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L’idée que les gradués d’université, en particulier – mais pas exclusivement – les juristes, ont joué un rôle croissant au sein des élites politiques, administratives et ecclésiastiques à la fin du Moyen Age et au début de l’époque moderne est aujourd’hui couramment admise. Selon les pays, le phénomène a pu commencer plus ou moins tôt – ici dès le XIIe siècle, là au XIVe ou au XVe seulement – et prendre une ampleur variable, nulle part il ne semble absent. Mais cette affirmation générale ne p...

Les historiens de l’Empire Romain ont donné ses lettres de noblesse à la prosopographie : le lien entre « État » et « prosopographie » est donc évident. Mais l’Etat moderne européen, tel que dans sa lente genèse il se met en place entre le xiiie siècle et le xviiie siècle est aussi le cadre social dans lequel se forme peu à peu l’individu, sujet et citoyen à la fois. La méthode s’applique-t-elle aussi facilement à cet individu des sociétés d’ordres et de classes à la fois qui sont celles de l’Europe Occidentale à la fin du Moyen Age et à l’époque Moderne ? Qu’apporte-t-elle ? Quelles sont ses limites, ses dangers, ses apories ? Dans une perspective européenne (Italie, France, Péninsule Ibérique, Allemagne, Scandinavie, Angleterre, Pays-Bas) et sur une longue durée qui transcende la coupure néfaste entre Moyen Age et Temps Modernes, une quarantaine de spécialistes apportent leur contribution à un débat qui concerne aussi bien les méthodes que la problématique de l’histoire médiévale et moderne.

International audience; Cette publication de sources a été l’occasion de brosser le contexte monumental d’établissements de chanoines réguliers : aussi bien pour l’intéressant site de L’Artige que pour celui d’Aureil, aussi en Limousin, qui possédait en outre le prieuré féminin de Bost-las-Mongeas.

Cet essai aborde certaines des questions posées par la synthèse de Paolo Rosso sur l'école au Moyen Âge: le contexte social dans lequel se situent les institutions scolaires, le rôle des enseignants et des élèves et l'importance des textes écrits., Reti Medievali Rivista, Vol 19, N° 2 (2018)

Nous ne traiterons ici que de la faculté des arts. Imposé par la nécessité de ne pas excéder les dimensions prévues pour le présent ouvrage, ce parti peut se justifier également par le fait que la faculté des arts a incontestablement représenté dans le système universitaire du xiiie siècle, au moins à Paris et Oxford, l’élément le plus dynamique, le plus original, le plus novateur. Elle a de surcroît fait récemment l’objet de travaux importants dont on trouvera la liste dans la bibliographie ...

Les années 1300 ont longtemps fait figure de moment charnière dans l’histoire de l’Occident. Elles auraient marqué, pour reprendre le titre d’un article classique, « la fin de la "frontière" médiévale » et le début des temps de crise, de déclin ou, au moins, de mutations douloureuses et précipitées. Sans nous prononcer ici sur la pertinence générale de ce jugement appliqué à l’ensemble de la civilisation médiévale, demandons-nous au moins s’il vaut pour l’histoire de la culture savante et de ...

Dans son De translatione imperii rédigé vers 1280, un auteur allemand, Alexandre de Roes, exposait que la Chrétienté, comme un être vivant, était animée par trois « vertus », trois forces, qui étaient le pouvoir politique (regnum), incarné par l’Empire depuis longtemps dévolu aux Allemands, le pouvoir ecclésiastique (sacerdotium), c’est-à-dire la papauté installée à Rome, et l’« étude »(studium), implantée jadis en France par Charlemagne et dont le siège par excellence était désormais l’unive...

Dans l’histoire de la culture au sens que nous avons retenu dans l’introduction de ce livre, les institutions d’enseignement jouent par définition un rôle essentiel. Il n’est donc pas étonnant qu’à chacune des grandes mutations culturelles qu’a connues l’Occident médiéval ait correspondu une mutation de l’école qui l’a accompagnée et souvent même précédée. C’est ce qui s’était produit à l’époque carolingienne, au tournant des viiie et ixe siècles, et c’est ce qu’on observe à nouveau au xiie. ...

La grave crise intellectuelle qui secoue l’université de Paris à la fin du xiiie siècle ne doit pas cacher le succès social et politique de l’institution. Les effectifs n’avaient sans doute jamais été aussi nombreux ; un document de 1283 environ donne le chiffre, qui n’est pas invraisemblable, de cent-vingt régents en activité pour la seule faculté des arts de Paris ce qui implique au moins 2 à 3 000 étudiants ; les facultés supérieures devaient évidemment être nettement moins peuplées. De pl...

Le rôle exceptionnel que l’université de Paris a joué, dès l’origine et jusqu’à la fin du Moyen Âge, dans l’histoire culturelle européenne, justifiait que nous ayons consacré tout un chapitre à sa naissance et son premier essor. Cependant, d’autres institutions qui ont également mérité l’appellation d’universités sont apparues au même moment que celle de Paris ou peu après. Quoique chacune ait eu son histoire et ses caractéristiques propres, leur émergence simultanée permet de parler d’un « m...

De toutes les disciplines de la culture savante, la médecine est au Moyen Âge celle qui a eu la moindre diffusion. Pratiquée seulement par un nombre restreint d’individus, elle ne s’est vraiment développée que dans quelques centres isolés les uns des autres, situés le plus souvent dans l’aire méditerranéenne. De plus, la médecine scolastique et ses avatars tardifs - les médecins de Molière – n’ont longtemps inspiré que des images négatives et même caricaturales, celles d’un savoir totalement ...

Les universités médiévales ont d’abord été des lieux de formation où de jeunes étudiants venaient acquérir les compétences précises – on ne saurait dire, pour cette époque, professionnelles – qui leur permettraient ensuite de réaliser, à titre personnel ou, plus souvent encore, au service de l’Église ou du prince, une belle carrière de secrétaire de chancellerie, de juriste ou d’administrateur, de médecin ou de prédicateur. L’exercice de cette fonction pouvait s’accommoder sans peine de la si...

Malgré le renouveau des arts libéraux, le succès du droit et, nous y reviendrons au prochain chapitre, de la médecine, la science sacrée est restée au xiie siècle la discipline dominante, le couronnement de la culture savante. Comment aurait-il pu en aller autrement, en vérité, dans une société unanimement chrétienne, où la notion même de laïcité du savoir était impensable et où l’Église et les clercs maintenaient sur l’école le monopole qu’ils avaient acquis depuis le haut Moyen Âge ? Mais s...

L’apparition des premières universités, au tournant des xiie et xiiie siècles, est un moment capital de l’histoire culturelle de l’Occident médiéval. Nous avons rappelé au précédent chapitre de ce livre dans quel contexte s’était faite cette apparition. On aura compris qu’elle a comporté, par rapport à l’époque précédente, des éléments de continuité et des éléments de rupture. Les premiers sont à chercher du côté de la localisation urbaine, du contenu des enseignements, du rôle social dévolu ...

La Renaissance du xiie siècle a d’abord été marquée, on vient de le voir au chapitre précédent, par le renouveau de l’institution scolaire, par l’apparition de groupes substantiels d’hommes, maîtres et étudiants, magistri et scolares, passionnés par l’étude et s’y consacrant à plein temps, au moins une partie de leur existence, par l’émergence d’attitudes nouvelles devant le savoir, où à l’humilité pieuse et déférente du moine se substitue un esprit d’enthousiasme et de curiosité, en même tem...

L’histoire du droit a longtemps eu la réputation d’une spécialité très technique et austère, apanage de quelques juristes s’intéressant au passé de leur propre discipline. Mais il est aujourd’hui de mieux en mieux admis que l’histoire des doctrines et des enseignements juridiques doit sortir de ce ghetto pour devenir partie intégrante d’une histoire globale de la culture. À telle enseigne, le renouveau des droits romain et canonique apparaît désormais comme un des aspects majeurs de la Renais...

Nous ne sommes pas les premiers à relever cette atmosphère d’incertitude et de malaise dont nous parlions à la fin du précédent chapitre. Dans un article classique, le Père P Mandonnet, pionnier du renouveau des études sur la scolastique médiévale, avait déjà cru pouvoir diagnostiquer une véritable « crise scolaire » en Occident au tournant des xiie et xiiie siècles La formule est évidemment provocatrice. Le xiie siècle n’a-t-il pas été malgré tout placé, spécialement en ce qui concerne l’his...

Le titre donné à ce livre, la périodisation adoptée, la conception même du sujet mise en œuvre appellent quelques explications préliminaires qui aideront le lecteur, espérons-le, à mieux comprendre ce qu'il trouvera - ou ne trouvera pas - dans la suite de l'ouvrage. Une histoire culturelle Culture Comme l'indique l'ordre même des mots du titre, ce livre se veut d'abord livre d'histoire culturelle. Non pas donc histoire intellectuelle traditionnelle, histoire désincarnée des idées ou des savoi...

Le xiie siècle a vu l’apparition de nouvelles institutions d’enseignement et la naissance – ou la renaissance – de nouveaux savoirs. Derrière les unes et les autres se trouvaient des hommes. L’historien doit aussi s’interroger sur ceux-ci. Qui étaient les gens de savoir du xiie siècle ? Où se situaient-ils dans la société de ce temps ? L’émergence dans cette société de groupes d’individus caractérisés au moins partiellement par leurs compétences intellectuelles est certaine. Les contemporains...