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L’hétérogénéité des groupements féminins au Sénégal : des « assistés » aux « courtiers du développement » S’intéresser aux capacités d’organisation collective des femmes des pays du Sud n’est pas nouveau. Certains travaux mettent l’accent sur la fonction d’émancipation individuelle des groupements, les considérant comme des espaces privilégiés d’intimité et de sociabilité et donc d’existence féminine (Lecour Grandmaison, 1970 ; Reveyrand-Coulon, 1993), voire comme de véritables modes d’accumu...

Le sida, avec son expansion et le cortège de peurs que le risque épidémique réveille, est à la fois moteur et révélateur du changement social comme de nombreuses études l'ont montré aujourd'hui à une échelle globale. En Chine comme dans d'autres pays non-occidentaux, parmi les changements sociaux significatifs, on constate une plus grande visibilité et l'émergence de groupes de défense ou d'activistes défenseurs de minorités sexuelles et sociales, un phénomène qui relève à une échelle nationale de la constitution d'une société civile, d'organisations et de mouvements sociaux aux ‘caractéristiques chinoises'. Depuis une décennie, date de la prise de conscience de l'existence du risque épidémique de sida et de sa possible gravité dans la société chinoise, certains activistes anti-sida parmi les plus engagés sont aussi des ardents défenseurs des droits des homosexuels. Là, on retrouve un modèle d'action expérimenté dans les années 1980 dans les pays du ‘Nord'. Par exemple, ces dernières années, ces militants ont œuvré pour dénoncer le scandale des ‘vendeurs de sang' contaminés par le VIH dans les provinces centrales de Chine. L'activisme anti-sida a été révélateur de la présence en Chine d'un potentiel de développement de mouvements gay/lesbiens dans les grandes métropoles, en particulier à Pékin. Mon article est articulé en deux parties : la première porte sur les dynamiques locales de la lutte avec l'évocation de (1) personnes engagées—des activistes à ‘plusieurs casquettes' (une casquette officielle, une autre d'activiste anti-sida et enfin d'activiste gay), (2) d'organisations sociales face ou avec l'Etat, (3) de groupes ou réseaux informels de défense de minorités sexuelles et sociales (de défense par exemple des travailleur(se)s de l'industrie du sexe). L'impact de ces dynamiques sur le stigmate associé au VIH et à ces minorités en faveur éventuellement d'une dé-stigmatisation sera aussi abordé. Dans la seconde partie, je m'intéresse aux dynamiques transnationales en identifiant des acteurs transnationaux et le rôle de ‘passeurs' de militants du ‘Nord' d'origine chinoise qui ont possiblement plus de poids que d'autres pour interagir avec les militants et les populations chinoises, et donc pour infléchir les dynamiques locales de mobilisation collective face au sida. Le rôle des NTIC (Nouvelles Techniques d'Information et de Communication), notamment des forums et des réseaux qui se développent grâce à l'usage de l'internet, sera envisagé à différentes échelles—intra-régionale et trans-régionale en Chine, transnationale dans le monde chinois et asiatique, et internationale : l'utilisation des NTIC et la création de réseaux sont des aspects qui caractérisent le processus de globalisation économique et culturelle à l'œuvre aujourd'hui dans le monde. La formation de solidarités transnationales est aussi une forme de globalisation, ‘sociale' cette fois, plus discrète et encore peu développée comparée aux formes plus achevées de la globalisation économique.

The spread of Aids and fears raised by the risk of an epidemic are not only the driving force behind social change but also give pointers to the reasons for these changes, as many studies have shown today on a global scale. In China, as in other non-western countries, one of the significant social changes that we observe is the emergence and greater visibility of groups or activists to defend sexual and social minorities, a phenomenon which has created on a national scale a civil society, social organisations and movements with “Chinese characteristics”. For ten years, from the time that we first became aware of the risk of an Aids epidemic and its potential seriousness in Chinese society, some of the most committed anti-Aids activists have also been fierce defenders of the rights of homosexuals. This is reminiscent of the model for action implemented in the 1980s in the developed countries. Over the last few years, for example, these militants have worked to denounce the scandal of the “HIV-contaminated blood sellers” in the central provinces of China. The anti-Aids activism was a pointer to the presence in China of the potential growth of gay/lesbian movements in the large cities, especially Peking and the major towns in North-East China.This article is divided into two parts: the first deals with the local dynamics of Aids prevention, describing (1) committed activists wearing several “hats” (one official, one anti-Aids activist and finally one gay activist), (2) social organisations working alongside or in confrontation with the State, (3) informal groups or networks defending sexual and social minorities. These dynamics have an impact on the stigma associated with HIV and these minorities and could contribute in the long term to a degree of de-stigmatisation. In the second part of the article I look at transnational dynamics, identifying transnational actors and their role as “go-between” (Taiwanese, Hong Kongese who since 1999 have Chinese citizenship, Chinese from South-East and western Asia) as they may have more influence in interactions with militants and the Chinese populations, and thus in influencing local dynamics where collective mobilisation in the face of Aids is concerned. The intervention of “go-betweens” from the North (westerners of non-Chinese origin) can also be seen. The role of NICT (New Information and Communication Technologies), especially forums and networks developed at different levels through Internet -intra-regional and trans-regional in China, transnational in China and Asia, and also international- is described: the use of NICT and the creation of networks are characteristic of the process of economic and cultural globalisation at work today in the world. The formation of transnational solidarity groups is also a form of globalisation, “social” this time, more discreet and not yet very developed compared with the more comprehensive forms of economic globalisation.

Depuis plus de dix ans, dans une Afrique subsaharienne, marquee par un processus de democratisation institutionnelle ou de decompression-recomposition autoritaire, on assiste a la proliferation de pratiques associatives definies et souvent reconnues comme « Organisations non gouvernementales ». Si l’on a beaucoup conjecture et beaucoup doute a propos de ces ONG africaines et du revival associatif avec lequel elles entretiennent des rapports plus ou moins forts, plus ou moins clairs, peu de recherches ont pris soin de les prendre au « pied de la lettre », avant de jauger leurs resultats et avant de les confronter a des prescriptions explicites ou implicites. La profusion de ces nouvelles pratiques non gouvernementales ne s’est pourtant pas produite dans des contextes locaux identiques. Base sur les resultats d’une recherche menee a Cotonou (Benin) et a Lubumbashi (RDC) en 1998 et consacree aux ONG urbaines, l’article propose une lecture comparative des deux « societes civiles » dont la vitalite et l’identite ont ete fortement tributaires des contextes locaux (rapport aux pouvoirs publics d’une part et presence des bailleurs de fonds au sein de l’arene locale du developpement d’autre part).

L'article se propose de réunir les premiers éléments d'une recherche anthropologique menée dans la région dite du Trapèze amazonien, aux frontiéres du Pérou, de la Colombie et du Brésil. Il concerne en particulier l'étude des dynamiques identitaires et territoriales contemporaines à l'oeuvre dans un ensemble de populations indigènes et de migrants andins établis au carrefour de ces trois frontières. Plutôt que par leur hypothétique assimilation dans l'un des trois pays les populations indigènes concernées se définissent par une grande mobilité interfrontalière. Comment dès lors penser la continuité sociale dans des groupes divisés entre différentes souverainetés nationales ? La mise en place de réseaux de solidarité transnationaux où le religieux joue un rôle de premier plan semble répondre à cet objectif, et contraste avec le modèle expansionniste des migrants andins. La notion de "frontière" est prise ici comme "espace central" et non comme zone périphérique ou marginale dans le sens où les populations locales s'y réfèrent continuellement dans leurs échanges et leurs perceptions du territoire. Plus largement, il s'agira d'engager une réflexion sur le processus transnational et ses effets sur la constitution et la dynamique des identités ethniques, culturelles et régionales. (Résumé d'auteur)

La famille apparaît comme un noyau privilégié de coordination des activités dans les Andes du Pérou. En effet, la solidarité territoriale des communautés paysannes s'effrite depuis leur reconnaissance officielle en 1969, lors de la réforme agraire. A l'inverse, la crise de 1987 à 1991 a montré que les familles des districts défavorisés de Lima ont recréé une solidarité de voisinage. En fait, un même mouvement révèle l'émergence de la famille restreinte, qui suscite de nouvelles formes de solidarité, davantage à sa portée. On aurait pu croire qu'elle pouvait se substituer à l'Etat dans quelques-unes de ses attributions. Cependant, l'épidémie de choléra, en 1991, montre qu'on ne peut tout attendre des seules familles. (Résumé d'auteur)

Sur le continent africain, les Sénégalais ont investi d'abord le territoire ivoirien. A l'heure où leurs conditions de séjour sont rendus plus précaires, où l'étranger est stigmatisé, ils appréhendent le pays du cacao moins comme un lieu d'accueil que comme un point d'appui de leurs réseaux migratoires et commerciaux trans-nationaux. Ayant érigé la circulation en système, ils n'ont pas réussi par ailleurs à créer ensemble des structures capables de négocier directement avec les Etats ivoirien ou sénégalais. En permanence, ils hésitent entre le communautaire et l'individualisme. (Résumé d'auteur)

Au Pérou, un plan de stabilisation fut lancé en août 1990 par le nouveau président, A. Fujimori. Ce "Fujichoc" se traduisait par une très forte compression de la demande des ménages. A Lima, les groupes domestiques eurent deux comportements. Les catégories moyennes épuisaient leur épargne tandis que les catégories défavorisées restreignaient de façon drastique leur consommation et multipliaient les petites activités. Pour trouver des ressources supplémentaires, des familles ou des associations organisèrent des "invitations payantes", qui révèlent une solidarité à résonance andine en milieu urbain. (Résumé d'auteur)

Dans cette communicatiion sont décrites les caractéristiques essentielles des relations de voisinage à Dakar et à Pikine (Sénégal) et les relations étroites que les citadins développent dans ce cadre : regroupements, associations, tontine afin de mettre en relief leurs significations sociales. Il s'agit là d'une dynamique de rue, de paté de maisons dont les femmes en sont les principales animatrices

Y. Marguerat — Entrepreneurs from the Highlands: Bamileke in Cameroon. Resume of a geography D. Lit. thesis on the Cameroon Bamileke written by one of them. This is the first attempt at a scientific description of their justly reputed entrepreneurship, which has led them to assume a pre-eminent position in the national economy. For evident political reasons, the hostile reactions of other Cameroonian groups are only alluded to in this otherwise fascinating account., Marguerat Yves. Des montagnards entrepreneurs : les Bamileke du Cameroun.. In: Cahiers d'études africaines, vol. 23, n°92, 1983. pp. 495-504.