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Recherche et environnement de travail requièrent une architecture pouvant répondre à des diversifications et mutations programmatiques constantes. Les cloisonnements permanents des édifices sont abandonnés au profit d’une liberté spatiale basée sur un principe de flexibilité. Les chemins de fer ont sculpté les pentes lausannoises pour y façonner un plateau. Cette horizontalité trouve son épicentre avec la gare, qui devient tant une porte d’accès pour la ville qu’un lieu de rencontre entre le pôle culturel et les habitants. Le plateau qui accueille la proposition était autrefois la centrale de distribution des services postaux. Constituée d’un large complexe de bâtiments d’époques différentes, la forme du site témoigne encore aujourd’hui de l’empreinte laissée par les voies ferrées. Plateforme se présente comme une réponse envers cette instabilité programmatique. Une infrastructure autonome qui apparaît comme un bandeau métallique déposé sur une forêt de piliers en pierre massive. Ce disque s’installe sur le site en embrassant les anciens édifices de la poste tandis qu’il pénètre les bâtiments plus récents. L’ensemble forme alors un espace hétérogène et cohérent. La plateforme recouvre des terrasses dédiées à la culture du corps et à la dépense physique. Son intérieur, de par sa modularité et sa flexibilité, accueille des start-up lausannoises en émergence. Sa toiture, quant à elle, offre un belvédère public, un espace de détente et de contemplation destiné à la ville. Une rampe monumentale apparaît comme un organe sculpté par le rail, elle transperce et connecte l’ensemble du dispositif avec la future place de la gare.

Au coeur de la ville de Lausanne et pourtant isolé, le quartier du Vallon offre une double image à celui qui s'y aventure. D'abord dédaigné du fait de sa situation enclavée et de sa mauvaise réputation, il est par la suite apprécié pour son ambiance populaire, les activités culturelles qui s'y déroulent et le charme de ses anciennes constructions ouvrières. Après avoir été délaissé pendant de longues années, ce quartier apparaît aujourd'hui comme un lieu idéal pour densifier la ville grâce aux friches Nord du site; la ville prévoit en effet d'y construire un grand nombre de logements et d'y instaurer des activités. Mon projet de master s'inscrit en parallèle à ce grand projet et cherche à revaloriser le quartier existant par l'affirmation de ses qualités urbaines et sociales tout en le reconnectant à la ville. L'implantation de quatre bâtiments dans la continuité du bâti, de la place du Vallon jusque sur la place du Nord (interface avec la ville), et la démolition du bâtiment de l'Armée du Salut (sur la place du Vallon), permettent une redéfinition des espaces publics et leur confèrent un sens nouveau. Ainsi réaménagés, ils servent de connecteurs au sein du quartier et avec la ville. De plus, une démarche programmatique offre, grâce à la proposition d'une structure communautaire (une maison de quartier pour le Vallon et la Cité ainsi que des logements communautaires), un lieu convivial durable pour les habitants du quartier et une visibilité à l'échelle de la ville.

«Lausanne, ce sont trois plans: un plan vert, un plan bleu, et la façon dont on passe du vert au bleu en donnant naissance au gris.» [GODARD, J.-L.] L'enjeu du projet se situe dans cette transition entre ces deux plans: le paysage lémanique et les rives lausannoises. Entre un regardant et un regardé. Entre une échelle transfrontalière et une échelle locale. Car le lac est bien plus qu'un tableau, il joue le rôle de jardin de la région métropliatine. Telle une agora, il réunit la région lémanique autour de son entité géographique et culturelle. Les rives lausannoises sont une large terrasse verdoyante face à cette scénographie. Cet espace privilégié, gagné sur le lac par phases successives, est presqu'entièrement voué aux loisirs. Seule une zone à l'Ouest d'Ouchy reste industrielle. En déplaçant cette exploitation de sable et gravier en périphérie de la métropole Lausanne-Morges, la qualité première du littoral, comme jardin de la ville, est renforcée. La promenade riveraine devient continue et une nouvelle place publique s'ouvre au paysage. Parce que les rives sont le lieu de l'éphémère, vivant au rythme du flot des promeneurs saisonniers et des forains, tout y est fugace. Ce vide indéfini offre une liberté d'appropriation rare. Le projet développé pour une institution lémanique se définit en tant que lien entre ces deux jardins. Il est une nouvelle ponctualité parmi les activités égrainées le long des rives, qui règle le passage actuellement difficile entre Ouchy et Bellerive. Mais il est aussi un bâtiment-signe à l'échelle du Léman, une verticalité dans tant d'horizontalité, une machine à regarder le paysage autrement.

Un des objectifs actuels du développement des villes consiste à y maintenir et renforcer l'activité artisanale, afin de revenir à un principe de ville productive. L’idée du projet est d'apporter une nouvelle dynamique à la zone industrielle des Charmilles, à Genève, l’une des dernières, aujourd’hui, à présenter ce caractère artisanal, à proximité du centre-ville. Pour ce faire, le projet propose d’améliorer son intégration au sein du quartier et d’y ajouter de nouveaux programmes fédérateurs. Ces derniers apportent des réponses spécifiques aux besoins identifiés au travers de discussions avec divers utilisateurs. Au niveau de l’implantation, l’idée est de clarifier les logiques morphologiques déjà présentes, à l’aide de deux interventions. Premièrement, en unifiant les bâtiments au centre afin de former une troisième masse bâtie sur le site. La centralité de ce nouveau bâtiment s’affirme par des programmes collectifs : restaurant, salle polyvalente et espaces de travail. Deuxièmement, en surélevant un second bâtiment et en le prolongeant, suivant une logique de barre présente alentour. Son implantation en limite de parcelle et sa proximité avec la rue résidentielle sont propices à des habitats collectifs pour artistes, où espaces de production et de détente se confondent. Les deux nouveaux édifices s’inspirent du langage industriel présent, tout en s’affirmant en tant que nouvelles entités. Ensemble, ils participent au nouveau visage des zones artisanales de demain.

Il est 13h30, j'ai mangé une ratatouille à la cantine et la sonnerie va bientôt retentir. Je me balade au milieu des pommiers, j'aime bien cet endroit car il n'y fait pas trop chaud. On y joue souvent à cache-cache après l'école! Mais aujourd'hui, ce qui m'intéresse c'est de savoir si elles sont enfin mûres ces pommes, il me semble que cela fait drôlement longtemps qu'elles sont suspendues à leurs branches. Je cherche un coin tranquille, en haut de la colline et je m'y allonge, les yeux fermés, je pense à mon école. On l'a construite tous ensemble, on a même pu rencontrer les architectes pendant les "Ateliers de l'Imaginaire" qu'on a fait avec eux où on a dessiné et construit pleins de choses et ensuite on a tous participé au chantier. Dans l'école, il y a un endroit où tous les gens peuvent se réunir pour discuter, présenter des spectacles ou pour jouer. Depuis cet endroit on peut aller dans la salle de gym, à la cantine et aussi dans des ateliers où les gens, même le week-end, se construisent tout plein de jouets et de meubles, au lieu de les acheter. Ma classe se trouve dans le parc, elle est comme une petite maison, j'y connais tout le monde. La maison d'à côté, c'est les plus grands, je les vois depuis la cour à la récréation. Bientôt je serais à leur place! Driiiiiiing... Aïe il est l'heure... Je dévale la pente en courant car il paraît qu'on récolte les fraises cet après-midi, il faut aussi que je finisse mon bonhomme en terre cuite, car demain c'est l'anniversaire de maman.

L’architecture peut subvenir aux besoins de communautés qui nécessitent un changement. C’est le cas des sociétés indigènes qui se définissent par leur autonomie et la relation de leurs constructions à la culture et à la nature. L’objectif tend à revaloriser la construction traditionnelle afin d’initier les futures générations à préserver l'identité culturelle. Grâce à l’analyse d’éléments existants de l’ethnie de Los Tsachilas à Santo Domingo en Équateur, le projet se base sur les valeurs fondamentales du savoir-faire traditionnel et de la construction en matériaux locaux. Il s’inscrit dans les mœurs de la vie indigène et propose des constructions alternatives pour le développement de leur communauté en prenant en compte leurs besoins contemporains. En référence à leur travail communautaire, appelé Minga, la création d’un nouvel espace collectif de workshop permettra aux habitants de réemployer la construction en bambou-paille. Un catalogue de détails constructifs et de perceptions spatiales permet la fabrication in situ des éléments de construction nécessaires. Alternant avec la fonction du workshop, cet espace situé en bord de rivière accueille également les célébrations traditionnelles. De plus, le projet propose deux exemples d’habitats conçus dans cet atelier de construction. Ils exposent à la fois les perceptions spatiales souhaitées et les typologies adaptées selon les besoins. La richesse naturelle du site est mise en avant par les toitures qui activent différents espaces. La toiture devient alors l’élément qui relie conceptuellement l’intervention à l’échelle urbaine.

En raison de son passé ouvrier et industriel, le Vallon est connu pour être un lieu de grande diversité socio-culturelle. Accueillant aujourd’hui plusieurs associations et institutions sociales, ce quartier est devenu un objet d’intérêt pour la ville de Lausanne qui cherche à le revaloriser, tout en gardant son caractère singulier. Sur la parcelle de l’ancienne usine d’incinération, le projet cherche à mettre en valeur une possible réappropriation du lieu de la part de ses habitants et à étendre l’actuelle place du Vallon. Dans cette perspective, le projet est constitué d’une maison de quartier, de logements, de logements sociaux et d’une serre, partageant tous un même espace collectif qui devient le lieu principal de rencontre et d’interactions sociales. Sur la place du Vallon, l’antenne de quartier permet de mettre à disposition de la ville de Lausanne et des associations des salles pour des activités socio-culturelles. La serre, de son côté, permet aux personnes vivant dans les logements sociaux d’avoir des jardins de réinsertion pour être pris en charge tout le long de l’année. Afin de respecter et de revaloriser l’existant, le projet s’appuie autant sur le thème de la fragmentation que sur celui de la variation, soulignant ainsi le caractère hétéroclite et le charme du Vallon.

«La construction fragile, contrairement à ce que son nom peut nous laisser penser est faite pour durer.» [smiljan radic]; Avant la vague est un acte architectural. Il célèbre un moment précis dans le temps. L'infrastructure proposée, à caractère éphèmère et léger, est en proie à des mouvements continus. Elle permet de contenir cet instant. “Varar”, acte de dérive en espagnol, définit l'essence de cette composition d'éléments mobiles, qui est placée entre terre et mer sur les rives de Chiloé, île au Sud du Chili. Le contexte, formé de trois territoires et trois types d'architecture, annonce une équation projectuelle initiale: A1+B2+C3 = a4+b5+c6 = x; (1: territorio, 2: maretorio, 3: bordemar, 4: église jésuite, 5: bateau, 6: pilotis, x: le projet); La méthode surréaliste du cadavre exquis est utilisée pour la résoudre. L'amalgame de ces six paramètres crée un équilibre spatial subtil et un cadre pour de nouvelles interactions sociales. Le résultat est un système d'éléments en bois modulaires combinés par quatres techniques: la stratification, la symétrie, le décalage et l'hybridation. Ceux-ci créent autant un refuge, qu'une machine facilitant des activités culturelles. La charpenterie, l'artisanat et les ressources locales ont aussi été des éléments fondamentaux pour le design du projet. Ce mirador territorial devient ainsi, en proie au temps, une collection d'événements éphèmères et sociaux cohabitant dans l'infrastructure – un cinéma en plein air, une bibliothèque ou un théâtre. Ce nouveau point de repère renforce l'identité culturelle et les mémoires de l'endroit, faisant lentement partie d'un héritage local.

Lavaux: un environnement naturel, architectural et construit, patrimoine de l'humanité. Un vignoble millénaire en terrasses, agrippé sur des pentes raides face au lac Léman et aux Alpes dont l'exploitation entraîne, dès le XIIe siècle, défrichement, édification de terrasses en pierre et installation de funiculaires. Ce lourd investissement se justifiait par un commerce florissant. Aujourd'hui, en raison d'une mécanisation difficile sur un terrain en pente, les coûts de production sont élevés dans le vignoble. Parallèlement, les attentes de plus en plus diverses, formulées par les multiples acteurs impliqués, représentent un enjeu de taille. Viabilité du vignoble, urbanisation rampante, intégration des édifices et infrastructures de mobilité, sont autant de thèmes au cœur du débat. Face à ces enjeux, le projet propose un lieu d'accueil et de recherche situé entre vignoble et arrière-pays. L'hypothèse de travail énonce la possibilité de construire à Lavaux dans le respect du territoire. A travers des espaces d'exposition, de discussion et de recherche, le nouveau bâtiment, lieu identitaire pour la région, aspire à la production d'information, à leur diffusion auprès du grand public ainsi qu'à la mise en place de synergies, en vue d'une meilleure connaissance du site et d'une gestion respectueuse. Proposer un projet architectural en adéquation avec le lieu et suggèrer comment construire dans ce site exceptionnel sont deux thématiques centrales du travail.

Le tourisme balnéaire et thermal est le moteur de la ville de Evpatoria, située au bord de la mer Noire en Ukraine. Cela dit, touristes et résidents locaux ne se côtoient guère. Le touriste séjourne dans un "ghetto" de sanatoriums et d'hôtels, alors que le résident vit et travaille dans le quartier de la "nouvelle ville". Deux sites existants permettent aujourd'hui la rencontre entre ces deux types de résidents à temporalité différente: la place "religieuse" et la place "administrative". Le projet propose, à l'échelle urbaine, de relier les deux places existantes par une troisième, celle de la culture et de la communication, afin de revaloriser le centre ville. Le site choisi est un ancien nœud de communication: le port marchand de la ville. En plein déclin, il est voué à l'abandon dû à la construction d'un nouveau port moderne en eau profonde à plusieurs kilomètres de la ville. La réhabilitation du port et son ouverture à la population permettront de reconnecter la promenade côtière, jusqu'alors divisée de part et d'autre du port, et de rendre accessible de nouveaux espaces de rives, dans cet "entre-deux" entre ville et mer. Un nouveau quartier urbain complètera le site, tout en intégrant les bâtiments portuaires restants tels que la gare maritime et la capitainerie. La nouvelle place intègrera à l'échelle du bâtiment, une bibliothèque, un espace public à vocation littéraire, digitale et culturelle, permettant un partage de connaissances entre différents individus.

L’usine disparaît progressivement des centres urbains européens, les zones industrielles se déplacent en périphérie ou à la campagne, se situant dans d’énormes bâtiments à un étage; leur emplacement précédent attribué à des logements ou des bureaux, les bâtiments les plus anciens reconvertis et les plus récents démolis. C’est dans cette situation que se trouve actuellement la zone du PAV (Praille-Acacias-Vernets) à Genève, où des nouvelles constructions – pour la majeure partie des blocs résidentiels – remplacent l’ancien tissu industriel, datant des années 60 et 70. Les nouveaux développements sont divisés sur un plan horizontal selon le programme. Le projet questionne cette division. Garder l’usine au sein de la ville, sans y exclure d’autres programmes? Sans exclure le logement qui manque tant à Genève? Il vise à transformer l’usine en un hybride, où industrie, logement, bureau et loisir se côtoient. Divisée verticalement, et non plus horizontalement, l’indétermination programmatique spécifique à l’usine est mise à profit de nouveaux programmes qui peuvent être insérés dans le bâtiment, exploitant à l’extrême le principe de flexibilité. C’est une proposition qui critique le principe moderniste du cantonnement des fonctions et qui propose un prototype de mixité urbaine qui puisse maintenir l’usine dans la ville.

Depuis l’émergence du Web, le monde digital envahit de plus en plus notre société, impactant nos façons de vivre et nos relations avec le monde environnant. Alors que les appareils intelligents ont intégré nos activités quotidiennes, les machines qui permettent leur utilisation demeurent un mystère pour la plupart d’entre nous. Dans le processus du traitement de 0 et de 1, une nouvelle typologie issue de ce monde invisible est née : les datacenters. Ils envahissent silencieusement nos villes et les impactent de manière tangible. Souvent anonymes, fermés, opaques et inaccessibles, ils ne révèlent rien des conséquences spatiales, environnementales et sociales de leur implantation, creusant l’écart entre le virtuel et le physique et empêchant ainsi toute forme de reconnaissance des conditions de l’ère du digital. D.A.T.A 225 cherche à répondre à cette problématique en détournant les installations d’un datacenter privé, au cœur de Zurich, au profit de la collectivité. Le projet spécule sur l’instauration d’un nouveau règlement pour la construction des gratte-ciel mis en place par la Ville et repose sur la volonté de créer un dialogue entre les installations techniques d’un datacenter réimaginé et l’architecture. Interrogeons cette technologie dont la présence invisible a des incidences manifestes sur notre société, détournons-la pour en faire un créateur d’ambiance et érigeons le datacenter en icône de la dimension du digital!

A Lausanne comme ailleurs, une problématique urbaine majeure concerne la mobilité et la place occupée par les voitures. Les espaces aménagés pour les automobiles viennent morceler le territoire en entités parfois si petites qu’elles en deviennent inutilisables. Les places de parc, tout comme les parkings souterrains, se multiplient et leur reconversion semble impossible à cause de la spécificité de leur programme. Cependant, ces constructions sont nécessaires et le resteront tant que la voiture aura sa place dans la société. L’architecture doit proposer des solutions pragmatiques et durables, afin d’optimiser la surface au sol, de permettre des aménagements intelligents et d’imaginer une seconde vie à ces infrastructures. Le parc de la Rouvraie à Lausanne est idéal pour s'inscrire dans la lignée d’un tel plan directeur. L’impact négatif causé par les surfaces imperméables est évident alors que le plateau possède d’importantes qualités paysagères. La stratégie choisie sera de supprimer les places au cœur du site pour aménager de nouveaux espaces verts et des places de qualité. Cette mesure radicale impliquera la construction d'un parking hors-terre pour accueillir les véhicules des habitants de la Rouvraie ou les visiteurs. Ce parking devra répondre à plusieurs objectifs: jouer le rôle de porte d’entrée dans le parc, être une interface d'échange de transports mais aussi affirmer une politique écologique et durable en étant adaptable. Des programmes variés pourront ainsi remplacer le parking grâce à une structure facilement aménageable.

Le centre pour la redistribution et la recherche sur les matériaux de réemploi est un programme nouveau qui participe à l’économie circulaire. Distinct du recyclage, le réemploi conserve la forme, l’énergie, le savoir-faire, la technologie et la part culturelle contenus dans un matériau pour l’utiliser une nouvelle fois sans le modifier fortement. Le “hub de réemploi” répond aux difficultés spécifiques, normatives, économiques, culturelles ainsi que de synchronisation entre chantiers. Ces nouveaux lieux de partage, qui certifient et revendent ces matériaux, forment un réseau actif pour l’innovation et la diffusion de la pratique. A Ecublens, le “hub” pour la Suisse romande est un bâtiment “low-tech” qui valorise la topographie et les infrastructures existantes. Conçu avec des matériaux de réemploi, il est organisé en plan selon deux L: l’un permet l’arrivée de marchandises par le train et l’autre par la route. A l’intérieur, des volumes chauffés reçoivent une part des activités didactiques, de recherche et de remise en état. Dans une logique vertueuse, le centre pourra s’agrandir par étape avec son propre stock, en parallèle au développement de la filière. En plus de compléter une jonction écologique, le projet veut valoriser les mobilités douces, consommer une quantité minimum de matériaux et proposer une stratégie énergétique positive. Le choix des matériaux, développé dans une série de détails constructifs, repose sur des éléments d’occasion régulièrement destinés au recyclage et typiques des rejets de la déconstruction régionale.

La terre, matériau de construction ancestral, est tombée dans l’oubli bien que sa disponibilité et ses qualités durables aient toujours été reconnues. En 1873, Martin Lörch acheta une clairière idyllique dans le Kellenmatt et y construisit une simple briqueterie (Ziegelhütte), complétée en 1879 par un petit bâtiment résidentiel. La Ziegelhütte, seule survivante de ce type d’industrie en Suisse alémanique, ainsi que son biotope, devinrent un site protégé ouvert au public. En 2013, le musée de la terre cuite, unique en Suisse, fut inauguré en annexe à cette ancienne fabrique. Afin de promouvoir l’utilisation de la terre, la fondation Stiftung Ziegelei-Museum doit adjoindre un nouvel élément à son île muséale: un atelier de la terre. Le projet articule l’espace entre la Ziegelhütte et le musée et, ainsi, guide les visiteurs dans ce lieu chargé d’histoire. Depuis le cœur de sa structure, l’ancienne fabrique, son biotope et un paysage dégagé font l’objet d’un cadrage exceptionnel. Cet atelier se veut un véritable manifeste de la construction en terre. Il constitue un terrain d’expérimentation, invitant les visiteurs à découvrir de manière interactive la mise en œuvre de ce matériau. De plus, il présente une grande liberté d’utilisation et abrite une plateforme d’échange sur le thème de la terre. Afin de créer un lien local fort, tout en offrant la flexibilité structurelle demandée par le programme, le projet s’enrobe de la terre du lieu fixée sur une structure en bois. Inspirée des modes constructifs japonais, celle-ci est constituée d’un assemblage de joints bois-bois qui la rend facilement démontable et adaptable.

L'architecture suisse puise sa force dans une approche où les questions de tradition, référence, contexte et matériau sont au cœur des préoccupations afin de dépasser une dimension contemplative au profit d'une fascination pour des questions de présence physique, d'effet. Adoptant cette attitude, la caserne de pompiers va chercher à construire une forme familière capable d'évoquer chez l'observateur des émotions. Durant l'été 1962, deux incendies ravagent le hameau Produit sur Leytron. L'architecture du village se voit transformée, la pierre détrônant le bois jusque-là omniprésent. Aujourd'hui, les pompiers prennent place au cœur du village. Leur présence dépasse la condition de simple infrastructure et offre une articulation entre vie publique et service public. Contre la route menant à Produit, la grange accueille les camions alors que depuis le chemin de l'Eglise, le bâtiment en retrait crée une place qui dynamise le centre du village et lui offre un nouveau lieu de rencontre. Tandis que depuis la place, la maison de pompier se fait discrète, servant d'entrée principale à la caserne et à la salle communale, le bâtiment en contrebas prend, de par sa taille, le caractère d'un bâtiment public. La tour de séchage se dresse au-dessus du village tel un symbole, entrant en dialogue avec le clocher de la nouvelle église. Le bois brûlé de la caserne rend hommage aux tragédies tout en redonnant une légitimité au bois. La maison du feu, protectrice et rassurante, renaît de ses cendres.

C’est l’été, il est 20h07, le ciel n’est pas trop sombre. Vous vous rendez au match d’improvisation qui se tient ce soir au nouveau CARIS. Vous décidez de sortir du bus à Cèdres et quittez la station avec les autres voyageurs.euse.s. Vous entamez la descente à pied de l’Avenue des Bains et vous en profitez pour saluer Tschumi (le père, bien sûr). Peu après, la tête ronde et les lettres rouges de Bellerive-Plage apparaissent au loin, rapidement suivies de la silhouette allongée du CARIS. Le nouveau bâtiment coupe l’ancien parking de la « place Bellerive » en deux. Vous vous dites que c’est un nom étrange pour un parking qui n’était ni directement une « rive », ni particulièrement « beau » et pas tellement une « place » au final. Mais ces pensées vous quittent aussitôt car vous arrivez à la hauteur de la billetterie. Vous aimez jeter un coup d’œil au lac qui paraît bien plus proche, visible qu’il est à travers le couloir transperçant le bâtiment et filtré par la masse l’irrégulière de la file des retardataires venus acheter les derniers billets sur place. Ce tableau en tête, vous vous félicitez d’avoir acheté vos billets sur internet avant de rejoindre les autres spectateur.ice.s déjà assis.e.s dans la fameuse « fosse » devant la scène extérieure. La légende raconte que c’est Armand, le gardien des lieux, qui est chargé de monter et descendre à mains nues chaque scène pour chaque représentation. Mais c’est le silence qui cette fois vient interrompre vos réflexions : le spectacle commence…

Après des décennies flamboyantes suivies d'une longue agonie post-industrielle, Motorcity est officiellement en faillite. La métropole du Michigan est en ruine financièrement et sa spatialité s'effondre. Les bâtiments abandonnés et pillés jonchent le parcellaire. Le centre-ville est amputé de la moitié de ses édifices, le bâti atrophié laisse à peine percevoir l'empreinte de son plan directeur initial. Dans ce contexte et ce paysage urbain mutilé, le projet établi une réflexion sur la question de la reconstruction. Il s'implante au cœur du quartier du divertissement au centre de Détroit et propose quatre interventions précises liées à un thème programmatique et architectural spécifique. Une enceinte sportive inspirée de l'architecture du spectacle, un édifice dédié à la culture de la musique électronique, des parkings et des logements prennent possession de parcelles inoccupées du quartier. Chacun des fragments du projet est nourri de références se trouvant à Détroit. L'architecture délabrée et puissante de Motorcity forme un ensemble de proportions, atmosphères, matières, lumières qui a fortement contribué à l'élaboration des quatre interventions architecturales; imaginer des bâtiments nouveaux, mais qui appartiennent à leur environnement et continuent d'écrire son histoire.

Dans un monde où les relations humaines sont de plus en plus interconnectées, l’architecture doit encourager les multiples possibilités d’interactions. Notre environnement bâti se numérise graduellement à mesure que notre environnement virtuel devient plus immersif. Nous avons appris à utiliser d’autres moyens de communication lorsque nous ne pouvions nous rencontrer en personne. Ces nouveaux outils façonnent la manière dont nous vivons notre environnement et nos relations. L’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) ne fait pas exception. Elle a dû s’adapter afin de mieux communiquer avec sa communauté. En particulier, les Town Hall Meetings permettent à la présidence de se connecter avec ses membres, à grande échelle, et plus précisément d’échanger sur les sujets actuels ou les développements futurs. Des réunions dans les auditoires, l’EPFL a ensuite opté pour un support virtuel afin d’en faciliter l’accessibilité et encourager une plus large participation. Cependant, le Town Hall est aujourd’hui réhabilité dans sa forme physique, car le virtuel n'a pas obtenu le niveau d’audience et d'engagement espéré. Ce projet a pour but d’exploiter le potentiel des espaces numériques en étudiant les modes de rencontre, de travail et de communication en ligne, dans une proposition axée sur le renforcement de la participation de la communauté EPFL : un espace virtuel qui peut être visité, expérimenté et accessible par toutes et tous, à tout moment et en tout lieu.

En Italie, des villages se sont formés le long des routes d’herbe battues par les cycles de la transhumance. C’est le cas de Pescolanciano, petite localité du Haut-Molise. Ce bourg médiéval, perché sur son rocher, a progressivement colonisé le segment de tratturo – parcours de transhumance – qui passe à ses pieds. Autrefois considéré comme la porte principale du nord de la région, Pescolanciano ne bénéficie plus de l’abondant passage des bergers et de leur troupeau. Comme beaucoup d’autres villages des terres intérieures, son statut est passé de stratégique à marginal. De ce fait, le nombre de ses habitants n’a cessé de diminuer, tout comme son niveau de services et d’activité économique. L’école d’artisanat textile proposée, en synergie avec le centre social préexistant, est à la fois une réponse programmatique à un village en manque d’investissements socio-économiques et une tentative de renouer le lien entre le cheminement naturel du tratturo et l’environnement construit qu’il traverse. Le bâtiment est à la frontière de plusieurs mondes : agricole et domestique, végétal et minéral. Sa forme, composée de deux émergences reliées par un corps bas, joue le rôle d’interface entre le tratturo et le village dont il accentue l’entrée grâce à sa tour qui donne sur le front de la rue principale.

L’héritage architectural des Wenger, couple d’architectes suisses du milieu 20e siècle, est riche de sens et unique dans son approche. Leur dernière œuvre, qui est aussi l’une des plus importantes, formalise un nouveau type de lieu d’enseignement et de formation continue. Il s’agit d’un centre interrégional de perfectionnement (CIP), ainsi que l’avait exposé dans sa thèse Willy Jeanneret, maire de Tramelan, en 1980. En dépit de ses qualités, cette réalisation n’est toujours pas recensée et a subi, au fil des années, des transformations majeures qui ont durablement nuit à la cohérence générale de ses espaces, ainsi qu’à la lisibilité de son architecture particulièrement géométrique. Notre projet consiste à remettre en valeur les éléments architectoniques relatifs aux lignes directrices du projet, ces dernières ayant permis sa conception. A cela s'ajoute une proposition d’extension qui répond aux nouveaux besoins de l’établissement et qui comprend un hôtel, des salles de cours, des bureaux, une médiathèque, un restaurant, une cafétéria, des ateliers ainsi qu’une salle polyvalente. Il s’agira également de proposer une remise aux normes sans nuire à la substance architecturale du lieu. En ce qui concerne la méthode, l’accent sera mis sur la géométrie, la construction, la physique du bâtiment et le rapport qu’entretient celui-ci avec l’extérieur. Enfin, pour l’extension, le langage architectural utilisé sera analogue à celui de l’existant.

Le site du projet se situe à Assens, un village-rue du Gros-de-Vaud, directement relié à Lausanne par la ligne ferroviaire du LEB. Le projet consiste à requalifier le centre d’Assens par la réalisation d’un « parvis villageois ». Cette sorte de place publique située entre les deux églises du village sur le nouvel axe piéton menant à la gare, sert à la collectivité en établissant des liens physiques significatifs avec les bâtiments périphériques dont le projet prévoit la rénovation. Une grange, contenant la place au nord, actuellement négligée et sans réelle fonction, est remaniée au travers d’interventions minimales: la toiture est restaurée, les multiples volumes et niveaux sont ordonnés pour redonner de la clarté aux différents espaces et de nouveaux usages y sont implantés: une école enfantine, un café, et la nouvelle salle communale. Créant le front de place au sud, un nouveau bâtiment est proposé face à la ferme, à cheval sur le muret délimitant le jardin curial. Cette construction en pierre et bois offre 7 logements de type coopératif. Leur configuration en travées, inspirée des typologies de fermes, ainsi que les doubles accès aux pièces, permettent une libre appropriation des espaces. Le projet propose de construire avec ce qui existe sur place, tant en termes de réappropriation du bâti existant que dans le choix des matériaux. Le bois (épicea, sapin blanc) provient des forêts d’Assens, tandis que la Molasse, offrant inertie thermique et pérennité, est prélevée à 150 mètres du chantier dans une ancienne carrière. Une approche inspirée du « pragmatisme paysan » qui a caractérisé la construction des bâtiments agricoles d’Assens et leurs extensions successives.

Levé de rideau. Le ballet des promeneurs se déploie sur la toile majestueuse du lac et des sommets. De part et d'autre, l'écrin des façades de la Grande Place parle d'un autre temps et d'une genèse décousue. Au loin, à demi-cachées derrière l'un des immuables gardiens silencieux de la place, se profilent quelques marches, pleines de mystère. Mais déjà, un ronronnement distant annonce un changement de tableau. Nouvelle scène, nouvelle heure. Les étals du marché ont envahi l'espace et l'étendue du lac a laissé place au mirage éphémère du reflet des façades colorées. Le temps d'un acte, le décor change et l'œil se perd dans le reflet citadin, démultipliant l'ébullition du marché et le plaçant temporairement au cœur d'un écrin urbain. Alors que la Grenette et les clochers voisins égrènent le passage des heures, l'esplanade a retrouvé son calme et le lac a repris sa place dans le paysage. Les acteurs changent et les premiers baigneurs font leur apparition et convergent vers le bord du lac, s'élançant vers les marches mystérieuses. Aux terrasses des cafés, bordant la place, les rumeurs courent. Déjà on parle de la grande fête de Vevey rassemblant chaque quart de siècle les amoureux des traditions sur la Grande Place. Ici, on dit que cet étrange navire accosterait de nouveau le long du quai pour l'occasion, là on dit qu'il arriverait prochainement avec sa troupe de comédiens pour une unique représentation … Une seule certitude, il sera présent quand le besoin se fera sentir.

Le nombre de personnes concernées par le sans-abrisme à Lausanne ne cesse d’augmenter et excède la capacité d’accueil de son réseau d’infrastructures d’urgence. Si l’espace public qui l’articule offre quelques lieux de pause et de sociabilisation, son manque de flexibilité d’utilisation ne permet pas d’offrir un lieu de vie à cette population. Le projet propose une autre manière de vivre la ville au travers du développement de domesticités partagées qui s’adressent non seulement à la population du bas-seuil, mais également à la société actuelle de plus en plus itinérante dans laquelle elle s’inscrit. Implanté sur la place du Tunnel, le projet réactive l’environnement routier comme destination dynamique pour la communauté locale en proposant une stratégie de site inclusive et holistique qui permet d’offrir une plateforme de réinsertion sociale. Ainsi la place devient l’Auberge communale du Tunnel sur laquelle s'articulent les différentes fonctions – dortoirs, sanitaires, cuisine et espaces de jour – qui forment le foyer. L’ancienne gare routière du site s’ouvre sur l’espace extérieur aménagé et se transforme en cuisine communautaire. Au nord, une tour de dortoirs surplombe le site et dialogue avec un centre communautaire, implanté au sud, par l’articulation d’une continuité verticale de l’espace public, matérialisée sur l’ensemble du projet par une structure en dalles de béton brut apparentes. Sur cette base, une ossature cadre bois est utilisée pour définir les spatialités intérieures.

Pour affirmer son statut de station balnéaire internationale et de centre économique régional, Varna – la deuxième ville de Bulgarie – prévoit la construction de nouvelles infrastructures modales qui l'inscrivent dans les réseaux européens et intercontinentaux. Selon le plan directeur, celles-ci se placeront sur des points stratégiques de l'agglomération, notamment sur les terrains de l'ancien port, bientôt délocalisé. De manière globale, le projet cherche à assurer la continuité du partage modal entre la pluralité des transports présents: ferroviaire, routier et maritime, et ainsi créer un noeud de communication efficace et attractif. Pour cela, il devient nécessaire d'assurer la qualité spatiale au niveau urbain, ainsi que de produire des images fortes, grâce à la mise en concurrence des trois gares. En effet, elles cherchent à devenir un support de diversification urbaine, des vrais condensateurs sociaux, où la mobilité et ses activités inhérentes créent ce signal puissant tant nécessaire à la genèse du renouveau urbain. Créer des compatibilités urbaines, en désignant les différentes gares comme ressource principale, relève la mise en place de typologies hybrides qui garantissent leur réussite socio-économique. Plus précisément, des programmes culturels, d'hébergement, de commerces et bureaux, se mélangent avec les fonctions primaires liées au voyage et produisent une variété spatiale et une richesse programmatique, qui mettent en dialogue l'ensemble construit avec l'environnement urbain.

Comment intervenir dans l’arrière-pays européen? A Vienne, la ville du XXe siècle entreprit son expansion vers l’Est en direction des champs. C’est là, rejetés en dehors de la ville historique, vers les rives alors inondables du Danube, que furent développés les programmes liés à la production, l’approvisionnement et la distribution. Un paysage urbain contemporain: parcs industriels, centres commerciaux, entrepôts et plateformes logistiques, échangeurs, dépôts de chemins de fer, plateformes de triage, logements, parking relais, champs agricoles, déchetteries, raffineries, terrains vagues. Ce projet interroge l’avenir d’un morceau de ce territoire délaissé le long de la voie du métro surélevée et récemment achevée, entre la mosaïque des développements immobiliers et une gare de triage. Y introduire un bâtiment, de nos jours, permet de jeter un regard neuf sur ce site en exploitant ses qualités suburbaines de générosité et d’accessibilité spatiale tout en restant relativement bien connecté au centre ville. Conscient de la réalité économique et sociale défavorable à toute initiative publique, le bâtiment est taillé à la mesure d’une pluralité d’usages et d’une certaine économie dans le but d’intensifier l’espace et de projeter de l’ordre dans un contexte qui en manque. Le projet met en avant la capacité d’une unique intervention civique à restructurer le tissu fragmenté de la banlieue et suggère la possibilité de négocier cette situation à l’échelle de la ville et du voisinage.

Avant-tout, je souhaite préciser que le site a été choisi pour ses richesses plutôt que pour ses dysfonctionnements. La surface horizontale du jardin séparant le bâtiment enterré de la ville est considéré comme le laboratoire d'une architecture apparemment simple mais étroitement en lien avec ce complexe “délire infra-structurel”. Trouvant une forte inspiration dans le projet des halles Centrales de Victor Baltard et Félix Callet, le bâtiment s'étale. Sans abandonner la possibilité de grands espaces publics (arborés ou non), la stratégie est d'intensifier les qualités urbanistiques des objets présents sur le site en modifiant fondamentalement la relation entres espaces construits et vides. Le projet propose la rencontre d'un système d'implantation radicalement simple avec un système hautement complexe venant du sous-sol. Dans une démarche quasi archéologique, l'étude précise des différentes strates du Forum a permis de déceler des opportunités pouvant être d'ordre programmatique, spatial ou bien structurel. C'est au travers de ce processus que le schéma acquière une certaine complexité. Le projet cherche à questionner la typologie d'espace public en milieu métropolitain, et propose une reflexion sur les relations entre contenu, contenant et contexte.

FONDU SUR: EXT. GEYLANG - AUBE UN PAYSAGE ANONYME DE BÉTON ET DE VERRE EXT. LORONG TRAVELLING DANS LA RUE. Les stores des magasins sont encore fermés. Au bout de la ruelle apparaît d’abord un escalier, puis la tour qui le surplombe. UNE GRILLE TRIDIMENSIONNELLE SE DÉROULE LE LONG DES AXES DE CIRCULATION, ENGLOBANT LA STATION DE MÉTRO. EXT. PLATEFORME Les escaliers donnent sur le portique, d’où l’on rejoint le flux de personnes allant au MRT. Les shophouses qui longent l’axe de circulation ouvrent. Des passants s’arrêtent pour un kopi et un toast sur le chemin. APPROPRIATION PROGRESSIVE DE LA STRUCTURE PAR DES MODULES COMMERCIAUX EXT. ATRIUM - JOUR En sortant du MRT, une série d’escaliers mène à l’atrium. Au niveau le plus bas, une foule s’installe dans le hawker pour la pause de midi. EXT. CIRCULATION Le portique mène à la plateforme, depuis laquelle un axe de circulation secondaire donne accès aux zones résidentielles. INT. TOUR Devant l’ascenseur, trois résidents discutent dans l’espace commun. Une femme sort pour y arroser les plantes.LA TOUR PREND VIE GRACE AUX ESPACES COMMUNS OÙ LES HABITANTS SE RENCONTRENT ET ÉCHANGENT EXT. SHOPHOUSE - SOIR Les ascenseurs s’ouvrent à l’arrière de la plateforme. Un guitariste chante devant des personnes assises à l’ombre. EXT. FUTURE METROPOLIS - NUIT LE BÂTIMENT EST ILLUMINÉ PAR LES ACTIVITÉS NOCTURNES. LES HABITANTS S’APPROPRIENT L’ESPACE; AINSI ABSORBÉE, LA GRILLE STRUCTURELLE SEMBLE DISPARAÎTRE

La péninsule industrielle de Sompasaari, au Nord-Est et distante de quelques kilomètres du centre-ville d'Helsinki, est destinée à de grands changements. En novembre 2008, toutes les fonctions du port du Nord d'Helsinki autour de la péninsule sont transférées vers le port de Vuosaari, à douze kilomètres au Sud sur les côtes finlandaises. Livrée à elle-même, la péninsule de Sompasaari lutte pour renaître à travers les usages informels des habitants d'Helsinki, pendant que les autorités de la ville, les investisseurs et les promoteurs planifient méticuleusement sa transformation future, destinée au grand public. Des logements et des commerces se partageront ce même territoire abandonné cinquante ans auparavant par les habitant des deux îles. C'est en effet en 1962 que Nihiti et Sompasaari, maintenant entièrement recouvertes, furent nivelées et jointes au continent pour créer le port industriel de la capitale finlandaise. En référence à la narration de l'énoncé théorique, et en investiguant l'opposition d'un environnement naturel à l'industrialisation massive du territoire, le projet propose une antithèse au masterplan planifié, se frayant un chemin à travers le tissu rigide et formel des blocs de logements. De ce nouveau paysage naissent trois interventions chirurgicales, fantômes des îles englouties, qui se transforment pour recevoir des programmes issus des différentes époques traversées par la péninsule. De cette façon, le projet questionne la manière de planifier nos villes et leur développements. A travers un processus d'expérimentation, l'utilisation d'un site virtuellement riche dans un contexte presque inexistant, le projet propose une ré-invention du genius loci.

Ce projet sert de détonateur au futur renouvellement urbain du quartier Beaumont à Fribourg. Il prend place dans un îlot allongé, à la limite entre deux tissus urbains de forme et d'époque très différentes: au Sud, des grandes tours de logement des années 1960, au Nord, une colline occupée par des maisons individuelles construites antérieurement. L'îlot étant vieillissant, peu attractif et pauvre en aménagement extérieur de qualité, mon projet va donc chercher à lui donner un nouveau souffle en s'inscrivant dans une réflexion fondée sur trois piliers. Le premier pilier est celui du vivre-ensemble au travers du fonctionnement d'une coopérative d'habitation et d'une mixité programmatique. Le projet est en effet composé, à part égale, de locaux commerciaux, de logements traversants de haute qualité et de locaux coopératifs tournés vers une rue centrale Est-Ouest catalysant les activités. Le second pilier est celui de l'écologie, notamment par une bonne gestion de l'eau, par l'utilisation des principes de l'architecture bioclimatique et par l'emploi du bois et de la terre stabilisée comme matériaux de construction. Le troisième et dernier pilier est celui de l'architecture qui devrait faire se rejoindre les deux précédents autour d'une composition vraiment qualitative et singulière. Les circulations et la place au centre du projet permettent de lier l'ensemble des programmes publics et semi-publics en les faisant remonter dans les étages jusqu'aux toitures.

A Nice, le quartier Saint-Roch a longtemps constitué le cœur industriel de la ville. Développé sur des terres auparavant cultivées, il a peu à peu vu toutes ses infrastructures industrielles disparaître, à l’exception de la plus imposante: la gare de marchandises de Nice-Saint-Roch. Achevée en 1928, elle représente aujourd’hui encore une barrière infranchissable et agit comme une véritable limite. Ce projet propose d’intervenir sur une partie de la zone ferroviaire dans le but de développer une relation nouvelle entre la gare et son quartier. Implanté en bordure des voies ferrées, il consiste en une structure installée sur le terrain avec la volonté de s’y adapter sans le dénaturer. Celle-ci prévoit l’établissement de jardins potagers publics, la construction d’une maison de quartier ainsi que la redéfinition d’une place publique. Le lieu ainsi conçu pour les habitants doit offrir flexibilité et polyvalence dans ses usages. On trouve donc, au cœur du développement, une réflexion sur des qualités comme l’appropriation et la convivialité. Tel un filtre placé entre le quartier et la gare, la structure investit la rue et les rails, dans l’intention de rendre au secteur un peu de ce système étanche. Cette intervention met en avant et célèbre le caractère industriel du lieu, en jouant sur le thème de la halle industrielle, tout en offrant une activité agricole, reflet de son passé pré-industriel.

Bien plus qu'un simple étage du bâtiment, le rez-de-chaussée est un élément clef dans le contexte urbain. La complexité d'un rez-de-chaussée n'est pas immédiatement apparente: souvent il ne représente que la zone de transition ou l'accès aux étages. Or, c'est un point névralgique liant le bâtiment à la ville, une transition du privé au public, et un lieu privilégié pour toutes les fonctions ou utilisations nécessitant un lien direct avec l'environnement. Le cas de la ville de Genève est intéressant, dans la mesure où il y est assez aisé d'identifier trois grandes périodes de l'évolution urbaine (le tissu du moyen-âge, le “fazyste” et celui du XXe siècle). L'énoncé théorique résume, dans un premier temps, les trois grandes périodes chronologiques; puis, une étude de divers projets d'habitations de ces 40 dernières années vise à analyser les rez-de-chaussée dans un contexte plus détaillé afin de dresser un constat de la situation et de définir des pistes à explorer dans le cadre de l'évolution urbaine à venir. L'adaptation des conclusions tirées de l'énoncé théorique nécessitait un contexte urbain dont les rez-de-chaussée étaient peu optimisés. Le choix du site s'est donc porté sur la pointe de la Jonction. Le projet s'implante dans une logique de continuité de la ville et de son tissu urbain. Les espaces, libérés par la délocalisation des Transports Publics Genevois, permettent de développer un ensemble de constructions qui s'inscrit dans une réaffectation des rez-de-chaussée pour la totalité de la pointe. Cette réhabilitation a pour but de rattacher ce lieu au reste de la ville et ainsi d'annihiler l'impression actuelle d'une impasse désertée.

La pratique et la consommation des loisirs s’infiltrent aujourd’hui dans tous les interstices spatiaux et temporels des villes. Dans le contexte du déménagement programmé des entrepôts des Transports Publics Genevois, le futur de la pointe de la Jonction est au centre des débats. A l’image de l’usine Kugler transformée en espaces de création artistique, ce quartier en pleine transition appelle à être repensé. La redéfinition de ce site emblématique – historiquement industriel – a pour ambition de le replacer à l’hypercentre de Genève. Tout en réaffirmant le caractère urbain du lieu, l'intervention répond à la demande populaire grandissante d’espaces de récréation et de festivités. Le projet se place à la rencontre du Rhône et de l’Arve, deux systèmes structurants du territoire genevois, dont les berges accueillent déjà un réseau majeur d’équipements sportifs, culturels et festifs. Conçu comme une infrastructure pour le loisir urbain, il crée un pôle de programmes publics où s’articulent différentes échelles. L’intervention se compose de trois entités: une ligne, une surface et un volume. Etablissant un lien immédiat entre le centre ville dense et les abords paysagers du Rhône, la passerelle surplombe le parc urbain et sa zone de baignade fluviale. Le complexe dédié au sport ainsi qu’à la pratique et la diffusion culturelle s’élève face à la ville. Cette machine sociale, support d’une intense urbanité, imagine le monument contemporain de la “ville à l’âge du loisir”.

Pour venir en aide à la situation de pénurie hôtelière que connaît la ville de New York, ce projet lui offre une structure d'accueil qui comptera parmi ses plus grands hôtels, avec plus de 1'200 nouvelles chambres, petites et grandes, s'adaptant aux différents besoins et exigences de la clientèle. La chambre peut aussi s'utiliser à d'autres fins que l'hébergement, par exemple comme lieu de travail. Elle s'adapte. Cette adaptabilité se retrouve à différents niveaux du projet, qui propose également des espaces de réunions et de fêtes, ainsi que de la restauration tant pour des grands évènements que pour un couple souhaitant venir dîner en tête-à-tête. Le sous-sol du site intègre un service de stockage automatisé. Le site choisi se situe à deux pas des principaux noeuds de mobilité du coeur de Manhattan, dans un ancien quartier industriel en pleine densification. De part sa situation au bord du fleuve Hudson, le projet cherche à établir le lien qu'il manque entre le Waterfront Greenway - parc ceinturant la ville - et la ville proprement dite. Le bâtiment symbolise la fin de la High Line, cette voie de chemin de fer réaffectée en promenade urbaine. L'emprise au sol de la partie bâtie du projet est rationalisée, de sorte à dégager un grand vide qui génère une véritable place publique aux usages multiples. Verte et tranquille, la place peut soudainement se métamorphoser en théâtre en plein air pouvant accueillir 10'000 spectateurs ...

La période des Trente glorieuses a vu se démocratiser l’utilisation de la voiture, symbole de réussite sociale et, aujourd’hui, cause d'un désastre climatique. L’importance accordée à l’automobile se traduit dans la morphologie de nos villes. A Nyon, ancienne colonie romaine, la place Perdtemps témoigne de ce phénomène : ancien parc accueillant des rassemblements, des foires, elle est aujourd’hui une vaste surface asphaltée. Le projet répond à la demande, faite par la Municipalité il y a quelques années, de reconvertir le parking en plein air en parc et d’inclure divers programmes tels qu’une bibliothèque, un hôtel, des logements et une salle des congrès. L’intervention architecturale consiste alors à projeter différentes séquences organisées en système en vue de rendre le centre-ville plus sensible, social et identitaire. Basé sur des fondements écologiques et culturels, le parc est propice aux rencontres ou à la solitude, au jeu ou à la méditation… On peut s’y promener ou s’y perdre, y être heureux ou triste… Au sud, une nouvelle limite bâtie accueille divers programmes répondant aux demandes de la Municipalité. Les associations aujourd’hui présentes sur le site contribuent fortement à la socialisation du lieu. La place Perdtemps trouve alors une nouvelle identité, de nouveaux principes de composition et met en scène diverses séquences de vie.

Après cinquante ans de mutilations, d'abandon et de spéculations économiques, le complexe du château de l'Aile et de la salle du Castillo à Vevey doit redéfinir son rôle public par rapport à la place du Marché et au Jardin du Rivage. S'appuyant sur la mémoire historique en ajoutant une unité à l'ensemble, nous créons un îlot regroupant des fonctions publiques. Il dessert ainsi l'espace ouvert environnant en articulant la relation entre le jardin et la place. L'élargissement de la promenade du Rivage, rendu piétonne, favorise également la continuité entre ces deux espaces. La structure proposée agit comme un filtre entre le jardin public et le jardin privé du Château et ses appartements. Au rez-de-chaussée, une structure en colonnes crée un espace ouvert qui garantit la transparence et la continuité entre le bâtiment et l'extérieur. Au service des citoyens, cet espace devient le lieu de marché, de socialisation, de jeu, de réflexion, ou encore lieu d'expositions et festivals. Le degré d'intimité change de niveau en niveau. L'espace transparent du rez-de-chaussée se transforme en un restaurant de caractère plus intime au premier étage et devient complètement introverti au niveau du toit. Ce dernier donne l'illusion d'un volume solide qui réinterprète le thème de la ligne de toiture des bâtiments adjacents. Le bâtiment s'élève comme une forêt. De la matière naît la structure, faite d'éléments massifs préfabriqués en béton qui, assemblés, créent un espace léger, presque sacral.

Située au sud des Alpes, Lugano se caractérise par une forte densité urbaine, fruit du développement spéculatif de plusieurs décennies. Un réseau compact de palazzine, disposé selon une grille orthogonale, s'étend sur une grande partie du territoire et entraîne une privatisation problématique des parcelles de la ville. Composé de quatre blocs de logements, le projet s’inscrit dans cette morphologie tout en renversant son schéma spéculatif, afin de restituer l’intérieur de l’îlot au public. Une cour-jardin se propose comme nouvelle centralité dans le quartier ; elle donne accès à une série d'espaces publics dédiés à la création et au partage culturel. Dans une logique de durabilité sociale, le projet s’adresse particulièrement aux personnes vivant seules, en envisageant une manière de vivre ensemble qui permettrait à chacune de préserver sa propre idiorythmie. Ce sujet est abordé à travers quatre stratégies de cohabitation qui proposent toutes un équilibre spécifique entre appropriation et partage de l’espace domestique. Le réseau de coursives reliant les blocs sert à la fois de système distributif et de prolongement extérieur des appartements, devenant ainsi lieu d’échange et de possibilités. À travers une articulation complexe entre espaces publics, communs et privés, le projet propose une manière constructive de repenser la cohabitation urbaine.

La place est un vide au milieu du tissu urbain, elle joue un rôle structurant pour l'organisation urbaine. Pour répondre à ces attentes, la place doit être perçue et reconnue comme étant un lieu. La place est destinée à être un lieu de pause dans la ville, réservé aux activités publiques, au repos et à la contemplation. Nous proposons une redynamisation de l'espace public en repensant le paradigme de la place au sein de la ville par l'implantation d'un projet topologique et souterrain. Tel une feuille de papier soulevée en ses deux coins, le projet laisse apparaitre deux entrées distinctes. Est-ce une toiture, est-ce un sol? Pour nous, il s'agit d'une continuité de l'espace public, une interface au service de la ville liant en un tout lumière, structure, espace et infrastructure. Le projet propose de redécouvrir l'histoire du lieu, en cristallisant de multiples fonctions en un espace culturel régional. Le parcours invite le visiteur à se promener et à découvrir différentes perspectives en passant entre le quartier des artisans, l'espace des vins, etc. Grâce à cette nouvelle structure en réseau, la place garde sa flexibilité et maintient un rôle d'espace majeur à l'échelle du territoire alors qu'elle établit aussi un rapport à l'échelle humaine. Le projet, symbolisé par sa structure, permet de transmettre une nouvelle image à la place, ceci dans le but de rendre à l'espace public une de ses fonctions historiques, celle de rassembler et d'unifier les hommes.

Situé dans le parc populaire Le Van Tam, au cœur de Hô-Chi-Minh-Ville, ce pavillon d'une surface de 1750 m² souhaite devenir un nouveau centre culturel urbain. Il est un lieu d'appropriation libre et de rencontres; son usage polyvalent lui permet d'accueillir des événements culturels festifs, culinaires, improvisés ou programmés, mais aussi servir d'espace de divertissement dans le quotidien des habitants. Pensé comme une plate-forme ouverte en libre accès, ce pavillon est hybride en ce qu’il combine approche paramétrique de conception et réalisation par des techniques de construction vernaculaires en bambou. Le projet devient ainsi le témoin d'une alliance entre les pratiques du passé et celles du futur, à l'image de cette ville à forte identité historique, mais qui connaît, depuis peu, un extraordinaire renouveau. Il démontre le potentiel d'une architecture “éco-efficace”, capable de faire évoluer le langage architectural contemporain entre ordinaire et extraordinaire. Véritable symbole d'une synergie des savoirs-faire entre architecte, ingénieurs et ouvriers locaux, il offre un changement de regard sur l'architecture légère et écologique. Il devient une démonstration du faire plus avec moins, du raisonner globalement, agir localement en mettant l'homme, la nature et la technologie au sein d'une architecture recyclable et “cultivable”, dotée d'un possible caractère éphémère sans impacter le site.

La densification des villes et la limitation de l'étalement urbain sont, à ce jour, les principaux axes d'action pour une gestion durable du territoire suisse. Cette stratégie ne donne cependant aucune clef quant aux espaces périurbains existants qui, par leur consommation importante de sol et d'énergie, vont à l'encontre des principes de la ville durable. Ces espaces recèlent pourtant un potentiel de durabilité non exploité en termes d'utilisation du sol, d'énergie, de mobilités ou encore d'interactions sociales. Les stratégies pour activer ce potentiel demeurent toutefois inexplorées dans un territoire principalement entre les mains de privés. Le projet a ainsi pour but d'initier un changement dans les quartiers de maisons individuelles afin d'en améliorer certaines dimensions liées à la durabilité. Il consiste en la réalisation d'espaces de partages et de services appelés activateurs, qui proposent à la population des outils pour densifier et rénover énergétiquement les espaces construits. La mise en place d'une économie circulaire ou encore la dynamisation de la vie de quartier sont autant d'opportunités périurbaines pouvant y être initiées. Représentative du périurbain, la commune de Neyruz (FR) a été choisie pour y développer deux activateurs. Le premier est situé en bordure du tissu bâti, afin de requalifier un lien direct avec les surfaces agricoles, alors que le second se positionne à côté de la future gare, favorisant le développement d'une nouvelle polarité locale.

La ville se dévoile telle une machine dans un ballet incessant où les mouvements s'enchaînent. Cette ville formelle ordonnée, cadencée, maîtrisée, avançant à un rythme bien rodé, est parfois surprise et déroutée par l'informel. Des événements spontanés et imprévisibles naissent dans les marges délaissées par la ville officielle et débrident cette rigidité instaurée par des règles et des infrastructures. Sauvage et non domesticable, l'informalité ne peut être planifiée. Alors, le “vestibule du lac” l'incite. Le dispositif joue entre légal et illicite, s'ancre à la grille officielle pour se faire discret et assurer sa survie. Il se fond dans le décor, se glisse à travers la répétition d'objets inscrits sur la jetée, avant de se faire démasquer par un promeneur et, en toute irrégularité, proposer une échappatoire. Il propose de franchir la limite, d'extraire le flâneur de la grille et de lui offrir un accès. Le vestibule, sans dicter la suite du programme, ni délimiter aucun espace à son issue, offre une possibilité, une porte de sortie, là, présente, qui attend que l'on veuille l'emprunter.

La ville occidentale, figée dans sa tradition architecturale pérenne, manque en certains lieux de réactivité et d'adaptabilité aux exigences et aux aspirations d'une société en constante évolution. Comment imaginer une ville qui puisse traduire, de manière plus sensible et organique, l'imaginaire et les pratiques sociales mouvantes? Le projet propose une alternative radicale à la manière de concevoir, d'expérimenter et d'habiter la ville, ceci à travers la mise en relation de deux villes et de deux cultures, une méthode d'analyse et de projet qui génère des solutions insoupçonnées, capables de mettre en mouvement des dynamiques nouvelles. C'est en se tournant vers Tokyo, une ville-amibe aux propriétés régénératrices, que naissent les trois interventions architecturales et programmatiques du projet: un parcours vertical, une densification résidentielle et une séquence d'espaces publics les reliant. Ces interventions cherchent à intensifier et à valoriser l'existant en révélant des espaces, des vues et des atmosphères jusqu'alors dissimulés. Capables d'assurer une translation sensible entre Tokyo et Berlin, on retrouve trois fondamentaux de l'architecture japonaise et de l'urbanité tokyoïte: l'atmosphère de l'urbain, constant générateur de découvertes de par sa perméabilité; les procédés de cadrage, “shakkei”, qui mettent en scène des séquences d'objets et de spatialités; et le langage précis des seuils qui gèrent l'intimité dans la densité. Les seuils construisent ainsi une liaison fragile, un lien ténu et graduel entre intérieur et extérieur, entre privé, public et collectif.

Depuis plusieurs décennies, le trafic pendulaire n'a cessé d'augmenter en Suisse, ce au-delà des frontières. Le pays a vu le nombre de ses travailleurs frontaliers passer de 160'000 en 2002 à 277'000 en 2013, notamment par la signature de l'accord sur la libre circulation des personnes en 2002 et l'acceptation des accords de Schengen en 2008. On tend donc à ne plus considérer les frontières comme des barrières, mais plutôt comme des lieux facilitant les relations et flux entre pays limitrophes. Partant de cette considération, l'étude s'est plus spécifiquement intéressée à la situation de la ville du Locle. Concentrant plus de 8'500 emplois et 25'000 emplois pour sa voisine La Chaux-de-Fonds, les deux villes représentent un pôle économique important pour “l'agglomération urbaine du Doubs” et plus largement pour “l'arc jurassien”. Bien qu'attractive pour ses emplois, la ville du Locle reste un lieu de travail ou de transit pour la plupart des 25'000 véhicules qui la traversent chaque jour. L'objet de cette étude interroge donc le rôle social plus important qu'elle pourrait jouer à l'avenir au sein de son agglomération, afin de devenir lieu d'échange et de rencontre pour ses habitants et travailleurs, plus spécifiquement à travers la création d'un projet de connecteur social et urbain, captant et reliant diverses formes de mobilité sur le site. Plus globalement, le projet vise à rapprocher les villes de cette agglomération par l'amélioration de son réseau de transports publics.

L'importance des bidonvilles, en tant que points d'arrivée des migrants urbains, et leur rôle d'émancipateur social ont été démontrés. Malheureusement, leur statut informel les expose au développement des métropoles qui menace leur existence. C'est le cas du bidonville d'Hermosa, au Nord-Est de l'agglomération de Manille. Il se trouve sur le tracé du projet d'autoroute surélevée SLEx-NLEx Link qui y a creusé une large tranchée, utilisée comme espace public informel. Le projet urbain et architectural du Hermosa Community Center permet aux habitants de rester à proximité de cette tranchée tout en leur offrant une plus-value qualitative par la mise à disposition de plusieurs équipements. Le Hermosa Community Center propose premièrement un réseau de places qui distribuent des services à la communauté, devenant un lieu de rencontre privilégié. On y retrouve deux types de pavillons: des buanderies publiques au centre de l'espace commun et des pavillons de latrines en retrait de toute activité. Ils régulent les places et font office d'éléments de couture entre les deux rives de la tranchée. Le Community Center se trouve à l'intersection d'Hermosa St., de la ligne du train urbain et du projet SLEx-NLEx. Il fonctionne en tant qu'interface entre ces différents réseaux et encourage la mobilité vers les pôles d'attraction régionaux, tout en offrant un espace dédié aux activités communautaires. En contact avec plusieurs catégories d'habitations, il contribue fortement à la mixité sociale.

Quatre sections carrées verticales de 38/38 mm entrecroisées par deux sections rectangulaires horizontales de 28/60 mm: cet assemblage, “wagoya-gumi”, inspiré de la menuiserie traditionnelle japonaise, constitue l'élément fondateur de la matrice. Ancré dans la tradition des grands anciens, le concept repose sur le contraste entre structure en bois et fonctions (alcôve, tablette, casier et lampe) faites de tôle métallique découpée, pliée, emboutie et thermolaquée. Questionnant la relation espace/mobilier, il fait ainsi écho à la célèbre “Case Study House n°8” du couple Eames. Constitué d'éléments préfabriqués dont les dimensions rappellent celles du meuble, “Hieronymus” est un système modulable fait de noeuds qui s'emboîtent et se vissent. Il est aisément déplaçable et peut être simplement monté par quelques personnes. Sans emplacement prédéterminé, il transite et se déploie sur demande au gré des événements. On étudie seul et on apprend ensemble: “Hieronymus” est dédié à l'étude sous toutes ses formes (lecture, philosophie, introspection, méditation ...); il peut accueillir une sélection d'ouvrages sur une thématique, un conférencier, se transformer en un lieu d'échanges ... Il est ouvert sur le monde extérieur. Son estrade offre différentes possibilités d'assise; elle contribue également à élever l'étudiant, à le mettre en scène. Un espace dans un espace, et dans cet espace il réfléchit, il existe, il est méditatif et concentré, amené à ressentir son intériorité.

Le projet est inspiré par le programme éducatif "seconde chance" mené par le Swiss International Humanitarian Organisation, dont le but est de faciliter l'accès à des programmes éducatifs online et aux nouvelles technologies pour les habitants des camps de réfugiés. La démarche est d'imaginer un cadre architectural accueillant un tel programme, sous la forme d'un pavillon itinérant. Afin de permettre une adaptation rapide et simple du pavillon en cas de besoin, les utilisateurs doivent pouvoir monter et démonter le pavillon rapidement. Pour cela, il est nécessaire: que les éléments de construction soient légers, manipulables par la seule force humaine; que le système constructif soit simple et intuitif et composé d'éléments répétitifs, qui ne demandent pas de connaissances particulières en matière de construction. Un des principaux défis constructifs de ce projet a donc été de répondre à ces critères tout en garantissant que le matériel informatique soit abrité des intempéries et du vol. Afin d'optimiser le confort des utilisateurs, l'espace intérieur doit être ergonomique, ouvert sur le contexte, tout en permettant de se concentrer sur une tâche spécifique. Pour atteindre cet objectif, un soin particulier est porté à l'étude de la transmission lumineuse à l'intérieur de la salle de classe, qui vise à obtenir un éclairage naturel homogène, sans éblouissement.

Localité de taille moyenne, Sierre présente des qualités empruntées à la fois aux grandes villes et au milieu péri-urbain : elle est en relation étroite avec le paysage de la Vallée du Rhône tout en offrant un cadre de vie urbain. Implanté sur une friche infrastructurelle, le projet propose une nouvelle polarité urbaine qui s’enracine dans son contexte pour en révéler les plus forts atouts : le dynamisme de ses activités culturelles et le savoir-faire lié à la culture de la terre. Ainsi, le projet présente un parcours d’intérêt culturel qui se déploie sur différents niveaux : au Nord, les bâtiments mixtes font le lien avec le centre-ville et les halles Usego, lieu d’exposition. Après la descente par le passage sous-voies, un espace d’activités anime le quartier avec un centre de formation pour l’arboriculture. En contrebas, les bâtiments de logements “génèrent un microclimat” propice à la culture d’un verger, lieu de production, de rencontre et d’apprentissage au cœur de la nouvelle polarité. Les typologies flexibles permettent de multiplier les potentiels pour faire cohabiter divers modes de vie : à l’Ouest, des logements familiaux conservent une forte privacité, tandis qu’à l’Est ils revêtent un caractère plus communautaire. Leur construction en bois accentue le rapport privilégié avec la nature. Enfin, sur un niveau inférieur, des espaces pour le stockage des fruits et la production artisanale s’articulent autour des ateliers de l’école d’Art du Valais et le théâtre.

La colocation, cette nouvelle manière de vivre à plusieurs, ne bénéficie pas encore de typologie dédiée. Ce projet, situé à Malley, expérimente une architecture singulière, qui se veut caractéristique de la colocation. L'approche se fait par la déconstruction puis reconstruction des éléments types du logement conventionnel en un logement spécifique. Le plan est pensé comme une addition de bandes, chacune définie par son niveau de privacité: les chambres intimes, la galerie commune aux colocataires, la pièce de vie ouverte aux invités, la coursive ou terrasse partagée avec ses voisins et enfin les pièces joker et les circulations intérieures et extérieures communes à l'immeuble. Ces couches successives revêtent des caractères architecturaux, spatiaux et constructifs différents. Les habitants ont l'opportunité de se rencontrer au sein du bâtiment mais peuvent également emprunter un chemin plus direct grâce à un système de circulation secondaire. Du “co-working” et d'autres programmes collectifs reprennent l'idée principale de la stratification par niveaux d'intimité au rez-de-chaussée. La rue est un parc linéaire qui fonctionne également comme une couche additionnelle à l'échelle urbaine.

Dans une optique de développement durable, les villes suisses cherchent à se densifier en investissant le tissu urbain existant. Ancien plateau industriel aux abords du centre de Lausanne, Sévelin est un lieu stratégique qui offre un fort potentiel de développement. L'identité du site est caractérisée par sa mixité; en effet, on y trouve notamment des activités industrielles, culturelles et éducatives. Le projet propose un renforcement de ce pôle culturel à l'échelle de la ville, avec un théâtre, une salle de sport triple, et un nouveau skate park. ; Le projet s'installe au bout du plateau créant un nouvel espace extérieur pour le quartier de Sévelin qui redéfinit l'entrée du côté du centre-ville. Grâce à son emplacement, il permet de connecter les différents niveaux autant à travers l'intérieur que par ses aménagements extérieurs. La pente est adoucie pour faciliter le passage et est exploité pour les espaces du bâtiment. ; Au coeur d'une réflexion sur le développement durable, le parti pris est celui d'une peau solaire car le soleil est la seule source d'énergie propre, illimitée et facilement accessible en ville.

À l’image de nombreux villages du Plateau suisse, Ogens a vu son tissu socio-culturel et économique se modifier considérablement au cours des dernières décennies. La disparition des commerces, artisans, auberges et restaurants s’est accompagnée de la disparition de tout lieu de rencontre. La vie collective villageoise, dépourvue des espaces qui lui permettaient jusqu’alors de se construire autour de traditions et récits partagés, se meurt. Pourtant, la ruralité, véritable territoire de narratif, est caractérisée par son rapport à des traditions intergénérationnelles et constamment renouvelées. Il s’agit donc aujourd’hui, alors que le monde rural se disloque, d’offrir aux communautés la possibilité de retrouver un espace commun d’échange, de parole et d’ancrage. S’appuyant sur des synergies existantes et des entités publiques collaborantes, le projet propose de redéfinir l’espace villageois commun d’Ogens, afin de faire renaître les dynamiques collectives. La rue, devenue espace de rencontre, se voit rythmée par de nouveaux équipements, dont une place du Préau requalifiée. Cette place, séquencée selon les principes morphologiques du village-rue, est redéfinie au travers de la construction d’un bâtiment public. Point névralgique du système liant villageois, ce bâtiment offre un décor malléable à la vie communautaire au travers d’une typologie du récit, du théâtre et de la narration.