Dans l’histoire de l’Action française et du maurrassisme, Henri Massis occupe une place à part. N’étant ni un doctrinaire ni une plume marquante du quotidien dans lequel il n’a pas écrit, il apparaît pourtant comme un des piliers de la galaxie maurrassienne, même s’il est négligé par les historiens et absent des anthologies. Pourtant, depuis ses premiers échanges épistolaires avec Maurras en 1912 et surtout son rapprochement avec l’AF au lendemain du premier conflit mondial, Massis a été en contact quotidien avec elle ; il a résisté, contre vents et marées, aux crises qu’elle a connues, à commencer par celle de la condamnation. Ce catholique militant, contrairement à son ami Maritain, a fait le choix de la fidélité au maurrassisme. Essentielle dans le parcours et la pensée de Massis, la dimension religieuse n’est pas la seule à devoir être prise en compte. Chez lui, la culture, l’esthétique et la littérature (de Bergson à Barrès) sont aussi des marqueurs de premier plan.Dès avant 1914, Massis est un critique littéraire dont les goûts et les choix, nets et assumés, annoncent les joutes contre André Gide et La NRF. A partir de l’entre-deux-guerres et de la publication de Défense de l’Occident (1927), il est aussi un essayiste politique reconnu. Pourtant, s’il est un homme de plume, on ne saurait le réduire à un homme de cabinet. Dans l’histoire de l’AF, il est tout à la fois un entraîneur et un entrepreneur culturel. Ainsi, dès la publication de la célèbre enquête d’Agathon, il fait montre de son goût pour la jeunesse, dont il est alors une des figures emblématiques, et il se place d’emblée, par un goût marqué pour les débats autour de la génération ou de la relation maître-disciple, comme un homme qui reçoit, diffuse mais aspire aussi à donner. Massis est en effet, après le premier conflit mondial, un remarquable éveilleur pour toute la Jeune droite. Il est aussi un entrepreneur culturel et politique via la rédaction de manifestes et surtout la mise sur pied de revues, du Roseau d’Or à la Revue universelle dont il est, avec Jacques Bainville, la principale cheville ouvrière.Figure majeure de la scène intellectuelle française, Massis est enfin un des maurrassiens les plus lus à l’étranger : ses ouvrages, à partir de Défense de l’Occident sont traduits (anglais, allemand, espagnol). Par la diffusion de ses idées mais aussi de ses récits et témoignages (en particulier sur Maurras), il peut être considéré comme une sentinelle et un ambassadeur de la culture maurrassienne. Henri Massis occupies a particular place in the history both of Action française and of Maurrassism. Though neither a doctrinaire nor a prominent contributor to the daily paper, for which he never wrote, he remains a key figure in the Maurrassian galaxy, however much he has been neglected by historians and overlooked in anthologies. Yet, from the moment of the first letters exchanged with Maurras in 1912, and particularly from his rapprochement with AF following the First World War, Henri Massis was in daily contact with the group and rode out all of the crises it experienced, including the Papal condemnation. Unlike his friend Jacques Maritain, the militant catholic Henri Massis opted for fidelity to Maurrassism. Yet, though essential to the itinerary and ideas of Henri Massis, the religious dimension is not alone in requiring consideration. Culture, aesthetics and literature (Henri Bergson and Maurice Barrès) were also central priorities. As early as 1914, Henri Massis was an accomplished literary critic, whose clear and committed tastes and enthusiasms pointed the way to conflicts with André Gide and the NRF. From the interwar period and the publication of Défense de l’Occident (1927) Henri Massis was also a reputed political essayist.Yet, for all that he is a writer, Massis does not stand apart from events. In the history of Action française, he is both a leader and a cultural entrepreneur. From the moment of the celebrated «enquête» by Agathon, he demonstrated a particular interest in the young, of whom he was at that point an emblematic figure, and displayed a pronounced taste for generational debate or for master-disciple relations in which he aspired not only to receive and spread ideas but also to give. After the First World War, Massis served not only as a remarkable spur across the Young Right, but was also a cultural and political entrepreneur through his manifestoes and, in particular, his editorial involvement with the Roseau d’Or and the Revue universelle, on which, with Jacques Bainville, he played a pivotal role.A major figure on the French intellectual scene, Henri Massis was one of the most widely read Maurrassians outside France: his works, from Défense de l’Occident onwards, were widely translated (English, German, Spanish). Both through the diffusion of his ideas, and through his narratives and first-hand accounts, Henri Massis can be consider as a sentinel and ambassador of Maurrassian culture.