En France, en moyenne 40 % des personnes condamnées sont en état de récidive ou de réitération. Afin d'éviter les ruptures de soins susceptibles de conduire à la commission d'une nouvelle infraction, le service médicopsychologique régional de la maison d'arrêt a d'abord développé, en 2021, l'accompagnement post-carcéral de courte durée (six mois). L'équipe pluridisciplinaire ambitionne désormais de favoriser l'entrée dans un processus de désistance des hommes suivis en prison, et accompagnés à la sortie. La stratégie arrêtée pour tenter de répondre à cette nouvelle mission comprend trois volets : formation, organisation, et développement de l'offre de soin. L'équipe a commencé à se former à trois outils : HCR20 V3, SAPROF et CAPP. Le premier intéresse l'évaluation et la gestion du risque de récidive violente interpersonnelle, le second le repérage des facteurs de protection liés à la violence, et le dernier concerne le trouble de personnalité psychopathique, facteur prépondérant de risque de violence. Sur le plan de l'organisation, les soins au SMPR ont été repensés pour intégrer l'évaluation du niveau de risque de récidive en détention, et sa réévaluation en cours d'APC. Le but est maintenant d'agir stratégiquement sur d'éventuels facteurs de risque dynamiques repérés, en tenant compte des facteurs de protection. Le développement de l'offre de soin, entrepris en 2022, a abouti en octobre 2023 à l'ouverture d'une unité de colocation thérapeutique et d'insertion (UCTI), dispositif « passerelle » pouvant accueillir cinq hommes sortants, accompagnés en post-carcéral par le SMPR, pour six mois également. L'objectif principal de cette étude observationnelle, prospective et monocentrique, est de mesurer l'efficacité du suivi intra-carcéral et de l'accompagnement post-carcéral – restructurés autour d'outils d'évaluation et de gestion du risque de récidive – des personnes sortantes de MA d'Amiens, sur la désistance à l'issue de l'APC et à cinq ans. Cette efficacité pourrait se traduire, pour les personnes accompagnées en post-carcéral, par une diminution de l'expression des traits psychopathiques et du niveau de risque de récidive entre le moment de l'incarcération et la fin de la prise en soin. Les professionnels souhaitent également documenter la mise en place des trois outils dans leur service, et en étudier la validité prédictive sur leur échantillon. L'étude sert aussi à évaluer l'efficacité du dispositif expérimental UCTI. Le repérage précoce des facteurs de risque devrait permettre d'améliorer la spécificité et la priorisation des actions de prévention du risque entrant dans le cadre des soins courants. Démonstration faite de l'efficacité de ces soins, enrichis par l'emploi d'outils adaptés à la problématique de la population carcérale sortante, il serait envisageable de répliquer cette stratégie de spécialisation psychiatrique pénitentiaire dans les équipes psychiatriques exerçant dans d'autres établissements pénitentiaires. Le projet s'inscrit dans une volonté de décloisonnement des différents secteurs concernés par la prise en charge des personnes sortantes. Le travail collaboratif en équipe pluridisciplinaire, au sein du service mais aussi avec les dispositifs de droit commun, est au cœur des retombées de cette recherche. Serait-il possible de revitaliser l'engagement individuel et collectif de ceux qui agissent auprès de patients qui peuvent présenter un risque de violence ? In France, an average of 40% of convicted prisoners are repeat offenders. To prevent disruptions in care that may lead to new offenses, the regional medico-psychological department (SMPR) of the Amiens prison first introduced short-term post-incarceration support (6 months) in 2021. The multidisciplinary team now intends to facilitate the transition to a desistance process for incarcerated men who are undergoing treatment in prison and to, provide support when they are released. The strategy consists of three main components: training, organization, and expanding the range of care. The team has already started training for three tools: HCR20 V3, SAPROF, and CAPP-IRS. The first pertains to the assessment and management of the risk of interpersonal violent relapse, the second focuses on identifying protective factors related to violence, and the third addresses psychopathy, a significant risk factor for violence. In terms of organization, care at the SMPR has been restructured to incorporate the assessment of the level of risk of relapse during detention and its reassessment during post-carceral follow-up. The aim now is to strategically address any identified dynamic risk factors, taking protective factors into account. The expansion of the care provided, begun in 2022, led to the opening of a therapeutic and integration cohabitation unit (TICU) in October 2023, serving as a "gateway" facility accommodating 5 men who have been released from custody supported by the SMPR in post-carceral care, also for a duration of 6 months. The primary objective of this observational, prospective, and single-center study is to measure the effectiveness of intra-carceral and post-carceral support – restructured around risk assessment and management tools – for individuals exiting the Amiens prison after achieving desistance at the end of the follow-up and for a period of 5 years. This effectiveness could be reflected in a reduction in psychopathic traits and in the level of risk of recidivism for those supported in post-carceral care, from the time of incarceration to the end of care. These mental health care professionals also wish to document the implementation of the three tools in their service and assess their predictive validity within their sample. The study also serves to evaluate the effectiveness of the experimental TICU program. The early identification of risk factors should improve the specificity and prioritization of risk prevention actions as part of routine care. Demonstrating the effectiveness of this extended treatment program, tailored to the needs of the outgoing incarcerated population, could lead to the replication of this specialized psychiatric approach in other penal facilities. The project is part of a common effort to break down barriers between the various sectors involved in the care of individuals who are released from prison. Collaborative multidisciplinary teamwork, both within the department and with mainstream psychiatric care facilities, lies at the core of the results of this research. Could it be possible to revitalize the individual and collective commitment of those working with patients who may present a risk of violence? [ABSTRACT FROM AUTHOR]