Cet article explore, à travers le concept de nostalgie, la représentation de l’identité anglaise telle qu’elle apparaît dans le roman England, England de Julian Barnes (1998). De manière assez paradoxale, le roman semble profiter de l’engouement de ses contemporains pour le mode nostalgique en même temps qu’il déconstruit, de manière critique, les versions nostalgiques de l’anglicité qui font du passé une marchandise adaptée à l’idéologie du politiquement correct et au marché mondialisé. Bien qu’il dénonce ces constructions inauthentiques de l’identité anglaise qui se révèlent complices de la logique du consumérisme et du simulacre (Jameson), le roman problématise, de façon postmoderniste, la notion d’authenticité, remettant ainsi en question l’existence même d’une conception de l’identité nationale qui serait fidèle à la réalité. En conclusion, l’article se penche sur la dernière section du roman qui semble proposer une esquisse de l’identité anglaise apte à résoudre quelques-unes de ces contradictions. L’auteur semble en effet dire que, s’il est nécessaire d’avoir conscience du caractère inéluctablement fabriqué de toute définition de l’anglicité, il est d’autant plus désirable de prêter attention aux valeurs qui vont définir ce construit. La spécificité de la nostalgie à l’œuvre dans England, England tient au fait que cette nostalgie est tournée vers l’avenir dans la mesure où l’auteur recherche, dans les constructions nostalgiques contemporaines de l’anglicité, les idéaux qui devraient servir de lignes directrices à la construction du futur de la nation. This article focuses on the concept of nostalgia, which appears as a key notion to understand the representation of English identity in Julian Barnes’s 1998 novel, England, England. I show that the text, rather paradoxically, feeds upon the contemporary nostalgic drive at the same time as it critically deconstructs nostalgic versions of Englishness which transform the past into a politically correct global commodity. While it denounces inauthentic constructions of English identity, which are complicit with the logic of consumerism and of the simulacrum (Jameson), the novel, in postmodernist fashion, invalidates the notion of authenticity, thereby putting into question the possibility of ever forging a ‘true’ national identity. The article ends with an examination of the vision of Englishness offered in the final section of the novel as a possible compromise resolving, at least partially, these paradoxes. It indeed seems that the author alerts his readers to the necessity of being aware of the inevitably constructed nature of any version of English identity, and to the attendant importance of choosing the values underlying these constructions. Barnes’s particular type of nostalgia is oriented towards the future in that it consists in exploring today’s constructions of English identity as a quest for the ideals that should act as guidelines for building the nation’s future.