pourrait avoir ainsi été une zone clé dans la domestication du niébé. Les données ethnobotaniques et linguistiques obtenues au Cameroun vont aussi dans ce sens... (D'après résumé d'auteur)