1. L'ironie
- Author
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Véron, Laélia, Centre d'études politiques contemporaines (CEPOC), Pouvoirs - Lettres - Normes (POLEN), Université d'Orléans (UO)-Université d'Orléans (UO), Institut d’Histoire des Représentations et des Idées dans les Modernités (IHRIM), École normale supérieure - Lyon (ENS Lyon)-Université Lumière - Lyon 2 (UL2)-Université Jean Moulin - Lyon 3 (UJML), Université de Lyon-Université de Lyon-Université Blaise Pascal - Clermont-Ferrand 2 (UBP)-Université Jean Monnet [Saint-Étienne] (UJM)-Université Clermont Auvergne [2017-2020] (UCA [2017-2020])-Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), Matthieu Letourneux, and Alain Vaillant
- Subjects
Ironie -- Dans la littérature ,Ironie et humour ,ironie romantique ,[SHS.SOCIO]Humanities and Social Sciences/Sociology ,[SHS.LITT]Humanities and Social Sciences/Literature ,Ironie socratique ,Witz ,[SHS.LANGUE]Humanities and Social Sciences/Linguistics ,Ironie journalistique - Abstract
International audience; Multiforme, l’ironie semble pouvoir se nicher partout. Dans un texte, une parole, dans une mimique, une intonation, une image . Ph. Hamon va jusqu’à l’étendre à toute la littérature : en effet, le principe même de la représentation littéraire est de ne pas signifier directement, explicitement, mais d’user du détour, qu’il s’agisse du détour par la figure du personnage ou par la figure de style. S’il paraît excessif de dire que toute la littérature est ironique, il est juste qu’elle est potentiellement « ironisable » selon l’expression d’A. Vaillant. C’est la littérature moderne qui semble particulièrement jouer sur cette ironie, peut-être parce qu’elle a conscience de cette « obliquité structurelle » – c’est d’ailleurs dans la seconde moitié du XXe siècle que le terme d’ironie connaît un fort succès critique, notamment pour désigner l’ironie romantique . L’ironie se serait-elle développée à partir du XIXe siècle ? Dans son essai, Ph. Hamon s’attarde sur les ironies dix-neuviémistes. Ne présente-t-on généralement pas Flaubert à la fois comme un maître de l’ironie et comme un des « principaux initiateurs de la modernité littéraire » ? Deux caractéristiques qui s’entrecoisent : Flaubert serait moderne parce qu’ironique. L’affirmation semble aller de soi, mais elle risque de ne pas dépasser, comme le dit A. Vaillant, un « raisonnement purement tautologique : la modernité se caractérisant par l’esprit d’ironie, et en retour, l’ironie étant définie par la conscience de la modernité et de sa complexité ». Le lien entre l’ironie et la modernité n’est guère éclairci : dans le discours courant, on peut associer l’ironie tout aussi bien à l’époque moderne qu’à des origines très anciennes, le premier maître ès ironie étant censé être Socrate. On définit à la fois l’ironie comme une pratique, une esthétique, et une vision philosophique sur le monde – la littérature étant un moyen commode de réunir ces différents domaines puisqu’elle serait une vision incarnée esthétiquement, une pensée en acte. Il convient de faire un détour philosophique pour mieux saisir les ambiguïtés de la notion d’ironie.
- Published
- 2021