Aujourd'hui, les sociétés occidentales ressemblent de plus en plus à des "nanocraties" – c'est ainsi qu'il a été proposé de les rebaptiser d'après la prééminence absolue, en leur sein, de la dimension de la vitesse. En d'autres termes, à notre époque les démocraties seraient devenues le règne des espaces temporels toujours plus restreints dont la nanoseconde peut être considérée comme le symbole.Mais quelles sont les retombées de ce processus sur l’idée de futur ?Si au cours du XXe siècle, l'image du futur en tant qu'espace regorgeant de possibilités s'est progressivement affaiblie, c'est essentiellement ce nouveau siècle qui a mis en relief le croisement entre l'accélération sociale d'un côté, et la crise du futur de l'autre.L'augmentation du rythme de vie ainsi que l'accélération des processus de transformation économique, sociale et technologique, annihilent le futur. En raison de la pression temporelle ainsi produite, le futur a tendance à se replier sur le présent, se consume avant même d’être représenté. À leur tour, les nouveaux idéaux d’instantanéité et de mobilité ont une incidence négative sur la conception de la politique en tant que champ d'action ouvert pour le contrôle des processus de changement, et la mettent en crise.Dans les conclusions l’article indique toutefois la possibilité d’une vision de la politique à même de se soustraire aux impératifs de l’accélération. Une telle vision s’allie aux « savoirs situés » féminins, à la multiplicité des temps et à la centralité de la vie quotidienne qu’ils renferment. Ensemble, ils disposeraient peut-être encore du potentiel de reconstruction de formes d’agora. Today, Western societies appear more and more like ‘nanocracies‘, as it has been proposed to rename them, because of the absolute pre-eminence of the dimension of speed within them. In other words, democracies in our time have arguably become the reign of ever more contracted temporal spaces, which could be symbolized with the nanosecond. But what are the effects of this process on the representation of the future? If, in the course of the XXth century, the image of the future as an open field full of possibilities has gradually faded away, the new century has revealed with ever greater clarity the interconnection between the two processes of social acceleration on the one hand and the crisis of the future on the other. The faster pace of life, together with the acceleration in the processes of economic, social and technological transformation ’burn up’ the future. Because of the temporal pressure produced in this way, the future tends to fold back in on the present; it gets consumed before it can even be represented. Conversely, the new ideals of instantaneity and mobility bear a negative influence on the understanding of politics as a field of action for the control of the processes of change, thereby throwing it into a state of crisis. The article nonetheless points to the possibility, in the end, of a vision of politics as capable of subtracting itself from the imperatives of acceleration. This vision is tied to women’s ‘situated knowledge’, the multiplicity of times and the centrality of everyday life that they contain. Together, all these elements still seem to be able to reconstruct forms of agora.