If identity is developed in relation to the Other, as researchers in the social sciences claim, then a nation’s sense of self must also be, to some degree, contingent on its understanding of what constitutes the Other. This constructive perspective is all the more useful if we consider nations to be “imagined communities” (Anderson). In this respect, the American identity is probably the best example of a “self” understood through “otherness.” Research in various disciplines has shown that Americans have long defined themselves through a binary narrative of “us” versus “them” (Butler; Coe-Neuman; Campbell; Edwards; Schlesinger). Whether it takes the form of the American Indians of the Frontier, the British during the American Revolution, the immigrants in the early 20th century, the Nazis, the Communists, and more recently the terrorists, this Other has three constant characteristics: it is always deemed a threat, somewhat uncivilized and evil, and serves to define national identity by demarcating an “inside” from an “outside,” a “self” from an “other,” a “domestic” from a “foreign”, “civilization” from “savagery” and “good” from “evil” (Butler; Campbell; Ivie; Slotkin). As the embodiment of the nation, the president is central to this construction of the U.S. national identity and he takes on the role of storyteller-in-chief. As Chief Executive and Commander-in-Chief of the armed forces, he also has the responsibility to protect the nation and define which threats may attack it. Scholars in communication have shown that the principal image of the enemy in presidential discourse is the “Savage Other” (Ivie; Coe; Neuman). This enemy can be categorized as either “primitive” or “modern.” The former is portrayed as a decentralized enemy living in a primitive society of instability and chaos, devoid of civilization, whereas the latter is considered a centralized evil agent that has “some semblance of civilization” but is nonetheless savage because their aim is to destroy America’s civilized order (Butler). We will begin by showing how one of the distinctive features of America’s enemies has been their evil nature, a charge which reflects the fusion of religious and secular elements that typifies U.S. presidential rhetoric. Then, after looking over the history and definition of the “savage other”, we will discuss how the period since the end of the Cold War, now lacking in “identifiable monolithic enemies” (Edwards), is characterized by a resurgence of the figure of the “primitive savage” presented through a series of animal and sexual images and scenery that turn the evil Other into a predator, not unlike the Indian of the Frontier, while making America the heroic figure of the story. Then, we will show how America’s enemy is also strategically framed as a “modern savage” in the months and weeks leading up to major conflicts, such as the Iraq war. Only an enemy capable of destroying America’s order can constitute a powerful enough threat justifying a full-blown war. Finally, we will try to assess Donald Trump’s disruptive use of the enemy image which, contrary to all his recent predecessors, he applies to entities located both inside and outside the national space, such as immigrants or news media deemed “the enemy of the people.” We will conclude by hypothesizing that President Trump’s highly gendered and racialized enemy rhetoric is emblematic of a nationalist discourse of exclusion and purification of the social body motivated by a fear of fluidity of various identities in an increasingly multicultural society, hence the importance of claiming clear demarcation. L’identité se construit en relation à un « Autre » au niveau individuel comme national. Ce point de vue constructiviste est illustré par la définition d’une nation comme des « communautés imaginées » (Anderson). Or, l’identité américaine est sans doute le meilleur exemple d’un « Soi » compris à travers l’altérité. La recherche dans diverses disciplines démontre combien les Américains se définissent au travers d’un récit binaire qui oppose un « nous » à un « eux » (Butler ; Coe-Neuman ; Campbell ; Edwards ; Schlesinger). Qu’il prenne la forme des Indiens du Far West, des Britanniques pendant la guerre d’indépendance, des immigrés au début du 20e siècle, ou des nazis, des communistes, ou des terroristes, cet « Autre » a des caractéristiques constantes : il est toujours perçu comme une menace, il est dépeint comme sauvage et maléfique, et il sert à définir l’identité nationale en fixant une limite entre « intérieur » et « extérieur », « Soi » et « Autre », « domestique » et « étranger », « civilisation » et « sauvagerie », « bien » et « mal » (Butler ; Campbell ; Ivie ; Slotkin). Au cœur de cette construction se trouve le président qui, en tant qu’incarnation de la nation, prend le rôle de « conteur en chef ». Des chercheurs en communication ont montré que l’image principale de l’ennemi dans les discours présidentiels est celle de « l’Autre sauvage » (Ivie ; Coe ; Neuman). Cet ennemi peut être classé en deux catégories : « primitif » et « moderne ». Le premier est présenté comme un ennemi décentralisé qui vit dans une société primitive dépourvue de toute civilisation, où règne le chaos, tandis que le second, dit « moderne », a « un semblant de civilité » mais est, par son action, sorti du monde civilisé, incarné par les valeurs américaines (Butler). S’appuyant sur la recherche dans les domaines de la communication, de la linguistique cognitive, de la sociologie, des sciences politiques et de la philosophie politique, cet article se focalise sur la façon dont les présidents américains ont construit l’image des ennemis de la nation depuis la fin de la guerre froide, à travers des métaphores, analogies, et tropes spécifiques. Tout d’abord, nous verrons que l’un des traits distinctifs des ennemis de l’Amérique est leur nature maléfique, une caractéristique qui reflète la fusion du discours religieux et laïque. Puis, nous examinerons que la période post-guerre froide, qui n’offre plus un ennemi « monolithique identifiable », se caractérise par la résurgence de la figure du « sauvage primitif » présenté à travers une série de caractéristiques qui font de « l’Autre sauvage » un prédateur, ce qui n’est pas sans rappeler l’image de l’Indien du Far West, tout en donnant à l’Amérique le rôle de héros. Nous montrerons également que les tentatives de reconstruction d’un « sauvage moderne » répondent aux besoins politiques de posséder un ennemi assez puissant pour constituer une menace et justifier une guerre à part entière. Enfin, nous évaluerons l’utilisation subversive de l’image de l’ennemi par Donald Trump qui, contrairement à ses prédécesseurs, l’associe à des entités localisées tant à l’extérieur qu’à l’intérieur de l’espace national. Nous évoquerons la possibilité que la rhétorique du président Trump soit emblématique d’un discours nationaliste d’exclusion et de purification du corps social, motivé par la peur de la fluidité dans un monde de plus en plus multiculturel, qui met en exergue, des lignes de démarcation identitaire claires.