International audience; This article is a detailed study of the change in the matrimonial practices of Ethiopian royalty that took place during the 16th century. From Christian kings practising petty polygyny with five wives and concubines until the end of the 15th century, the kings of the following century tend to become monogamous. This development had a significant impact on the status of the 'royal wife' and thus on the rank of 'queen' and her attributions in the monarchical system. In the 15th century, the king was surrounded by women of varying status, concubines or queens with a hierarchical rank. Their male offspring were nevertheless eligible for the succession, which gave rise to influence, networking and competition. The choice of these royal women also responded to a logic of territorial control favouring dynastic unions with Christian, Muslim or pagan regions. In the 16th century, the kingdom was confronted with a conquest by their Muslim neighbour Adal, which forced the Christian kings to form a military alliance with the kingdom of Portugal, which was then in search of the kingdom of the 'famous Priest John'. This help was backed up by the sending of Jesuit missions from the middle of the century. At the end of the war, the kingdom was weakened and had to rebuild itself and reunite its people of believers.The failures against the Muslims were seen locally as a divine judgement: kings with deviant matrimonial practices were punished. At the same time, the Jesuits questioned Ethiopian religious practices, interpreting them as being marked by Judaism. The Ethiopian king thus positioned himself in front of his people and the Jesuits to assert himself as a legitimate Christian king. The promotion of monogamy and the introduction of religious marriage is part of this programme.The court was therefore left with only two queens, the royal wife and the king's mother. The choice of wives changed, and the king now united with the powerful Christian families in his kingdom. Inter-religious dynastic marriages are now the result of princely unions.The new competition between the king's mother and his wife, both queens, had to be managed and legislated. Thus the title of itēgē or "mother of the kingdom" was created. This title is granted for life by the king to one of the queens of his court, his wife, his mother or his grandmother. It gives the holder of the title primary authority over the other queens and allows her to assume the regency in the event of minority, a 16th century innovation in the monarchical system.; Sujet inédit, cet article est une étude détaillée du changement des pratiques matrimoniales de la royauté éthiopienne s’étant opérées au cours du 16e siècle. De rois chrétiens pratiquant la petite polygynie ayant cinq épouses et des concubines jusqu’à la fin du 15e siècle, les rois du siècle suivant tendent à deviennent monogames. Cette évolution influe de manière conséquente sur le statut de « l’épouse royale » et donc sur le rang de « reine » et ses attributions dans le système monarchique. En effet, au 15e siècle, le roi est entouré de femmes aux statuts variés, concubines ou reines au rang hiérarchisé. Leur progéniture masculine reste néanmoins éligible à la succession ce qui engendre jeu d’influence, réseau et concurrence. Le choix de ces femmes royales répond également à une logique de contrôle territorial favorisant les unions dynastiques avec les régions chrétiennes, musulmanes ou païennes. Au 16e siècle, le royaume est confronté à une conquête de leur voisin musulman d’Adal qui force les rois chrétiens à nouer une alliance militaire avec le royaume du Portugal, alors à la recherche du royaume du « fameux Prêtre Jean ». Cette aide est secondée de l’envoi de missions jésuites à partir du milieu du siècle. Au sortir de la guerre, le royaume est affaibli, doit se reconstruire et réunir son peuple de croyants.Les échecs face aux musulmans sont pensés localement comme un jugement divin : les rois ayant des pratiques matrimoniales déviantes auraient été punis. En parallèle, les jésuites questionnent les pratiques religieuses éthiopiennes, les interprétant comme étant empreintes de judaïsme. Le roi éthiopien se positionne donc face à son peuple et face aux jésuites pour s’affirmer en roi chrétien légitime. La mise en avant de la monogamie et l’instauration dumariage religieux fait partie de ce programme. La cour se retrouve donc uniquement avec deux reines, l’épouse royale et la mère du roi. Le choix de l’épouse change, le roi s’unit désormais aux familles chrétiennes puissantes de son royaume. Les mariages dynastiques interreligieux étant désormais le fait des unions princières.Il devient nécessaire de gérer et de légiférer la nouvelle concurrence établie entre la mère du roi et son épouse, toutes deux reines. C’est ainsi qu’est créé le titre d’itēgē ou « mère du royaume ». Ce titre est accordé à vie par le roi à l’une des reines de sa cour, son épouse, sa mère ou sa grand-mère. Il assure à celle qui le détient une autorité principale sur les autres reines et lui permet d’assurer la régence en cas de minorité, une nouveauté du 16e siècle dans le système monarchique.