Cet ouvrage est une tentative pour appliquer la méthode sérielle à l'étude des campagnes à l'époque romaine et byzantine, dans une région de la Syrie du Nord : le Massif calcaire, où subsistent en très grand nombre et en excellent état de conservation des villages antiques et leurs parcellaires. Dans cette région quarante-six villagesont été choisis comme échantillon. Ils se répartissent en trois groupes, où ils forment des ensembles complets, dans les ğebels Simā'n,Bārīšā, Il A'la et Zāwiye. Ils totalisent 4 700 pièces réservées à l'habitation des hommes et autant destinés aux fonctions économiques, soit une population qui a dû culminer à environ 20 000 habitants. Par delà la permanence des paysages agraires et des caractères principaux de l'économie et de la société, cette région a connu deux grandes phases d'expansion, l'une jusqu'au milieu du IIIe siècle, l'autre de 330 à 550. La seconde phase, la mieux connue, est marquée par un accroissemment considérable du nombre des hommes et par un progrès de l'économie qui a revêtu une forme extensive, élargissement des terroirs, puis intensive, diversification de la production en vue de la vente. Au total, cette population s'est accrue, tout en s'enrichissant, dans un contexte d'expansion urbaine, ce qui prouve que la richesse des villes et celle des campagnes, loin de s'exclure, étaient complémentaires. Au milieu du VIe siècle, l'écart s'accroît entre le nombre des hommes qui tend toujours à augmenter et des ressources qui plafonnent, d'où une longue période de stagnation économique et d'appauvrissement marqués, dans le court terme, par de graves crises de subsistance et par des épidémies. L'activité de construction s'arrête mais les villages demeurent densément peuplés. La conquête islamique n'entraîne aucune conséquence majeure dans la vie matérielle des paysans. Leur adandon ne s'amorcera qu'au début du VIIIe siècle, au déclin du Califat Omeyyade. « Alors que les textesd'auteurs présententl'avantage et l'inconvénientde nous apporter uneinterprétation des faits, lesmonuments nous livrent desfaits parfois difficiles àinterpréter, mais des faitsbruts dont la réalité n'est pasattaquable. » Henri SEYRIG more...