Alors qu’une grande vague de contestation s’est étendue sur une vaste partie de la Syrie à partir de mars 2011, dans le Projet de l’Euphrate, ensemble d’aménagements hydro-agricoles de plusieurs centaines de milliers d’hectares, peu de manifestations contre le régime au pouvoir ont été enregistrées. L’objectif de cet article est double. D’une part, il s’agit d’insister sur un différentiel entre cette région et d’autres concernant le nombre de manifestations enregistrées. D’autre part, il s’agit de revenir sur l’histoire politique et économique de cette région afin d’émettre des hypothèses sur le rapport entre le pouvoir ba‘thiste et les habitants de ces grands périmètres irrigués. Although mass protests swept across most of Syria as from March 2011, the Euphrates Project lands, a set of large-scale hydro-agricultural developments, remained relatively peaceful with a small number of registered protests against the Syrian Regime. The purpose of this article is two-fold: first we point out to the difference observed between this region and others via the reading of demonstration pattern in Syria; and secondly we explore the political and economic history of this region in order to hypothesise on power relations between central Baathist state and inhabitants of the Project areas.