Thanks to steps forward on art history regarding the Romanesque architecture in the Lorraine region, this thesis revisits a number of sites in terms of archaeological issues related to the art of building. Fourteen monographs of churches, abbeys or castles, plus a hundred or so sites explored in the ancient diocese of Toul, make it possible to understand the use of building materials, primarily stone and wood. This can be done along nine themes related to construction: how to define location, proportionate, extract, cut, assemble, build, vault, scaffold, cover. This work highlights the know-how of architects, quarrymen, stonecutters, masons or carpenters involved in projects that have been neglected as they are often too modest to attract the attention of researchers.In fact, this topic has not been so far the subject of substantial studies for the geographical area and the chronological period involved. We have highlighted buildings for which plan and volume vary from one place to the other, although they all fit well with the known Romanesque canons. Specificities are prevalent in the Toul area, the Saintois or the Vallage. They are distinguished first by the density of remains in comparison with the rest of the Lorraine. This testifies to the vitality of these three entities during the 12th century in particular. It seems also related to the lithic resources available in these sectors.Examination of the materials and locations of available resources in the area highlights an economy based on short distribution channels, whereas materials rarely come from more than five kilometers away from the construction site, with the possible exception of pine wood and mortar. Physico-chemical analyzes have completed the research. They have often made it possible to reconsider the datings proposed by art historians, aging the buildings by several tens of years.On the sites themselves, we often provide the first observations in the archeology of buildings carried out so far, especially for rural buildings of low volume or for parts of buildings which are difficult to access, either in ruin or still in use. In light of these explorations, a new field of research is emerging and has to extended: the use of wood in the masonry and the carpentry. More traces remain than thought of at the beginning of the investigation. In a more general way, we notice an evolution in the technicality of the building sites, and their rationalization, which encompasses first the religious buildings at the end of the 11th century, before extending to the castle construction during the 12th century, and later to the small country churches. From a similar perspective, we demonstrate that local know-how is more often used than grand architectural concepts developed on more prestigious buildings and in regions of more political importance.We have also taken special care to put the Man and his gesture back in the center of the construction process. Most of the time, studies in this area are concerned with motivations and consequences of an action, be it political, artistic or editorial. We have focused more on technicality. How to go from motivation (the will to build) to realization (reception of the finished work) ? More than the point of arrival, it is the process that has been at the center of our concerns. Thus, we can imagine the position of the stonecutter in front of his stone, the position of his hand, the movement he infuses to the tool. How to organize the facings and how to differentiate the first stone laid from the last? How to respond to architectural constraints ? How to develop the scaffolding ? Here again, certain local peculiarities have appeared, probably showing a movement of workers to the various sites according to the opening of the construction works. Finally, our work brings new heuristic tools to the attention of researchers making the reading of the wall facings less tedious and more rational, S’appuyant sur les acquis des travaux en histoire de l’art sur le bâti roman lorrain, cette thèse revisite un certain nombre de sites à l’aune de problématiques archéologiques liées à l’art de bâtir. Quatorze monographies d’églises, abbatiales ou châteaux, et une centaine de sites explorés dans l’ancien diocèse de Toul, permettent d’appréhender l’exploitation des matériaux, essentiellement la pierre et le bois, et leur mise en œuvre à travers neuf thématiques inhérentes au chantier de construction : implanter, proportionner, extraire, tailler, assembler, maçonner, voûter, échafauder, couvrir. Ce travail met ainsi en valeur les savoir-faire des architectes, des carriers, des tailleurs de pierre, des maçons ou encore des charpentiers sur un patrimoine trop modeste pour avoir jusque-là attiré la réelle attention des chercheurs.Ce sujet n’a pas fait l’objet d’études conséquentes, pour le périmètre géographique et la période chronologique retenus. Nous avons mis en lumière des bâtiments dont le plan et la volumétrie, s’ils s’accordent bien avec les canons romans connus, peuvent varier d’un endroit à l’autre du territoire, avec des spécificités inhérentes aux pays du Toulois, du Saintois et du Vallage. Ces pays se distinguent par la densité des vestiges, ce qui témoigne de leur vitalité au cours du XIIe notamment, et par la qualité des ressources lithiques disponibles.L’examen des matériaux et de leurs lieux d’exploitation met en valeur une économie basée sur une économie souvent restreinte à un rayon de cinq kilomètres autour du chantier, à l’exception peut-être du sapin et de la chaux. Le recours aux analyses physico-chimiques complète le dispositif de recherche mis en place. Elles ont souvent permis de reconsidérer les datations proposées par les historiens de l’art, en vieillissant les édifices, quelquefois de plusieurs dizaines d’années.Il s’agit ici bien souvent des premières observations en archéologie du bâti menées sur ces édifices ruraux de faible volume ou sur des parties difficiles d’accès, qu’ils soient en ruine ou en fonction. À la lumière de ces explorations, un nouveau champ de recherche régional émerge, celui des usages du bois dans les maçonneries et les charpentes, dont il reste bien davantage de traces que supposé au début de l’enquête. D’une manière plus générale, nous constatons une évolution dans la technicité des chantiers, et leur rationalisation, qui touche en premier lieu les édifices religieux réguliers dès la fin du XIe siècle, avant de s’étendre à la construction castrale au cours du XIIe siècle, puis aux petites églises de campagne à la fin de la période. Dans une perspective identique, nous démontrons que les savoir-faire locaux sont plus facilement utilisés que les grandes notions de l’architecture développées sur des bâtiments plus prestigieux et dans des régions de centralité politique importante.Nous avons également voulu remettre l’Homme et son geste au centre du processus de construction. Sans délaisser les motivations et les conséquences dans le domaine édilitaire, nous avons travaillé essentiellement sur la technicité. Comment passe-t-on de la motivation (volonté édilitaire) à la conséquence (réception de l’ouvrage terminé) ? Plus que le point d’arrivée, c’est donc le chemin pour y parvenir qui a été au centre de nos préoccupations. Ainsi nous imaginons la position du tailleur de pierre, celle de sa main, le mouvement insufflé à l’outil percutant la matière ; comment s’organise une assise de parement et comment différencier la première pierre posée de la dernière ; comment répondre aux contraintes architectoniques ; comment développer l’échafaudage. Les particularismes locaux montrent un déplacement, plutôt contraint géographiquement, des ouvriers sur les chantiers au gré de l’ouverture de ceux-ci