Résumé L’objectif de cet article (en deux parties) est de présenter une modélisation du développement de la sexualité humaine, qui tienne compte à la fois de la biologie de la reproduction et de son évolution vers un comportement érotique, de l’importance des affects et de la cognition, ainsi que de la diversité culturelle. Cette modélisation est réalisée à partir d’une synthèse transdisciplinaire de données provenant des neurosciences, de l’éthologie, l’ethnologie, l’histoire, et la psychologie. Le développement sexuel est un sujet sensible, limitant de ce fait le nombre des études réalisées. En fonction des rares données descriptives disponibles, il semblerait que le comportement sexuel se développerait généralement dès les premières années de la vie. Il serait acquis par observation, imitation, jeux sexuels, et apprentissages des activités érotiques (tant autoérotiques qu’avec les pairs). Ce développement progressif centré sur les zones érogènes primaires, tendrait à devenir à l’âge adulte une caractéristique importante de la vie quotidienne. Mais les facteurs cognitifs et culturels peuvent être à l’origine d’une grande variabilité de ce développement. Les caractéristiques de la sexualité adulte peuvent ainsi être très diverses, à la fois au niveau des comportements et des attitudes, mais surtout au niveau des représentations cognitives et des pratiques sociales. Dans quelques cas, en raison de croyances culturelles particulières, les attitudes sociales peuvent limiter le développement de la sexualité à la reproduction, et/ou le retarder de plusieurs années, voire le supprimer (virginité, chasteté…). En conclusion, en fonction du contexte culturel, qui peut être répressif, permissif, restrictif ou éducatif, le développement sexuel, tant comportemental que relationnel et cognitif peut être précoce ou tardif, et peut présenter d’importantes variations quantitatives et qualitatives. Il peut devenir agressif, compulsif, avec des caractéristiques exhibitionnistes ou brutales, être associé à des troubles, ou au contraire être socialement adapté. Le développement sexuel qui apparaît comme le plus adapté, tant au niveau social que de la santé sexuelle, serait celui qui est observé dans les sociétés de type éducatives. Summary The aim of this article (in two parts) is to present a modeling of human sexual development, taking account of reproductive biology and its evolution toward an erotic behavior, the importance of affects and cognition, and at the same time, of cultural diversity. This modeling is based on a cross-disciplinary summary of data from the neurosciences, ethology, ethnology, history and psychology. Sexual development is a sensitive matter, explaining why there have been so few studies conducted on the subject. According to the rare descriptive data available, it would seem that sexual behavior would develop generally from the first years of the child's life. It appears to be acquired by observation, imitation, sexual games and learning of erotic activities (both autoerotic and with peers). This progressive development seems to be focused mainly on the primary erogenous zones, and becomes an important characteristic of daily life at an adult age. But cognitive and cultural factors can bring about great variability in this development. The characteristics of adult sexuality may well be very diverse, both in terms of behaviors and attitudes, but also, and primarily in terms of cognitive representations and social practices. In a few cases, due to specific cultural beliefs, social attitudes can limit the development of sexuality to reproduction and/or delay it by several years, or even suppress it completely (virginity, chastity, etc.). By way of conclusion, depending on whether the cultural context is repressive, permissive, restrictive or educational, sexual development, both behavioral and relational and cognitive, can be either early or late, and can present many significant variations in both quantitative and qualitative terms. It can become aggressive, compulsive, with exhibitionist tendencies, or accompanied by brutality, it can be associated with disorders, or on the contrary be socially adapted. The most adapted type of sexual development, both at the social and the sexual health level, would appear to be that observed in societies with an educational focus. [ABSTRACT FROM AUTHOR]